Des députés néerlandais ont réclamé en novembre 2000 que le Vatican n'ait plus le statut d'Etat à l'ONU qui lui confère une place privilégiée à l'Eglise catholique (Yahoo Actualités 18 novembre 2000). Celle-ci est la seule religion représentée en tant qu'Etat. Cette situation inacceptable est un frein majeur pour les droits des femmes, la lutte contre le Sida, et la séparation du politique et du religieux. Cette action s'inscrit dans la continuité d'une pétition internationale diffusée par le Mouvement Europe et Laïcité.
En septembre 2001 a éclaté en Espagne une affaire qui ternit un peu plus une institution toute puissante dont l'autoritarisme est de plus en plus contesté. Une enseignante de religion dans un lycée public a ainsi été renvoyée par l'évéché pour s'être mariée l'année précédente avec un homme divorcé. Des cours de religion sont assurés dans les établissements publics en vertu d'un accord signé en 1979, mais les enseignants (au nombre de 14000) dépendent de l'Eglise ce qui permet à cette dernière d'agir à sa guise en toute impunité. Il s'est avéré que ce licenciement abusif n'est pas chose isolée, d'autres professeurs de religion ont eu à subir l'intrusion de l'Eglise dans leur vie privée. Mais le scandale ne se limite pas à ces renvois, l'Eglise s'autorise aussi à effectuer des retenues sur le salaire des professeurs pour sa propre fortune. Cette taxe illégale pouvait atteindre 1% alors que le salaire est versé par l'état espagnol. Sources: Europa Laica et Libération.
Le Vatican n'est pas le seul état à imposer une caractère religieux à sa monnaie. Les pièces de 2 euros des Pays Bas montrent sur la tranche la devise "God zij met ons" qui signifie "Que Dieu nous protège"!
Comme aucune porte n'ose lui résister, le pape Jean Paul II s'invite partout où il peut prêcher son message de reconquête catholique des états, de l'Europe, du monde entier. La Terre entière semble livrée à ce vieux despote dont l'ultime objetcif aura été de l'infecter avec ce poison mortel appelé christianisme dont la nocivité est connue depuis près de deux millénaires. Il s'est donc rendu au parlement italien le 14 novembre 2002 devant des parlementaires proches de l'extase, en admiration complète devant celui qui veut faire de l'Europe une terre chrétienne: "Je nourris l'espoir que, grâce aussi à l'Italie, ne fera pas défaut aux fondations de la maison commune européenne le ciment de l'extraordinaire héritage religieux, culturel et civil qui a fait la grandeur de l'Europe." Pourtant, des voix (extrême gauche, laïques, quelques médias) se sont élevées pour protester contre cette ingérence; mais aucune n'est représentée à l'intérieur de l'hémicycle. Que peuvent ces résistants devant la servilité de tous les grands partis en quête d'un mot agréable, d'une attention, d'une prière d'un pape qui n'a jamais autant méprisé les lois civiles? Le Vatican fut le dernier salon où l'on cause à l'occasion des élections présidentielles de 2001 qui a vu tous les grands partis venir s'agenouiller devant le vieillard. Et la version italienne de la politique de "la main tendue" a été illustrée récemment quand le maire de Rome, ancien communiste, a élevé Wojtyla au rang de citoyen d'honneur de la capitale. La bête cléricale, affamée de tout ce qui ne lui appartient pas encore, poursuit sans relâche cette reconquista des temps modernes, encouragée qu'elle est par la disparition de toute contestation.
Au cours de la rencontre du 31 octobre 2002 au Vatican entre JP2 et le catholique pratiquant Valéry Giscard d'Estaing, président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, le vieux dictateur avait demandé que soit explicitement reconnue la liberté d'action des Églises et des confessions religieuses dans la future Constitution de l'Europe élargie et VGE lui avait répondu: "Oui, nous travaillons en ce sens". Le 12 novembre, le Parti Populaire Européen (qui regroupe les partis européens de droite au Parlement européen) a diffusé publiquement son programme pour une Europe chrétienne. Il insiste sur «ce que l'Europe doit à son héritage religieux» et ose aller jusqu'à souhaiter dans la constitution européenne la mention de "dieu", ce concept qui n'a pu naître que dans des cerveaux malades ou avides d'un pouvoir facile sur les crédules. Le texte exact de l'article 57 est «les valeurs de l'Union incluent les valeurs de ceux qui croient en Dieu comme la source de la vérité, de la justice, du bien et de la beauté, comme celles de ceux qui ne partagent pas cette croyance mais respectent ces valeurs universelles émanant d'autres sources.» Noter qu'on retrouve dans les partisans de cette formule un ancien communiste, le président polonais Aleksander Kwasniewski, un de plus... Enfin, le porte-parole du président de la Convention a cru faire œuvre utile en précisant que «la reconnaissance du fait religieux ne doit discriminer ni les agnostiques, ni les juifs ou les musulmans»: une fois de plus les athées sont oubliés pour ne pas dire volontairement ignorés. L'existence des athées est une preuve trop dérangeante de l'absurdité de la notion de "dieu".
L'Europe vaticane poursuit sa marche: l'irlandais Patrick Cox, président du Parlement européen, réclame le pape! Un discours de JP2 serait selon lui le bienvenu devant le Parlement européen afin de résoudre les malheurs du monde et bien sûr de renouveler ses injonctions pour l'imposition d'une Europe catholique. Patrick Cox a été reçu par le pape le 3 janvier 2003 et il a déclaré dans le quotidien italien L'Avvenire que le pape pourrait " s'il le juge opportun, rappeler son message à propos de l'identité chrétienne de l'Europe " à l'occasion de sa venue au Parlement. Jean Paul II s'était déjà rendu au Parlement de Strasbourg en 1988. Les cadeaux affluent donc au Vatican contre une laïcité européenne. Cox a montré une servitude inacceptable en insistant que tous les efforts seraient faits pour plaire aux catholiques. Et les ordres ont été très clairement donnés : "Je suis sûr que les membres de la convention sauront écouter la voix du pape". L'Europe n'est pas et ne sera jamais une annexe du Vatican!
A l'heure où se pense le futur Traité constitutionnel de l'Union Européenne, le pape a répété le 13 janvier 2003, comme à son habitude, les habituels mensonges et litanies sur la nécessité d'une Europe chrétienne. Litanies car ces injonctions à passer outre la volonté des électeurs européens montrent une fréquence alarmante : " Une Europe qui désavouerait son passé, qui nierait le fait religieux et qui n'aurait aucune dimension spirituelle serait bien démunie face à l'ambitieux projet qui mobilise ses énergies : construire l'Europe de tous ! ". Et mensonges car Karol Wojtyla nie l'histoire : " le christianisme occupe une place de choix dans la mesure où il a donné naissance à un humanisme qui a imprégné son histoire et ses institutions ". L'humanisme n'est pas une invention chrétienne mais le fruit de l'opposition à une cléricature despotique. Il suffit de relire Erasme pour mesurer les bassesses, toujours actuelles, du clergé. Faire table rase du passé pour mieux assurer sa mainmise sur la société, voilà la doctrine catholique pour l'Europe. Et le pape n'oublie pas de rejeter la laïcité en réclamant de façon habile " le respect du statut juridique dont les Eglises et les institutions religieuses jouissent dans les Etats membres de l'Union ". En clair: empêcher l'instauration de la laïcité.
L'adhésion de la Pologne à l'Union européenne n'interviendra qu'en mai 2004 mais ses exigences sont d'ores et déjà très claires : presque tous les partis politiques polonais demandent qu'une référence à "dieu" soit inscrite dans la future constitution européenne. La requête a été présentée au Parlement européen le 22 janvier 2003 et à Valery Giscard d'Estaing, président de la Convention, le lendemain. Les polonais demandent l'inclusion du texte suivant : "Nous, les peuples de l'Europe, tous les citoyens européens, ceux qui croient en Dieu comme source de la vérité, de la justice, du bien et de la beauté, de même que ceux qui ne partagent pas cette foi et cherchent ces valeurs universelles dans d'autres sources..." Et l'Eglise polonaise n'oublie pas de rappeler son opposition à l'avortement et à l'euthanasie et de réclamer que son statut ne soit pas modifié.
Pas content le pape. La publication des seize premiers articles de la future constitution de l'Union européenne a irrité le Vatican au plus haut point. À aucun moment n'est incluse de référence à Dieu ou à la chrétienté (voir le site de la Convention européenne). Les pressions exercées par la secte qui a réussi seraient-elles un échec ? Le document est encore en cours d'élaboration mais c'est là assurément un résultat extrêmement important pour les non croyants et les laïques. Une semaine après, le 16 février 2003, le vieux despote a réitèré infatigablement ses injonctions. Et comme il faut bien innover puisque les manigances précédentes n'ont pas été efficaces, JP2 a dû faire appel à deux saints du 9ème siècle pour défendre l'idée d'une culture européenne chrétienne unissant l'est et l'ouest (orthodoxes et catholiques). Mais ce serait oublier que, précisément, cette Europe chrétienne s'est désintégrée par la faute des dissensions chrétiennes, entre catholiques et orthodoxes d'abord, puis entre catholiques et protestants ensuite.
Subtil, adroit, sournois, insidieux, tous ces épithètes s'appliquent au pape à la perfection. Les pressions du Vatican pour une Europe qui s'affirmerait chrétienne prennent des apparences multiples : la béatification d'un prêtre de l'ordre des Capucins, Marco d'Aviano, le 27 avril 2003 a été l'occasion de plaider pour la reconnaissance de fondations chrétiennes à l'Europe. Ses appels à la prière auraient permis de repousser l'envahisseur ottoman en 1683 à Vienne et, ainsi, de préserver une Europe ''chrétienne''... On imagine sans peine le contenu des prêches du capucin.