L'évangélisation du monde ("Évangélisation 2000") est devenue un slogan fascinant à effet "oecuménisant", dans ce sens qu'il tend à rapprocher et à unir des personnes et des églises de toutes confessions en mettant en veilleuse tout ce qui serait de nature à empêcher la collaboration.
Quelques faits récents:
Indianapolis
En août 1990 s'est tenu à Indianapolis (USA) un congrès auquel participèrent 15.000 personnes et dont le thème fut: "Le Saint-Esprit et l'évangélisation mondiale". Il y fut dit que ni les pentecôtistes, ni les méthodistes, ni les catholiques, ni les baptistes, ni les mennonites, ni les luthériens n'étaient en mesure d'évangéliser seuls le monde; c'est pour quoi ils ont décidé de le faire ensemble. les catholiques constituèrent le contingent le plus important (48%) des diverses confessions représentées. Le pape adressa au congrès ses salutations par le nonce apostolique. Tom Forest, l'initiateur catholique chargé par le pape du projet "Évangélisation 2000" et Loren Cunningham, fondateur et leader du mouvement charismatique "Jeunesse en Mission", ont été parmi les figures marquantes du congrès. Le dernier prononça le discours de clôture. *1
Moscou
Un autre congrès d'évangélisation s'est tenu en octobre 1990 à Moscou. Il fut organisé à la demande de 70 responsables soviétiques qui avaient participé au congrès "Lausanne 2" à Manille en 1989 *2. Neuf cent responsables d'églises soviétiques se sont donc réunis à Moscou, où ils ont exprimé leur volonté de regagner le terrain perdu au cours des 70 années d'athéisme imposé par l'Etat. Les participants sont venus de diverses dénominations: orthodoxe, catholique romaine, baptiste, pentecôtiste, luthérienne, méthodiste, adventiste, d'églises enregistrées et non enregistrées. Il y fut dit que "le désir insatiable de l'Eglise soviétique d'acquérir la parole de Dieu, d'être formée, de posséder du matériel biblique, révèle une immense volonté de s'engager dans cette grande tâche de l'évangélisation du monde." *3 On ne saurait que se réjouir de cet ardent désir de posséder la Bible, mais on peut parfois se demander ce qu'il faut entendre par "Église soviétique" dans le contexte de ce congrès. Est-ce que dans l'optique des organisateurs de ce congrès - et de certains membres du comité de Lausanne - toutes les dénominations mentionnées plus haut constituent l'Eglise de Jésus-Christ en Union Soviétique ? N'est-il pas évident pour toute personne connaissant tant soi peu, d'une part l'Ecriture, d'autre part l'orthodoxie, le catholicisme, le baptisme, le pentecôtisme et l'adventisme, qu'il n'y a pas de foi commune fondée sur la seule Parole de Dieu, et qu'évangéliser ne peut pas signifier la même chose pour tous ? Les autorités de ces églises ont d'ailleurs toujours été en possession de la Bible, mais qu'en on fait la plupart d'entre elles ? N'ont-elles pas maintenu leurs fidèles dans les traditions et les superstitions humaines plutôt que de revenir aux enseignements apostoliques ? On peut toujours espérer que la Bible, mise entre les mains du peuple, produise un réveil des consciences et du coeur. Voilà pourquoi on doit de toute façon se réjouir de la diffusion de la Bible en Union Soviétique et prier pour qu'elle porte beaucoup de fruits à la gloire de Dieu. Mais les chrétiens et les églises attachés à l'enseignement des Écritures ne sauraient participer à une évangélisation commune avec toutes les églises sus-mentionnées, car cela se ferait inévitablement au détriment des principes bibliques.
Paris
En novembre 1990, l'Alliance Évangélique de France avait convoqué une conférence pastorale dans les locaux de la Fédération protestante de France à l'occasion du passage de Tom Houston, le directeur du comité de Lausanne *4. Tom Houston déclara que le comité de Lausanne n'avait qu'un objectif: " l'évangélisation du monde" en précisant: "Nous ne nous préoccupons pas de doctrines et d'enseignements divers...". Mais à la même occasion il tînt des propos dans le sens contraire: "Ce qui particularise le comité de Lausanne, c'est qu'il s'occupe de toute la mission confiée à l'Eglise (faire des disciples, baptiser, enseigner)..." Mais comment pourrait-il donc s'occuper de toute la mission confiée à l'Eglise sans se préoccuper des divers enseignements ? Qu'enseignera-t-on au sujet du baptême, de l'Eglise, du Saint-Esprit... quand on choisit comme mot d'ordre que l'Eglise toute entière est appelée à apporter l'Evangile tout entier au monde tout entier ? Belle formule qui n'est toutefois pas exempte d'ambiguïté ! L'Eglise toute entière serait-elle l'ensemble des dénominations chrétiennes quelles que soient leurs doctrines et leurs pratiques ? Nous relevons une autre ambiguïté: est-ce le rôle du comité de Lausanne de se substituer en quelque sorte aux Églises en se disant chargé de toute la mission confiée à l'Eglise (Faire des disciples, les baptiser, les enseigner...) ?
Tom Houston disait encore à propos de la "Déclaration de Lausanne": "Il ne s'agit pas d'une confession de foi", tout en ajoutant un peu plus loin qu'il y était question "du genre de croyance que nous avons" ! Quelle différence y a-t-il pratiquement entre une confession de foi et un genre de croyances ? Serait-ce qu'il est plus facile de négocier des genres de croyances que de toucher à une confession de foi ? Il fut rappelé qu'au congrès de Lausanne on a eu la conviction que l'on pouvait "avancer ensemble sans que tout soit nécessairement résolu". Claude Baty, délégué de Manille, disait: "Beaucoup de personnes acceptent cette déclaration (de Lausanne) mais, malheureusement, les clivages existants les empêchent de travailler ensemble... il me semble important que nous puissions regrouper beaucoup de gens (Réformés, pentecôtiste, FEF *5, etc...". Tout cela montre bien dans quelle direction on évolue. Si nous avons bien compris, il faudrait, pour pouvoir évangéliser le monde, parvenir à regrouper beaucoup de gens - et d'églises - en dépassant les clivages causés par les différents genres de croyances ! A cet effet, il parut nécessaire de créer un groupe de réflexion représentatif des diverses tendances du protestantisme. A ce sujet Marie de Védrines osa faire une remarque pertinente: "Avons-nous vraiment réfléchi à ce que cela signifie de témoigner de Jésus-Christ, d'annoncer l'Evangile, d'appeler à la conversion... il y a là toutes sortes de problèmes doctrinaux, théologiques, etc... qui doivent être traité de façon concomitante avec les actions. Le premier travail d'un tel groupe de réflexion serait de promouvoir cette réflexion qui fait défaut..."
Berne
Rappelons aussi le congrès charismatique de berne en 1990 (voir la B.N. 6/90 pp. 86-87) avec 4000 participants dont plus de la moitié ont été des catholiques. En célébrant messe et sainte cène séparément avec une liturgie oecuménique commune, on a voulu témoigner de l'unité des chrétiens au-delà des confessions en vue de l'évangélisation commune du monde, au cours de la dernière décennie du XX ème siècle.
L'heure du choix a sonné
Que ce soit à Indianapolis, à Moscou, à Paris, à Stuttgart *6, au Forum protestant de Berne *7, etc, partout se manifeste cette tendance des évangéliques à collaborer avec les églises officielles protestantes et même à se rapprocher des catholiques pour évangéliser ensemble le monde en cette dernière décennie du XX ème siècle. Même si l'on peut considérer qu'il y a dans tous les milieux religieux officiels de véritables enfants de Dieu, on ne peut pas ignorer qu'ils demeurent en communion avec des "églises officielles" multidinistes et doctrinalement pluralistes, sinon libérales, qui elles-mêmes pratiquent un oecuménisme interreligieux avec des religions non-chrétiennes. Rappelons la journée de prières universelle interreligieuse d'Assise en 1986, où, sur convocation du pape, catholiques, orthodoxes, anglicans, luthériens, réformés, mennonite, batistes.... se sont retrouvés avec des musulmans, des juifs, des shintoïstes, des bouddhistes... pour prier *8.
En 1998 eut lieu à Toronto un service interconfessionnel d'actions de grâces entre catholiques, presbytériens (protestants), orthodoxes, baptistes, pentecôtistes, Armée du Salut, hindouistes, juifs, musulmans, zoroastriens... *9 Des évangéliques y ont aussi été chaque fois représentés ! Ce sont peut-être des frères - ce n'est pas à nous d'en juger - mais ils boitent des deux côtés ! Jusqu'à quand ? (1 Rois 18:21) Jusqu'au jour où ils auront dépassé le point de non-retour et seront emportés par le courant. A moins qu'ils ne se ressaisissent avant en prenant pratiquement position pour la fidélité au Seigneur et à sa parole, contre l'adultère spirituel, en s'éloignant de ceux qui le commettent. L'heure du choix a sonné, si ce n'est déjà trop tard pour certains.
Jean Hoffmann
La Bonne Nouvelle 2/91
*1) "Charisma" 74, Octobre-décembre 1990
*2) Voir dans la B.N. 6/89 "Lausanne 2 à Manille". On appelle de congrès "Lausanne 2" par rapport au premier congrès international pour l'évangélisation mondiale qui s'est tenu en 1974 à Lausanne. Pour donner suite à ce premier congrès on créa un "Comité de continuation" mondial appelé "Comité de Lausanne". Une déclaration en 15 points fut soumise aux participants de congrès. C'est d'elle qu'il s'agit quand il est question de la "Déclaration de Lausanne", voir la B.N. 5/74.
*3) Jusqu'ici l'information sur le congrès de Moscou est tirée d'IDEA 11/90
*4) Voir IDEA 11/1990, Document: "L'Evangélisation du monde" p. 7.
*5) FEF = Fédération Évangélique de France
*6) Congrès allemand d'évangélisation qui s'est tenu en octobre 1990 à Stuttgart.
*7) Voir la B.N. 1/1991 sous "Deuxième Forum Protestant" (P.-A. Dubois).
*8) Voir la B.N. 2/87 sous "Oecuménisme planétaire d'Assise" (J.H.)
*9) Voir la B.N.3/89 sous "La grande confusion" (J.H.).
Une évangélisation mondiale commune ? (Suite avec message de Tom Forest)
Dans la "Bonne Nouvelle du 2/91, sous ce même titre, il a été fait mention du Congrès international d'Indianapolis et du prêtre catholique Tom Forest chargé par le pape du projet "Évangélisation 2000". Nous reproduisons à ce sujet, ci-dessous, un extrait d'un texte de David Hunt tiré du "CIB-Bulletin" 12/90, traduit en allemand dans "Fest und Treu", Heft 59 1/91:
"Le prêtre Tom Forest qui dirige l'action "Évangélisation 2000" lancée par le Vatican, utilisa toutes les expressions courantes propres aux évangéliques, lorsqu'il s'adressa à l'auditoire composé de catholiques et de protestants. Aussi se fit-il applaudir par les protestants quand il appela les chrétiens à s'unir dans l'évangélisation mondiale. Mais il fut aussi applaudi lorsqu'il s'adressa dans un atelier (workshop) aux seuls participants catholiques présents, précisant alors sa véritable foi en ces termes: C'est notre devoir de faire les meilleurs chrétiens possible en les introduisant dans l'Eglise Catholique... nous devons les faire entrer dans l'Eglise par l'évangélisation. Il ne suffit pas que tu invites quelqu'un à devenir chrétien, il faut que tu l'invites à devenir catholique. Pourquoi cela est-il si important ?... Il y a sept sacrements et l'Eglise catholique les possède tous les sept... Nous avons le corps de Christ, nous buvons le sang de Christ. Jésus est offert vivant sur nos autels... En tant que catholiques, nous avons Marie, la reine du Paradis... Comme catholiques - et cela m'est particulièrement important - nous avons le purgatoire. Dieu merci ! Je suis de ceux qui sans le purgatoire ne verraient jamais le glorieux bonheur. C'est le seul chemin praticable... C'est notre devoir d'utiliser cette dernière décennie pour conduire par l'évangélisation autant d'âmes que possible dans l'Eglise catholique... et dans le troisième millénaire d'histoire catholique."
Quand donc ceux qui dans l'"Évangélisation 2000" collaborent avec les catholiques - "Campus pour Christ", "Jeunesse en Mission", "Association Billy Graham", "CNB de Pat Roberson", "TNB de Crouch", et beaucoup d'autres - se réveilleront-ils et comprendront-ils la vérité sur le catholicisme romain ?
L'apôtre Paul a bien mis en garde: "Mais, si nous-mêmes, si un ange du ciel annonçait un évangile s'écartant de celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème!" (Galates 1:8, NEG).
Le catholicisme romain est un autre évangile ! Si nous aimons vraiment les catholiques, nous les rendrons attentifs à cette réalité et nous leur apporterons un Évangile non altéré."
(fin de citation)
Dave Hunt (coauteur de "La séduction de la chrétienté"
Le discernement spirituel dans les derniers jours)