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Chapitre
1
Amour incomparable
La Nature et la Révélation
témoignent de concert en faveur de l'amour de Dieu. Notre
Père céleste est l'Auteur de la vie, de la sagesse
et de la joie. Contemplez les merveilles de la nature ; constatez
leur parfaite adaptation aux besoins et au bien-être,
non seulement de l'homme, mais aussi de tout être vivant.
Le soleil et la pluie qui égayent et rafraîchissent
la terre ; les montagnes, les mers, les plaines : tout nous
parle de l'amour de Créateur. C'est Dieu qui subvient
aux besoins quotidiens de toutes les créatures. Ces belles
paroles du Psalmiste rendent hommage à sa touchante sollicitude
:
Les yeux de tous espèrent en toi,
Et tu leur donnes la nourriture en son temps.
Tu ouvres ta main,
Et tu rassasies à souhait tout ce qui a vie. (Psaume
145 : 15-16.)
Dieu créa l'homme saint
et parfaitement heureux. Notre terre, au sortir des mains du Créateur,
ne portait pas la moindre trace de corruption, ni la plus légère
ombre de malédiction. C'est la transgression de la loi
de Dieu - loi d'amour - qui a été la cause de la
mort et de tous les maux.
Néanmoins, l'amour divin se manifeste au sein même
de la souffrance. Il est écrit qu'à cause de l'homme,
le sol fut maudit (Genèse 3 : 17). Les épines et
les chardons, les difficultés et les épreuves qui
font de notre pèlerinage terrestre une longue succession
de labeurs et de soucis, aveuglé l'esprit des hommes nous
ont été départis pour notre bien ; ils entrent
dans le plan d'éducation que Dieu a formé pour nous
relever de l'état de dégradation et de ruine dans
lequel le péché nous a plongés.
Quoique déchu, le monde n'est pas tout tristesses et souffrances.
La nature elle-même nous offre des messages d'espérance
et de consolation. On voit des fleurs s'épanouir sur les
chardons et des roses éclore sur des épines.
" Dieu est amour. " Ces paroles se trouvent inscrites
sur chaque bouton de fleur et sur chaque brin d'herbe. Les charmants
oiseaux qui égayent les airs de leurs chants joyeux, les
fleurs aux nuances délicates et variées qui embaument
l'atmosphère de leur doux parfum, les arbres gigantesques
et les forêts aux riches feuillages, tout nous parle de
la tendre et paternelle sollicitude de notre Dieu et de son désir
de faire le bonheur de ses enfants.
La sainte Écriture révèle son caractère.
Dieu nous y fait lui-même connaître sa compassion
et son amour infinis. Quand Moïse lui adressa cette requête
: " Fais-moi voir ta gloire ! " l'Éternel lui
répondit : " Je ferai passer devant toi toute ma bonté
" (Exode 33 : 18-19), et passant devant Moïse, il s'écria
: " L'Éternel, l'Éternel, Dieu miséricordieux
et compatissant, lent à la colère, riche en bonté
et en fidélité, qui conserve son amour jusqu'à
mille générations, qui pardonne l'iniquité,
la rébellion et le péché. " (Exode 34
: 6-7.) Il est " lent à la colère et riche
en bonté " (Jonas 4 : 2), "car il prend plaisir
à la miséricorde " (Michée 7 : 18).
C'est là sa gloire.
Dans le ciel et sur la terre, Dieu nous a donné des gages
innombrables de sa bonté. Par l'intermédiaire de
la nature et par des preuves d'un amour plus tendre et plus profond
que le cur humain n'en peut concevoir, il a cherché
à se révéler à nous. Néanmoins
tout cela n'est qu'un reflet bien pâle de son caractère.
L'ennemi du bien a aveuglé l'esprit des hommes à
tel point qu'ils s'approchent de Dieu avec crainte et le considèrent
comme un être sévère et implacable. Satan
fait passer notre Père céleste pour un être
d'une justice inflexible, un juge sévère, un créancier
dur et inexorable. Il dépeint le Créateur comme
observant les hommes d'un il scrutateur en vue de découvrir
leurs erreurs et leurs fautes, afin de les frapper de ses châtiments.
C'est pour dissiper ce voile de ténèbres par la
révélation de l'amour infini de Dieu, que Jésus-Christ
est venu vivre parmi les hommes.
Le Fils de Dieu est descendu du ciel pour révéler
le Père. " Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique,
qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître.
" (Jean 1 : 18.) " Personne non plus ne connaît
le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils
veut le révéler. " (Matthieu 11 : 27.) Un de
ses disciples lui ayant dit : " Montre-nous le Père
", Jésus répondit : " Il y a si longtemps
que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui
qui m'a vu a vu le Père ; comment dis-tu : Montre-nous
le Père ? "(Jean 14 : 8-9.)
Voici en quels termes le Seigneur décrit sa mission terrestre
: " L'esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint
pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; il m'a envoyé
pour guérir ceux qui ont le cur brisé, pour
proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le
recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés.
" (Luc 4 : 18.) Telle était son uvre. Il allait
de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux
qui étaient sous l'empire du diable. On pouvait trouver
des villages entiers où ne se faisait plus entendre aucun
gémissement arraché par la maladie ; il avait passé
par là, et guéri tous les malades. Son uvre
témoignait de sa divinité. L'amour, la miséricorde
et la compassion se révélaient dans chacun de ses
actes ; son cur était rempli de tendre sympathie
pour les enfants des hommes. Il
avait revêtu leur nature afin de subvenir à leurs
besoins. Les plus pauvres et les plus humbles ne craignaient pas
de l'approcher. Les petits enfants eux-mêmes se sentaient
attirés vers lui. Ils aimaient à monter sur ses
genoux, et à fixer leurs regards sur son visage pensif
où se lisait un amour infini.
Jésus ne retranchait rien à la vérité,
mais il la disait toujours avec charité. Ses rapports avec
le peuple étaient empreints d'un tact parfait, d'une exquise
délicatesse. Aucune brusquerie ; pas un mot sévère
sans nécessité ; jamais il ne faisait inutilement
de la peine à une âme sensible. Il ne censurait pas
la faiblesse humaine. Quand il disait la vérité,
c'était toujours avec amour. Il dénonçait
l'hypocrisie, l'incrédulité, l'iniquité ;
mais c'était avec des larmes dans la voix. Il pleura sur
Jérusalem, la ville qu'il aimait et qui avait refusé
de le recevoir, lui, le Chemin, la Vérité et la
Vie.
Elle avait rejeté son Sauveur, mais il lui conservait néanmoins
sa tendresse et sa pitié. Sa vie était faite de
renoncement et de sollicitude pour autrui. Chaque âme était
précieuse à ses yeux. Sans se départir jamais
de sa dignité divine, il s'inclinait avec un tendre respect
devant tout membre de la famille de Dieu. En tout homme, il voyait
une âme déchue qu'il devait sauver.
Tel est le caractère de Jésus révélé
par sa vie. Tel est aussi le caractère de Dieu. C'est du
cur du Père que les flots de la compassion divine,
manifestée en Jésus-Christ, se déversent
sur les enfants des hommes. Jésus, Sauveur tendre et compatissant,
était Dieu " manifesté en chair " (1 Timothée
3 : 16).
C'est pour nous racheter que Jésus a vécu, souffert,
est mort. Il est devenu " homme de douleur " (Esaïe
53 : 3), afin de nous faire participer à la joie éternelle.
Dieu a permis à son Fils bien-aimé, plein de grâce
de vérité, de quitter un séjour de gloire
ineffable pour venir dans un monde souillé par le péché
et assombri par la malédiction et la mort. Il a consenti
à le voir quitter le sein du Père et l'adoration
des anges pour venir souffrir l'opprobre, les injures, l'humiliation,
la haine et la mort. " Le châtiment qui nous donne
la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures
que nous sommes guéris. " (Esaïe 53 : 5.) Contemplez-le
au désert, en Gethsémané, sur la croix, le
Fils immaculé de Dieu, chargé du fardeau de nos
péchés ! Celui qui avait été un avec
Dieu éprouva dans son âme l'horrible séparation
que le péché creuse entre l'homme et Dieu, séparation
qui lui arracha ce cri d'angoisse : " Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonné ? " (Matthieu 27 : 46.)
C'est le fardeau du péché et le sentiment de son
énormité qui brisa le cur du Fils de Dieu.
Mais ce grand sacrifice n'a pas été consommé
afin de faire naître dans le cur du Père des
sentiments d'amour pour l'humanité déchue, et pour
le disposer à la sauver. Non, non. " Dieu a tant aimé
le monde qu'il a donné son Fils unique. " (Jean 3
: 16.) Ce n'est pas à cause de la propitiation faite par
son Fils que le Père nous aime, c'est parce qu'il nous
aime qu'il a pourvu à cette propitiation. Jésus-Christ
est l'intermédiaire par lequel le Père a pu répandre
son amour infini sur un monde déchu. " Dieu réconciliait
en Christ le monde avec lui-même. " (2 Corinthiens
5 : 19.) Il a souffert avec son Fils. Dans les angoisses de Gethsémané,
comme dans la mort du Calvaire, c'est le cur de l'Amour
infini qui a payé le prix de notre rédemption.
Jésus dit : " Le Père m'aime, parce que je
donne ma vie, afin de la reprendre. " (Jean 10 : 17.) En
d'autres termes : L'amour que mon Père vous porte est si
grand qu'il m'affectionne davantage pour avoir consenti au sacrifice
de ma vie afin de vous racheter. Je lui suis devenu plus cher
par le fait que je me suis constitué votre garant, en déposant
ma vie et en prenant sur moi vos dettes et vos transgressions
; car par mon sacrifice, Dieu, tout en demeurant juste, peut justifier
celui qui croit en moi.
Seul, le Fils de Dieu avait le pouvoir de nous racheter ; seul
celui qui était dans le sein du Père pouvait le
faire connaître ; seul un Être connaissant la hauteur
et la profondeur de l'amour de Dieu pouvait le révéler.
Il n'a fallu rien de moins que le sacrifice infini consommé
par Jésus-Christ en faveur de l'homme perdu pour exprimer
l'amour du Père envers l'humanité déchue.
" Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son
Fils unique. " Il l'a donné, non seulement pour vivre
parmi les hommes, pour leurs péchés, pour mourir
à leur place : Il l'a donné à une race perdue.
Jésus-Christ devait se solidariser avec les besoins et
les intérêts de l'humanité. Celui qui était
un avec le Père s'est uni aux enfants des hommes par des
liens indissoluble. Jésus " n'a pas honte de les appeler
frères " (Hébreux 2 : 11). Il est notre Propitiation,
notre avocat, notre Frère. Il paraît revêtu
de notre humanité devant le trône du Père
et il sera pendant toute l'Éternité un avec la race
humaine qu'il a rachetée : il est et demeurera le Fils
de l'homme. Et tout cela afin de relever l'homme de la dégradation
du péché, afin de le mettre à même
de réfléchir l'amour de Dieu et de participer à
la joie de la sainteté.
Le prix payé pour notre rédemption, le sacrifice
infini de notre Père céleste, en livrant son Fils
à la mort pour nous, devrait nous donner une haute idée
de ce que nous pouvons devenir en Jésus-Christ. Quand il
est donné à Jean, l'apôtre inspiré,
de contempler la hauteur, la profondeur et la largeur de l'amour
du Père envers l'humanité expirante, il est si rempli
de sentiments d'adoration et de respect, que dans l'impuissance
où il se trouve d'exprimer l'intensité et la tendresse
de cet amour, il s'écrie : " Voyez quel amour le Père
nous à témoigné, pour que nous soyons appelés
enfants de Dieu "(1 Jean 3 : 1.) Quelle valeur cet amour
donne à l'homme ! Par la transgression, les fils d'Adam
sont devenus sujets de Satan : par la foi au sacrifice expiatoire
du Christ, ils peuvent devenir fils de Dieu. En revêtant
la nature humaine, Jésus-Christ élève l'humanité
; il place l'homme déchu dans une condition où,
par la communion avec lui, il peut devenir réellement digne
du nom d' " enfant de Dieu ".
Enfants du Roi céleste ! Précieuse promesse ! Thème
inépuisable de méditation ! Amour insondable de
Dieu pour un monde qui ne l'aimait pas ! Un tel amour est sans
exemple. Il surpasse celui d'une mère pour son enfant égaré.
Sa contemplation subjugue l'âme et rend les pensées
captives de la volonté divine. Plus nous étudions
le caractère de Dieu à la lumière de la croix,
plus nous y découvrons de clémence et de tendresse,
mieux nous voyons la miséricorde unie à l'équité
et à la justice, et plus nous discernons les preuves d'une
compassion et d'un amour infinis.
Chapitre 2
Reconnaissez-vous votre nécessité ?
A l'origine, l'homme était
doué de facultés nobles et d'un esprit bien équilibré.
Physiquement parfait et moralement en harmonie avec Dieu, ses
pensées étaient pures, ses aspirations saintes.
Mais ses facultés ont été perverties par
la désobéissance, et l'égoïsme a pris
dans son cur la place de l'amour. Sa nature a été
tellement affaiblie par la transgression, qu' il lui est devenu
impossible, par sa propre force, de résister à la
puissance du mal. Il est devenu captif de Satan, et serait à
jamais resté en son pouvoir, si le Seigneur ne s'était
interposé d'une manière spéciale. Le but
du tentateur était de frustrer le dessein de Dieu en créant
l'homme, et de couvrir la terre de ruines et de désolation.
Cela fait, il se proposait de citer ces ruines comme la conséquence
de la création de l'homme.
Dans son état d'innocence, l'homme vivait dans une heureuse
communion avec celui " dans lequel sont cachés tous
les trésors de la sagesse et de la science " (Colossiens
2 : 3). Mais après son péché, ne trouvant
plus son plaisir dans la sainteté, il voulut se cacher
loin de la présence de Dieu. Telle est encore la condition
du cur irrégénéré. Il ne bat
pas à l'unisson avec celui de Dieu, et il ne trouve par
conséquent aucune jouissance dans sa communion.
Le pécheur ne connaîtrait pas le bonheur en la présence
de Dieu ; la société des êtres saints lui
serait intolérable. S'il lui était permis de franchir
le seuil du ciel, il y serait malheureux. L'esprit de complet
désintéressement qui règne en ce lieu, où
tous les êtres sont en harmonie avec l'amour infini, ne
ferait vibrer dans son cur aucune corde sensible. Ses pensées,
ses intérêts, ses mobiles seraient en opposition
avec ceux qui sont à la base de tous les actes des êtres
purs qui y demeurent. Il serait une note discordante dans la mélodie
du ciel. Le ciel serait pour lui un lieu de torture. Son seul
désir serait de s'éloigner de la face de celui qui
en est la lumière et la joie. Ce n'est pas un décret
arbitraire de la part de Dieu qui exclut les méchants du
ciel ; ils se sont exclus par leur incapacité de jouir
de la compagnie de ses habitants. La gloire de Dieu serait pour
eux un feu dévorant. Ils accueilleraient avec joie la destruction
pour échapper à la présence de celui qui
est mort pour les racheter.
Il nous est impossible, par nous-mêmes, de nous arracher
à l'abîme de péché dans lequel nous
sommes plongés. Nos curs sont mauvais, et nous sommes
incapables de les changer. " Comment d'un être souillé
sortira-t-il un homme pur ? Il n'en peut sortir aucun. "
(Job 14 : 4.) " L'affection de la chair est inimitié
contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de
Dieu, et qu'elle ne le peut même pas. " (Romains 8
: 7.) L'éducation, la culture intellectuelle, l'exercice
de la volonté, les efforts humains ont tous leur sphère
légitime ; mais ici ils sont impuissants. Ils peuvent produire
une certaine correction extérieure de la conduite ; ils
ne sauraient changer le cur, ni purifier les sources de
la vie. Pour ramener l'homme de l'état de péché
à celui de sainteté, il faut une puissance qui agisse
du dedans, une vie nouvelle qui vienne d'en haut. Cette puissance,
c'est Jésus. Sa grâce seule peut vivifier les facultés
inertes de l'âme humaine, et attirer celle-ci vers Dieu
et vers la sainteté.
Le Sauveur a dit : " Nul, s'il ne naît d'en haut "
- s'il ne reçoit un cur nouveau et des aspirations
nouvelles qui l'entraînent vers une nouvelle vie - "
ne peut voir le royaume de Dieu. " (Jean 3 : 3 - version
Crampon.) La notion d'après laquelle il suffirait à
l'homme de travailler à développer le bien qui est
en lui par nature, est une erreur fatale. " L'homme animal
ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles
sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce
que c'est spirituellement qu'on en juge. "(1 Corinthiens
2 : 14.) " Ne t'étonne pas de ce que je t'ai dit :
Il faut que vous naissiez de nouveau. " (Jean 3 : 7.) Il
est écrit, touchant Jésus-Christ (la Parole) : "
Elle était la vie, et la vie était la lumière
des hommes." (Jean 1 : 4.) Son nom est le seul " qui
ait été donné parmi les hommes, par lequel
nous devions être sauvés " (Actes 4 : 12).
Il ne suffit pas d'entrevoir la bonté de Dieu, sa bienveillance,
sa tendresse paternelle. Il ne suffit pas de discerner la sagesse
et la justice de sa loi, de constater qu'elle est fondée
sur le principe éternel de l'amour. L'apôtre Paul
avait connaissance de tout cela quand il disait : " Je reconnais
que la loi est bonne " ; " la loi est sainte, et le
commandement est saint, juste et bon. "
Mais il ajoutait dans l'amertume de son désespoir : "
Je suis charnel, vendu au péché. " Il soupirait
après une sainteté et une justice qu'il se sentait
incapable de réaliser, et il s'écriait : "
Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps
de mort ? " (Romains 7 : 16, 12, 14, 24.) Tel est le cri
qu'ont poussé en tout temps et en tout lieu les âmes
écrasées par le sentiment du péché.
Pour tous, il n'y a qu'une réponse : " Voici l'Agneau
de Dieu, qui ôte le péché du monde "
(Jean 1 : 29) ; contemplez-le.
Nombreuses sont les images par lesquelles l'Esprit de Dieu s'est
efforcé d'illustrer cette vérité, afin de
la rendre claire aux âmes qui désirent être
affranchies du fardeau de la culpabilité. Jacob, après
avoir trompé Esaü, s'éloigna de la maison paternelle,
accablé par le sentiment de sa faute. Exilé et solitaire,
banni loin de tout ce qui avait donné du prix à
sa vie, ce qui l'accablait, c'était le sentiment que son
péché l'avait privé de la communion de Dieu,
et qu'il était abandonné du ciel. Entouré
de collines silencieuses, la voûte étoilée
au-dessus de sa tête, il se couche désolé
sur le sol nu pour y passer la nuit. Pendant son sommeil, il voit
une lumière étrange envahir la plaine ; du sol sur
lequel il repose, s'élève une vaste échelle
nuageuse qui semble conduire à la porte même du ciel,
et sur cette échelle montent et descendent des anges de
Dieu. Il écoute, et du milieu de la gloire céleste,
la voix divine lui fait entendre un message de consolation et
d'espérance. C'est ainsi que Jacob apprit à connaître
ce qui répondait aux besoins et aux soupirs de son âme
: un Sauveur. Plein de joie et de reconnaissance, il vit le chemin
par lequel il pouvait, lui, pécheur, retrouver la communion
de Dieu. L'échelle mystique de sa vision représente
Jésus, le seul intermédiaire entre Dieu et l'homme.
Dans sa conversation avec Nathanaël, le Christ se servit
de la même image : " Vous verrez, dit-il, désormais
le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le
Fils de l'homme. " (Jean 1 : 51.) Par son apostasie, l'homme
était séparé de Dieu ; la terre avait divorcé
d'avec le ciel : à travers l'espace qui les séparait,
les communications étaient devenues impossibles. Mais grâce
à Jésus-Christ, la terre a été de
nouveau reliée au ciel. Par ses mérites, le Sauveur
a jeté un pont sur l'abîme creusé par le péché,
de sorte que les anges peuvent communiquer avec l'homme. Par Jésus,
l'homme déchu, faible et impuissant, a pu de nouveau avoir
accès à la source de la puissance infinie.
Mais c'est en vain que l'humanité rêve de progrès,
en vain qu'elle travaille à son relèvement, si elle
néglige cette source unique d'espérance et de salut
qui lui est offerte. " Toute grâce excellente et tout
don parfait " (Jacques 1 : 17) procèdent de Dieu.
Il n'y a pas, hors de lui, de véritable excellence de caractère
; et le seul chemin qui mène à Dieu, c'est Jésus-Christ.
" Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit-il.
Nul ne vient au Père que par moi. " (Jean 14 : 6.)
Le cur de Dieu déborde pour ses enfants terrestres
d'un amour plus fort que la mort. En sacrifiant son Fils, il a
déversé tout le ciel en notre faveur. La vie, la
mort et la médiation du Sauveur, le ministère des
anges, les appels de l'Esprit, le Père agissant au-dessus
de tous et par le moyen de tous, l'intérêt incessant
des êtres célestes : tout est mis à réquisition
en vue de la rédemption de l'homme.
Oh ! arrêtons nos regards sur le prodigieux sacrifice consommé
pour nous. Essayons de nous rendre compte de la somme d'énergie
et de labeurs que dépense le ciel en vue de ramener les
égarés à la maison du Père. Des mobiles
plus forts et des agents plus puissants n'auraient jamais pu être
mis en activité. La récompense inouïe réservée
à ceux qui font le bien, les jouissances du ciel, la compagnie
des anges, la communion et l'amour de Dieu et de son Fils, le
perfectionnement et le développement de toutes nos facultés
à travers les siècles éternels : ne sont-ce
pas là des encouragements suffisants pour nous pousser
à rendre à notre Créateur et Rédempteur
le service affectueux de nos curs ?
D'autre part, les jugements de Dieu prononcés contre le
péché : la rétribution inévitable,
la dégradation de notre caractère et la destruction
finale, sont décrits dans la Parole de Dieu pour nous mettre
en garde contre les pièges de Satan. Ne nous inclinerons-nous
pas humblement devant la miséricorde de Dieu ? Qu'aurait-il
pu faire de plus pour nous ? Entrons en rapport avec celui qui
nous a aimés d'un amour incommensurable. Profitons des
moyens qui nous sont offerts pour nous transformer à l'image
du Christ et nous faire rentrer dans la communion des anges, ainsi
que dans la faveur et la communion du Père et du Fils.
Chapitre
3
Libérez-vous du sentiment de culpabilité
Comment un homme paraîtra-t-il
droit devant Dieu ? Comment un pécheur sera-t-il rendu
juste ? Ce n'est que par Jésus-Christ qu'il est possible
de se mettre en règle avec Dieu, de parvenir à la
sainteté. Mais comment aller à Jésus ? Ils
sont nombreux ceux qui, de même que la multitude convaincue
de péché au jour de la Pentecôte, s'écrient
: " Que ferons-nous ? " Les premiers mots de Pierre
en réponse à cette question furent : " Repentez-vous.
" Un peu plus tard, il dit : " Repentez-vous... et convertissez-vous,
pour que vos péchés soient effacés. "
(Actes 2 : 38 ; 3:19.)
La repentance comprend la douleur d'avoir commis le péché
et le délaissement de celui-ci. Impossible d'abandonner
le péché avant d'en avoir vu la culpabilité
; point de vrai changement de vie jusqu'à ce que l'on se
soit détourné du péché de tout son
cur.
Ils sont nombreux ceux qui ne comprennent pas la véritable
nature de la repentance. Nombre de personnes gémissent
sur leurs péchés et se réforment même
extérieurement, parce qu'elles craignent les conséquences
de leurs mauvaises actions. Ce n'est pas là la repentance
dans le sens biblique du terme. C'est regretter la souffrance
plutôt que le péché lui-même. Telle
fut la douleur d'Esaü quand il vit qu'il avait perdu à
tout jamais son droit d'aînesse. Balaam, terrifié
par l'apparition, sur son chemin, d'un ange armé d'une
épée nue, confessa son péché dans
la crainte de perdre la vie ; mais il n'y avait pas chez lui un
repentir véritable de ses péchés, pas de
changement de disposition, pas d'horreur du mal. Judas Iscariot,
après avoir trahi son Seigneur, s'écria : "
J'ai péché, en livrant le sang innocent. "
(Matthieu 24 : 9.)
Cette confession était arrachée à son âme
coupable par le sentiment terrible de sa condamnation et par la
perspective redoutable du jugement de Dieu. Les conséquences
de son crime le remplissaient de terreur ; mais il n'y avait chez
lui aucun remords profond et déchirant d'avoir trahi l'innocent
Fils de Dieu, et renié le Saint d'Israël. Au moment
où les jugements de Dieu s'appesantissaient sur lui, Pharaon
reconnaissait son péché ; mais ce n'était
que pour échapper au châtiment, car dès que
les plaies s'éloignaient, il recommençait à
braver le ciel. Tous ceux-là déploraient les conséquences
de leurs péchés, mais ils ne s'attristaient pas
sur ces péchés eux-mêmes.
Par contre, quand le cur de l'homme cède à
l'influence de l'Esprit de Dieu, la conscience se réveille
et le pécheur commence à entrevoir la profondeur
et le caractère sacré de la loi de Dieu, loi qui
est à la base de son gouvernement dans le ciel et sur la
terre. La lumière qui, " en venant dans le monde,
éclaire tout homme " (Jean 1 : 9), illumine les replis
les plus secrets de son âme, et met en évidence les
choses cachées dans les ténèbres. La conviction
du péché s'empare alors de son esprit et de son
cur. Saisi du sentiment de la justice de Jéhovah,
le pécheur est terrifié à la pensée
de paraître coupable et impur devant celui qui sonde les
curs. Il voit l'amour de Dieu, la beauté de la sainteté,
la joie de la pureté ; il désire être purifié
et rentrer en communion avec le ciel.
La prière de David après sa chute peut illustrer
le véritable repentir. Elle n'était nullement dictée
parle désir d'échapper aux jugements qui allaient
le frapper. Son chagrin fut sincère et profond ; il ne
chercha pas à pallier sa culpabilité. Il voyait
l'énormité de sa transgression, la souillure de
son âme ; il abhorrait son péché. Ce n'est
pas le pardon seulement qu'il demandait, mais la pureté
du cur. Il soupirait après la joie de la sainteté,
et la communion avec Dieu. Voici comment il s'exprime :
Heureux celui à qui la transgression est remise, A qui
le péché est pardonné !
Heureux l'homme à qui l'Eternel n'impute pas l'iniquité,
Et dans l'esprit duquel il n'y a pas de fraude ! O Dieu ! aie
pitié de moi dans ta bonté ; Selon ta grande miséricorde,
efface mes transgressions ; ... Car je reconnais mes transgressions,
Et mon péché est constamment devant moi... Purifie-moi
avec l'hysope, et je serai pur ; Lave-moi, et je serai plus blanc
que la neige... O Dieu ! crée en moi un cur pur,
Renouvelle en moi un esprit bien dispose.
Ne me rejette pas loin de ta face, Ne me retire pas ton Esprit
saint.
Rends-moi la joie de ton salut, Et qu'un esprit de bonne volonté
me soutienne !...
O Dieu, Dieu de mon salut, délivre-moi du sang versé,
Et ma langue célébrera ta miséricorde.(Psaume
32 : 1, 2 ; 51 : 3-16.)
Il n'est pas au pouvoir de l'homme de réaliser une telle
repentance ; on ne la reçoit que de notre Seigneur qui
est monté au ciel et a fait des dons aux hommes. Or, c'est
précisément ici que plusieurs sont dans l'erreur,
ce qui les prive de l'aide que le Christ désire leur accorder.
Ils pensent ne pas pouvoir venir à Jésus avant de
s'être repentis, et que la repentance prépare au
pardon des péchés. Il est vrai que la repentance
précède le pardon ; car seul un cur humilié
et contrit éprouve le besoin d'un Sauveur. Mais le pécheur
doit-il attendre de s'être repenti avant de venir à
Jésus ? La nécessité de la repentance doit-elle
être élevée comme un obstacle entre le pécheur
et son Sauveur ?
L'Ecriture n'enseigne nulle part que le pécheur doive se
repentir avant de répondre à cette invitation du
Christ : " Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués
et chargés, et je vous donnerai du repos. " (Matthieu
11 : 28.) C'est une vertu émanant de Jésus qui nous
donne la véritable repentance. L'apôtre Pierre a
éclairci cette question quand il a fait aux Israélites
cette déclaration : " Dieu l'a élevé
par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël
la conversion et le pardon des péchés. " (Actes
5 : 31.) Il n'est pas plus possible de se repentir sans avoir
la conscience réveillée par l'Esprit du Christ,
que d'obtenir le pardon sans Jésus-Christ.
Jésus-Christ est la source de tout bon sentiment. C'est
lui seul qui peut mettre dans nos curs l'horreur du péché.
Chaque aspiration vers la vérité et la pureté,
chaque conviction de notre péché, est une preuve
de l'opération du Saint-Esprit sur notre cur. Jésus
a dit : " Quand j'aurai été élevé
de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. "
(Jean 12 : 32.) Il faut qu'il soit révélé
au pécheur comme le Sauveur qui est mort pour les péchés
du monde. Car c'est la contemplation de l'Agneau de Dieu sur la
croix du Calvaire qui commence à nous révéler
le mystère de la rédemption ; et la bonté
de Dieu qui y éclate nous amène à la repentance.
En mourant pour les pécheurs, Jésus-Christ a manifesté
un amour incompréhensible ; or, la contemplation de son
amour touche le cur, frappe l'esprit et brise toute résistance.
Il arrive, il est vrai, à l'homme d'être confus de
ses péchés et de délaisser certaines mauvaises
habitudes avant d'être conscient de la puissance d'attraction
de Jésus-Christ. Mais chaque tentative de réforme,
basée sur un désir sincère de bien faire,
est le résultat de cette puissance d'attraction. Une influence
dont il ne se rend pas compte agit sur son âme, ranime sa
conscience et amende sa conduite extérieure. Et à
mesure que le Sauveur attire ses regards sur la croix et lui fait
contempler celui que ses péchés ont percé,
les commandements de Dieu parlent à sa conscience. Il se
rend compte de la méchanceté de sa vie ; il comprend
que le péché a jeté de profondes racines
dans son cur. Il commence à entrevoir la justice
de Jésus-Christ, et il s'écrie : " Quelle n'est
pas la noirceur du péché, puisqu'il a fallu un tel
prix pour la rédemption de ses victimes ! Tout cet amour,
toutes ces souffrances, toute cette humiliation étaient-ils
nécessaires pour que nous ne périssions pas, mais
que nous ayons la vie éternelle ?"
Le pécheur peut résister à cet amour, refuser
de se laisser attirer par le Sauveur ; mais s'il ne résiste
pas, il sera attiré vers lui. La connaissance du plan du
salut l'amènera au pied de la croix, regrettant les péchés
qui ont causé les souffrances du bien-aimé Fils
de Dieu.
Le même Esprit de Dieu qui agit dans la nature est aussi
celui qui parle au cur de l'homme et y fait naître
un besoin inexprimable de quelque chose qu'il ne possède
pas. Les choses du monde ne peuvent le satisfaire. L'Esprit de
Dieu plaide avec lui pour le pousser à chercher ce qui
seul peut procurer la paix et le repos : la grâce de Jésus-Christ,
la joie de la sainteté. Par des intermédiaires visibles
et invisibles, notre Sauveur s'efforce sans cesse de détourner
nos pensées des vains plaisirs du péché,
pour les attirer sur les bénédictions infinies que
nous pouvons obtenir en lui. C'est à toutes les âmes
qui ont cherché en vain à se désaltérer
aux citernes crevassées du monde que ce message divin est
adressé : " Que celui qui a soif vienne ; que celui
qui veut prenne de l'eau de la vie, gratuitement. " (Apocalypse
22 : 17.)
Vous qui soupirez en votre cur après une vie meilleure
que celle que le monde peut vous offrir, reconnaissez dans ce
désir la voix de Dieu parlant à votre âme.
Demandez-lui de vous donner la repentance, de vous révéler
Jésus dans son amour infini, sa pureté absolue.
Les principes de la loi divine - amour de Dieu et amour du prochain
- furent parfaitement illustrés par la vie du Sauveur.
Un amour et un désintéressement parfaits : ainsi
peut se résumer sa vie. C'est quand on contemple Jésus-Christ,
quand les rayons de lumière émanant de lui descendent
sur nous, que nous nous rendons compte de la noirceur de notre
cur.
Nous pouvons, comme Nicodème, nous bercer de l'illusion
que notre vie a été régulière, que
notre moralité n'a rien laissé à désirer,
et en conclure que nous n'avons pas lieu de nous humilier devant
Dieu comme de vulgaires pécheurs. Mais quand la lumière
de Jésus-Christ brillera dans notre âme, nous verrons
combien nous sommes impurs ; nous discernerons l'égoïsme
de nos mobiles et l'inimitié contre Dieu qui a souillé
tous les actes de notre vie. Nous comprendrons alors que notre
justice est véritablement comme le linge le plus souillé,
et que seul le sang de Jésus peut nous purifier de la souillure
du péché et transformer nos curs à
sa ressemblance.
Un rayon de la gloire de Dieu, une lueur de la pureté de
Jésus-Christ pénétrant notre âme, en
fait douloureusement et nettement ressortir chaque tache. Il met
en évidence la difformité et les défauts
du caractère humain, les désirs non sanctifiés,
l'incrédulité du cur, l'impureté des
lèvres. Les actions déloyales du pécheur,
actions qui outragent la loi divine, éclatent à
ses yeux. Son esprit est humilié et affligé sous
l'influence scrutatrice de l'Esprit de Dieu ; il se prend en dégoût
en présence du caractère pur et immaculé
de Jésus.
Quand le prophète Daniel contempla la gloire dont était
entouré le messager céleste qui lui était
envoyé, il fut comme anéanti par le sentiment de
sa faiblesse et de son imperfection. Voici en quels termes il
décrit l'effet que produisit sur lui cette contemplation
: " Je restai seul, et je vis cette grande vision ; les forces
me manquèrent, mon visage changea de couleur et fut décomposé,
et je perdis toute vigueur. " (Daniel 10 : 8.) L'âme
ainsi touchée éprouvera une profonde aversion de
son amour du moi et recherchera, par la justice du Christ, la
pureté du cur qui est conforme à la loi de
Dieu et au caractère de Jésus.
L' apôtre Paul - parlant de sa conduite extérieure
se disait " irréprochable, à l'égard
de la justice de la loi " (Philippiens 3 : 6) ; mais quand
il discerna la spiritualité de la loi, il se vit pécheur.
A se juger par la lettre de la loi, en l'appliquant seulement
aux actes extérieurs, comme peuvent le faire les hommes,
il se trouvait sans péché. Mais quand il plongea
ses regards dans les profondeurs des saints préceptes et
se vit tel que Dieu le voyait, il dut baisser la tête et
confesser sa culpabilité. " Etant autrefois sans loi,
dit-il, je vivais ; mais quand le commandement vint, le péché
reprit vie, et moi je mourus. " (Romains 7 : 9.) En présence
de la spiritualité de la loi, le péché lui
apparut dans toute son horreur, et la bonne opinion qu'il avait
de lui-même disparut.
Dieu ne considère pas tous les péchés comme
également odieux ; il y a pour lui, comme pour les hommes,
différents degrés de culpabilité. Mais quelqu'insignifiant
que puisse paraître tel ou tel péché aux yeux
de l'homme, il n'est jamais petit aux yeux de Dieu. Le jugement
de l'homme est partial, imparfait, tandis que le Seigneur estime
toutes choses à leur juste valeur. L'ivrogne est regardé
avec mépris ; on lui déclare que son péché
l'exclura du royaume des cieux. Mais on est souvent moins sévère
envers l'orgueilleux, l'égoïste et celui qui convoite.
Et pourtant ce sont là des péchés particulièrement
odieux au Seigneur. Ils sont contraires à la bonté
de son caractère, à l'amour parfaitement désintéressé
qui est l'atmosphère dans laquelle se meuvent les mondes
qui ont conservé leur intégrité. Celui qui
tombe dans quelque faute grossière peut avoir le sentiment
de son humiliation, de sa pauvreté et de son besoin d'un
Sauveur. L'orgueilleux n'éprouve aucun besoin ; il ferme
son cur au Christ et se prive des bienfaits infinis qu'il
est venu nous apporter.
Le pauvre péager qui faisait cette prière : "
Oh Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur
" (Luc 18 : 13), se considérait comme bien mauvais,
et ceux qui le connaissaient n'avaient pas meilleure opinion de
lui. Mais il avait le sentiment de sa misère, et, sous
le poids de sa culpabilité et de son opprobre, il se présenta
devant Dieu pour implorer sa miséricorde. Son cur
était ouvert à l'action de l'Esprit de Dieu qui
pouvait l'affranchir du péché. Par contre, la prière
orgueilleuse du pharisien montre que son cur était
inaccessible à l'influence du Saint-Esprit. Vivant loin
de Dieu, il n'avait pas le sentiment de sa propre souillure, en
contraste avec la perfection de la sainteté divine, et
ne désirant rien, il ne reçut rien.
Si vous voyez votre état de péché, n'attendez
pas de vous être rendus meilleurs. Combien ils sont nombreux
ceux qui pensent n'être pas assez bons pour aller à
Jésus ! Vous imaginez-vous devenir meilleurs par vos propres
efforts ? " Un Ethiopien peut-il changer sa peau, et un léopard
ses taches ? De même, pourriez-vous faire le bien, vous
qui êtes accoutumés à faire le mal ? "
(Jérémie 13 : 23.) C'est en Dieu seul qu'est notre
secours. N'attendons pas que la conviction devienne plus forte,
ou que l'occasion soit plus favorable, ou bien encore que nous
soyons moins mauvais. Nous ne pouvons rien faire de nous-mêmes
: il faut aller à Jésus tels que nous sommes.
Mais que nul ne se séduise par la pensée que Dieu,
dans son grand amour, sauvera même ceux qui méprisent
sa grâce. Ce n'est qu'à la lumière de la croix
qu'on peut voir le caractère excessivement odieux du péché.
Que ceux qui prétendent que Dieu est trop bon pour rejeter
les pécheurs portent leurs regards sur le Calvaire. C'est
parce que l'homme ne pouvait être sauvé d'aucune
autre manière ; c'est parce que sans ce grand sacrifice
il était impossible à la famille humaine de se soustraire
à la souillure du péché ; c'est parce qu'il
lui était impossible de rentrer dans la communion des êtres
saints et en possession de la vie spirituelle - c'est pour toutes
ces raisons que le Seigneur a pris sur lui la culpabilité
du désobéissant, et qu'il a souffert à la
place du pécheur. L'amour, les souffrances et la mort du
Fils de Dieu témoignent de l'énormité du
péché ; ils déclarent qu'il n'est pas possible
de se soustraire à sa puissance, et qu'il n'y a d'espoir
d'une vie meilleure que par l'abandon de l'âme à
Jésus-Christ.
Les impénitents s'excusent parfois en disant des chrétiens
de profession : " Je suis aussi bon qu'eux. Ils ne sont pas
plus désintéressés, pas plus sobres, pas
plus circonspects dans leur conduite que moi. " Ils se retranchent
ainsi derrière les fautes d'autrui. Mais les défauts
et les péchés des autres ne justifient personne
; car le Seigneur ne nous a pas donné un modèle
humain et imparfait. L'immaculé Fils de Dieu nous a été
donné pour nous servir d'exemple, et ceux qui se plaignent
de la mauvaise conduite des chrétiens de profession sont
précisément ceux qui devraient, par une vie plus
noble, donner un meilleur exemple. Si leur conception d'un chrétien
est si élevée, leur péché n'est-il
pas d'autant plus grand ? Ils connaissent le bien et ils refusent
de le faire.
Prenez garde de ne pas temporiser. Ne renvoyez pas le moment de
délaisser vos péchés et de rechercher en
Jésus la pureté du cur. C'est précisément
ici que des milliers de personnes ont commis une erreur fatale.
Je n'insisterai pas sur la brièveté et l'incertitude
de la vie. Mais il y a un terrible danger - danger trop peu compris
- à tarder de répondre aux appels pressants du Saint-Esprit.
En réalité, ce délai est une décision
de vivre dans le péché. Ce n'est qu'au péril
de son âme qu'on peut tolérer un péché,
quelque petit qu'il puisse paraître. Ce que nous ne vaincrons
pas nous vaincra et deviendra l'artisan de notre ruine.
Adam et Eve se persuadèrent que de manger du fruit défendu
- acte insignifiant - il ne saurait en résulter les conséquences
désastreuses dont Dieu les avait prévenus. Mais
cette légère infraction était la transgression
de la loi sainte et immuable de Dieu, infraction qui sépara
l'homme de son Créateur, et introduisit dans le monde la
mort et tout son effroyable cortège de souffrances. Dès
lors, siècle après siècle, notre terre a
fait monter une clameur douloureuse, et la création tout
entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement.
Le ciel même a ressenti les effets de cette rébellion
contre Dieu. Le Calvaire est un monument du sacrifice inouï
exigé pour expier la transgression de la loi divine. Ne
considérons pas le péché à la légère.
Chaque transgression, chaque négligence, chaque rejet de
la grâce de Jésus-Christ réagit sur vous-mêmes
; ils endurcissent le cur, pervertissent la volonté,
émoussent l'intelligence, et non seulement vous laissent
moins enclins à céder, mais moins aptes à
répondre aux appels
miséricordieux du Saint-Esprit.
Plusieurs font taire la voix de leur conscience alarmée
en se persuadant que quand ils le voudront, ils délaisseront
le mal. Ils s'imaginent qu'ils peuvent se jouer des appels de
la miséricorde divine, et rester néanmoins susceptibles
d'en être touchés. Ils pensent qu'après avoir
méprisé l'Esprit de grâce, qu'après
avoir jeté leur influence du côté de Satan,
ils pourront, dans un moment de terrible extrémité,
changer complètement de conduite. Mais cela ne se fait
pas aussi facilement. L'expérience, l'éducation
d'une vie entière ont tellement pétri leur caractère,
qu'ils sont peu nombreux ceux qui désirent alors recevoir
l'empreinte de Jésus.
Un seul travers de caractère, un seul mauvais désir
conservé obstinément, neutralise, à la longue,
toute la puissance de l'Evangile. Chaque jouissance coupable fortifie
l'aversion de l'âme pour Dieu. Celui qui témoigne
pour la vérité divine une incrédulité
tenace ou une stupide indifférence, ne fait que moissonner
ce qu'il a lui-même semé. Il n'y a pas dans toute
la Bible un avertissement plus effrayant contre le danger de jouer
avec le mal que celui contenu dans ces paroles du Sage : "
Le méchant... est saisi par les liens de son péché.
" (Proverbes 5 : 22.)
Jésus-Christ est tout prêt à nous affranchir
du péché, mais il ne force pas notre volonté.
Si, en persistant dans la transgression, nous nous tournons complètement
vers le mal, si nous ne désirons pas être affranchis,
si nous ne voulons pas accepter sa grâce, que peut-il faire
de plus ? Nous nous sommes condamnés nous-mêmes en
rejetant obstinément son amour. Il nous exhorte ainsi :
" Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le
jour du sa1ut. " (2 Corinthiens 6 : 2.) " Aujourd'hui,
si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos curs. "
(Hébreux 3 : 7, 8.)
" L'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Eternel
regarde au cur " (1 Samuel 17 : 6), à ce cur
humain avec ses émotions contradictoires de joie et de
tristesse, à ce cur inconstant et vacillant, qui
recèle tant d'impureté et de fraude. Il en connaît
les desseins, les intentions et même les mobiles. Allez
à lui tel que vous êtes, l'âme toute maculée.
Avec le Psalmiste, ouvrez-en toutes grandes les avenues à
l'il auquel rien n'échappe, en vous écriant
: " Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cur ! Eprouve-moi,
et connais mes pensées ! Regarde si je suis sur une mauvaise
voie et conduis-moi sur la voie de l'éternité. "(Psaume
139 : 23.)
Plusieurs acceptent une religion intellectuelle, une forme de
piété, alors que le cur n'est pas purifié.
Que votre prière constante soit : " Crée en
moi un cur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé.
" (Psaume 51 : 12.) Agissez droitement avec votre âme.
Soyez aussi sincère, aussi persévérant que
si votre vie présente était en jeu. C'est une question
à décider entre Dieu et votre âme - à
décider pour l'éternité. Une espérance
qui repose uniquement sur des suppositions vous sera fatale.
Etudiez la Parole de Dieu avec prière. Cette Parole vous
présente, dans la loi divine et dans la vie de Jésus,
les grands principes de la sanctification sans laquelle "
personne ne verra le Seigneurs " (Hébreux 12 : 14).
Elle convainc de péché, et elle révèle
clairement le chemin du salut. Prenez-y garde. C'est la voix de
Dieu parlant à votre âme.
Quand vous verrez l'énormité du péché,
quand vous vous verrez tels que vous êtes, ne vous laissez
pas aller au désespoir. C'est pour sauver des pécheurs
que Jésus-Christ est venu en ce monde. Nous n'avons pas
à apaiser Dieu envers nous, puisque - ô amour insondable
! - c'est " Dieu qui réconcilie en Jésus-Christ
le monde avec lui-même " (2 Corinthiens 5 : 19). Il
attire, par son tendre amour, le cur de ses enfants égarés.
Il n'est pas de parents terrestres qui sachent manifester envers
leurs enfants la patience que Dieu exerce envers ceux au salut
desquels il travaille. Nul ne pourrait plaider avec plus de tendresse
auprès du transgresseur. Jamais lèvres humaines
n'ont adressé aux égarés des supplications
plus aimantes. Toutes ses promesses, tous ses avertissements ne
sont que les manifestations d'un amour indicible.
Quand Satan vient vous dire que vous êtes un grand pécheur,
élevez vos regards sur votre Rédempteur, et parlez
de ses mérites. Ce qui vous aidera sera de chercher sa
lumière. Reconnaissez votre péché, mais dites
à l'ennemi que Jésus-Christ " est venu dans
le monde pour sauver les pécheurs " (1 Timothée
l : 15), et que vous pouvez être sauvé par son amour
infini. Jésus raconta à Simon l'histoire de deux
débiteurs. L'un devait à son maître une bagatelle,
et l'autre une très forte somme ; mais il remit à
l'un et à l'autre leur dette. Puis Jésus demanda
à Simon quel était celui des deux débiteurs
qui aimerait le plus son maître. Simon répondit :
" Celui, je pense, auquel il a le plus remis. " (Luc
7 :43.) Nous avons été de grands pécheurs
; mais Jésus-Christ est mort pour nous assurer le pardon.
Les mérites de son sacrifice sont suffisants pour nous
réconcilier avec le Père. Ceux auxquels il a le
plus pardonné l'aimeront le plus, et se tiendront le plus
près de son trône pour le louer de son grand amour
et de son sacrifice infini. Ce n'est que par une connaissance
plus approfondie de l'amour de Dieu que l'on se rend mieux compte
de la malignité du péché. Quand nous comprenons
le sacrifice infini de Jésus-Christ en notre faveur, notre
cur se fond de tendresse et de douleur.
Chapitre
4
Vivre sans remords
" Celui qui cache ses transgressions
ne prospère point, mais celui qui les avoue et les délaisse
obtient miséricorde. " (Proverbes 28 : 13.)
Les conditions auxquelles Dieu accorde sa miséricorde sont
simples, justes et raisonnables. Le Seigneur ne demande pas de
nous des choses pénibles en retour du pardon de nos péchés.
Nul n'est besoin d'entreprendre de longs et durs pèlerinages,
ou de se soumettre à des mortifications pour gagner la
sympathie du Dieu des cieux, ou expier nos transgressions : celui
qui avoue et délaisse ses péchés obtient
miséricorde.
" Confessez les uns aux autres vos offenses, et priez les
uns pour les autres, afin que vous soyez guéris "
(Jacques 5 : 16), dit l' apôtre. Confessez vos péchés
à Dieu qui seul peut les pardonner, et confessez-vous mutuellement
vos torts. Si vous avez offensé votre ami ou votre prochain,
votre devoir est de le reconnaître ; et le leur, c'est de
vous pardonner. Vous devez ensuite rechercher le pardon divin,
parce que le frère que vous avez blessé est la propriété
de Dieu ; et en l'offensant, vous avez péché contre
son Créateur et Rédempteur. Le cas est alors porté
devant l'unique Médiateur, notre grand Souverain Sacrificateur,
qui " a été tenté comme nous en toutes
choses, sans commettre de péché ", qui est
" touché du sentiment de nos infirmité "
(Hébreux 4 : 15), et parfaitement à même de
nous purifier de toute iniquité.
Ceux qui ne se sont pas humiliés devant Dieu, en reconnaissant
leur péché, n'ont pas encore rempli la première
condition de la réconciliation. Si nous n'avons pas éprouvé
cette tristesse dont on ne se repent jamais, si nous n'avons pas
confessé nos péchés d'un cur contrit
et rempli d'horreur à la pensée de nos iniquités,
nous n'en avons jamais véritablement cherché le
pardon.
Et si nous ne l'avons jamais fait, nous ne pouvons pas avoir trouvé
la paix de Dieu. L'unique raison pour laquelle nous n'avons pas
le pardon de nos péchés passés, c'est que
nous ne voulons pas nous humilier et nous conformer aux conditions
de la Parole de vérité. Des directives expresses
nous sont données à ce sujet. La confession des
péchés, qu'elle soit publique ou particulière,
doit être franche et cordiale. Il ne faut pas qu'elle soit
faite d'un air détaché et à la légère,
ni imposée à des personnes qui n'ont pas encore
appris à abhorrer le péché. La confession
qui jaillit spontanément du tréfonds de l'âme,
rencontre la compassion infinie de Dieu. Le Psalmiste s'exprime
en ces termes : " L'Éternel est près de ceux
qui ont le cur brisé, et il sauve ceux qui ont l'esprit
dans l'abattement. " (Psaume 34 : 19.)
Une confession véritable est toujours précise, et
avoue des péchés déterminés. Certains
péchés sont tels qu'ils ne peuvent être confessés
qu'à Dieu seul ; d'autres doivent être confessés
à ceux qui en ont été les victimes ; d'autres
enfin sont des fautes publiques et exigent une confession publique.
Mais toute confession doit être explicite, directe, et nommer
les péchés mêmes dont on s'est rendu coupable.
Aux jours de Samuel, les enfants d'Israël, qui s'étaient
éloignés de Dieu, avaient perdu la foi en sa sagesse
pour gouverner les nations, et en sa puissance pour les défendre
et revendiquer sa cause. Se détournant du grand Monarque
de l'univers, ils avaient exprimé le désir d'être
gouvernés comme les peuples qui les entouraient. Leur ingratitude
oppressait leur âme, et les séparait de Dieu. Avant
de trouver la paix, ils durent faire cette confession claire et
précise : " Nous avons ajouté à tous
nos péchés le tort de demander pour nous un roi.
" (1 Samuel 12 : 19.) Il leur fallut confesser le péché
dont ils s'étaient rendus coupables.
Une confession ne sera jamais acceptée de Dieu si elle
n'est accompagnée d'un repentir sincère et d'une
réforme. Il faut qu'un changement radical de la vie l'accompagne
et que tout ce qui n'est pas agréable à Dieu soit
mis de côté. Ce sera la conséquence de la
douleur réelle du péché.
La tâche qui nous incombe nous est clairement révélée
: " Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux
la méchanceté de vos actions ; cessez de faire le
mal. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez
l'opprimé ; faites droit à l'orphelin, défendez
la veuve. " " Si le méchant rend le gage, s'il
restitue ce qu'il a ravi, s'il suit les préceptes qui donnent
la vie, sans commettre l'iniquité, il vivra, il ne mourra
pas. " (Esaïe 1 : 16, 17 ; Ezéchiel 33 : 15.)
Parlant de l'uvre de la repentance, l'apôtre Paul
s'exprime ainsi : " Cette même tristesse selon Dieu,
quel empressement n'a-t-elle pas produit en vous ! Quelle justification,
quelle indignation, quelle crainte, quel désir ardent,
quel zèle, quelle punition ! Vous avez montré à
tous égards que vous étiez purs dans cette affaire.
" (2 Corinthiens 7 : 11.)
Quand le péché a émoussé le sens moral,
le pécheur ne discerne plus ses défauts, et ne se
rend plus compte de l'énormité du mal qu'il a commis.
A moins qu'il ne se soumette à l'action du
Saint-Esprit, il demeure dans un aveuglement relatif au sujet
de ses péchés. Ses confessions ne sont pas sincères.
Chaque fois qu'il confesse une faute, il se hâte d'ajouter
une excuse et d'alléguer certaines circonstances spéciales,
sans lesquelles il ne se serait jamais rendu coupable des actions
qu'on lui reproche.
Après avoir mangé du fruit défendu, Adam
et Eve furent saisis de honte et d'effroi. Leur première
pensée fut de chercher à se disculper de leur faute
et à échapper à la redoutable sentence de
mort. Quand Dieu s'enquit de leur péché, Adam voulut
en faire retomber la faute en partie sur Dieu et en partie sur
sa compagne : " La femme que tu as mise auprès de
moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé. "
La femme, à son tour, rejeta toute la faute sur le serpent,
disant : " Le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé.
" (Genèse 3 : 12, 13.) Pourquoi as-tu créé
le serpent ? Pourquoi l'as-tu laissé entrer en Eden ? Ces
questions, impliquées dans son excuse, ne tendaient qu'à
faire retomber sur Dieu toute la responsabilité de la chute.
La tendance à excuser ses torts a pris naissance chez le
père du mensonge et se manifeste chez tous les fils et
toutes les filles d'Adam. Les confessions de ce genre ne sont
pas inspirées par l'Esprit de Dieu, et ne peuvent être
agréées. La véritable repentance amène
le pécheur à porter lui-même sa transgression,
et à la reconnaître sans fraude et sans hypocrisie.
De même que le publicain, n'osant pas même lever les
yeux au ciel, il dira : " Dieu, sois apaisé envers
moi, qui suis un pécheur. " (Luc 18 : 13.) Ceux qui
reconnaissent leur culpabilité seront justifiés,
car Jésus présentera les mérites de son sang
en faveur des âmes repentantes.
Les exemples de confessions véritables que fournit la Bible
ne contiennent pas une seule parole tendant à excuser ou
à pallier la faute, et à justifier le transgresseur.
L'apôtre Paul ne cherchait nullement à se défendre.
Il dépeint son péché sous les plus vives
couleurs ; il ne fait rien pour en atténuer la culpabilité.
" J'ai jeté en prison plusieurs des saints, ayant
reçu ce pouvoir des chefs des prêtres, et, quand
on les mettait à mort, je joignais mon suffrage à
celui des autres. Je les ai souvent châtiés dans
toutes les synagogues, et je les forçais à blasphémer.
Dans mes excès de fureur contre eux, je les persécutais
même jusque dans les villes étrangères. "
(Actes 26 : 10, 11.) Il n'hésite pas à dire : "
Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs,
dont je suis le premier. " (1 Timothée 1 : 15.)
Le cur humilié et contrit, subjugué par un
repentir véritable, comprendra jusqu'à un certain
point l'amour de Dieu et le prix du Calvaire. Comme un fils fait
sa confession à un père aimant, le pécheur
véritablement repentant apportera tous ses péchés
devant Dieu. Il est écrit : " Si nous confessons nos
péchés, il est fidèle et juste pour nous
les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité.
" (1 Jean 1: 9.)
Chapitre 5
Choisissons le meilleur
DIEU a fait cette promesse : "
Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez
de tout votre cur. " (Jérémie 29 : 13.)
L'image de Dieu doit être restaurée en nous, mais
pour que cette transformation s'opère il faut que nous
donnions notre cur à Dieu sans partage. Nous sommes,
par nature, ennemis de Dieu. Voici comment le Saint-Esprit décrit
notre condition : " Vous êtes morts par vos offenses
et par vos péchés " ; " la tête
entière est malade, et tout le cur est souffrant
" ; " rien n'est en bon état ". Nous sommes
retenus par les pièges de Satan, et soumis à "
sa volonté " Ephésiens 2 : 1 ; Esaïe 1
: 5, 6 ; 2 Timothée 2 : 26). Dieu désire nous guérir
et nous rendre la liberté. Mais comme cela nécessite
une transformation complète de notre nature, il faut que
nous nous abandonnions entièrement à lui.
La guerre contre le moi est la plus grande qui ait jamais été
livrée. L'abandon total de soi-même, la soumission
entière à la volonté de Dieu, ne s'obtient
pas sans combat ; mais cette soumission est nécessaire
à notre transformation et à notre sanctification.
Le gouvernement de Dieu n'est pas fondé, comme Satan voudrait
le faire accroire, sur une soumission aveugle de notre part, et
une domination arbitraire. Dieu fait appel à notre intelligence
et à notre conscience : " Venez et plaidons ! "
(Esaïe 1 : 18) telle est l'invitation que le Créateur
adresse aux êtres qu'il a créés. Il ne violente
pas la volonté de ses créatures. Il ne peut accepter
un hommage qui n'est pas volontaire et qui ne lui est pas donné
intelligemment et de bon cur. Une soumission forcée
empêcherait tout vrai développement intellectuel
et moral ; elle abaisserait l'homme à l'état d'automate.
Tel n'est pas le dessein du Créateur. Il désire
que l'homme, couronnement de sa puissance créatrice, atteigne
le plus haut degré de développement. Il place devant
nous la félicité à laquelle il veut que nous
parvenions par sa grâce. Désireux d'accomplir sa
volonté en nous, il nous invite à nous donner à
lui. A nous de décider si nous voulons être affranchis
de l'esclavage du péché et participer à la
glorieuse liberté des enfants de Dieu.
En nous donnant à Dieu, nous devons nécessairement
abandonner tout ce qui pourrait nous tenir éloignés
de lui. C'est pourquoi le Sauveur dit : " Quiconque d'entre
vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut
être mon disciple. " (Luc 14 : 33.) Mammon est l'idole
de plusieurs. L'amour de l'argent, le désir des richesses
sont les chaînes dorées qui les lient à Satan.
D'autres adorent la gloire et les honneurs mondains. D'autres
encore se font une idole d'une vie d'aise, exempte de soucis.
Mais il faut que ces chaînes soient rompues. Nous ne pouvons
être en partie au Seigneur et en partie au monde. Nous ne
devenons les enfants de Dieu que dès le moment où
nous le sommes sans réserve.
Il est des personnes professant servir Dieu qui comptent exclusivement
sur leurs forces pour obéir à sa loi, pour se corriger
de leurs défauts, et s'assurer le salut. Leur cur
n'est pas touché par le sentiment profond de l'amour du
Sauveur, mais elles s'efforcent d'accomplir les devoirs de la
vie chrétienne comme une condition à remplir pour
gagner le ciel. Une telle religion ne vaut absolument rien. Quand
Jésus-Christ demeure dans un cur, celui-ci est tellement
rempli de son amour et de la joie de sa communion, qu'il se cramponne
à lui. Dans la contemplation du Sauveur, le moi est oublié.
L'amour qu'il porte au Christ devient le grand mobile de toutes
ses actions. Ceux qui ont compris l'amour de Dieu ne se demandent
pas quel est le service minimum qu'ils peuvent lui rendre sans
être rejetés. Ils ne visent pas au plus bas degré
de la vie chrétienne, mais ils s'efforcent de se conformer
parfaitement à la volonté de leur Rédempteur.
Ils abandonnent tout, et ils manifestent dans la recherche des
choses éternelles un intérêt et une ardeur
proportionnés à la valeur de l'objet de leurs recherches.
Un christianisme dépourvu de cet amour profond n'est qu'un
verbiage creux, un vain formalisme, une corvée.
Vous semble-t-il que c'est un sacrifice trop grand de tout céder
au Seigneur ? Demandez-vous : " Qu'est-ce que Jésus
a fait pour moi ? " Le Fils de Dieu a tout donné pour
notre rédemption : sa vie, son amour, ses souffrances.
Serait-il possible que nous, les objets d'un si grand amour, nous
lui marchandions nos curs ? A chaque instant de notre vie,
nous avons participé aux bienfaits de sa grâce, et
c'est pour cette raison que nous ne pouvons pas nous rendre compte
de la profondeur de l'ignorance et de la misère d'où
nous avons été tirés. Pouvons-nous porter
nos regards sur celui qui a été percé pour
nos péchés et dédaigner ce grand amour, ce
grand sacrifice ? Peut-on, en contemplant la grande humiliation
du Seigneur de gloire, se plaindre des luttes et des renoncements
exigés pour entrer dans la vie éternelle ?
Maint cur orgueilleux se pose la question : " Pourquoi
me repentir, pourquoi m'humilier avant d'avoir l'assurance que
je puis être accepté de Dieu ? " Je vous en
prie, portez vos regards sur Jésus-Christ. Il était
sans péché. Il y a plus : il était le Roi
du ciel ; et par amour pour l'humanité, il s'est fait péché
à notre place. " Il a été mis au nombre
des malfaiteurs. Il a porté les péchés de
beaucoup d'hommes, et il a intercédé pour les coupables.
" (Esaïe 1 : 18.)
Par contre, que sacrifions-nous quand nous nous donnons entièrement
? - Un cur souillé par le péché, à
purifier par son sang, à sauver par son amour infini !...
Et l'on trouve difficile de tout abandonner ! Je suis honteuse
de l'entendre dire, confuse de l'écrire.
Dieu ne nous demande pas le sacrifice d'une seule chose qui pourrait
nous être bonne et utile. Dans tout ce qu'il fait, il n'a
en vue que les intérêts de ses enfants. Il tient
en réserve pour eux des biens infiniment supérieurs
à ceux qu'ils poursuivent. Ah ! si tous ceux qui n'ont
pas encore décidé de suivre Jésus s'en rendaient
compte. Celui qui agit contrairement à la volonté
de Dieu fait à son âme le plus grand dommage. Il
n'y a aucune joie véritable sur le sentier défendu
par celui qui fait tout en vue de notre bien.
Le chemin de la transgression conduit au malheur et à la
ruine. Supposer que Dieu se complaise dans les souffrances de
ses enfants est une grave erreur. Le ciel tout entier s'intéresse
au bonheur de l'homme. Notre Père céleste ne prive
de la joie aucune de ses créatures. Les préceptes
divins nous invitent à fuir tout ce qui pourrait nous attirer
des souffrances et des déceptions, tout ce qui nous interdirait
l'accès à la joie du ciel. Le Rédempteur
du monde accepte les hommes tels qu'ils sont, avec tous leurs
besoins, toutes leurs imperfections et toutes leurs faiblesses.
Il veut non seulement les purifier du péché et leur
accorder la rédemption par son sang, mais encore répondre
aux soupirs de tous ceux qui consentent à se charger de
son joug et à porter son fardeau. Son dessein est de donner
la paix et le repos à tous ceux qui viennent à lui
pour obtenir le pain de vie. Ce qu'il attend de nous, c'est l'accomplissement
de devoirs qui nous conduiront à une félicité
supérieure à celle à laquelle le rebelle
ne pourra jamais atteindre. La vie réelle et joyeuse de
l'âme, c'est de posséder Jésus-Christ, l'espérance
de la gloire.
Plusieurs en sont à se dire : " Comment faire pour
m'abandonner à Dieu ? " Vous désirez vous donner
à lui, mais vous êtes faible moralement, esclave
du doute et sous l'empire des habitudes de votre vie de péché.
Vos promesses et vos résolutions sont comme des toiles
d'araignées. Vous ne pouvez dominer sur vos pensées,
vos impulsions, vos affections. Le souvenir de vos promesses non
tenues et des engagements auxquels vous avez failli affaiblit
votre confiance en votre propre sincérité, et crée
en vous le sentiment que Dieu ne peut vous accepter. Mais vous
n'avez pas lieu de désespérer. Ce dont vous avez
besoin, c'est de connaître la véritable puissance
de la volonté. Le moteur de la personnalité humaine,
c'est la faculté de décider, de choisir. Tout dépend
de la volonté. Dieu nous a accordé la faculté
de choisir : à nous de l'exercer. Vous ne pouvez changer
votre cur ; vous ne pouvez, de vous-même, donner à
Dieu vos affections ; mais vous pouvez décider de le servir.
Vous pouvez lui donner votre volonté, et alors il produira
en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. Ainsi tout
votre être sera placé sous l'action puissante de
l'Esprit du Christ ; vos affections seront concentrées
sur lui, vos pensées seront en harmonie avec lui.
Désirer la bonté et la sainteté, c'est bien
; mais si vous vous en tenez là, cela ne vous servira de
rien. Plusieurs seront perdus qui auront espéré
devenir chrétiens et désiré de l'être.
Ce sont ceux qui n'en viennent pas au point de remettre entièrement
leur volonté à Dieu, et qui ne prennent pas la décision
d'être chrétiens.
Par l'emploi judicieux de la volonté, un changement complet
peut s'opérer dans votre vie. En soumettant votre volonté
à Jésus-Christ, vous vous unissez à une force
qui est supérieure à toutes les principautés
et à toutes les puissances. La force d'en haut vous sera
communiquée pour vous rendre inébranlable, et ainsi,
en vous remettant constamment entre les mains de Dieu, vous serez
mis à même de vivre la vie nouvelle, à savoir
la vie de la foi.
Chapitre
6
Comment obtenir la paix intérieure
Quand votre conscience a été
réveillée par le Saint-Esprit, vous avez commencé
à voir le caractère odieux du péché,
sa culpabilité et les malheurs qu'il engendre, et vous
ne le considérez plus qu'avec horreur. Vous sentez que
le péché vous a séparé de Dieu, que
vous êtes esclave de la puissance du mal. Plus vous vous
débattez pour lui échapper, plus le sentiment de
votre impuissance est vif. Vos mobiles sont impurs, votre cur
est souillé. Vous voyez que votre vie a été
remplie d'égoïsme et de péché. Vous
soupirez après le pardon et la liberté. Etre en
règle avec Dieu, lui ressembler : que faire pour y arriver
?
Ce qu'il vous faut, c'est la paix, c'est le pardon du ciel, c'est
l'amour divin dans votre âme. Cette paix, l'argent ne saurait
la procurer, l'intelligence ne saurait y conduire, la sagesse
ne peut y atteindre ; jamais vous ne pourrez l'obtenir par vos
efforts. Mais Dieu vous l'offre à titre de don, "
sans argent et sans aucun prix " (Esaïe 55 : l). Elle
vous appartient si vous voulez seulement étendre la main
pour vous en saisir. L'Éternel dit : " Si vos péchés
sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige
; s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la
laine."(Esaïe 1 : 18.) " Je vous donnerai un cur
nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau. " (Ezéchiel
36 : 26.)
Vous avez confessé vos péchés, et vous les
avez délaissés de tout votre cur. Vous avez
pris la détermination de vous donner à Dieu. Maintenant,
allez à lui et demandez-lui de laver vos péchés
et de vous donner un cur nouveau, et puis, croyez qu'il
le fait parce qu'il l'a promis. C'est là l'enseignement
que Jésus a donné aux jours de sa chair. Le don
que Dieu nous a promis, il faut simplement croire que nous le
recevons, et il est à nous. Jésus guérissait
les maladies de ceux qui avaient foi en sa puissance. Il les secourait
dans les choses visibles afin de leur donner confiance en lui
dans les choses invisibles, les amenant ainsi à croire
qu'il a autorité pour pardonner les péchés.
C'est là ce qu'il a déclaré en guérissant
le paralytique : " Afin que vous sachiez que le Fils de l'homme
a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés
: Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va
dans ta maison. " (Matthieu 9 : 6.) L'évangile de
saint Jean dit de même, en parlant des miracles de Jésus-Christ
: " Ces choses ont été écrites afin
que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. " (Jean 20
: 31.)
Le simple récit de la manière dont Jésus
guérit le paralytique du réservoir de Béthesda
nous apprend comment il faut croire en lui pour obtenir le pardon
des péchés. Considérons cette histoire. Ce
pauvre malade était impotent ; il n'avait pas fait usage
de ses jambes depuis trente-huit ans. Cependant, Jésus
lui dit : " Lève-toi, prends ton lit, et marche. "
(Jean 5 : 1-9.) Le malade aurait pu dire : " Seigneur, si
tu veux me guérir, j'obéirai à ta parole.
" Mais non, il crut à la parole de Jésus ;
il crut qu'il était guéri, et aussitôt il
agit en conséquence ; il voulut marcher, et il marcha.
Il obéit à l'ordre de Jésus, et Dieu lui
donna la force de marcher. Il fut guéri.
Comme lui, vous êtes pécheur. Vous ne pouvez faire
propitiation pour vos péchés passés, vous
ne pouvez changer votre cur et le sanctifier. Mais Dieu
promet de faire tout cela pour vous par Jésus-Christ. Vous
croyez à cette promesse. Vous confessez vos péchés
et vous vous donnez à Dieu. Vous voulez le servir. Tout
aussi certainement que vous faites cela, Dieu accomplira sa parole
à votre égard. Si vous croyez à la promesse
- que vos péchés sont pardonnés et que vous
êtes purifié - Dieu transforme votre foi en réalité.
Vous êtes guéri, tout aussi certainement que le paralytique
auquel Jésus a donné la force de marcher dès
qu'il crut à sa guérison. La chose est, dès
que vous croyez.
N'attendez pas de sentir que vous êtes guéri, mais
dites : " Je le crois ; la chose existe, non parce que je
la sens, mais parce que Dieu l'a dit. "
Jésus nous dit : " Tout ce que vous demandez en priant,
croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir.
" Mais cette promesse est à la condition que la requête
soit selon la volonté de Dieu. Or c'est la volonté
de Dieu de nous purifier de tout péché, de faire
de nous ses enfants, de nous mettre à même de vivre
saintement. Nous pouvons donc demander ces grâces, croire
que nous les recevons, et remercier Dieu de nous les avoir accordées.
Il ne tient qu'à nous d'aller à Jésus pour
être purifiés, et pour subsister devant sa loi sans
confusion ni remords. " Il n'y a donc maintenant aucune condamnation
pour ceux qui sont en Jésus-Christ. " (Romains 8 :
1.)
Dès cet instant vous ne vous appartenez plus : vous avez
été racheté à grand prix. " Ce
n'est pas par des choses périssables, par de l'argent ou
de l'or, que vous avez été rachetés... mais
par le sang précieux de Christ, comme d'un Agneau sans
défaut et sans tache. " (1 Pierre 1 : 18.) Par ce
simple acte de foi en Dieu, le Saint-Esprit a engendré
une vie nouvelle dans votre âme. Vous êtes maintenant
un membre de la famille divine, et Dieu vous aime comme il aime
son Fils.
Maintenant que vous vous êtes donné à Jésus,
ne retournez pas en arrière, ne vous arrachez pas à
son étreinte. Dites, jour après jour : " Je
suis au Christ, je me suis donné à lui " ;
et demandez-lui son Saint-Esprit et sa grâce pour vous garder.
C'est en vous donnant à Dieu et en croyant en lui que vous
devenez son enfant ; c'est de la même façon que vous
devez vivre en lui. L'apôtre dit : " Comme vous avez
reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui. "
(Colossiens 2 : 9.)
Certaines personnes pensent qu'elles devraient être mises
à l'épreuve et prouver au Seigneur qu'elles sont
réformées avant de pouvoir se réclamer de
sa grâce. Mais elles peuvent s'en réclamer en ce
moment même. Il leur faut cette grâce, il leur faut
l'Esprit du Christ pour les soutenir dans leur infirmité
; sinon elles ne pourront résister au mal. Jésus
aime nous voir venir à lui tels que nous sommes, pécheurs,
impuissants, sentant notre absolue dépendance de lui. Nous
pouvons aller à lui et nous jeter à ses pieds avec
nos faiblesses, nos égarements, nos péchés.
Il met sa gloire à nous combler de son amour, à
panser nos blessures, et à nous purifier de toute impureté.
C'est ici que des milliers de pécheurs font erreur : ils
ne croient pas que Jésus leur pardonne personnellement,
individuellement. Ils ne prennent pas Dieu au mot. Tous ceux qui
se soumettent au Seigneur peuvent savoir positivement que le pardon
de tous leurs péchés leur est gratuitement accordé.
Mettez de côté la pensée injuste que les promesses
de Dieu ne vous concernent pas. Elles concernent chaque pécheur
repentant. Par le ministère des anges, la force et la grâce
sont communiquées à tout croyant de la part de Jésus-Christ.
Nul n'est tellement pécheur, qu'il ne puisse trouver force,
pureté et justice en celui qui est mort pour nous. Jésus
ne désire rien tant que de nous enlever nos vêtements
tachés et souillés par le péché, et
de nous revêtir des robes blanches de la justice. Il nous
supplie de vivre, de ne pas mourir.
Dieu n'agit pas envers nous comme les hommes mortels agissent
les uns envers les autres. Ses pensées sont des pensées
de miséricorde, d'amour et de tendre compassion. "
Que le méchant abandonne sa voie, dit-il, et l'homme d'iniquité
ses pensées ; qu'il retourne à l'Éternel
qui aura pitié de lui, à notre Dieu qui ne se lasse
pas de pardonner. " " J'efface tes transgressions comme
un nuage, et tes péchés comme une nuée."(Esaïe
55 : 7 ; 44 : 22.)
" Je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit
le Seigneur, l'Éternel. Convertissez-vous donc et vivez
! " (Ezéchiel 18 : 32.) Satan est toujours sur le
qui-vive pour nous masquer ces précieuses promesses de
Dieu. Il désire nous ravir toute lueur d'espérance
et tout rayon de lumière. Mais il ne faut pas se prêter
à son jeu. N'écoutez pas le tentateur.
Dites : " Jésus est mort pour m'assurer la vie. Il
m'aime et ne désire pas que je périsse ; j'ai au
ciel un Père compatissant qui me recevra, bien que j'aie
abusé de son amour et fait un mauvais usage de ses bienfaits.
Je me lèverai, et j'irai lui dire : 'J'ai péché
contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être
appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.'
" La parabole vous dit comment le fils prodigue sera reçu
: " Comme il était encore loin, son père le
vit et fut ému de compassion ; il courut se jeter à
son cou et le baisa. " (Luc 15 : 18-20.)
Mais cette parabole elle-même, si touchante soit-elle, n'est
pas l'expression adéquate de l'infinie compassion du Père
céleste. Dieu fait cette déclaration par son prophète
: " Je t'aime d'un amour éternel. " (Jérémie
31 : 3.) Alors même que le fils est éloigné
de la maison paternelle, gaspillant ses biens dans un pays étranger,
le cur du Père soupire après lui ; et chaque
désir qui s'éveille dans l'âme du malheureux
et le pousse vers Dieu n'est que le tendre plaidoyer de l'Esprit
saint qui le sollicite, le supplie, l'attire vers son Père.
Les riches promesses de la Bible sous les yeux, pouvez-vous encore
douter ? Pouvez-vous croire que quand le pauvre pécheur
soupire après le retour, et désire délaisser
ses péchés, le Seigneur l'empêche durement
de venir se jeter repentant à ses pieds ? Arrière
de vous de telles pensées ! Rien ne peut faire plus de
mal à votre âme que d'y nourrir de si injustes soupçons
au sujet de votre Père céleste. Il hait le péché,
mais il aime le pécheur au point qu'il s'est sacrifié
lui-même pour lui dans la personne de Jésus-Christ.
Il l'a fait afin que tous ceux qui le veulent puissent être
sauvés, et entrer en possession de la félicité
éternelle dans le royaume de gloire.
Quel langage plus fort et plus tendre aurait-il pu employer pour
exprimer son amour envers nous ? Voici ses paroles : " Une
femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ? N'a-t-elle pas
pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l'oublierait,
moi je ne t'oublierai point. " (Esaïe 49 : 15.)
Elevez vos regards, vous qui doutez et qui tremblez ; car Jésus
vit et intercède pour vous. Remerciez Dieu pour le don
de son cher Fils, et demandez-lui qu'il ne soit pas mort en vain
à votre égard. L'Esprit vous invite aujourd'hui.
Venez à Jésus de tout votre cur, et vous pourrez
vous réclamer de sa grâce. En lisant les promesses
divines, souvenez-vous qu'elles sont l'expression d'un amour et
d'une compassion ineffables. Le grand cur de l'Amour infini
se penche irrésistiblement vers le pécheur. "
En lui nous avons la rédemption par son sang, la rémission
des péchés. " (Ephésiens 1 : 7.) Oui,
croyez seulement que Dieu est votre secours. Il désire
restaurer dans l'homme son image morale. Quand vous vous approcherez
de lui par la confession et la repentance, il s'approchera de
vous avec la miséricorde et le pardon.
Chapitre 7
Vous pouvez, si vous voulez
" Si quelqu'un est en Christ,
il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont
passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.
" (2 Corinthiens 5 : 17.)
Une personne peut n'être pas à même de dire
le lieu et le temps de sa conversion, ni d'indiquer l'enchaînement
exact des circonstances qui l'y ont amenée ; mais cela
ne prouve pas qu'elle soit inconvertie. Le Seigneur dit à
Nicodème : " Le vent souffle où il veut, et
tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d'où il vient,
ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né
de l'Esprit. " (Jean 3 : 8.) Tel le vent, qui est invisible,
mais dont les effets sont visibles et sensibles, tel est aussi
l'Esprit de Dieu dans son action sur l'âme humaine. Une
puissance régénératrice que nul homme ne
peut voir, engendre l'âme à une vie nouvelle ; elle
crée un être nouveau à l'image de Dieu.
Tandis que l'action de l'Esprit est silencieuse et imperceptible,
ses effets sont manifestes. Si le cur est renouvelé
par l'Esprit de Dieu, la vie en rendra témoignage. S'il
est vrai que nous ne pouvons rien faire pour changer nos curs,
ou pour nous rendre tels que Dieu nous veut ; si nous ne devons
avoir aucune confiance en nous-mêmes ou en nos bonnes uvres,
notre vie révélera néanmoins que l'Esprit
de Dieu demeure en nous. Un changement se remarquera dans notre
caractère, nos habitudes et nos préoccupations.
Le contraste entre ce qu'on a été et ce qu'on est
sera marquant. Le caractère se révèle, non
par les bonnes ou les mauvaises uvres occasionnelles, mais
par la tendance générale des paroles et des actions.
Il est vrai que l'on peut avoir une conduite extérieurement
correcte sans la puissance transformatrice de Jésus-Christ.
L'amour du prestige et le désir de posséder l'estime
de ses semblables peuvent produire une vie réglée.
Le respect de soi peut porter à éviter les apparences
du mal. Un égoïste peut faire des actions généreuses.
Comment alors déterminer de quel côté nous
nous trouvons ?
Qui possède notre cur ? Avec qui sont nos pensées
? De qui aimons-nous à nous entretenir ? Qui possède
nos plus chaudes affections et le meilleur de notre énergie
? Si nous sommes à Jésus, nos pensées sont
en lui, ainsi que nos plus douces émotions. Tout ce que
nous sommes ou possédons lui est consacré ; nous
désirons vivement reproduire son image, respirer son Esprit,
faire sa volonté, et lui être agréables en
toutes choses.
Ceux qui deviennent des créatures nouvelles en Jésus-Christ
produiront les fruits de l'Esprit : " l'amour, la joie, la
paix, la patience, la bonté, la bénignité,
la fidélité, la douceur, la tempérance. "
(Galates 5 : 22, 23.) Ils ne se conformeront plus aux anciennes
convoitises, mais, par la foi au Fils de Dieu, ils suivront ses
pas, réfléchiront son caractère, et se purifieront
comme lui-même est pur.
Désormais ils aiment les choses qu'ils haïssaient
; les choses qu'ils aimaient, ils les haïssent. L'orgueilleux,
l'arrogant devient doux et humble de cur. Celui qui était
vain et autoritaire devient sérieux et traitable. L'ivrogne
devient sobre; le licencieux devient pur. Les vaines coutumes
du monde et ses modes sont oubliées. Le chrétien
recherchera, non pas l'ornement extérieur, mais "
la parure intérieure et cachée dans le cur,
la pureté incorruptible d'un esprit doux et paisible "
(1 Pierre 3 : 3, 4).
Sans réforme, il n'y a pas trace de véritable conversion.
Le pécheur qui répare ses torts, qui rend ce qu'il
avait dérobé, qui confesse ses péchés,
et qui aime Dieu et ses semblables peut être assuré
qu'il est passé de la mort à la vie.
Dès que nous venons à Jésus en qualité
de créature égarée et pécheresse,
et que nous participons à son pardon, l'amour germe dans
notre cur. Tout fardeau devient léger ; car le joug
que Jésus nous impose est aisé. Le devoir devient
un délice, le sacrifice un plaisir. Le sentier qui semblait
enveloppé d'épaisses ténèbres est
illuminé des rayons éclatants du Soleil de justice.
La beauté du caractère de Jésus se retrouvera
chez ses disciples. Il prenait plaisir à faire la volonté
divine. Aimer Dieu et vivre pour sa gloire étaient les
deux puissances de sa vie. Toutes ses actions étaient ennoblies
et embellies par l'amour. L'amour vient de Dieu. Le cur
irrégénéré ne saurait le produire.
Il ne se trouve que dans le cur où Jésus règne.
" Nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier.
" (1 Jean 4 : 19.) L'amour est à la base de tous les
actes du cur régénéré par la
grâce divine. Il modifie le caractère, dirige les
impulsions, domine les passions, subjugue l'inimitié et
ennoblit les affections. Cet amour cultivé dans le cur
adoucit la vie, et répand une influence ennoblissante tout
autour de soi.
Il est deux erreurs contre lesquelles les enfants de Dieu - tout
particulièrement ceux qui viennent d'accepter sa grâce
- doivent spécialement se tenir en garde. La première,
nous en avons déjà parlé, consiste à
regarder à ses propres uvres et à se reposer
sur quelque bonne action pour rentrer dans la faveur de Dieu.
Celui qui cherche à devenir saint par ses efforts pour
observer la loi entreprend une impossibilité. Tout ce que
peut faire l'homme hors de Jésus-Christ est entaché
d'égoïsme et de péché. C'est la grâce
de Jésus seule, par la foi, qui peut nous rendre saints.
L'erreur opposée est non moins dangereuse : elle consiste
à croire que la foi en Jésus dispense les hommes
d'observer la loi de Dieu ; que la foi étant seule capable
de nous rendre participants de Jésus-Christ, nos uvres
n'ont rien à voir à notre rédemption.
Veuillez observer ici que l'obéissance n'est pas seulement
une soumission extérieure, mais un service d' amour. La
loi de Dieu est un reflet de sa nature ; c'est l'expression du
grand principe de l'amour, et par conséquent la base de
son gouvernement dans le ciel et sur la terre. Si nos curs
sont transformés à la ressemblance de Dieu, si l'amour
divin est implanté dans notre âme, ne mettrons-nous
pas en pratique la loi de Dieu dans notre vie ? Quand le principe
de l'amour est implanté dans notre cur, quand l'homme
est transformé à l'image de celui qui l'a créé,
cette promesse de la nouvelle alliance est accomplie : "
Je mettrai mes lois dans leurs curs, et je les écrirai
dans leur esprit. " (Hébreux 10 : 16.) Et si la loi
est écrite dans le cur, ne façonnera-t-elle
pas la vie ? Une obéissance, une soumission qui a l'amour
pour mobile : voilà la véritable preuve de notre
conversion. Aussi est-il écrit : " L'amour de Dieu
consiste à garder ses commandements. " " Celui
qui dit : Je l'ai connu, et qui ne garde pas ses commandements,
est un menteur, et la vérité n'est point en lui.
" (1 Jean 5 : 3 ; 2 : 4.) Loin de dispenser l'homme de l'obéissance,
la foi et la foi seule le rend participant de la grâce de
Jésus-Christ, qui le met à même d'être
obéissant.
Nous ne gagnons pas le salut par notre obéissance, puisque
le salut est un don gratuit de Dieu, qui s'obtient par la foi.
Par contre, l'obéissance est le fruit de la foi. "Vous
le savez, Jésus a paru pour ôter les péchés,
et il n'y a point en lui de péché. Quiconque demeure
en lui ne pèche point ; quiconque pèche ne l'a pas
vu et ne l'a pas connu. " (1 Jean 3 : 5, 6.) Là est
la pierre de touche. Si nous demeurons en Jésus, si l'amour
de Dieu demeure en nous, nos sentiments, nos pensées, nos
desseins, nos actes seront conformes à la volonté
de Dieu telle qu'elle est exprimée dans les préceptes
de sa sainte loi. "Petits enfants, que personne ne vous séduise.
Celui qui pratique la justice est juste. " (1 Jean 3 : 7.)
La justice est définie par la sainte loi de Dieu énoncée
dans les dix préceptes donnés sur le mont Sinaï.
La prétendue foi en Jésus-Christ qui délie
les hommes de l'obligation d'obéir à Dieu n'est
pas de la foi, mais de la présomption. " C'est par
la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen
de la foi. " Mais la foi, " si elle n'a pas les uvres,
est morte en elle-même " (Ephésiens 2 : 8 ;
Jacques 2 : 17). Avant son incarnation, Jésus disait de
lui-même : " Je veux faire ta volonté, mon Dieu
! Et ta loi est au fond de mon cur. " (Psaume 40 :
9.) Et au moment de remonter au ciel, il faisait cette déclaration
: " J'ai gardé les commandements de mon Père
et je demeure dans son amour. " " Si nous gardons ses
commandements, par là nous savons que nous l'avons connu,
" dit l'Ecriture... " Celui qui dit qu'il demeure en
lui doit marcher aussi comme il a marché lui- même.
" " Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant
un exemple, afin que vous suiviez ses traces. " (Jean 15
: 20 ; 1 Jean 2 : 3-6.)
Les conditions de la vie éternelle sont aujourd'hui ce
qu'elles ont toujours été, ce qu'elles étaient
au Paradis avant la chute de nos premiers parents : une obéissance
parfaite à la loi de Dieu, une justice parfaite. Si la
vie éternelle était accordée à d'autres
conditions, le bonheur de l'univers tout entier serait compromis
; le péché et tout son cortège de maux et
de souffrances seraient immortalisés.
Avant la chute, il était possible à Adam de former
un caractère juste par l'obéissance à la
loi de Dieu. Mais il échoua, et à cause de son péché,
notre nature est déchue, et nous sommes incapables de nous
rendre justes par nous-mêmes. Etant mauvais, nous ne pouvons
pas rendre une parfaite obéissance à une loi sainte.
Nous ne possédons pas de justice à nous qui nous
permette de répondre aux exigences de la loi de Dieu. Mais
Jésus-Christ nous a préparé une issue. Il
a vécu sur la terre au milieu des mêmes épreuves
et des mêmes tentations que nous. Il a vécu sans
péché. Il est mort pour nous, et maintenant, il
s'offre à prendre sur lui nos péchés et à
nous donner sa justice. Si vous vous donnez à lui et si
vous l'acceptez comme votre Sauveur, quelque coupable que votre
vie ait pu être, vous êtes, à cause de lui,
considéré comme étant juste. Le caractère
de Jésus-Christ est substitué à votre caractère,
et vous avez accès auprès de Dieu tout comme si
vous n'aviez jamais péché.
Il y a plus, Jésus change votre cur ; il y habite
par la foi. Et ces rapports avec Jésus par la foi, et cette
reddition constante de votre volonté à la sienne,
il faut les maintenir. Tant que vous le ferez, il produira en
vous " le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. "
Vous pourrez donc dire : " Si je vis, ce n'est plus moi qui
vis, c'est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la
chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé
et qui s'est livré lui-même pour moi. " (Galates
2 : 20.) C'est ainsi que Jésus pouvait dire à ses
disciples : " Ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit
de votre Père qui parlera par vous. " (Matthieu 10
: 20.) Alors l'Esprit de Jésus-Christ, agissant en vous,
vous
permettra de manifester les mêmes dispositions que lui,
et vous accomplirez les mêmes uvres : des uvres
de justice et d'obéissance.
Nous n'avons donc en nous absolument rien dont nous puissions
tirer vanité. Nous n'avons aucun sujet de nous glorifier.
C'est sur la justice de Jésus qui est imputée, et
sur celle que son Esprit produit en et par nous, que reposent
toutes nos espérances.
Quand on parle de la foi, il y
a une distinction qu'il ne faut pas perdre de vue. Il est un genre
de croyance essentiellement distinct de la foi. L'existence et
la puissance de Dieu, la véracité de sa Parole,
sont des faits que Satan lui-même et ses anges dans leur
for intérieur ne peuvent nier. La Bible nous dit : "
Les démons croient aussi, et ils tremblent. " (Jacques
2 : 19.) Mais ce n'est pas là de la foi. La foi - celle
qui est agissante par la charité et qui purifie l'âme
- n'est pas une simple adhésion à la Parole de Dieu
; c'est la reddition complète entre les mains du Sauveur,
de notre cur et de toutes ses affections. C'est par le moyen
de cette foi-là que l'âme est transformée
à l'image de Dieu. Et ainsi le cur qui, dans sa condition
irrégénérée, ne se soumet pas à
la loi de Dieu - il ne le peut même pas - trouve désormais
son plaisir dans la pratique de ses saints préceptes et
s'écrie avec le Psalmiste : " Combien j'aime ta loi
! Elle est tout le jour l'objet de ma méditation. "
(Psaume 119 : 97.) Et la justice de la loi est accomplie en nous
" qui marchons non selon la chair, mais selon l'Esprit "
(Romains 8 : 4).
Il est des personnes qui ont appris à connaître l'amour
et le pardon de Jésus-Christ, et qui désirent sincèrement
être des enfants de Dieu ; toutefois, elles voient les imperfections
de leur caractère et les insuffisances de leur vie, et
elles en viennent à douter de la réalité
de leur régénération par le Saint-Esprit.
Je leur dirai : Ne vous laissez pas abattre par le désespoir.
Nous devrons souvent nous prosterner aux pieds de Jésus
pour y venir pleurer sur nos manquements et nos erreurs, mais
ce n'est pas une raison pour nous laisser aller au découragement.
Même si nous sommes vaincus par l'ennemi, nous ne sommes
pas repoussés, délaissés ni rejetés
de Dieu. Non ; Jésus-Christ est à la droite de Dieu,
et il intercède en notre faveur. Le disciple bien-aimé
disait : " Je vous écris ces choses, afin que vous
ne péchiez point ; et si quelqu'un a péché,
nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ
le Juste. " (1 Jean 2 : 1.) N'oubliez pas ces paroles du
Sauveur : " Le Père lui-même vous aime. "
(Jean 16 : 27.) Il désire vous ramener à lui et
voir reproduites en vous sa pureté et sa sainteté.
Si seulement vous consentez à vous remettre entre ses mains,
celui qui a commencé en vous la bonne uvre la perfectionnera
jusqu'au jour de Jésus-Christ. Priez avec plus d'ardeur
; que votre confiance soit plus implicite. A mesure que nous avons
lieu de nous défier de nos propres forces, apprenons à
nous confier en celles de notre Rédempteur, et nous glorifierons
celui qui est notre vie et notre joie.
Plus vous vous approcherez de Jésus, plus défectueux
vous serez à vos propres yeux ; car votre vision spirituelle
sera plus claire, et vos imperfections offriront un contraste
de plus en plus frappant avec la perfection de sa nature. C'est
la preuve que les charmes de Satan ont perdu leur puissance, et
que l'influence vivifiante de l'Esprit de Dieu vous tire de votre
léthargie.
Un amour profond pour Jésus ne peut pas prendre naissance
dans un cur qui n'a pas un vif sentiment de son péché.
Si nous ne voyons pas notre difformité morale, nous avons
la preuve indubitable que nous n'avons pas encore discerné
la beauté et l'excellence de Jésus-Christ, dont
le caractère fait l'admiration de l'âme transformée
par la grâce.
Moins nous trouverons de choses estimables en nous, mieux nous
comprendrons la pureté infinie et l'amour de notre Sauveur.
La vue de notre nature pécheresse et de notre impuissance
nous jette dans les bras de celui qui peut nous pardonner, et
Jésus révèle sa force à l'âme
qui le recherche dans le sentiment de sa faiblesse. Plus la conviction
de notre misère nous pousse près de lui et de la
Parole de Dieu, plus haute est la vision que nous avons de son
caractère, et plus parfaitement nous réfléchissons
son image.
Chapitre 8
Le secret de la croissance
La Bible compare à une
naissance la transformation du cur par laquelle nous devenons
enfants de Dieu. Ceux qui viennent de se convertir sont "
des enfants nouveau-nés " qui doivent croître
jusqu'à " la stature parfaite de Christ " (Ephésiens
4 : 13). Cette transformation est aussi comparée à
la germination de la bonne semence jetée en terre par le
cultivateur. De même que le bon grain, ils doivent croître
et porter des fruits. Le prophète Esaïe dit qu'ils
" seront appelés des térébinthes de
la justice, une plantation de l'Éternel, pour servir à
sa gloire. " (Esaïe 61 : 3.) Ces illustrations tirées
de la nature ont pour but de nous aider à mieux saisir
les vérités mystérieuses de la vie spirituelle.
Toute la sagesse et tout le génie de l'homme sont impuissants
à créer la vie. Ce n'est que par la vie que le Créateur
leur donne, que les plantes et les animaux subsistent ; de même
aussi, ce n'est que par l'Esprit de Dieu que la vie nouvelle est
engendrée dans le cur des hommes. A moins que quelqu'un
ne soit " engendré d'en haut " (Jean 3 : 3),
il ne peut participer à la vie que Jésus-Christ
est venu donner.
Il en est de la croissance comme de la vie. C'est Dieu qui change
le bouton en fleur et la fleur en fruit. C'est par sa puissance
que la semence se développe et qu'elle produit " d'abord
l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans
l'épi " (Marc 4 : 28). Le prophète s'exprime
ainsi au sujet d'Israël : " Il fleurira comme le lis.
" " Ils redonneront la vie au froment, et ils fleuriront
comme la vigne. " (Osée 14 : 5, 7.) Jésus,
de son côté, nous exhorte à considérer
"comment les lis croissent " (Luc 12 : 27). Ce n'est
ni à leurs soucis, ni à leurs préoccupations,
ni à leurs efforts que les plantes et les fleurs doivent
leur croissance, mais au fait qu'elles reçoivent ce que
Dieu a pourvu pour leur subsistance. Par ses efforts ou ses soucis,
l'enfant ne peut rien ajouter à sa taille. Votre zèle
et vos labeurs sont tout aussi inutiles en ce qui concerne la
croissance spirituelle. La plante et l'enfant croissent en s'incorporant
les éléments nécessaires à leur subsistance
: l'air, le soleil, la nourriture. Jésus-Christ est à
ceux qui se confient en lui ce que ces dons de la nature sont
à la vie végétale et à la vie animale.
Il est " leur lumière à toujours " ; "
il est un soleil et un bouclier " ; il sera pour Israël
comme " la rosée " ; " il sera comme une
pluie qui tombe sur un terrain fauché. " Il est l'eau
vive, le " pain de Dieu... qui descend du ciel et qui donne
la vie au Monde. " (Esaïe 60 : 19 ; Psaume 84 : 12 ;
Osée 14 : 5 ; Psaume 72 : 6 ; Jean 6 : 33.)
Par le don ineffable de son Fils, Dieu a entouré le monde
entier d'une atmosphère de grâce tout aussi réelle
que l'air qui circule autour de notre globe. Tous ceux qui consentent
à respirer cette atmosphère vivifiante vivront et
croîtront jusqu'à la stature d'hommes et de femmes
en Jésus-Christ.
De même que la fleur se tourne vers le soleil dont les rayons
assurent la symétrie et la perfection, nous devons aussi
nous tourner vers le Soleil de justice pour que la lumière
céleste puisse briller sur nous et que nos caractères
se transforment à la ressemblance de celui de Jésus-Christ.
C'est l'enseignement que donne Jésus quand il dit : "
Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne
peut de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché
au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez
en moi... Sans moi vous ne pouvez rien faire. " (Jean 15
: 4, 5.) Pour vivre saintement, vous dépendez tout aussi
complètement de Jésus-Christ que le sarment dépend
du cep pour croître et fructifier. Hors de lui, vous êtes
sans vie ; vous n'avez aucune force pour résister à
la tentation ou pour croître en grâce et en sainteté.
En demeurant en lui, en tirant de lui votre vie, vous prospérerez,
et vous n'aurez à redouter ni sécheresse, ni stérilité.
Vous serez comme un arbre planté auprès d'un cours
d'eau.
Bien des gens s'imaginent devoir accomplir eux-mêmes une
partie au moins de cette uvre. Ils ont eu confiance en Jésus-Christ
pour le pardon de leurs péchés ; mais ensuite, ils
veulent faire le bien par leurs propres efforts. Toute tentative
de cette espèce est condamnée à un échec.
Jésus dit : " Sans moi vous ne pouvez rien faire.
" Notre croissance en grâce, notre joie, notre utilité,
tout dépend de notre union avec le Sauveur. C'est en étant
en communion avec lui chaque jour et à chaque heure, c'est
en demeurant en lui que nous pourrons croître en grâce.
Il est non seulement l'Auteur, mais aussi le Consommateur de notre
foi. Jésus est le premier, toujours, en tout et partout.
Il doit être avec nous, non seulement au commencement et
à la fin de notre pèlerinage, mais à chaque
pas du chemin. David dit : " J'ai constamment l'Éternel
sous mes yeux ; quand il est à ma droite je ne chancelle
pas. " (Psaume 16 : 8.)
" Comment puis-je demeurer en Jésus-Christ ? "
demanderez-vous. De la même manière que vous l'avez
reçu. " Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ,
marchez en lui. " (Colossiens 2 : 6) " Mon juste vivra
par la foi. " (Hébreux 10 : 38.) Vous vous êtes
donné à Dieu pour le servir et lui obéir,
et vous avez pris Jésus pour votre Sauveur. Vous ne pouviez
vous-même faire propitiation pour vos péchés,
ni changer votre cur ; mais vous étant donné
à Dieu, vous avez cru qu'il faisait tout cela pour vous,
par amour pour Jésus. C'est par la foi que vous êtes
devenu la propriété du Christ : c'est encore par
la foi que vous devez croître en lui, - en donnant et en
prenant. Vous devez tout donner : votre cur, votre volonté,
votre service, afin d'obéir à toutes ses demandes
; et vous devez tout prendre : Jésus-Christ, la plénitude
de toute bénédiction, votre force, votre justice,
votre soutien éternel, afin de pouvoir obéir.
Consacrez-vous à Dieu dès le matin ; que ce soit
là votre premier soin. Votre prière doit être
: " Prends-moi, ô Dieu, comme ta propriété
exclusive. Je dépose tous mes plans à tes pieds.
Emploie-moi aujourd'hui à ton service. Demeure en moi,
et que tout ce que je ferai soit fait en toi. " C'est là
une affaire quotidienne. Chaque matin, consacrez-vous à
Dieu pour la journée.
Soumettez-lui tous vos plans, quitte à les délaisser
ou à les exécuter selon qu'il vous l'indiquera.
C'est ainsi que jour après jour, vous abandonnant entre
les mains de Dieu, votre vie sera de plus en plus façonnée
sur celle de Jésus.
La vie en Christ est une vie de paix, de sérénité,
peut-être exempte d'extase, mais remplie d'une confiance
tranquille et durable. Votre espérance n'est pas en vous-même
: elle est en Jésus-Christ. Votre faiblesse est unie à
sa force, votre ignorance à sa sagesse, votre fragilité
à sa puissance. Ne regardez donc pas à vous-même
; ne contemplez pas votre personne, mais le Sauveur. Que vos pensées
s'arrêtent sur son amour, sur la beauté et la perfection
de son caractère. Jésus dans son renoncement, Jésus
dans son humiliation, Jésus dans sa pureté et sa
sainteté, Jésus dans son amour incomparable : tels
sont les thèmes qui doivent faire l'objet de votre méditation.
C'est en l'aimant, en l'imitant, en vous reposant entièrement
sur lui que vous serez transformé à sa ressemblance.
Le Sauveur nous dit : " Demeurez en moi. " Ces paroles
recèlent une idée de repos, de stabilité,
de confiance. Jésus nous fait aussi cette invitation :
" Venez à moi,... et je vous donnerai du repos. "
Le Psalmiste exprime la même pensée : " Garde
le silence devant l'Éternel et espère en lui. "
Et Esaïe nous donne cette assurance : " C'est dans la
tranquillité et le repos que sera votre salut. " Ce
repos n'est pas l'inaction. Dans les paroles du Sauveur, la promesse
du repos est jointe à l'invitation au travail : "
Prenez mon joug sur vous,... et vous trouverez du repos. "
(Matthieu 11 : 28, 29 ; Psaume 37 : 7 ; Esaïe 30 : 15.) Celui
qui se repose le plus complètement sur le Seigneur travaillera
aussi avec lui avec le plus de zèle et d'ardeur.
Quand votre esprit s'arrête sur le " moi " , il
se détourne de Jésus, la source de toute force et
de toute vie. De là l'effort constant de Satan pour détourner
vos regards du Sauveur, et entraver ainsi votre communion avec
lui. Il s'efforcera de vous distraire de l'objet de votre contemplation
par les plaisirs du monde, par les soucis, les soins et les tristesses
de la vie, par les fautes d'autrui, ou même par vos propres
fautes et imperfections. Ne vous laissez pas prendre à
ses pièges. De nombreuses personnes, réellement
consciencieuses et désireuses de vivre pour Dieu, sont
trop souvent amenées par l'ennemi à s'arrêter
sur leurs fautes et leurs faiblesses ; en les séparant
ainsi du Christ, il espère remporter la victoire. Ne faisons
pas du "moi" le centre de nos pensées, et ne
nous laissons pas envahir par des craintes au sujet de notre salut.
Tout cela nous détourne de la source de notre force. Remettez
à Dieu la garde de votre âme, et placez en lui votre
confiance. Parlez de Jésus ; faites-en le thème
de vos méditations ; que le moi se perde en lui. Bannissez
les doutes ; abandonnez vos craintes. Dites avec l'apôtre
Paul : " Si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ
qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans
la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré
lui-même pour moi. " (Galates 2 : 20.) Reposez-vous
en Dieu ; il est à même de garder le dépôt
que vous lui avez confié. Si vous voulez vous remettre
entre ses mains, il vous rendra plus que vainqueur par celui qui
vous a aimé.
Quand Jésus-Christ revêtit la nature humaine, il
se lia à l'humanité par des liens qu'aucune puissance,
sauf la volonté de l'homme lui-même, ne peut rompre.
Satan présentera constamment des séductions pour
nous inciter à nous séparer volontairement de Jésus.
C'est sur ce point que nous avons besoin de veiller, de combattre,
de prier afin que rien ne nous amène à choisir un
autre maître, ce que nous sommes toujours libres de faire.
Mais si nos yeux sont constamment fixés sur Jésus,
il nous gardera. En regardant à lui, nous sommes en sureté.
Rien ne peut nous arracher de sa main. En le contemplant sans
cesse, " nous sommes transformés en la même
image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit "
(2 Corinthiens 3 : 18).
C'est ainsi que les premiers disciples parvinrent à la
ressemblance du Sauveur. Quand ils entendirent ses paroles, ils
sentirent qu'ils avaient besoin de lui. Ils le cherchèrent,
le trouvèrent et le suivirent. Ils l'accompagnèrent
à la maison, à table, dans leur chambre particulière,
dans les champs. Ils étaient avec lui comme des élèves
avec leur maître, recevant chaque jour les vérités
qui tombaient de ses lèvres. Comme des serviteurs, ils
attendaient ses ordres pour connaître leur devoir. Les disciples
étaient des hommes " de la même nature que nous
" (Jacques 5 : 17). Comme nous, ils devaient lutter contre
le péché et avaient besoin de la grâce divine
pour suivre le sentier de la sainteté.
Jean lui-même, le disciple bien-aimé, celui en qui
on retrouve le plus parfaitement reproduite l'image du Sauveur,
ne possédait pas naturellement la douceur qui devait le
caractériser par la suite. Non seulement il était
impétueux et ambitieux, mais encore impérieux et
irritable sous l'offense. Toutefois, à mesure que le caractère
divin se révéla à lui, il eut conscience
de ses imperfections, et en fut humilié. La force et la
patience, la puissance et la tendresse, la majesté et la
douceur qu'il contemplait dans la vie quotidienne du Fils de Dieu,
remplissaient son cur d'admiration et d'amour. Jour après
jour, son âme était attirée vers le Christ,
et le " moi " finit par être absorbé par
l'amour de son Maître. Son caractère susceptible
et ambitieux céda à la puissance de Jésus.
Son cur fut changé par l'influence régénératrice
du Saint-Esprit. L'amour du Sauveur transforma son caractère.
C'est là le résultat certain de l'union avec Jésus.
Il renouvelle tout l'être de celui dans le cur duquel
il habite. Son esprit et son amour touchent le cur, subjuguent
l'âme et élèvent les pensées et les
désirs vers le Dieu du ciel.
Après l'ascension du Christ, ses disciples conservèrent
le sentiment de sa présence. C'était une présence
personnelle, pleine d'amour et de lumière. Le doux Maître
qui avait marché, conversé et prié avec eux,
qui avait adressé à leur cur des paroles de
consolation et d'espérance, avait été enlevé
du milieu d'eux pour s'en aller au ciel. Pendant que son message
de paix était encore sur ses lèvres, et que les
accents de sa voix frappaient encore leurs oreilles : " Voici,
je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde
" (Matthieu 28 : 20), il avait été accueilli
par une nuée d'anges, et était monté au ciel
revêtu de notre humanité. Les disciples le savaient
devant le trône de Dieu, toujours leur Ami et leur Sauveur.
Ils savaient que sa sympathie n'avait pas varié, qu'il
s'identifiait toujours avec l'humanité souffrante. Au milieu
des cours célestes, les mains percées, le côté
blessé, les pieds meurtris, il plaidait en faveur de notre
race déchue la vertu du prix payé pour ses rachetés.
Ils le savaient monté au ciel pour leur préparer
des places, et revenir ensuite les prendre avec lui.
Lorsqu'ils se réunirent après l'ascension, ils étaient
impatients de présenter leurs requêtes au Père
au nom du Fils. Respectueusement prosternés dans l'attitude
de la prière, ils répétèrent ces paroles
: " Ce que vous demanderez au Père en mon nom, il
vous le donnera. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie
soit parfaite. " (Jean 16 : 23, 24.) Redoublant de foi, ils
s'écrièrent : " Christ est mort ; bien plus,
il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et
il intercède pour nous ! " (Romains 8 : 34.) A la
Pentecôte, ils reçurent le Consolateur au sujet duquel
Jésus avait dit : Il " sera en vous ", ajoutant
: " Il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne
m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ; mais,
si je m'en vais, je vous l'enverrai. " (Jean 14 : 17 ; 16
: 7.) A partir de ce moment, Jésus allait demeurer à
toujours, par son Esprit, dans le cur de ses disciples.
Leur union avec lui était plus intime qu'aux jours où
il était personnellement au milieu d'eux. La lumière,
l'amour et la puissance de Jésus les transfiguraient, et
ceux qui les voyaient étaient dans l'étonnement,
et les reconnaissaient " pour avoir été avec
Jésus " (Actes 4 : 13).
Tout ce que le Christ a été pour ses premiers disciples,
il désire l'être aujourd'hui pour ses enfants. Il
affirme dans sa dernière prière, faite au milieu
du petit groupe des onze : " Ce n'est pas pour eux seulement
que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur
parole. " (Jean 20 : 17.)
Jésus a prié pour nous, et il a demandé que
nous soyons un avec lui comme il est lui-même un avec le
Père. Quelle union ! Le Sauveur a parlé de lui-même
en ces termes : " Le Fils ne peut rien faire de lui-même
" ; " le Père qui demeure en moi, c'est lui qui
fait les uvres "(Jean 5 : 19 ; 14 : 10.) Si donc Jésus-Christ
demeure dans nos curs, il produira en nous " le vouloir
et le faire, selon son bon plaisir " (Philippiens 2 : 13).
Nous agirons comme il a agi ; nous manifesterons le même
esprit, et ainsi, l'aimant et demeurant en lui, nous croîtrons
" à tous égards en celui qui est le chef, Christ
" (Ephésiens 4 : 15).
Chapitre 9
Vivre pour donner
Dieu est la source de la vie,
comme il est la lumière et la joie de l'univers. De même
que les rayons de lumière émanent du soleil, et
que le ruisseau jaillit de la source d'eau vive, des bienfaits
découlent de lui et se répandent sur toutes ses
créatures. Et partout où la vie de Dieu anime le
cur des hommes, elle se traduit en actes de charité
et de bienfaisance.
Notre Sauveur trouvait sa joie à travailler au relèvement
et à la rédemption des hommes déchus. Pour
atteindre ce but, faisant peu de cas de sa vie, il a souffert
la croix et méprisé l'ignominie. Les anges, de même,
sont constamment occupés du bien-être d'autrui. C'est
là leur joie. Ce que des curs égoïstes
considèrent comme une besogne humiliante : le relèvement
des misérables, de ceux qui leur sont inférieurs
par le caractère ou par le rang, voilà l'occupation
des anges innocents. L'esprit de renoncement et d'amour qui caractérisait
Jésus-Christ remplit le ciel ; il est l'essence même
de la félicité qui y règne. C'est aussi l'esprit
que posséderont les disciples de Jésus ; c'est là
leur uvre.
Quand l'amour du Sauveur est implanté dans un cur,
de même qu'un parfum suave, il ne peut rester caché.
Sa sainte influence s'exerce sur tous ceux avec lesquels il entre
en contact. L'Esprit du Christ dans un cur est comme une
source jaillissante dans un désert ; il rafraîchit
tous ceux qui s'en approchent, et crée chez ceux qui sont
près de périr un désir ardent de se désaltérer
à la source des eaux vives.
L'amour pour Jésus se manifestera par le désir de
travailler, comme lui, au soulagement et au relèvement
de l'humanité. Il nous portera à l'amour, à
la tendresse et à la sympathie envers toutes les créatures
de notre Père céleste.
La vie terrestre du Sauveur n'a pas été une vie
d'aises et d'égoïsme. Il a travaillé avec une
persévérance et une ardeur infatigables au salut
de l'humanité déchue. De la crèche au Calvaire,
il a suivi le sentier du renoncement, sans chercher jamais à
éviter les travaux ardus, les voyages pénibles,
les soucis qui accablent et les corvées qui épuisent.
Il disait : " Le Fils de l'homme est venu, non pour être
servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon
de plusieurs. " (Matthieu 20 : 28.) C'était là
le grand but de sa vie. Tout le reste était pour lui secondaire.
Sa nourriture était de faire la volonté de Dieu
et d'accomplir son uvre. Le " moi " et ses intérêts
particuliers ne trouvaient aucune place dans ses labeurs.
De même aussi, ceux qui participent à la grâce
du Christ seront prêts à tous les sacrifices afin
que d'autres âmes pour lesquelles le Christ est mort puissent
recevoir le don céleste. Ils feront tout leur possible
pour laisser le monde meilleur qu'ils ne l'ont trouvé.
Cet esprit est la conséquence inévitable d'une conversion
réelle. Dès qu'on a appris à connaître
Jésus on éprouve le besoin impérieux de parler
à d'autres de l'Ami précieux que l'on a trouvé.
La vérité qui sauve et sanctifie ne peut rester
enfermée dans le cur. Si nous sommes revêtus
de la justice de Jésus-Christ, et remplis de la joie de
son Esprit, il nous est impossible de garder le silence. Si nous
avons goûté que le Seigneur est bon, nous aurons
quelque chose à raconter. De même que Philippe, dès
que nous aurons trouvé le Christ, nous en inviterons d'autres
à venir à lui. Nous nous efforcerons de leur présenter
les attraits du Sauveur et les réalités invisibles
du monde à venir. Le désir de suivre le sentier
que Jésus a foulé sera intense, et ardent le besoin
d'amener ceux qui nous entourent à contempler " l'Agneau
de Dieu qui ôte le péché du monde " (Jean
1 : 29).
Tout effort en faveur de nos semblables retombera sur nous en
rosée de bénédictions. C'est la raison pour
laquelle Dieu nous a confié un rôle dans le plan
du salut. Il a accordé à l'homme le privilège
de participer de la nature divine, et de communiquer à
son tour cette prérogative à ses semblables. C'est
là le plus grand honneur, la joie la plus parfaite qu'il
soit possible à Dieu de nous accorder. Ceux qui participent
à cette mission d'amour se rapprochent le plus de leur
Créateur.
Dieu aurait pu confier à ses anges le message de l'Evangile
et toute l'uvre du ministère d'amour. Il aurait pu
se servir d'autres moyens pour accomplir son dessein. Mais dans
son amour infini, il a bien voulu faire de nous ses collaborateurs
et ceux de Jésus-Christ et des anges, afin que nous puissions
participer aux bénédictions, à la joie et
aux progrès spirituels qui découlent de ce ministère
désintéressé.
C'est par la communion de ses souffrances qu'il nous est donné
de comprendre Jésus. Tout acte de renoncement en vue de
faire du bien à autrui fortifie en nous l'esprit de bienfaisance
et nous rapproche davantage du Rédempteur du monde, qui,
pour nous, " s'est fait pauvre, de riche qu'il était,
afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis "
(2 Corinthiens 8 : 9). Et ce n'est que dans la mesure où
nous répondons au but de Dieu en nous créant que
la vie devient pour nous un bienfait.
Si vous voulez vous mettre à l'uvre comme Jésus
l'attend de ses disciples ; si vous voulez attirer des âmes
à lui, vous éprouverez le besoin d'une expérience
plus profonde et d'une plus grande connaissance des choses de
Dieu. Vous aurez faim et soif de la justice ; vous crierez à
Dieu ; votre foi sera fortifiée, et votre âme pourra
boire à longs traits à la source du salut. L'opposition
et les épreuves que vous aurez à surmonter vous
pousseront à la lecture de la Bible et à la prière.
Vous croîtrez dans la grâce et la connaissance de
Jésus-Christ, et vous acquerrez une riche expérience.
Le désintéressement en faveur du prochain donnera
au caractère de la profondeur et de la stabilité.
Quelque chose de l'exquise douceur de Jésus communiquera
à l'âme la paix et le bonheur. Les aspirations seront
élevées ; il ne restera plus de place pour l'oisiveté
et l'égoïsme. Ceux qui pratiquent ainsi les grâces
chrétiennes croîtront et deviendront forts pour Dieu.
Ils auront une claire vision spirituelle, une foi ferme et grandissante,
et une puissance nouvelle dans la prière. L'Esprit de Dieu
soufflant sur leur âme en fera vibrer, par son attouchement
divin, les saintes mélodies. Ceux qui se consacrent ainsi
avec désintéressement au bien de leurs semblables,
travaillent de la manière la plus efficace à leur
propre salut.
Le seul moyen de croître en grâce, c'est de faire
avec dévouement l'uvre dont le Seigneur nous a chargés
: travailler, dans la mesure de nos forces, au bien de ceux qui
ont besoin de nous. La force vient par l'exercice ; l'activité
est la condition même de la vie. Ceux qui prétendent
maintenir leur vie chrétienne en se bornant à accepter
passivement les bienfaits de la grâce, sans rien faire pour
le Christ, essaient simplement de manger sans travailler. Or,
dans le monde spirituel, comme dans le monde matériel,
ce système aboutit fatalement à la dégénérescence
et à la mort. Celui qui refuserait de faire usage de ses
jambes, perdrait bientôt la faculté de s'en servir.
De même, le chrétien qui se refuse à employer
les facultés que Dieu lui a données, non seulement
ne grandit pas en Christ, mais il perd les forces qu'il possédait.
L'Eglise est l'intermédiaire choisi de Dieu pour le salut
des hommes. Sa mission est de porter l'Evangile au monde. L'obligation
d'y participer repose sur tous les chrétiens. Chacun, dans
la mesure de ses talents et des occasions qui se présentent
à lui, doit remplir la tâche qui lui a été
assignée par le Sauveur. L'amour du Christ qui nous a été
révélé nous rend débiteurs de tous
ceux qui ne le connaissent pas. Dieu nous a communiqué
sa lumière, mais ce n'est pas pour nous seulement : c'est
pour que nous en fassions part à d'autres.
Si les disciples de Jésus-Christ étaient à
la hauteur de leur tâche, il y aurait dans les pays païens
des milliers de prédicateurs de l'Evangile là où
il n'y en a qu'un aujourd'hui. Et tous ceux qui ne pourraient
pas se consacrer personnellement à cette uvre la
soutiendraient de leurs dons, de leurs sympathies et de leurs
prières. On travaillerait aussi au salut des âmes
avec beaucoup plus d'ardeur en pays chrétiens.
Nul n'est besoin, si nous voulons travailler pour Jésus-Christ,
de nous rendre dans les pays païens, ni même peut-être
de quitter le cercle étroit du foyer, si notre devoir nous
y retient. Ce travail, nous pouvons l'accomplir dans notre famille,
dans notre église, parmi ceux avec lesquels nous entrons
en contact ou en relations commerciales.
La plus grande partie de sa vie terrestre, notre Sauveur la passa
à Nazareth, en patient labeur, dans un atelier de charpentier.
Tandis qu'il vivait côte à côte avec des paysans
dont il ne recevait ni attentions, ni honneurs, le Prince de la
vie était entouré d'anges. Il s'acquittait tout
aussi fidèlement de sa mission lorsqu'il travaillait de
son humble métier que quand il guérissait les malades
ou qu'il marchait sur les flots agités de la mer de Galilée.
De même, dans les devoirs les plus humbles et la condition
la plus modeste, nous pouvons suivre Jésus et travailler
avec lui.
L'apôtre dit : " Que chacun, frères, demeure
devant Dieu dans l'état où il était lorsqu'il
a été appelé. " (1 Corinthiens 7 : 24.)
Le négociant dirigera ses affaires de manière à
glorifier son Maître par sa fidélité. S'il
est véritablement chrétien, toutes ses transactions,
guidées par sa religion, manifesteront aux hommes l'esprit
de son Maître. L'artisan peut être un diligent et
fidèle représentant de celui qui s'acquitta des
devoirs les plus humbles dans les montagnes de la Galilée.
Chacun de ceux qui se réclament du nom de Jésus-Christ
devrait agir de telle sorte que le monde, en le voyant, puisse
être amené à glorifier son Créateur
et Rédempteur.
Plusieurs s'excusent de ne pas faire valoir leurs dons au service
du Christ en alléguant que d'autres possèdent des
avantages supérieurs et des dons plus brillants. L'opinion
semble généralement prévaloir que ceux-là
seuls qui possèdent des talents spéciaux doivent
consacrer leurs facultés au service de Dieu. Un grand nombre
paraissent convaincus que quelques favorisés seulement
ont reçu des talents, à l'exclusion de tous les
autres, et que ceux-ci, naturellement, ne sont appelés
à participer ni aux travaux ni aux récompenses.
Mais ce n'est pas là ce que nous apprend la parabole des
talents. Quand le Maître de la maison appela ses serviteurs,
il assigna à chacun sa tâche.
Avec Un esprit aimant, nous pouvons vaquer aux devoirs les plus
humbles " comme pour le Seigneur. " (Colossiens 3 :
23.) Si l'amour de Dieu est dans le cur, il se manifestera
dans la vie. Le doux parfum du Christ nous enveloppera, et notre
influence produira des effets heureux sur notre entourage.
N'attendez pas de grandes occasions, ni des dons remarquables
avant de commencer à travailler pour Dieu. Vous n'avez
pas besoin de vous préoccuper de ce que le monde pensera
de vous. Si votre vie de chaque jour est un témoignage
de la pureté et de la sincérité de votre
foi, et si vos semblables voient dans votre conduite le désir
unique de leur faire du bien, vos efforts ne seront pas entièrement
vains.
Le plus humble et le plus pauvre des disciples de Jésus
peut être en bénédiction à d'autres.
Il peut ignorer le bien qu'il fait, mais, par son influence inconsciente,
il provoquera des vagues de bénédictions qui augmenteront
en étendue et en profondeur, et dont il ne connaîtra
les résultats qu'au jour de la récompense finale.
Il peut n'avoir pas l'impression de faire de grandes choses et
il n'a pas à se préoccuper du succès. Il
n'a qu'à aller tranquillement de l'avant, s'acquittant
fidèlement de la tâche que la providence de Dieu
lui a assignée, et sa vie ne sera pas inutile. Son âme
réfléchira de plus en plus fidèlement l'image
de Jésus-Christ. Il sera ouvrier avec Dieu dans cette vie,
et se préparera ainsi pour l'uvre plus grande et
la joie sans mélange de la vie à venir.
Chapitre 10
Votre éducation est-elle complète ?
Ils sont multiples les moyens
dont Dieu se sert pour se révéler à nous
et nous faire entrer dans sa communion. La nature parle sans cesse
à nos sens. Les curs ouverts seront frappés
de l'amour et de la gloire de Dieu qui se révèlent
dans les uvres de ses mains. L'oreille attentive entend
et comprend la voix de Dieu dans la nature. Les prairies verdoyantes,
les arbres majestueux, les boutons et les fleurs, le nuage fugitif,
la pluie, le murmure du ruisseau, les gloires du ciel, tout parle
à nos curs, et nous invite à faire connaissance
avec celui qui a créé toutes choses.
Notre Sauveur a relié ses précieux enseignements
aux objets de la nature. Les arbres, les oiseaux, les fleurs de
la vallée, les montagnes, le lac, la voûte azurée,
notre entourage, aussi bien que les incidents de la vie de chaque
jour, tout a été associé par le Seigneur
à ses paroles de vérité pour nous rappeler
constamment ses enseignements, même au milieu des tracas
de la vie.
Dieu veut que ses enfants apprécient ses uvres, et
prennent plaisir aux beautés simples et tranquilles dont
il s'est plu à orner notre demeure terrestre. Il aime ce
qui est beau ; mais il affectionne par-dessus tout la beauté
du caractère, et il désire que nous cultivions la
pureté et la simplicité, les vertus modestes reflétées
par les fleurs.
Pourvu que nous les écoutions, les uvres de Dieu
nous donneront des leçons précieuses d'obéissance
et de confiance. Depuis les étoiles, qui suivent de siècle
en siècle dans l'espace infini leur sentier invisible,
jusqu'à l'atome imperceptible, la nature obéit à
la volonté du Créateur. Et Dieu prend soin de tout
ce qu'il a créé. Celui qui soutient les mondes innombrables
dont il lui a plu de parsemer l'immensité, s'occupe en
même temps du petit passereau qui gazouille sans souci son
humble chant. Quand les hommes se rendent à leur travail
quotidien ; quand ils prient ; quand ils se couchent le soir,
et quand ils se lèvent le matin ; quand le riche donne
des festins dans son palais, ou quand le pauvre rassemble sa famille
autour de son frugal repas, toujours et partout, l'il du
Père céleste suit ses créatures et les observe
avec tendresse. Il n'est pas de larmes qui échappent à
son regard, ni de sourire qu'il ne remarque.
Si nous voulions le croire, toute angoisse inutile nous serait
épargnée ! Notre vie ne serait pas une suite de
désappointements. Toutes choses, grandes ou petites, seraient
remises entre les mains de celui qu'aucune multiplicité
d'occupations ne tracasse et que n'accable aucun fardeau. Nous
jouirions d'un repos d'âme que beaucoup ne connaissent plus
depuis longtemps.
Quand vous vous sentez transporté d'admiration par les
beautés de la terre, pensez au monde à venir qui
ne connaîtra pas la souillure du péché ni
les affres de la mort, et d'où aura disparu toute trace
de malédiction. Représentez-vous la demeure des
élus, et souvenez-vous qu'elle sera infiniment supérieure
à tout ce que votre imagination peut concevoir de plus
beau. Les splendeurs de la nature ne sont qu'un faible reflet
de sa gloire. Il est écrit : " Ce sont des choses
que l'il n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues,
et qui ne sont point montées au cur de l'homme, des
choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment.
Dieu nous les a révélées par l'Esprit. "
(1 Corinthiens 2 : 9.)
Le poète et le naturaliste peuvent nous parler de la création
; mais c'est le chrétien qui peut le mieux en apprécier
les richesses, parce qu'il y reconnaît l'uvre de son
Père, et que, dans une fleur, dans une plante, dans un
arbre, il voit des preuves de son amour. Nul ne peut apprécier
à leur juste valeur les montagnes et les vallées,
les fleuves et les mers, s'il ne les considère comme l'expression
de l'amour de Dieu envers les hommes.
Dieu nous parle aussi par les événements de la vie,
ou se révèle sa main providentielle, ainsi que par
l'influence de son Esprit sur nos curs. Si ceux-ci sont
ouverts pour les discerner, nous retirerons de précieux
enseignements des circonstances et des changements qui se produisent
chaque jour autour de nous. En pensant à l'uvre de
la Providence, le Psalmiste dit : " La bonté de l'Eternel
remplit la terre. " " Que celui qui est sage prenne
garde à ces choses, et qu'il soit attentif aux bontés
de l'Eternel. " (Psaumes 33 : 5 ; 107 : 43.)
Dieu nous parle dans sa Parole. Nous avons là une révélation
claire et précise de son caractère, de ses voies
envers l'homme, et de la grande uvre de la Rédemption.
Elle renferme l'histoire des patriarches, des prophètes
et d'autres saints hommes d'autrefois. C'étaient des hommes
" de la même nature que nous " (Jacques 5 : 17).
Ils ont lutté, succombé à la tentation tout
comme nous ; mais ils reprirent courage, et, par la grâce
de Dieu, ils vainquirent ; et la contemplation de leur victoire
encourage nos efforts pour atteindre la justice. Quand nous considérons
les précieuses expériences qu'ils ont faites, la
lumière, l'amour et les bénédictions qui
leur échurent en partage, et l'uvre qu'ils ont accomplie
par la grâce qui leur était communiquée, l'Esprit
qui les inspirait allume dans nos curs la flamme d'une sainte
émulation, et nous inspire le désir de posséder
un caractère semblable au leur, et de marcher, comme eux,
avec Dieu.
Parlant des Ecritures de l'Ancien Testament - et à combien
plus forte raison de celles du Nouveau - Jésus dit : "
Ce sont elles qui rendent témoignage de moi. " (Jean
5 : 39.) Oui, la Bible tout entière nous parle de Jésus-Christ,
le Rédempteur, celui en qui sont concentrées toutes
nos espérances de vie éternelle. Depuis le récit
de la création - car " rien de ce qui a été
fait n'a été fait sans lui " (Jean 1 : 3) -
à la promesse finale : "Je viens bientôt "
(Apocalypse 22 : 12), il nous est parlé de ses uvres,
et nous entendons sa voix. Si vous voulez apprendre à connaître
le Sauveur, étudiez les saintes Écritures.
Remplissez votre cur des paroles de Dieu. Elles sont l'eau
vive qui étanchera votre soif ardente. Elles sont le pain
vivant, descendu du ciel. Voici la déclaration du Sauveur
: " Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et si vous
ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes.
" Et il s'explique en disant : " Les paroles que je
vous ai dites sont esprit et vie. " (Jean 6 : 53.) Nos corps
sont formés de ce que nous mangeons et buvons. Comme il
en est dans l'économie naturelle, il en est de même
dans l'économie spirituelle : C'est ce que nous méditons
qui donne de la vigueur et de la force à notre nature spirituelle.
Le thème de la rédemption est l'un de ceux dans
lesquels les anges désirent plonger leurs regards ; il
sera la science et le chant des rachetés pendant l'éternité.
Ne mérite-t-il pas d'être étudié attentivement
dès maintenant ? La miséricorde et l'amour infinis
de Jésus-Christ, le sacrifice consommé en notre
faveur, voilà ce qui doit faire le sujet de nos réflexions
les plus sérieuses et les plus solennelles. Il faut s'arrêter
longuement sur le caractère de notre Rédempteur
et Intercesseur, et méditer sur la mission de celui qui
est venu sauver son peuple de ses péchés. Par la
contemplation des choses célestes nous fortifierons notre
foi et notre amour. Nos prières deviendront de plus en
plus agréables à Dieu, parce qu'elles seront de
plus en plus accompagnées de foi et d'amour. Elles seront
intelligentes et ferventes. Nous acquerrons une confiance plus
ferme en Jésus, et ferons une expérience journalière
et vivante de sa puissance pour sauver parfaitement ceux qui viennent
à Dieu par lui.
En méditant sur les perfections du Sauveur, nous sentirons
naître en nous le désir d'être entièrement
renouvelés et transformés à sa pure image.
L'âme désirera ardemment ressembler à celui
qu'elle adore. Plus nos pensées s'arrêteront sur
Jésus-Christ, plus nous voudrons parler de lui, et mieux
nous le représenterons aux yeux du monde.
La Bible n'a pas été écrite pour les savants
seulement ; elle a, au contraire, été écrite
pour le peuple. Les grandes vérités fondamentales
du salut y apparaissent aussi claires que le jour. Ce ne sont
pas ceux qui la lisent qui risquent de tomber dans l'erreur ou
de s'égarer, mais ceux qui veulent suivre leur propre jugement
au lieu de la volonté de Dieu clairement révélée.
En ce qui concerne les enseignements des saintes Ecritures, ne
nous fions pas à l'opinion d'un homme. Etudions la Parole
de Dieu pour nous-même. Si nous laissons à d'autres
le soin de réfléchir à notre place, nous
ne parviendrons pas au degré de développement dont
nous sommes susceptibles. Faute d'exercice sur des thèmes
dignes d'elles, les nobles facultés de l'esprit s'atrophient
au point de ne plus saisir la signification profonde de la Parole
de Dieu. Par contre, le raisonnement prendra plus de force et
d'ampleur s'il s'applique à saisir l'enchaînement
des vérités de l'Ecriture.
Rien n'est plus propre à fortifier l'intelligence que l'étude
de ces sublimes vérités. Aucun livre n'égale
la Parole de Dieu pour élever les pensées, pour
donner de la vigueur aux facultés de l'âme. Si elle
était étudiée comme elle devrait l'être,
elle communiquerait une largeur d'esprit, une noblesse de caractère
et une constance de desseins qui se rencontrent rarement à
notre époque.
Par contre, on ne tire que peu de bien d'une lecture hâtive
de la Bible. On peut la lire tout entière sans en apercevoir
les beautés et sans en comprendre la signification profonde,
qui reste cachée au lecteur superficiel. Un passage étudié
et médité jusqu'à ce qu'on en ait bien saisi
la signification et les rapports avec le plan du salut vaut mieux
que la lecture de plusieurs chapitres, faite sans but arrêté,
et sans qu'on en ait tiré aucun enseignement positif. Ayez
toujours votre Bible avec vous. Lisez-la chaque fois que vous
en avez l'occasion ; gravez-en les passages dans votre mémoire.
Tout en marchant dans la rue, vous pouvez en lire un verset, le
méditer, et le fixer ainsi dans votre esprit.
La sagesse ne s'acquiert que par une attention soutenue et par
l'étude faite avec prière. Il est des portions des
Écritures qui sont trop claires pour n'être pas comprises
; mais il en est d'autres dont la signification n'est pas à
la surface, et ne saute pas aux yeux. Il faut comparer passage
avec passage, et les sonder avec soin, réflexion et prière.
Une telle étude sera richement récompensée.
De même que le mineur, en creusant la terre, découvre
les filons du précieux métal, ainsi celui qui sonde
avec persévérance la Parole de Dieu comme un trésor
caché, y trouve des vérités de la plus grande
valeur qui échappent aux regards du chercheur négligent.
Les paroles de l'Inspiration, serrées dans le cur,
sont comme des cours d'eau jaillissant de la source de la vie.
Il ne faut jamais s'adonner à l'étude de la Bible
sans prier. Avant d'ouvrir ses pages, il faut demander le secours
du Saint-Esprit, et il nous sera accordé. Quand Nathanaël
vint à Jésus, le Sauveur observa : " Voici
vraiment un Israélite dans lequel il n'y a point de fraude.
" Nathanaël lui demanda : " D'où me connais-tu
? " - " Avant que Philippe t'appelât, quand tu
étais sous le figuier, je t'ai vu. " (Jean 1 : 47,
48.) Jésus nous verra aussi en prière dans le secret
de notre chambre, lui demandant la lumière de sa vérité.
Les anges du monde de la lumière seront avec ceux qui recherchent
humblement l'illumination d'en haut.
Le Saint-Esprit magnifie et glorifie le Sauveur. Sa mission consiste
à nous présenter Jésus-Christ, la pureté
de sa justice, et le grand salut que nous avons par lui. "
Il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera "
(Jean 16 : 14), dit Jésus. L'Esprit de vérité
est seul à même d'enseigner la vérité
divine. Quelle n'est pas la valeur attachée à la
famille humaine par un Dieu qui livre pour elle son Fils à
la mort, et qui donne à l'homme son Saint-Esprit comme
Instructeur et comme Guide permanent !
Chapitre 11
Un trésor inépuisable
Dieu nous parle par la nature
et par la Révélation, par sa providence et par l'influence
de son Esprit. Mais cela n'est pas suffisant ; nous avons besoin
de lui ouvrir notre cur. La vie et l'énergie spirituelles
dépendent d'entretiens réels et directs avec notre
Père céleste. Notre esprit peut se reporter sur
Dieu ; nous pouvons méditer sur ses uvres, sur sa
miséricorde, sur ses bénédictions. Mais ce
n'est pas là, dans le sens le plus complet du mot, être
en communion avec lui. Pour être en communion avec Dieu,
il faut avoir quelque chose à lui dire concernant notre
vie réelle.
Prier, c'est ouvrir à Dieu son cur comme on le ferait
à son plus intime ami. Non pas que la prière soit
nécessaire pour instruire Dieu sur ce qui nous concerne,
mais elle nous met à même de le recevoir. La prière
ne fait pas descendre Dieu jusqu'à nous : elle nous élève
jusqu' à lui.
Aux jours de sa chair, Jésus enseigna à ses disciples
la manière dont ils devaient prier. Il leur apprit qu'ils
devaient exposer à Dieu leurs besoins de chaque jour, et
se décharger sur lui de tous leurs soucis. L'assurance
qu'il leur donna de l'exaucement de leurs prières, il nous
la donne aussi.
Durant son séjour parmi les hommes, Jésus était
lui-même souvent en prière. Notre Sauveur avait pris
sur lui nos besoins et nos faiblesses. Il nous apparaît
comme un suppliant, demandant constamment à son Père
une provision nouvelle de forces pour faire face aux devoirs et
aux épreuves. Il est notre modèle en toutes choses,
un frère dans nos infirmités, car il " a été
tenté en toutes choses, comme nous le sommes " (Hébreux
4 : 15), mais il était l'Être sans péché,
et sa nature se révoltait contre le mal. Il a enduré
toutes les luttes et toutes les angoisses de l'âme auxquelles
sont exposés les humains dans un monde de péché.
Son humanité lui faisait de la prière une nécessité
et un privilège. Il trouvait joie et consolation à
communier avec son Père. Si le Sauveur des hommes, le Fils
de Dieu, éprouvait le besoin de la prière, à
combien plus forte raison ne devrions-nous pas, faibles, pécheurs
et mortels, sentir la nécessité de prier avec ferveur
et persévérance !
Notre Père céleste ne désire rien tant que
de répandre sur nous la plénitude de ses bénédictions.
Il ne tient qu'à nous de boire à longs traits à
la source de l'amour infini. N'est-il pas surprenant que nous
prions si peu ? Dieu est tout disposé à exaucer
les prières du plus humble de ses enfants, et pourtant
ce n'est qu'à contrecur, semble-t-il, que nous lui
faisons connaître nos besoins. Que peuvent penser des humains
- êtres chétifs et misérables, sujets à
la tentation - les anges du ciel, quand ils les voient prier si
rarement et avec si peu de foi, alors que le Dieu d'amour veille
sur eux avec la plus tendre sollicitude, prêt à leur
donner plus qu'ils ne peuvent demander ou même penser ?
Les anges aiment à se prosterner devant Dieu, ils aiment
à être en sa présence. Ils considèrent
la communion avec lui comme leur plus grande joie ; tandis que
les habitants de la terre, qui ont un si pressant besoin de l'assistance
que Dieu peut leur accorder, semblent se plaire à marcher
sans la lumière de son Esprit, et privés des douceurs
de sa présence.
Les ténèbres du mal enveloppent ceux qui négligent
la prière. Les tentations insidieuses de l'ennemi les font
tomber dans le péché ; et tout cela parce qu'ils
ne profitent pas du privilège de la prière. Comment
les fils et les filles de Dieu peuvent-ils avoir de la répugnance
à prier, alors que la prière est, dans la main de
la foi, la clé qui ouvre les trésors du ciel où
sont renfermées les ressources infinies de la toute-puissance
? Sans la prière continuelle et sans une vigilance qui
ne se dément jamais, nous sommes en danger de tomber dans
l'indifférence et de nous éloigner du droit sentier.
L'adversaire sait bien que des prières ardentes faites
avec foi nous permettraient de résister à ses tentations.
Aussi cherche-t-il sans cesse à obstruer devant nous le
sentier du trône de la grâce.
L'exaucement de nos prières dépend de certaines
conditions. Une des premières, c'est que nous sentions
le besoin du secours de Dieu. Sa promesse est : " Je répandrai
des eaux sur le sol altéré, et des ruisseaux sur
la terre desséchée. " (Esaïe 44 : 3.)
Ceux qui ont faim et soif de la justice et qui soupirent après
Dieu, peuvent avoir l'assurance d'être rassasiés.
Il faut que le cur soit ouvert à l'influence de l'Esprit,
si l'on veut recevoir la bénédiction de Dieu.
Notre grand besoin est lui-même l'argument qui plaide le
plus éloquemment en notre faveur. Mais encore faut-il adresser
nos requêtes à Dieu. "Demandez et vous recevrez
", dit-il. Et aussi : " Lui, qui n'a point épargné
son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment
ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? "
(Matthieu 7 : 7 ; Jean 16 : 24.)
Si nous conservons de l'iniquité dans nos curs, si
nous retenons quelque péché connu, le Seigneur ne
nous exaucera pas, tandis que la prière du pécheur
repentant et du cur brisé sera toujours acceptée.
Dès que nous aurons délaissé tous nos péchés,
et réparé nos torts dans la mesure du possible,
nous pourrons nous attendre à l'exaucement de nos prières.
Nos propres mérites ne pourront jamais nous attirer les
faveurs de Dieu ; ce sont les mérites de Jésus qui
nous sauveront, c'est son sang qui nous purifiera. Toutefois,
nous avons quelque chose à faire : nous conformer aux conditions
de sa grâce.
Un autre élément dont dépend le succès
de la prière exaucée, c'est la foi. " Il faut
que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe et qu'il
est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. "Jésus
dit à ses disciples : "Tout ce que vous demanderez
en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez
s'accomplir. " (Hébreux 11 : 6 ; Marc 11 : 24.) Le
prenons-nous au mot ? L'assurance est large et sans restriction,
et celui qui a fait la promesse est fidèle.
Lorsque nous ne recevons pas sur-le-champ les choses demandées,
croyons néanmoins que le Seigneur nous a entendus et qu'il
nous exaucera. Nous sommes tellement sujets à l'erreur,
notre vue est tellement bornée, qu'il nous arrive parfois
de demander des choses qui ne seraient pas pour notre bien. Dans
son amour, notre Père céleste exauce nos prières
en nous accordant ce qui est le mieux pour nous, ce que nous demanderions
nous-mêmes si nous pouvions juger justement des choses spirituelles.
Si nos prières ne paraissent pas être exaucées,
cramponnons-nous à la promesse, car le temps de l'exaucement
viendra certainement, et nous recevrons alors la bénédiction
dont nous avons le plus besoin. Mais prétendre que les
prières seront toujours exaucées de la manière
dont nous l'entendons, c'est de la présomption. Dieu est
trop sage pour se tromper, et trop bon pour nous refuser ce qui
vaut le mieux pour nous. Ne craignez donc pas de mettre en lui
votre confiance, même quand vous ne voyez pas l'exaucement
immédiat de vos prières. Reposez-vous sur cette
promesse, qui est ferme : " Demandez, et vous recevrez. "
(Matthieu 7 : 7.)
Si, avant de croire, nous prenons conseil de nos doutes et de
nos craintes, ou si nous voulons résoudre tous les points
qui pourraient nous paraître obscurs, nos difficultés
ne feront qu'augmenter. Mais si nous venons à Dieu dans
le sentiment de notre impuissance et de notre dépendance
; si, avec une foi humble et confiante, nous exposons nos besoins
à celui dont la sagesse est infinie, à celui qui
voit tout, il entendra nos cris, et il fera briller sa lumière
dans nos curs. Par la prière sincère, nous
sommes mis en rapport avec la Sagesse infinie. Nous pouvons ne
pas avoir, au moment où nous prions, de preuve spéciale
que le Seigneur se penche sur nous avec compassion et amour ;
il le fait cependant. Nous pouvons ne pas sentir son attouchement,
mais sa main est sur nous, et cette main nous assure de son amour
et de ses tendres compassions.
Quand on s'approche du Seigneur pour lui demander grâce
et assistance, il faut le faire dans des sentiments d'amour et
avec le cur disposé au pardon. Comment pourrions-nous
dire : "pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons
à ceux qui nous ont offensés" (Matthieu 6 :
12) si nous conservions des ressentiments dans notre cur
? Si nous voulons que nos prières soient exaucées,
il faut que nous pardonnions aux autres de la manière même
où nous nous attendons à être pardonnés.
La persévérance dans la prière est une autre
condition de l'exaucement. Il faut prier sans cesse pour croître
dans la foi. " Persévérez dans la prière
" , est-il écrit. " Persévérez
dans la prière, veillez-y avec actions de grâces.
" (Romains 12 : 12 ; Colossiens 4 : 2.) Pierre exhorte les
croyants en ces termes : " Soyez donc sages et sobres, pour
vaquer à la prière. " (1 Pierre 4 : 7.)
Paul leur dit : " En toute chose, faites connaître
vos besoins à Dieu par des prières, et des supplications,
avec des actions de grâces. " " Pour vous, bien-aimés,
dit Jude, vous édifiant vous-mêmes sur votre très
sainte foi, et priant par le Saint-Esprit, maintenez-vous dans
l'amour de Dieu. " (Philippiens 4 : 6 ; Jude 20 : 21.) La
prière constante, c'est une union ininterrompue de l'âme
avec le Seigneur, de sorte que la vie de Dieu agit en nous, et
que de notre vie rejaillissent vers lui la pureté et la
sainteté.
La constance dans la prière est une nécessité
; que rien ne s'interpose entre vous et ce devoir. Faites tout
ce qui dépend de vous pour maintenir une communion intime
entre Jésus et votre âme. Recherchez toutes les occasions
de vous rendre là où l'on se réunit pour
prier. Ceux qui cherchent véritablement la communion de
Dieu seront présents aux réunions de prière,
et y participeront, vivement désireux d'en retirer tous
les avantages possibles. Ils profiteront de toutes les occasions
pour recevoir du ciel des rayons de bénédictions.
Il faut aussi prier dans le cercle de la famille ; et surtout
ne pas négliger la prière privée, qui est
la vie de l'âme. Impossible de prospérer spirituellement
tout en négligeant la prière secrète. Prier
en famille et en public ne saurait suffire. Quand vous êtes
seul, ouvrez votre âme au regard scrutateur de Dieu. Votre
prière ne doit être entendue que de lui seul. Aucune
oreille curieuse ne doit être témoin de ses épanchements.
Dans la prière secrète, l'âme est affranchie
des influences extérieures, soustraite à toute excitation.
Calme, mais fervente et suppliante, elle s'élève
jusqu'à Dieu qui est sa forteresse et sa force. Une influence
douce et durable émanera de celui qui exauce les prières
faites en secret, et dont l'oreille est ouverte aux requêtes
de nos curs. Par une foi calme et simple, l'âme s'entretient
avec le Très-Haut, et fait provision de force divine pour
la lutte contre Satan.
Priez dans votre chambre ; mais élevez aussi vos curs
vers le ciel tout en vaquant à vos occupations de chaque
jour. C'est ainsi qu'Enoch marchait avec Dieu. La prière
silencieuse s'élève comme un précieux encens
jusqu'au trône de la grâce. Satan ne pourra jamais
vaincre celui dont le cur est ainsi assuré en Dieu.
Il n'est pas de lieu ni de circonstance où une prière
ne soit de saison. Rien ne peut nous empêcher d'élever
nos curs à Dieu dans une ardente requête. On
peut faire monter vers lui une prière, et demander la direction
d'en haut au milieu d'une rue encombrée ou au cours d'un
entretien commercial. Ainsi fit Néhémie lorsqu'il
présenta sa requête au roi Artaxerxès. Que
la porte de notre cur soit toujours ouverte, et que constamment
monte vers Jésus, notre Hôte céleste, l'invitation
de venir y habiter.
Même au sein d'une ambiance viciée et corrompue,
nous pouvons respirer la pure atmosphère du ciel. Par une
invocation sincère, fermons notre cur à toute
pensée impure, à toute rêverie coupable. Ceux
dont le cur est ouvert pour recevoir le secours et la bénédiction
de Dieu vivront dans une atmosphère plus sainte que celle
de la terre, et seront en communion constante avec le ciel.
Il nous faut une vision plus claire de Jésus, une intelligence
plus parfaite de la valeur des réalités éternelles.
Il faut que la beauté de la sainteté remplisse le
cur des enfants de Dieu ; pour cela demandons à l'Auteur
de toute sagesse de nous dévoiler les choses divines.
Elevons nos âmes vers les hauteurs où l'on respire
l'atmosphère du ciel. Nous pouvons vivre si près
de Dieu qu'à chaque épreuve inattendue, nos pensées
se tournent vers lui aussi naturellement que la fleur vers le
soleil.
Placez constamment devant Dieu vos besoins, vos joies, vos tristesses,
vos soucis et vos craintes. Vous ne le fatiguerez pas ; vous ne
pourrez jamais le lasser. Celui qui compte les cheveux de votre
tête n'est pas indifférent aux besoins de ses enfants.
" Le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion.
" (Jacques 5 : 11.) Son cur est touché de nos
douleurs, et du récit même que nous lui en faisons.
Apportez-lui tous vos sujets de préoccupation. Rien n'est
trop lourd pour celui qui soutient les mondes et dirige l'univers.
Rien de ce qui touche à notre paix ne lui est indifférent.
Il n'est pas dans notre vie chrétienne de chapitre trop
sombre pour qu'il en prenne connaissance, ni de problème
si troublant qu'il n'en trouve la solution. Nulle calamité
ne fond sur le moindre de ses enfants, nulle angoisse ne torture
son âme, nulle joie ne le ranime, nulle prière sincère
ne monte de ses lèvres, qui échappe à l'attention
de notre Père céleste, et à laquelle il ne
prenne un intérêt immédiat. " Il guérit
ceux qui ont le cur brisé, et il panse leurs blessures.
" (Psaume 147 : 3.) Les rapports entre chaque âme et
Dieu sont aussi distincts, aussi suivis, que s'il n'y avait que
cette seule âme pour laquelle il ait donné son Fils
bien-aimé.
Jésus dit : " En ce jour, vous demanderez en mon nom,
et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous
; car le Père lui-même vous aime. " - "
Je vous ai choisis, ... afin que ce que vous demanderez au Père
en mon nom, il vous le donne. " (Jean 16 : 26, 27 ; 15, 16.)
Mais prier au nom de Jésus, c'est plus et mieux que de
mentionner son nom au commencement et à la fin de sa prière.
C'est prier dans les sentiments et l'esprit de Jésus, tout
en croyant à ses promesses, en se reposant sur sa grâce
et en faisant ses uvres.
Dieu ne désire pas que nous devenions ermites ou moines
et que nous nous retirions du monde pour nous adonner exclusivement
à l'adoration. Notre vie doit être semblable à
celle de Jésus-Christ : partagée entre l'oratoire
de la montagne et la foule. Celui qui se contente uniquement de
prier, se lassera bientôt de le faire, ou ses prières
finiront par n'être plus que de vaines redites. Quand on
se retire de la vie sociale, loin des devoirs et des luttes chrétiennes
; quand on cesse de travailler activement pour le Maître
qui a tant fait pour nous, on perd l'objet même de la prière,
et il ne reste plus rien qui nous pousse à la pratique
de la piété. Les prières deviennent personnelles
et égoïstes. On ne peut plus demander à Dieu
la force nécessaire pour travailler au bien de l'humanité
et à l'édification du royaume de Jésus-Christ.
On perd beaucoup en négligeant le privilège de s'unir
à d'autres chrétiens pour se fortifier et s'encourager
mutuellement au service du Seigneur. Les vérités
de la Parole inspirée perdent leur éclat et leur
importance. Nos curs ne sont plus éclairés
et vivifiés par leur influence sanctifiante, et on décline
spirituellement. Dans nos rapports entre chrétiens, nous
perdons beaucoup par le manque de sympathie les uns envers les
autres. Celui qui se renferme en lui-même n'occupe pas la
place que le Seigneur lui avait assignée. La culture convenable
de l'élément social de notre nature nous porte à
sympathiser avec autrui et contribue à notre développement
en vue du service de Dieu.
Si les chrétiens se réunissaient pour se parler
mutuellement de l'amour de Dieu et des précieuses vérités
de la rédemption, leur cur en serait affermi ; et
ils se fortifieraient les uns les autres. Nous pouvons apprendre
chaque jour quelque chose de plus concernant notre Père
céleste ; nous pouvons faire journellement de nouvelles
expériences de sa grâce. Celles-ci feront naître
en nous le besoin irrésistible de parler de son amour,
et ces récits mêmes réchaufferont et stimuleront
nos curs. Si nos pensées et nos discours étaient
davantage remplis de Jésus et moins de nous-mêmes,
nous jouirions beaucoup plus de sa présence.
Si nous pensions à Dieu chaque fois qu'il nous donne des
preuves de sa tendre sollicitude, il serait constamment dans nos
pensées, et nous prendrions tout notre plaisir à
le louer. Nous parlons des choses temporelles parce qu'elles nous
intéressent. Nous parlons de nos amis parce que nous les
aimons, nos joies et nos douleurs sont intimement liées
aux leurs. Et pourtant, nous avons infiniment plus de raisons
d'aimer Dieu que nos amis terrestres. Lui donner la première
place dans nos pensées, parler de sa bonté et de
sa puissance devraient être pour nous les choses les plus
naturelles du monde.
Les riches dons qu'il nous a départis n'étaient
pas destinés à nous absorber tellement que nous
n'ayons plus une seule pensée pour lui. Ils ont pour but
de nous rappeler sans cesse notre Bienfaiteur céleste et
de nous attacher à lui par les liens de l'amour et de la
reconnaissance. Nous sommes trop terre à terre. Elevons
nos yeux vers la porte ouverte du sanctuaire céleste, où
la lumière de la gloire de Dieu brille sur la face de Jésus-Christ,
qui " peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu
par lui " (Hébreux 7 : 25).
Il faut louer l'Éternel davantage " pour sa bonté,
et pour ses merveilles en faveur des fils de l'hommes " (Psaume
107 : 8). Nos moments de dévotion ne devraient pas avoir
uniquement pour but de demander et de recevoir. Ne pensons pas
toujours à nos besoins, et jamais aux bienfaits que nous
recevons. Nous ne prions pas trop, mais nous sommes trop chiches
de remerciements. Nous sommes les objets constants de la miséricorde
de Dieu, et cependant, avec quelle parcimonie nous lui exprimons
notre reconnaissance en retour de tout ce qu'il a fait pour nous
!
Autrefois, le Seigneur donna à Israël ces directives
quand il s'assemblait pour l'adorer : " C'est là que
vous mangerez devant l'Eternel, votre Dieu, et que, vous et vos
familles, vous ferez servir à votre joie tous les biens
par lesquels l'Éternel, votre Dieu, vous aura bénis.
" (Deutéronome 12 : 7.) Ce qui est fait pour la gloire
de Dieu devrait être fait avec joie, avec chants de louanges
et actions de grâces, et non pas avec tristesse et morosité.
Notre Dieu est un Père tendre et compatissant. Ne considérons
jamais son service comme un labeur déprimant et angoissant.
Adorer le Seigneur et travailler à son uvre devrait
être pour nous un plaisir. Dieu ne veut pas que ceux auxquels
il a procuré un si grand salut le considèrent comme
un Maître dur et sévère. Il est leur meilleur
ami, et il veut se trouver au milieu d'eux - quand ils l'adorent
- pour les bénir, les consoler, et remplir leur cur
de joie et d'amour. Le Seigneur désire que ses enfants
trouvent du réconfort à son service et rencontrent
dans son uvre plus de sujets de joie que de sujets de tristesse.
Il désire que ceux qui viennent pour l'adorer s'en retournent,
emportant avec eux la précieuse assurance de sa sollicitude
et de son amour, ainsi que la mesure nécessaire de grâce
pour se livrer avec joie à leurs occupations journalières
et agir fidèlement et honnêtement en toutes choses.
Réunissons-nous autour de la croix. Que Jésus-Christ
et Jésus-Christ crucifié soit l'objet de notre contemplation,
le thème de nos entretiens et de nos plus douces émotions.
Gardons le souvenir de toutes les bénédictions que
nous recevons de la part du Seigneur. Et dès que nous nous
serons rendu compte de son grand amour, consentons à tout
remettre entre les mains qui pour nous ont été clouées
à la croix.
Sur les ailes de la louange, l'âme peut s'envoler vers le
ciel. Dieu est adoré dans les cours célestes par
des chants et des instruments de musique, et c'est par nos actions
de grâces et de reconnaissance que notre culte se rapprochera
le plus de celui des armées célestes. " Celui
qui offre pour sacrifice des actions de grâce me glorifie.
" (Psaume 50 : 23.) Venons donc en présence du Seigneur
avec respect, mais aussi avec joie pour lui apporter nos actions
de grâce et l'expression de notre reconnaissance.
Chapitre 12
Comprendre nos limitations
Il est des chrétiens, particulièrement
les jeunes dans la foi, qui sont parfois troublés par les
suggestions du scepticisme. Il y a dans la Bible bien des choses
qu'ils ne peuvent expliquer ni même comprendre, et Satan
s'en sert pour ébranler leur foi dans les saintes Écritures
comme révélation de Dieu. " comment pourrions-nous
connaître la bonne voie ? se demandent-ils. Si la Bible
est véritablement la Parole de Dieu, comment nous affranchir
des doutes dont nous sommes obsédés ?"
Dieu ne nous demande jamais de croire sans nous donner des preuves
suffisantes pour servir de base à notre foi. Son existence,
son caractère, la véracité de sa Parole,
tout cela est établi par des témoignages qui en
appellent à notre raison ; et ces témoignages sont
abondants. Toutefois, Dieu n'a jamais enlevé la possibilité
du doute. Notre foi doit reposer sur l'évidence, et non
sur des démonstrations. Ceux qui désirent douter
en auront l'occasion, tandis que ceux qui veulent réellement
connaître la vérité, trouveront des preuves
assez nombreuses pour y asseoir leur foi.
Il est impossible à un esprit borné de comprendre
parfaitement les uvres ou le caractère de l'Infini.
Cet Être saint demeurera toujours enveloppé de mystère,
même pour les esprits les plus transcendants et pour les
intelligences les plus cultivées. " Prétends-tu
sonder les pensées de Dieu, parvenir à la connaissance
parfaite du Tout-Puissant ? Elle est aussi haute que les cieux
: Que feras-tu ? Plus profonde que le séjour des morts
: Que sauras-tu ? " (Job 11 : 7, 8.)
L'apôtre Paul pousse cette exclamation : " O profondeur
de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses
jugements sont insondables et que ses voies sont incompréhensibles
! " (Romains 11 : 33.) Mais quoique " les nuages et
l'obscurité l'environnent, la justice et l'équité
sont la base de son trône " (Psaume 97 : 2). Nous pouvons
pénétrer assez loin dans la connaissance des voies
de Dieu à notre égard et des mobiles qui le guident
pour savoir qu'il met une puissance infinie au service d'un amour
incommensurable. Nous pouvons comprendre de ses desseins tout
ce qui nous est utile. Quant au reste, nous devons encore nous
en remettre à une main toute-puissante, à un cur
qui n'est qu'amour.
De même que le caractère de son Auteur, la Parole
de Dieu nous présente des mystères qui ne pourront
jamais être élucidés par des êtres bornés.
L'entrée du péché dans le monde, l'incarnation
de Jésus-Christ, la régénération,
la résurrection, et plusieurs autres faits présentés
dans la Bible sont des mystères trop profonds pour être
expliqués ou même conçus pleinement par l'esprit
humain.
Cependant, Dieu nous a donné dans les Écritures
des preuves suffisantes de leur divinité, et nous n'avons
nullement lieu de douter de sa Parole parce que nous ne pouvons
pas comprendre les mystères de sa providence. Dans le monde
matériel, nous sommes constamment entourés de mystères
que nous ne pouvons pénétrer. Les plus humbles manifestations
de la vie sont un problème que les plus sages philosophes
sont incapables d'expliquer. De tous côtés se présentent
des merveilles qui surpassent notre intelligence. Faut-il donc
être surpris s'il se trouve dans le monde spirituel des
mystères insondables ? Toute la difficulté se trouve
dans la faiblesse et l'étroitesse de l'esprit humain.
L'apôtre Pierre dit qu'il y a dans les Écritures
" des points difficiles à comprendre, dont les personnes
ignorantes et mal affermies tordent le sens... pour leur propre
ruine " (2 Pierre 3 : 16). Les sceptiques ont tiré
de ces points difficiles des arguments contre la Bible ; mais
ce sont là au contraire des preuves solides de sa divine
inspiration.
Si elle ne nous disait de Dieu que des choses aisées à
comprendre ; si l'esprit borné de l'homme pouvait facilement
embrasser sa grandeur et sa majesté, la Bible ne porterait
pas le sceau indubitable de l'autorité divine. La grandeur
même et le mystère des thèmes qui y sont traités
devraient nous porter à croire qu'elle est la Parole de
Dieu.
La Bible révèle la vérité avec une
telle simplicité et une adaptation si parfaite aux besoins
et aux aspirations du cur humain qu'elle a fait le charme
et l'étonnement des esprits les plus transcendants. D'autre
part, elle met les humbles et les illettrés à même
de comprendre le chemin du salut. Et pourtant, ces vérités
si simplement exprimées traitent de sujets si élevés,
si profonds, et tellement inaccessibles aux facultés humaines,
que nous ne pouvons les accepter que parce que c'est Dieu qui
a parlé. Ainsi, le plan du salut nous est révélé
de telle manière que chacun peut voir la marche à
suivre dans la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur
Jésus-Christ, afin d'être sauvé comme Dieu
l'a voulu. Toutefois, au-dessous de ces vérités
si faciles à saisir gisent des mystères qui voilent
la gloire de Dieu - mystères qui terrassent l'esprit dans
son investigation, mais inspirent foi et respect à qui
cherche sincèrement la vérité, au point que,
plus il sonde la Bible, plus ferme est sa conviction qu'elle est
la Parole de Dieu. La raison s'incline devant la majesté
de la Révélation divine.
Reconnaître que la compréhension parfaite des grandes
vérités de la Bible nous échappe, c'est admettre
simplement qu'un esprit borné est insuffisant pour concevoir
l'infini ; que l'homme, avec ses connaissances limitées,
ne peut saisir les desseins de l'omniscient.
Parce qu'ils n'en peuvent sonder tous les mystères, les
sceptiques et les incrédules rejettent la Parole de Dieu.
Ceux qui professent la foi à la Bible ne sont même
pas à l'abri de tout danger à cet égard.
L'apôtre Paul dit : " Prenez garde, frères,
que quelqu'un de vous n'ait un cur mauvais et incrédule,
au point de se détourner du Dieu vivant. " (Hébreux
3 : 12.) C'est une chose tout à fait légitime que
d'étudier attentivement les enseignements de la Bible et
de sonder les " profondeurs de Dieu " , en tant qu'elles
sont révélées dans l'Écriture. Si
" les choses cachées sont à l'Éternel,
notre Dieu " , " les choses révélées
sont à nous " (Deutéronome 29 : 29). Mais l'effort
de Satan vise à pervertir les facultés d'investigation
dont nous sommes doués. A l'étude des vérités
de la Bible, se mêle un certain orgueil qui pousse à
l'impatience ou au dépit quand on ne peut pas en expliquer
tous les passages d'une manière satisfaisante. Il est trop
humiliant de reconnaître qu'on ne comprend pas les paroles
inspirées. On ne consent pas à attendre que Dieu
juge à propos de nous révéler sa vérité.
On a le sentiment qu'on peut comprendre les Écritures par
sa propre sagesse ; et n'y arrivant pas, on est amené à
nier virtuellement leur autorité. Il est vrai que bon nombre
de théories et de doctrines populaires qu'on suppose tirées
de la Bible n'y trouvent aucun fondement, et sont en réalité
en opposition avec la teneur générale de ses pages
inspirées. Ce fait, qui a été une occasion
de doute et de perplexité pour bien des esprits, loin d'être
attribuable à la Parole de Dieu, est l'uvre des hommes
qui l'ont pervertie.
S'il était possible à des créatures humaines
de parvenir à une parfaite intelligence de Dieu et de ses
uvres, arrivées à ce point, elles n'auraient
plus de vérité à découvrir, plus rien
à apprendre, plus de progrès à réaliser
dans le développement de l'esprit et du cur. Dieu
ne serait plus l'Être suprême, et l'homme, arrivé
aux limites extrêmes de la connaissance et du progrès,
cesserait d'avancer. Remercions Dieu de ce qu'il n'en soit pas
ainsi. Dieu est infini ; en lui sont " cachés tous
les trésors de la sagesse et de la science " (Colossiens
2 : 3), et, pendant toute l'éternité, les hommes
ne cesseront de chercher et d'apprendre, sans jamais épuiser
les trésors de sa sagesse, de sa bonté et de sa
puissance.
Il entre dans les desseins de Dieu que, même en cette vie,
sa vérité continue sans cesse à se dévoiler
aux yeux de son peuple. Et l'on ne peut obtenir l'intelligence
de la Parole de Dieu que par l'illumination de l'Esprit qui l'a
donnée. " Personne ne connaît les choses de
Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. " " Car l'Esprit
sonde tout, même les profondeurs de Dieu. " (1 Corinthiens
2 : 7 : 11, 10.) La promesse du Sauveur à ses disciples
est : " Quand le Consolateur sera venu, l'Esprit de vérité,
il vous conduira dans toute la vérité... Il prendra
de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera. " (Jean
16 : 13, 14.)
Dieu désire que l'homme fasse usage de sa raison. Plus
que toute autre étude, celle de la Bible fortifiera et
ennoblira son esprit. Toutefois, il faut prendre garde de ne pas
déifier la raison, qui est sujette aux faiblesses et aux
infirmités de l'humanité. Si nous ne voulons pas
que les Écritures nous soient voilées, de telle
façon que nous ne soyons plus à même d'en
comprendre les vérités les plus évidentes,
il faut posséder la simplicité et la foi d'un petit
enfant, prêt à apprendre et à implorer l'assistance
du Saint-Esprit. Le sentiment de la puissance et de la sagesse
de Dieu, aussi bien que celui de notre incapacité de concevoir
sa grandeur, devrait nous porter à l'humilité et
nous aider à ouvrir sa Parole avec les mêmes dispositions
d'adoration et de crainte que si nous entrions en sa présence.
Dès qu'elle s'approche de la Bible, la raison humaine doit
reconnaître une autorité supérieure à
la sienne ; le cur et l'intelligence doivent s'incliner
devant le grand JE SUIS.
Bien des choses apparemment difficiles ou obscures seront rendues
par Dieu claires et simples pour ceux qui en recherchent l'intelligence
dans cet esprit. Mais sans le secours du Saint-Esprit, nous sommes
toujours enclins à tordre les Écritures et à
en donner de fausses interprétations. Beaucoup lisent la
Bible sans profit, voire même pour leur perte. Quand on
ouvre la Parole de Dieu sans respect et sans prière ; quand
les pensées et les affections ne reposent pas sur Dieu
ou ne sont pas en harmonie avec sa volonté, l'entendement
est bientôt obscurci par le doute, et l'étude même
de la Bible contribue à fortifier le scepticisme. L'ennemi
prend possession de nos pensées et nous suggère
des interprétations qui ne sont pas correctes. Dès
qu'un homme, quelque savant qu'il puisse être, cesse d'être
d'accord avec la Bible, soit par ses paroles, soit par ses actes,
il est certainement condamné à errer dans sa compréhension
des Ecritures, et il faut se défier de ses explications.
Ceux qui étudient la Bible pour y découvrir des
erreurs n'ont pas de discernement spirituel. Leur vision faussée
verra des causes de doute et d'incrédulité là
où tout est simple et clair.
Qu'on la déguise comme on voudra, dans la plupart des cas
la cause réelle du doute et du scepticisme, c'est l'amour
du péché. Les enseignements et les restrictions
de la Parole de Dieu ne sont pas agréables au cur
orgueilleux et pervers, et ceux qui ne sont pas disposés
à se conformer à ses exigences sont vite prêts
à révoquer en doute son autorité. Pour parvenir
à la connaissance de la vérité, il faut avoir
un désir sincère de la connaître, et un cur
disposé à s'y conformer. Ceux qui entreprennent
l'étude de la Bible dans ces sentiments trouveront des
preuves évidentes et nombreuses de son inspiration divine,
et acquerront l'intelligence de vérités qui les
rendront sages à salut.
Jésus a dit : " Si quelqu'un veut faire la volonté
de Dieu, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si
je parle de mon chef. " (Jean 7 : 17.) Au lieu de douter
de ce que vous ne comprenez pas ou de discuter, suivez la lumière
qui brille déjà sur votre sentier, et vous en recevrez
davantage. Par la grâce de Jésus-Christ, acquittez-vous
de tous les devoirs qui vous ont été clairement
révélés, et vous serez mis à même
de comprendre et d'accomplir ceux au sujet desquels vous êtes
en ce moment dans le doute.
Il y a une catégorie de preuves accessibles au plus ignorant
comme au plus savant. Ce sont celles de l'expérience. Dieu
nous invite à éprouver pour nous-mêmes la
réalité de sa Parole et la certitude de ses promesses.
Il nous dit : " Sentez, et voyez combien l'Éternel
est bon ! " (Psaume 34 : 9.) Au lieu de s'en tenir au témoignage
d'autrui, il faut l'éprouver soi-même. Dieu dit :
" Demandez, et vous recevrez. " (Jean 16 : 24.) Ses
promesses s'accompliront. Elles n'ont jamais failli et elles ne
failliront jamais. Quand nous nous approcherons de Jésus
et que nous nous réjouirons de la plénitude de son
amour, nos doutes et les ténèbres qui nous environnent
se dissiperont à la lumière de sa présence.
L'apôtre Paul dit que Dieu " nous a délivrés
de la puissance des ténèbres et nous a transportés
dans le royaume du Fils de son amour " Colossiens 1 : 13).
Quiconque est passé de la mort à la vie " a
certifié que Dieu est vrai " (Jean 3 : 33). Il peut
dire : J'avais besoin de secours, et je l'ai trouvé en
Jésus. Il a été pourvu à tous mes
besoins. La faim de mon âme a été apaisée
; et maintenant la Bible est pour moi la révélation
de Jésus-Christ. Me demandez-vous pourquoi je crois en
Jésus ? - Parce qu'il est pour moi un divin Sauveur. Et
pourquoi je crois à la Bible ? - Parce que j'y ai trouvé
la voix de Dieu parlant à mon âme. Nous pouvons avoir
en nous-mêmes le témoignage que la Bible est la vérité,
que Jésus est le Fils de Dieu. Nous savons que nous ne
suivons pas des fables habilement conçues.
L'apôtre Pierre exhorte ses frères à "
croître dans la grâce et la connaissance de notre
Seigneur Jésus-Christ " (2 Pierre 3 : 18). A mesure
que les enfants de Dieu croissent en grâce, ils obtiennent
une compréhension de plus en plus claire de sa Parole.
Ils discernent dans ses vérités sacrées des
lumières et des beautés toujours nouvelles. C'est
l'expérience qu'a pu faire l'Église de Jésus-Christ
de tous les temps, et c'est celle qu'elle fera jusqu' à
la fin. " Le sentier des justes est comme la lumière
resplendissante, dont l'éclat va croissant jusqu'au milieu
du jour. " (Proverbes 4 : 18.)
Par la foi, plongeant nos regards dans l'avenir, nous pouvons
compter sur le moment béni où - selon les promesses
de Dieu - nous réaliserons un développement constant
de notre intelligence. Les facultés humaines seront alors
unies à la sagesse divine, et toutes les puissances de
notre être mises en contact direct avec la source de la
lumière. Nous pouvons nous réjouir à la pensée
que tout ce qui, dans les voies de Dieu, nous a angoissés
ici-bas sera alors éclairci. Les choses difficiles à
comprendre seront expliquées, et là où notre
intelligence bornée ne découvre aujourd'hui que
confusion, nous constaterons l'harmonie la plus parfaite. "
Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière
obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd'hui
je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai
été connu. " (1 Corinthiens 13 : 12.)
Chapitre 13
Le plein bonheur
Les enfants de Dieu sont appelés
à être les représentants du Christ, à
manifester au monde la bonté et la miséricorde du
Seigneur. De même que Jésus nous a révélé
le caractère du Père, nous devons révéler
le Christ à ceux qui ne connaissent pas son tendre amour
et ses compassions. " Comme tu m'as envoyé dans le
monde, dit le Sauveur, je les ai aussi envoyés dans le
monde. " " Moi en eux, et toi en moi, ... afin que le
monde connaisse que tu m'as envoyé. " (Jean 17 : 18,
23.) L'apôtre Paul dit aux disciples de Jésus : "
Vous êtes manifestement une lettre de Christ, ... connue
et lue de tous les hommes. " (2 Corinthiens 3 : 3, 2.)
En chacun de ses enfants, Jésus envoie une lettre au monde.
Si vous êtes son disciple, vous êtes la lettre qu'il
envoie à la famille où vous logez, au village, à
la rue que vous habitez. Jésus, demeurant en vous, désire
parler au cur de ceux qui ne le connaissent pas. Peut-être
ne lisent-ils pas la Bible, n'entendent-ils pas la voix qui leur
parle dans ses pages, et ne voient-ils pas l'amour de Dieu dans
ses uvres. Mais si vous êtes un véritable représentant
de Jésus, il est possible que, par vous, ils soient amenés
à comprendre quelque chose de sa bonté, à
l'aimer, à le servir.
Les chrétiens sont comme des phares placés sur le
chemin du ciel. Ils doivent réfléchir sur le monde
la lumière qu'ils reçoivent de Jésus-Christ.
Leur vie et leur caractère devraient être tels que
d'autres puissent obtenir par eux une juste conception du Sauveur
et de son service.
Si nous le représentons fidèlement, nous ferons
paraître son service attrayant, comme il l'est en réalité.
Les chrétiens qui sont toujours sombres et abattus, qui
murmurent et qui se plaignent, donnent au monde une fausse conception
de Dieu et de la vie chrétienne. Ils font croire que le
Seigneur n'aime pas voir ses enfants heureux, et ils portent un
faux témoignage contre notre Père céleste.
Satan exulte quand il peut entraîner les chrétiens
à l'incrédulité et au découragement.
Il est heureux quand il voit que nous manquons de confiance en
Dieu, et que nous doutons de son désir et de sa capacité
de nous sauver. Il aime à nous faire croire que les dispensations
divines nous porteront préjudice. C'est l'uvre de
Satan de nous représenter le Seigneur comme dénué
de miséricorde et de compassion. Il dénature les
faits, et remplit les imaginations de notions erronées
par rapport à Dieu. Et nous, au lieu de chercher la vérité
en ce qui concerne notre Père céleste, trop souvent
nous nous arrêtons aux calomnies de Satan, et nous déshonorons
Dieu par notre manque de confiance et nos murmures contre lui.
Satan s'efforce toujours de représenter la piété
sous un jour sombre. Il désire faire paraître la
religion pénible et fastidieuse. Aussi, quand le chrétien
présente dans sa vie le christianisme sous ce faux jour,
son incrédulité confirme le mensonge de Satan.
Bon nombre de personnes foulent le sentier de la vie le regard
tourné vers leurs erreurs, leurs fautes et leurs désappointements,
le cur abreuvé de tristesse et de découragement.
Il y a bien des années, une personne pieuse qui se trouvait
dans une grande angoisse m'écrivit pour me demander quelques
paroles d'encouragement. La nuit qui suivit la réception
de sa lettre, je rêvai que je parcourais les sentiers d'un
jardin en compagnie de celui qui paraissait en être le propriétaire.
Chemin faisant, je cueillais des fleurs et jouissais beaucoup
de leur parfum, quand la personne en question, qui était
à mes côtés, attira mon attention sur de vilaines
ronces qui l'empêchaient d'avancer. Et elle se désolait.
Au lieu de suivre le sentier avec le guide, elle s'égarait
parmi les ronces et les épines. " Que malheur, s'écriait-elle,
que ce magnifique jardin soit abîmé par des épines
! " Le guide lui dit : " Ne vous occupez donc pas des
épines, qui ne feront que vous blesser. Cueillez les roses,
les lis et les illets. "
N'avez-vous pas eu dans votre vie chrétienne des points
lumineux ? N'avez-vous pas vécu de précieux moments
où votre cur tressaillait de joie sous l'influence
du Saint-Esprit ? Quand vous jetez un regard en arrière
sur les chapitres de votre vie, n'y trouvez-vous pas des pages
agréables ? Les promesses de Dieu, telles des fleurs embaumées,
ne croissent-elles pas tout le long de votre sentier ? Permettez
à leur beauté et à leur douceur de combler
votre cur de joie.
Les épines et les ronces ne peuvent que vous blesser et
vous attrister ; et si vous ne cueillez que ces choses pour les
présenter à d'autres, outre que vous repoussez vous-même
la bonté de Dieu, vous empêchez ceux qui vous entourent
de marcher dans le sentier de la vie.
Il n'est pas sage de rassembler tous les souvenirs pénibles
de sa vie - ses chutes et ses déceptions - pour en parler
à d'autres et s'en lamenter jusqu'à ce que le découragement
vous envahisse. Une âme découragée est entourée
de ténèbres ; elle repousse la lumière divine,
et projette une ombre sur le sentier d'autrui.
Remercions Dieu des tableaux riants qu'il étale sous nos
yeux. Recueillons, afin de pouvoir les contempler toujours, les
précieuses assurances de son amour : le Fils de Dieu, quittant
le trône de son Père, et voilant sa divinité
sous notre humanité afin d'arracher l'homme à la
puissance de Satan ; son triomphe en notre faveur, triomphe qui
nous ouvre le ciel et nous révèle le lieu où
la divinité manifeste sa gloire ; l'humanité déchue
retirée de l'abîme dans lequel le péché
l'avait plongée, et réintégrée dans
la communion du Dieu infini ; le croyant sortant, par la foi au
Rédempteur, victorieux de l'épreuve, revêtu
de la justice de Jésus-Christ et élevé jusqu'à
son trône : voilà les tableaux sur lesquels le Seigneur
veut que nous arrêtions nos regards.
Quand on semble douter de l'amour de Dieu et manquer de confiance
en ses promesses, on le déshonore et on contriste le Saint-Esprit.
Qu'éprouverait une mère dont les enfants se plaindraient
constamment d'elle, alors qu'elle ne désire que leur bien,
et que le but constant de sa vie est de veiller sur leurs intérêts
et d'assurer leur bonheur ? S'ils doutaient de son amour, ce serait
suffisant pour lui briser le cur. Que penseraient des parents
ainsi traités par leurs enfants ? Et comment notre Père
céleste nous considère-t-il quand nous ne croyons
pas à l'amour qui l'a porté à donner son
Fils unique afin que nous ayons la vie ? L'apôtre écrit
: " Lui, qui n'a point épargné son propre Fils,
mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il
pas toutes choses avec lui ? " (Romains 8 : 32.) Et pourtant,
qu'ils sont nombreux ceux qui, par leurs actions, si ce n'est
par leurs paroles, disent : " Ce n'est pas pour moi que le
Seigneur a fait cela. Il aime peut-être telle ou telle personne,
mais pas moi ! "
Tout cela fait tort à votre âme ; car chaque parole
de doute que vous proférez donne prise à Satan,
fortifie en vous la tendance au scepticisme, attriste et éloigne
de vous les anges auxquels Dieu a confié votre garde. Quand
Satan vous tente, ne laissez pas échapper une seule parole
d'incrédulité ou de découragement. Si vous
ouvrez la porte de votre cur à ses suggestions, votre
esprit sera bientôt rempli de méfiance et de pensées
rebelles. Et si vous exprimez vos sentiments, chaque doute que
vous énoncerez non seulement réagira sur vous, mais
jettera une semence qui germera dans la vie d'autrui, et portera
des fruits dont vous ne pourrez peut-être pas arrêter
la croissance. Vous sortirez peut-être victorieux de la
tentation et des pièges de Satan, mais d'autres, ébranlés
par votre influence, pourront ne jamais être à même
d'échapper au scepticisme semé par vous. Combien
il est important que nous ne prononcions que des paroles pouvant
communiquer la force spirituelle et la vie !
Les anges surveillent la manière dont vous représentez
votre Maître céleste aux yeux du monde. Que votre
conversation ait comme sujet celui qui vit pour intercéder
en votre faveur devant le Père. Quand vous serrez la main
d'un ami, que ce soit la louange de Dieu au cur et sur les
lèvres ; car ainsi les pensées de cet ami se porteront
vers Jésus.
Chacun a des épreuves à traverser, des chagrins
lourds à porter, des tentations difficiles à surmonter.
Ne parlez pas de vos difficultés aux mortels, vos semblables,
mais placez-les devant Dieu par la prière. Prenez pour
règle de ne jamais proférer une seule parole de
doute ou de découragement. Par des paroles d'espérance
et de sainte confiance, vous pouvez embellir la vie de vos semblables
et soutenir leurs efforts.
Mainte âme courageuse, accablée par la tentation,
est sur le point de succomber dans la lutte contre le " moi
" et contre la puissance des ténèbres. Ne la
découragez pas dans ses rudes combats. Réconfortez-la
par des paroles d'espérance. C'est ainsi que la lumière
de Jésus-Christ peut briller par vous. " Nul de nous
ne vit pour lui-même. " (Romains 14 : 7.) Par notre
influence inconsciente, quelqu'un peut être soit encouragé
et fortifié, soit découragé et éloigné
du Sauveur et de sa vérité.
Bien des gens ont des notions erronées sur la vie et le
caractère de Jésus. Ils le croient étranger
à toute cordialité rayonnante ; ils se le représentent
dur, austère, sans joie. Dans bon nombre de cas, ces idées
incorrectes déteignent sur l'expérience religieuse
tout entière.
On entend parfois dire : Jésus pleurait souvent, mais on
ne sait pas qu'il ait jamais souri. Notre Sauveur était,
en effet, un homme de douleur et habitué à la souffrance
; car il ouvrait son cur à tous les maux de l'humanité.
Mais bien que sa vie fût faite de renoncement, de peines
et de soucis, son esprit n'était pas abattu. Son visage
ne portait pas l'empreinte du chagrin, mais de la plus parfaite
sérénité. Son cur était une
source de vie, et partout où il allait, il apportait avec
lui le calme, la paix, la joie et le bonheur.
Notre Sauveur était profondément sérieux,
mais il n'était jamais taciturne et morose. La vie de ceux
qui l'imitent aura un but bien arrêté ; ils auront
un sentiment profond de leur responsabilité personnelle.
La légèreté sera réprimée ;
toute hilarité bruyante, toute plaisanterie déplacée,
sera bannie. La religion de Jésus nous donne une paix qui
coule comme un fleuve. Elle n'éteint pas la joie, ne restreint
pas la bonne humeur, n'assombrit pas le visage radieux et souriant.
Jésus-Christ est venu, non pour être servi, mais
pour servir ; celui dans le cur duquel son amour règne
suivra son exemple.
Si nous donnons la première place dans nos souvenirs aux
injustices et aux actions peu aimables dont nous avons été
victimes de la part de nos semblables, il nous sera impossible
de les aimer comme Jésus-Christ nous a aimés. Mais
si nos pensées s'arrêtent sur l'amour merveilleux
et sur la compassion de Jésus à notre égard,
nous en parlerons autour de nous. Nous devons nous aimer et nous
respecter mutuellement, malgré les fautes et les imperfections
qu'on ne peut pas ne pas voir. Il faut cultiver l'humilité
et la défiance du " moi " , ainsi qu'une tendre
patience envers les faiblesses d'autrui. Cela extirpera tout égoïsme
étroit, et nous rendra magnanimes et généreux.
Le Psalmiste dit : " Confie-toi en l'Éternel, et pratique
le bien ; aie le pays pour demeure et la fidélité
pour pâture. " (Psaume 37 : 3.) " Confie-toi en
l'Éternel. " Chaque jour nous apporte ses épreuves,
ses soucis et ses perplexités. Et combien nous sommes enclins,
quand nous rencontrons nos amis, à les entretenir de nos
difficultés et de nos épreuves ! Nous traînons
avec nous tant d'ennuis d'emprunt, nous exprimons tant de sujets
de crainte, nous portons un tel poids de soucis et d'anxiétés,
que ceux qui nous entendent pourraient supposer que nous n'avons
pas un Sauveur aimant et compatissant, prêt à entendre
nos requêtes et à nous secourir au moment du besoin.
Il est des personnes qui vivent de crainte et d'appréhension.
Chaque jour elles sont entourées des preuves de l'amour
de Dieu ; chaque jour elles jouissent des largesses de sa providence,
mais elles ne voient pas les bénédictions présentes.
Leurs pensées se portent continuellement sur quelque chose
de désagréable qu'elles craignent pour l'avenir,
ou sur de légères contrariétés que
leur imagination grossit à un tel point que les nombreux
sujets de gratitude sont éclipsés. Les difficultés
qu'elles rencontrent, au lieu de les pousser vers Dieu, l'unique
Rocher de leur secours, les séparent de lui, parce qu'elles
éveillent l'incertitude et la disposition au murmure.
Faisons-nous bien d'être ainsi incrédules ? Pourquoi
serions-nous ingrats et méfiants ? Jésus est notre
ami ; le ciel tout entier s'intéresse à notre bien.
Il ne faut pas permettre aux préoccupations et aux tracas
de la vie de chaque jour de nous énerver et d'assombrir
nos fronts. Si nous le faisons, nous aurons toujours quelque chose
pour nous tourmenter. Il ne faut pas se livrer à de stériles
soucis qui épuisent sans profit.
Vos affaires peuvent vous causer de l'anxiété ;
vos perspectives, devenir de plus en plus sombres, et vous pouvez
être menacé de faire de grandes pertes. Mais ne vous
laissez pas aller au découragement. Confiez tous vos soucis
à Dieu, et demeurez calme et joyeux. Demandez au ciel la
sagesse nécessaire pour diriger judicieusement vos affaires,
afin d'éviter des pertes désastreuses. De votre
côté, faites tout ce qui dépend de vous pour
mener à bien vos entreprises. Jésus nous a promis
son assistance, mais non pas sans notre coopération. Quand
vous avez fait tout votre possible en vous reposant sur celui
qui est votre secours, acceptez avec joie ce qui peut survenir.
Il n'entre pas dans les desseins de Dieu que ses enfants soient
tracassés par les soucis. Par contre, notre Dieu ne nous
trompe pas. Il ne nous dit pas : " Ne craignez point ; il
n'y a pas de dangers sur votre route. " Il sait que nous
aurons des épreuves et des dangers à affronter,
et il est franc avec nous. Il ne se propose pas de retirer son
peuple hors d'un monde de péché et de corruption
; mais il lui montre un refuge assuré. La prière
du Sauveur en faveur de ses disciples était : " Je
ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver
du mal. " " Vous aurez des tribulations dans le monde,
dit-il ; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. " (Jean
17 : 15 ; 16 : 33.)
Dans son sermon sur la montagne, le Seigneur donne à ses
disciples de précieux enseignements sur la nécessité
de se confier en Dieu. Ces enseignements étaient destinés
à encourager les chrétiens de tous les temps, et
ils nous sont parvenus pour notre instruction et notre consolation.
Le Sauveur attire l'attention de ses disciples sur les oiseaux
du ciel qui font retentir les airs de leurs chants de louange,
sans se mettre en souci de leurs besoins. " Ils ne sèment
ni ne moissonnent, dit-il, et pourtant, leur Créateur pourvoit
à leurs besoins. " Le Sauveur demande : " Ne
valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? " (Matthieu 6 : 26.)
Le grand Pourvoyeur de l'homme et des animaux ouvre sa main et
subvient aux besoins de toutes ses créatures. Les oiseaux
n'échappent pas à son attention. Il ne leur jette
pas la nourriture dans le bec, mais il leur donne du grain à
recueillir. A eux le soin de réunir les matériaux
de leur nid et de nourrir leurs petits. Ils se mettent au travail
en chantant parce que le " Père céleste les
nourrit " . Adorateur spirituel et intelligent, n'as-tu pas
plus de valeur que les oiseaux ? Si nous avons confiance en lui,
l'Auteur de notre être, le Préservateur de notre
vie, celui qui a mis en nous l'image divine, ne subviendra-t-il
pas à nos besoins ?
Jésus appelait aussi l'attention de ses disciples sur les
fleurs des champs qui croissent à profusion dans la beauté
simple dont le Père céleste les a revêtues
en signe de son amour envers l'homme. Il disait : " Considérez
comment croissent les lis des champs. " La perfection de
ces fleurs naturelles surpasse de beaucoup la splendeur de Salomon.
Les plus somptueux vêtements qu'ait confectionnés
l'art humain n'ont jamais pu supporter la comparaison avec la
grâce naturelle et la beauté radieuse des fleurs
que Dieu a créées. Puis Jésus pose la question
: " Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe
aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il
pas à plus forte raison, gens de peu de foi ? " (Matthieu
6 : 28-30.) Si Dieu, le divin Artiste, donne aux simples fleurs,
dont l'éclat ne dure qu'un jour, leurs nuances délicates
et variées, quels soins plus grands ne prendra-t-il pas
des êtres qu'il a créés à son image
! Cet enseignement de Jésus est une censure à l'adresse
de ceux qui se laissent entraîner au doute par les soucis
et les perplexités de la vie.
Le bon plaisir du Seigneur est que tous ses fils et toutes ses
filles soient heureux, paisibles, obéissants. Jésus
dit : " Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je
ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cur ne
se trouble point. " " Je vous ai dit ces choses, afin
que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. "
(Jean 14 : 27 ; 15 : 11.)
Le bonheur qu'on recherche par égoïsme, en dehors
du sentier du devoir, est chancelant, intermittent et transitoire
; il passe, ne laissant à notre âme que solitude
et tristesse. Mais au service de Dieu, on trouve paix et joie.
Le chrétien n'est pas abandonné dans des sentiers
incertains, il n'est pas livré à de vains regrets
et aux désappointements. Si nous ne jouissons pas des plaisirs
de cette vie, nous pouvons être heureux quand même
en regardant à celle qui est à venir.
Mais même ici-bas, le chrétien peut avoir la joie
d'une douce communion avec le Christ, la consolation perpétuelle
de sa présence. Chaque pas que nous faisons peut nous rapprocher
de lui, nous donner une expérience plus profonde de son
amour, et nous amener un pas plus près de l'heureux séjour
de la paix. N'abandonnons donc pas notre confiance, mais qu'elle
devienne plus inébranlable que jamais. " Jusqu'ici
l'Éternel nous a secourus " (1 Samuel 7 : 12), et
il nous secourra jusqu'à la fin. Portons nos regards sur
les monuments de la bonté divine qui nous rappelleront
tout ce que le Seigneur a fait pour nous consoler et nous sauver
de la main du destructeur. Souvenons-nous de toutes les compassions
de Dieu à notre égard ; des larmes qu'il a essuyées,
des douleurs qu'il a adoucies, des angoisses qu'il a fait disparaître,
des sujets de crainte qui, sur son ordre, se sont évanouis,
des besoins auxquels il a pourvu et des bénédictions
qu'il a répandues sur nos têtes. Nous nous fortifierons
ainsi pour tout ce qui nous attend encore pendant le reste de
notre pèlerinage.
Nous pouvons sans doute nous attendre à de nouvelles angoisses
dans le conflit qui se prépare ; mais que le passé
nous inspire confiance en l'avenir, et disons : " Jusqu'ici
l'Éternel nous a secourus." " Que ta vigueur
dure autant que tes jours ! " (Deutéronome 33 : 25.)
Les épreuves n'excéderont pas les forces qui nous
seront données pour les supporter. Mettons-nous donc à
l'uvre là où le Seigneur nous a placés,
et prenons courage : quoi que l'avenir nous réserve, nous
recevrons des forces proportionnées aux épreuves.
Bientôt les portes des cieux seront grandes ouvertes devant
les enfants de Dieu, et le Roi de gloire les accueillera par ces
paroles qui charmeront leurs oreilles comme la musique la plus
suave : "Venez, vous qui êtes bénis de mon Père
; prenez possession du royaume qui a été préparé
dès la fondation du monde. " (Matthieu 25 : 34.)
Alors les rachetés seront accueillis dans les demeures
que Jésus est allé leur préparer. Ils n'auront
pas pour compagnons des êtres pervers : des menteurs, des
idolâtres, des impurs, des incrédules ; mais ils
s'uniront à ceux qui ont vaincu Satan et qui, par la grâce
de Dieu, ont formé des caractères parfaits. Toute
tendance au péché, toute imperfection qui les afflige
ici-bas, aura été effacée par le sang de
Jésus-Christ, et ils auront pour partage la magnificence
de sa gloire, surpassant de beaucoup celle du soleil. En même
temps, la beauté morale et la perfection de leur Sauveur
brilleront par eux d'un éclat qui éclipsera cette
splendeur extérieure. Ils seront sans tache devant le grand
trône blanc ; ils participeront à la dignité
et aux privilèges des anges.
En vue du glorieux héritage qui nous est offert, "
que donnerait un homme en échange de son âme ? "
(Matthieu 16 : 26.) Il peut être pauvre, et pourtant posséder
en lui-même des richesses et une dignité supérieures
à tout ce que le monde peut donner. L'âme rachetée
et purifiée du péché, l'âme qui consacre
au service de Dieu toutes les nobles facultés qui lui ont
été départies, est d'une valeur inexprimable.
Aussi, chaque fois que sur la terre une âme trouve le salut,
cette nouvelle fait naître dans le ciel, en la présence
de Dieu et des anges, une joie sainte et glorieuse qui éclate
en chants de triomphe.
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