La béatification de Pie IX



Jean Paul II pratique depuis plus de 20 ans la technique d'évangélisation consistant à occuper sans cesse le terrain médiatique pour mieux faire illusion et donner au peuple sa ration d'émotions artificielles. On assiste alors à ses voyages et ingérences dans les pays étrangers, à l'organisation de JMJ et au soutien des mouvements charismatiques, plus soucieux d'exhiber leur foi aveugle que d'aborder les questions religieuses ou de société, et à des béatifications en série.

Jean Polsky a ainsi béatifié le 3 septembre 2000 les papes Pie IX et Jean XXIII. Un acte qui n'a rien de gratuit puisqu'il place implicitement le souverain poussif sur la liste des futurs candidats à la canonisation.

Pie IX, Giovanni Maria Mastaï, eut le règne le plus long de l'histoire de la papauté, 32 ans de 1846 à 1878, et la promotion de ce pape autoritaire n'est que la suite logique celle de ses collègues Stepinac, cardinal fasciste croate, Schuster, partisan de Mussolini, et Escriva de Balaguer, le fondateur de l'Opus Dei.

Pie IX résume à lui seul des siècles d'un christianisme immuable:

- antimodernisme: en 1864 Pie IX publie le Syllabus dans lequel il dénonce la démocratie, le rationalisme, le progrès, la liberté de religion, de la presse, de pensée.

- antisémitisme: selon Pie IX les juifs ne sont que des "chiens" qu'il convient de convertir de force au catholicisme. C'est ainsi qu'éclate l'affaire Mortara en 1858. Un enfant juif âgé de 17 mois atteint d'une maladie grave est secrètement baptisé selon le rite catholique ce qui, après sa guérison, permet au Saint Office (l'instance qui, quelques siècles auparavant, avait organisé l'Inquisition et s'appelle aujourd'hui Congrégation pour la doctrine de la foi) de le soustraire à sa famille pour lui inculquer une éducation chrétienne. Un rapt d'enfant très réussi puisque le gamin finira curé. Edgardo Levi Mortara ne sera jamais rendu à ses parents et deviendra le fils adoptif du pape lui-même. Il décèdera en 1940.

- instauration en 1870 de l'infaillibilité pontificale au cours du concile Vatican I, dernier rempart contre la contestation pour une Eglise dépassée par les idées nouvelles du 19ème siècle. Noter que l'adhésion de JPII à cette infaillibilité va à l'encontre de ses pseudo efforts oecuméniques à l'encontre des protestants et des chrétiens orthodoxes qui n'y souscrivent pas.

- instauration du dogme de l'Immaculée Conception de Marie en 1854, une idée pas plus stupide que celle de JPII annonçant le troisième secret de Fatima. Une Eglise aux abois ne peut que faire resurgir ses antiques méthodes superstitieuses pour assurer la soumission des croyants.

- répression contre les partisans de l'unité italienne.

Mais plus hypocrite est la réaction des milieux catholiques devant cette béatification. Nombreuses ont été les incompréhensions et les interrogations de la part des chrétiens dits progressistes face à cette nouvelle décision réactionnaire. Il est en effet plus confortable de s'abriter derrière des interrogations que de voir le pape pour ce qu'il est: le digne prêcheur d'une idéologie discriminatoire et autoritaire qui n'a pu asseoir son pouvoir que par la force et la superstition.


Octobre 2000