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Catholicisme: Le Pape réhabilite la doctrine du sacrifice de la Messe

NDLR: Qui a cru que l'église Romaine se réformait? Elle retourne aux doctrines chréries par le diable, comme la présence réelle et autres, qui ont coûté la vie à tant et tant de nos devanciers protestants. C'est la doctrine préférée du diable car on a massacré de dizaines de milliers "d'hérétiques" qui croyaient que le Christ n'était pas présent réellement (anthropophagie), mais qu'il s'agissait seulement d'un symbole commémoratif. Et voilà que le Pape revient à la ligne dure du fanatisme d'antan...

« Le Pape réhabilite la doctrine du sacrifice de la Messe : Un lourd pavé dans la Mare conciliaire »
par l'Abbé Christophe Héry, FSSPX - repris du site Mascaret

Parue ce Jeudi saint, l'encyclique L'Eucharistie vit de l'Eglise tranche avec le style, la ligne et les références magistérielles des treize précédentes. « J'espère, écrit Jean-Paul II, que la présente encyclique pourra contribuer efficacement à dissiper les ombres sur le plan doctrinal et les manières de faire inacceptables, afin que l'Eucharistie continue à resplendir [n° 10]. »

Testament spirituel du pape en la vingt-cinquième année de son pontificat, elle intervient surtout comme une mise au point précise et didactique - un redressement doctrinal du sacrifice de la messe - face à l'état de crise. Visant les « ambiguïtés », les « réductions » et les « obscurités » qui affectent les nouvelles célébrations, le pape jette un lourd pavé dans la mare liturgique postconciliaire.

Jean-Paul II déclare l'état de crise
Il y a en effet des lieux où l'on note un abandon presque complet du culte de l'adoration eucharistique. À cela s'ajoutent, dans tel ou tel contexte ecclésial, des abus qui contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement. Parfois se fait jour une compréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s'il n'allait pas au-delà d'une rencontre conviviale et fraternelle. De plus, la nécessité du sacerdoce ministériel, qui s'appuie sur la succession apostolique, est parfois obscurcie, et le caractère sacramentel de l'Eucharistie est réduit à la seule efficacité de l'annonce. D'où, ici et là, des initiatives œcuméniques qui, bien que suscitées par une intention généreuse, se laissent aller à des pratiques eucharistiques contraires à la discipline dans laquelle l'Église exprime sa foi. Comment ne pas manifester une profonde souffrance face à tout cela ? L'Eucharistie est un don trop grand pour pouvoir supporter des ambiguïtés et des réductions [L'Église vit de l'Eucharistie, n °10].

Depuis la promulgation de la constitution sur la liturgie en 1963, et celle de la messe de Paul VI en 1969, l'ensemble des documents romains se félicitaient unilatéralement des réformes et visaient à repenser la Tradition - renommée « vivante » - à la lumière de Vatican II. Jean-Paul II reconsidère ici les théories liturgiques de Vatican II à la lumière de la Tradition - en référence aux papes Pie XII et Léon XIII, au concile de Trente et même à saint Thomas d'Aquin.

Il faut s'attendre, de la part des diverses communautés ecclésiales, à un silence poli mais aussi à quelques remous - voir La Croix du 18 avril : « Théologie du XIIIe siècle » ironise le liturgiste De Clerck ; « On peut parler ici de crispation », ajoute le bon père, refusant l'enseignement du pape dès lors qu'il s'inscrit dans la Tradition. Qui est grossier ? Qui est schismatique ? Qui insulte le pape ?…

1-« L'Eglise vit de l'Eucharistie »
Certains verront dans ce titre l'évocation de Lubac : « L'Eucharistie bâtit l'Église ». Sur ce point développé au ch. II « L'Eucharistie édifie l'Église », Jean-Paul II renverse diamétralement la perspective conciliaire. On songe à saint Thomas pour qui le fruit du sacrement de l'Eucharistie est rien moins que « l'unité de l'Église » [Sum IIIa 67, 2 ; 73, 2…]. Conformément à la Tradition, c'est l'Eucharistie qui fait l'Eglise, et non l'Eglise - ou l'assemblée - qui fait l'Eucharistie, comme le martelait à l'envie voici quarante ans la constitution Sacrosanctum concilium (S. C.).

Par son leit motiv de la « participation active » des fidèles, le concile faisait de l'assemblée le célébrant principal (S. C. n° 6). L'Eucharistie était, sans distinction des rôles, « œuvre du Christ et de l'Église », puis simplement « une action de l'Église » (S. C. n° 7). Bien sûr restait « le Christ […] toujours là présent auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques » (S. C. n° 7), de la même façon qu'il l'assiste en tout, jusqu'à la fin des temps ; mais ce n'était plus lui qui offrait son sacrifice pour l'Église, en la personne du prêtre distingué de l'assemblée : c'était l'Église assemblée qui célébrait le mémorial, sous la présidence du prêtre.

Jean-Paul II rétablit la messe sur Jésus-Christ, prêtre et victime offrant le sacrifice de la Croix : le « grand prêtre de l'Alliance éternelle […] est l'auteur et le sujet principal de son propre sacrifice [n° 29]. » Le pape abonde sur le ministère des prêtres, qui seuls ont pouvoir d'agir en la personne du Christ : « L'Eucharistie qu'ils célèbrent […] dépasse radicalement le pouvoir de l'assemblée et […] demeure en toute hypothèse irremplaçable pour relier validement la consécration eucharistique au sacrifice de la Croix [n° 29]. »

Le concile n'avait pas su trouver l'issue de la problématique protestante, selon laquelle la liturgie, action de l'Église assemblée, serait efficace en vertu de la promesse du Christ et de la participation en mémoire de lui, mais ne serait plus l'œuvre propre du Christ - dont les faits et gestes appartiendraient seulement au passé - opérant par les mains du prêtre.

Le pape rectifie : instituée par le Christ au soir du Jeudi saint, l'Eucharistie « ne reste pas enfermée dans le passé, puisque tout ce que le Christ est et tout ce qu'il a fait et souffert pour tous les hommes, participe de l'éternité divine et surplombe ainsi tous les temps… » [n° 11]. « Dans ce don, Jésus-Christ confiait à l'Église l'actualisation permanente du mystère pascal » [n° 6]. La messe n'est pas le mémorial de la Cène mais de la Croix, que la Cène anticipait, et de tout le Triduum pascal [n° 3 ; 12]. « L'Église vit continuellement de ce sacrifice rédempteur […] non seulement par un souvenir plein de foi, mais par un contact actuel, car ce sacrifice se rend présent, se perpétuant sacramentellement [n° 12]… »

2- « L'Eucharistie est un sacrifice au sens propre [n° 13] »
La pastorale liturgique liée à la nouvelle messe repose sur la définition donnée en 1969 dans l'Institutio Generalis de Missale Romanum, art. 7 : « La cène dominicale est la synaxe sacrée ou le rassemblement du peuple de Dieu, se réunissant sous la présidence du prêtre pour célébrer le mémorial du Seigneur. » On retrouve la même ambiguïté dans le concile, pour lequel la messe devenait la célébration du peuple de Dieu, définie comme simple « mémorial de la mort et de la résurrection du Christ [S. C. n° 47], ou encore « banquet pascal dans lequel le Christ est mangé [ibid.]. »…

Le pape redresse Vatican II, citant en note le concile de Trente ! « Jésus ne se contenta pas de dire Ceci est mon corps, ceci est mon sang, mais il ajouta livré pour vous et répandu pour la multitude. Il n'affirma pas seulement que ce qu'il donnait à manger et à boire était son corps et son sang, mais il en exprima aussi la valeur sacrificielle [n° 12]. » L'Eucharistie « élève […] jusqu'à un niveau bien supérieur à celui d'une simple expérience de convivialité humaine [n° 23]. » « La messe rend présent le sacrifice de la Croix, elle ne s'y ajoute pas et ne le multiplie pas [n° 13]. »

Sur ce point essentiel du sacrifice eucharistique, discriminant pour la foi catholique, Vatican II entretenait l'équivoque, pieuse mais passablement floue, d'un sacrifice intérieur, offert sur l'autel de la « participation active » des consciences. La messe était le « sacrifice spirituel » référé à « l'offrande éternelle de nous-mêmes [S. C. n° 12] », que symbolise celle du Christ… Jean-Paul II dissipe l'équivoque : « L'Eucharistie est un sacrifice au sens propre et non seulement au sens générique, comme s'il s'agissait d'une simple offrande que le Christ fait de lui-même en nourriture spirituelle pour les fidèles [n° 13] », ou comme si l'offrande de l'assemblée autour de la table du partage obtenait seulement l'application des mérites de la Croix - vrai de toute prière faite au nom du Christ, mais insuffisant à définir la messe.

L'Eucharistie, précise encore Jean-paul II, « c'est le sacrifice de la croix qui se perpétue au long des siècles [n° 11]. » « Telle est la foi dont les générations chrétiennes ont vécu au long des siècles [n° 11]. » « Cette foi demeure inchangée et il est essentiel pour l'église qu'elle le demeure [n° 27]. »

3- La foi en la présence réelle vaut mieux que l'œcuménisme
Le concile, au n° 7 de Sacrosanctum Concilium, déclinait par degrés la « présence réelle » du Christ dans la liturgie, dont le dernier se réalisait dans l'assemblée. Le pape dissipe ce brouillard de confusion. Il rappelle « la doctrine toujours valable du concile de Trente [n° 15] », avec sa « terminologie exacte [n° 27] » héritée de saint Thomas : celle de la transsubstantiation. L'Eucharistie, vrai Corps et vrai Sang du christ sous l'apparence du pain et du vin, réalise la présence substantielle du Christ. Elle n'est donc pas « un aliment au sens métaphorique [n° 16] » ou symbolique, mais au sens propre, quoique analogique.

Le pape insiste sur la grâce propre d'union à Dieu, de communion à la vie trinitaire, qui est donnée dans l'Eucharistie. Il relève en outre la condition requise, pour ne pas faire mentir le signe sacré : se tenir « en état de grâce » et s'être pour cela confessé. Il souligne également la nécessité d'être en communion visible avec l'Église pour recevoir ce sacrement : communion dans la foi, dans l'apostolicité du sacerdoce et la reconnaissance de l'autorité du pape.

Quant aux célébrations œcuméniques ou interconfessionnelles, Jean-Paul II y met un frein : ordre de « ne pas entretenir une ambiguïté sur la nature de l'Eucharistie. Cela finirait par retarder la marche vers la pleine unité visible [n° 30] » ! Interdiction par conséquent de concélébrer avec des non catholiques et de « participer à la communion distribuée dans leurs célébrations [n° 30]. »

4- « Sacrifice spirituel » et « sacerdoce commun » des fidèles : mise au point
Certes, l'Église est associée spirituellement au sacrifice de Notre Seigneur, sacramentellement offert à la messe. Ici, le pape « réinterprète » complètement Vatican II à la lumière de la Tradition : « Le Christ a voulu également faire sien le sacrifice spirituel de l'Église, appelée à s'offrir aussi elle-même en même temps que le sacrifice du Christ [n° 13]. » Et le pape de replacer Vatican II dans le cadre de la doctrine traditionnelle du sacrifice spirituel, laquelle ne définit nullement la messe mais décrit seulement son effet. En ce sens restreint, tous les fidèles participants « offrent à Dieu la victime divine et s'offrent eux-mêmes avec elle [Lumen Gentium, n° 11]. » Mais ce ne sont plus eux qui célèbrent la messe.

La théorie de l'assemblée célébrante, source et signe de l'Église, avait mené la pastorale conciliaire par les larges chemins du « sacerdoce commun des fidèles », mal distingué du sacerdoce ministériel des prêtres. Lumen Gentium, n° 10 : « Les fidèles, incorporés à l'Église par le baptême, sont rendus aptes, grâce à leur caractère, à célébrer le culte de la religion chrétienne. » Les évêques français en appellent aujourd'hui aux « vocations laïques »!

Insistant en revanche sur l'urgence de « la pastorale en faveur des vocations sacerdotales », Jean-Paul II corrige Lumen Gentium : « C'est le prêtre ordonné qui célèbre le sacrifice eucharistique en la personne du Christ et l'offre à Dieu au nom de tout le peuple [n° 28]. » Il faut « que ce soit le prêtre seul qui récite la prière eucharistique, pendant que le peuple s'y associe dans la foi et le silence [ibid.]. »

Et le pape de comparer la messe aux ADAP, « célébrations sacramentellement inachevées » qui ne peuvent prétendre se substituer au sacrifice offert par le prêtre [n° 29 ; 32]. L'animation, l'échange, le dialogue… ne définissent pas le sacerdoce. Le prêtre est ordonné premièrement pour la messe : « l'Eucharistie est la raison d'être principale et centrale du sacrement du sacerdoce [n° 31]. »

5- L'Église, signe et sacrement de l'unité du genre humain
On trouvera bien d'autres choses dans ce catéchisme sur la messe, où Jean-Paul II plaide magnifiquement en faveur de la beauté de l'art sacré [ch. V « La dignité de la célébration »]. Contre le minimalisme, le spectacle ou le paupérisme triomphant qui marquent les célébrations conciliaires, il évoque le geste de Marie-Madeleine à Béthanie, répandant un parfum de grand prix aux pieds du Christ en prélude à sa mort - au grand scandale de Judas.

Au dernier chapitre, avec des accents bérulliens, le pape livre une méditation personnelle, rapprochant spirituellement la parole efficace du prêtre qui consacre le Corps et le Sang du Christ, au fiat de la Vierge Marie - admirable analogie chère à Bérulle, dont les limites demandent à être précisées.

Le pape, toutefois, se distancie beaucoup moins de la théologie conciliaire concernant l'Église et la rédemption du genre humain. De ce point de vue, l'encyclique appelle d'autres mises au point. Elle présente justement l'Eucharistie comme sacrement, signe efficace qui actualise le sacrifice du Christ et unifie l'Eglise dans la charité entre les fidèles ; mais par ailleurs c'est l'Église elle-même qui est dite « sacrement de l'unité [n° 41] » « pour l'humanité [n° 22] », ou encore « signe et instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain [n° 24]. » Sont juxtaposées ici deux formes d'unité radicalement différentes : l'une personnelle, verticale et surnaturelle, produite par l'Eucharistie ; l'autre globale, horizontale et naturelle, dont l'Église serait le « sacrement ».

Par suite, dit le pape « l'Eucharistie est toujours célébrée, en un sens [teilhardien] sur l'autel du monde [n° 8] » L'équivoque demeure et peut donner à croire en un sacrifice cosmique dont l'Église assemblée serait le « signe sacré » et qui ferait d'elle un moyen (automatique ?) de salut et d'union humaine. Comme par une efficacité naturelle, « l'Eucharistie crée proprement la communauté entre les hommes [n° 24]. »

Or, beaucoup plus qu'un moyen ou qu'un « instrument », l'Église est traditionnellement l'épouse unique, l'Arche du salut, ou le Royaume déjà commencé parmi nous. Le salut conciliaire déborde au contraire l'Eglise et s'opère de façon globale ; la rédemption du monde advient comme une marche inexorable de l'histoire. À aucun moment n'apparaît l'enjeu d'une responsabilité personnelle devant le sacrifice du Christ - ce qui semble pour le moins troublant.

Conclusion - Le pape et le mystère pascal
On se souvient du livre préfacé par Mgr Fellay, Le Problème de la réforme liturgique, publié et remis au pape en mars 2001 par la Fraternité St Pie X, qui relançait le débat doctrinal sur la question liturgique après une négociation échouée avec le Saint-Siège. Ce livre cantonait la position doctrinale des prêtres restés fidèles à Mgr Lefebvre en 1988 à la remise en cause de la théologie du « Mystère pascal » issue du concile Vatican II. Les arguments de la critique lefebvriste contre la liturgie conciliaire portent en réalité beaucoup plus loin, comme l'ont démontré le congrès SI SI NO NO consacré à ce thème, à Paris, en mai 2002, et le symposium sur « La religion de Vatican II » à Paris, les 5 et 6 octobre 2002. La présente encyclique apporte opportunément la réponse du pape à l'ensemble de ces critiques. Tout en insistant sur la définition sacrificielle de la messe, elle rappelle l'implication traditionnelle du Mystère de Pâques dans la liturgie eucharistique, comme le souligne le rite de Saint Pie V (prière Suscipe Sancta Trinitas, Unde et memores…) : la messe actualise à l'autel l'ensemble du Mystère pascal et rend présente l'œuvre complète du sacrifice : Passion, Résurrection et Ascension.

Face au désert liturgique postconciliaire, cette lettre surprend par le souffle, la fermeté et la clarté de son propos traditionnel sur deux points majeurs : le sacrifice de la messe et le sacerdoce des prêtres - enfin distingué nettement de celui des laïcs. Certes, les brumes conciliaires recouvrent encore les parties consacrées à l'Église « sacrement », au sacrifice « offert sur l'autel du monde » ou au salut intégral de l'Histoire et du genre humain.

Cependant, cette encyclique L'Église vit de l'Eucharistie prend objectivement en compte une part importante des critiques appelées à tort « traditionalistes » : elles étaient tout simplement catholiques, comme cette encyclique le manifeste enfin. Le pape promet « un document plus spécifique [n° 52] » et « juridique » sur l'ordo missæ.

Il ne parle pas encore de la messe de saint Pie V, alors qu'il cite plusieurs fois des rites plus anciens. Cependant, le 24 mai prochain, le cardinal Castrillon célèbrera solennellement ce rite à la basilique Ste-Marie-Majeure… L'embellie ne peut venir que de l'autorité suprême. Devant tant de signes, il reste à prier pour que les « normes liturgiques » qu'annonce le Saint Père, par le souffle de l'Esprit Saint, libèrent enfin sans conditions le rite traditionnel de la messe, exempt quant à lui de toute ambiguïté.

(BTAG) ajouté le 8-5-2003