Le Monde diplomatique
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L'empire contre l'Irak
 

 

Chronologie 2001-2003

2001

16 février : Vingt-quatre appareils américains et britanniques attaquent cinq bases de missiles sol-air SAM et de batteries anti-aériennes irakiennes, situées au sud de Bagdad et hors des deux zones d'exclusion aériennes imposées au régime de Saddam Hussein depuis dix ans au nord du 26eparallèle et au sud du 23e. « Je veux assurer ceux qui ne comprennent pas la politique américaine qu'il s'agit d'une mission de routine », affirme le président Bush.

17 mai : Le fils de Saddam Hussein, Qusay, est élu à la tête du parti politique 'Baas', où il est pressenti pour succéder à son père.

21 juin : le conseil d'administration de la commission d'indemnisation des Nations unies, réuni à Genève, « approuve le versement de 842 millions de dollars pour préjudices subis par des particuliers, des sociétés privées et des gouvernements, du fait des suites de l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990 ». Au total, la commission a approuvé plus de 45,4 milliards de dollars d'indemnisation. Lire l'article « L'Irak paiera », par Alain Gresh.

1er juin : le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 1352 prolongeant pour un mois le programme « Pétrole contre nourriture ».

3 juillet : le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 1360 qui renouvelle le programme « Pétrole contre nourriture » pour 150 jours. Il n'est pas fait référence à une réforme des sanctions contre l'Irak. En raison de l'opposition de la Russie, la Grande-Bretagne renonce finalement à soumettre au vote du Conseil une résolution sur un nouveau programme dit de « sanctions intelligentes ».

2002

Janvier : L'Irak invite un expert des droits de l'Homme à une inspection pour la première fois depuis 1992.

29 janvier : Dans son discours annuel sur l'état de l'Union, M. Bush déclare que l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord constituent un « axe du Mal, armé pour menacer la paix du monde ».

8 avril : Bagdad interrompt ses exportations de pétrole pour protester contre l'offensive israélienne dans les territoires palestiniens. Malgré l'appel de Saddam Hussein à former une coalition, aucun des autres pays arabes ne suivra et l'Irak abandonnera sa politique un mois plus tard.

14 mai : le Conseil de sécurité adopte la résolution 1409, qui modifie le régime des sanctions contre Bagdad. Le programmme pétrole contre nourriture est prolongé pour 6 mois et un système renforcé de contrôle des produits pouvant avoir une utilisation militaire est mis en place sous l'égide de la Commission de contrôle et de vérification de l'ONU (Cocovinu) et de l'Agence internationale de l'énerge atomique (AIEA).

12 septembre : à l'occasion de la 57ème sesssion de l'Assemblée générale de l'ONU, Georges W. Bush prononce un discours sur l'Irak dans lequel il met en demeure M. Saddam Hussein de « retirer ou détruire immédiatement et sans conditions toutes ses armes de destruction massive » et appellle l'ONU à formuler une nouvelle résolution afin d'obtenir le désarmement de l'Irak.

17 septembre : l'Irak annonce qu'il accepte un retour inconditionnel des experts en désarmement des Nations unies.

24 septembre : M. Anthony Blair rend public un rapport réalisé par les services secrets britanniques selon lequel le régime irakien « continue de développer des armes de destruction massive » et serait en mesure de construire une arme nucléaire à court terme.

11 octobre : Après le vote à une très forte majorité du Sénat consécutif à celui de la Chambre des réprésentants, le Congrès américain autorise le recours unilatéral à la force contre l'Irak.

16 octobre : Référendum présidentiel en Irak. Selon les résultats officiels, le président Saddam Hussein est réélu pour sept ans, avec un taux de participation de 100 % et 100 % des voix .

8 novembre : Nouvelle résolution sur désarmement de l'Irak. Le Conseil de sécurité vote la résolution 1441, qui ordonne à M. Saddam Hussein de détruire tous ses programmes d'armes de destruction massive sous peine d'un recours à la force.

25 novembre : Arrivée à Bagdad des premiers inspecteurs de la Cocovinu et de l'AIEA.

4 décembre : Les Nations unies adoptent la résolution 1447 qui renouvelle pour six mois le programme « Pétrole contre nourriture ».

7 décembre : Conformément au délai d'un mois stipulé dans la résolution 1441, l'Irak remet aux inspecteurs de l'ONU une déclaration sur ses programmes d'armement. Le même jour, M. Saddam Hussein présente pour la première fois ses excuses au peuple koweitien pour l'invasion et l'occupation de l'émirat en 1990-1991, excuses rejetées aussitôt par le Koweït.

30 décembre : Renforcement des sanctions contre Bagdad : le Conseil de sécurité de l'ONU vote la résolution 1454 qui étend la liste des biens dont l'importation est interdite en Irak.

2003

23 janvier : Réunion à Istanbul (Turquie) des ministres des affaires étrangères des pays voisins de l'Irak (Turquie, Iran, Arabie Saoudite, Jordanie, Syrie) ainsi que l'Egypte, à propos de la crise irakienne.

27 janvier : Après deux mois d'inspections, présentation, devant le Conseil de sécurité, des rapports des chefs des inspecteurs en désarmement : Rapport de Hans Blix, Président de la Commission de contrôle de vérification et d'inspection de l'Onu. Rapport de Mohamed El Baradei, responsable de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

5 février : Discours de Colin Powell sur l'Irak aux Nations unies. Le secrétaire d'Etat américain dresse un sévère réquisitoire contre Bagdad, photos et bandes sonores à l'appui, présentées comme des preuves de la non-coopération du régime irakien. Au sein de la communauté internationale, les réactions sont diverses : pour la Grande-Bretagne, l'exposé de M. Powell prouve de manière convaincante que l'Irak représente une véritable menace. Pour la majorité des gouvernements, France, Allemagne et Russie en tête, il appelle surtout une intensification des inspections sur le terrain et ne saurait en rien justifier une intervention militaire.

10 février : L'Allemagne, la France et la Russie adoptent une déclaration commune appelant « à la poursuite des inspections et au renforcement substantiel de leurs capacités humaines et techniques par tous les moyens » afin de donner « toutes les chances au désarmement de l'Irak dans la paix ».

14 février : Nouveaux rapports des chefs des experts en désarmement de l'ONU. Selon M. Hans Blix, directeur de l'Unmovic, aucune preuve ne permet d'affirmer que l'Irak possède des armes de destruction massive mais rien, pour autant, ne permet de l'exclure. M. Mohammed ElBaradei déclare quant à lui que les inspecteurs de l'AIEA n'ont trouvé aucune trace d'activités nucléaires interdites en Irak tout en préconisant un renforcement des moyens d'inspection. Dans son discours devant le Conseil de sécurité, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, affirme que « l'usage de la force ne se justifie pas aujourd'hui » et qu'« il y a une alternative à la guerre : désarmer l'Irak par les inspections ».

15 février : Près de 10 millions de personnes, principalement en Europe, manifestent à travers le monde contre la guerre en Irak.

17 février : A l'issue du Conseil européen extraordinaire sur la crise irakienne, les quinze pays membres de l'Union européenne adoptent une déclaration commune dans laquelle ils affirment que « la force ne devrait être utilisée qu'en dernier recours » tout en exhortant Bagdad à coopérer « immédiatement et intégralement » avec les inspecteurs en désarmement de l'ONU.

28 février : Le président exécutif de l'Unmovic, M. Hans Blix , présente son douzième rapport trimestriel au Conseil de sécurité de l'ONU.

7 mars 2003 : Le Conseil de sécurité des Nations unies entend la présentation des derniers rapports des chefs des inspecteurs de l'ONU. Pour M. Hans Blix (Unmovic), « après une période de coopération quelque peut réticente, il y a eu une accélération des initiatives irakiennes » en matière de désarmement tandis que M. Mohammed ElBaradei (AIEA) souligne que les inspecteurs n'ont trouvé aucun signe d'activité nucléaire en Irak ni aucune indication sur des importations d'uranium par Bagdad depuis 1990. Le même jour, les Etats-Unis, L'Espagne et le Royaume-Uni soumettent au Conseil un projet de résolution qui impose à l'Irak la date butoir du 17 mars pour désarmer.

17 mars 2003 : Dans son discours à la nation, M. Bush, affirmant que « le Conseil de sécurité des Nations unies ne s'est pas montré à la hauteur de ses responsabilités », lance un ultimatum à Saddam Hussein : le président irakien et ses fils doivent quitter l'Irak dans les 48 heures sous peine de s'exposer à une guerre que les Etats-Unis lanceront à une date de leur choix. L'ultimatum est aussitôt rejeté par Bagdad.

20 mars 2003 : Début des bombardements américains sur Bagdad. Au cours d'une allocution télévisée, le président Bush annonce que « les forces des États-Unis et de la coalition se trouvent dans la première phase d'opérations militaires destinées à désarmer l'Irak » en prélude à une « campagne concertée et de grande envergure ».