La
Lutte Séculaire pour la Liberté Religieuse
VERS.
1-4: «1 Puis je vis monter de la mer une bête
qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes
dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphèmes.
2 La bête que je vis était semblable à
un léopard; ses pieds étaient comme ceux dun
ours, et sa gueule comme une gueule de lion: Le dragon lui
donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité.
3 Et je vis lune de ses têtes comme blessée
à mort; mais sa blessure mortelle fut guérie.
Et toute la terre était dans ladmiration derrière
la bête. 4 Et ils adorèrent le dragon, parce
quil avait donné lautorité à
la bête; et ils adorèrent la bête en disant:
Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre
contre elle?»
La
mer symbolise «des peuples, des foules, des nations,
des langues.» (Apocalypse 17:15). Dans la Bible, une
bête est le symbole dune nation ou dune
puissance. Parfois, elle représente seulement le pouvoir
civil, ou bien le pouvoir ecclésiastique uni au pouvoir
civil. Chaque fois que lon voit surgir une bête
de la mer, ceci signifie que cette puissance se lève
dun territoire fortement peuplé. Si les vents
soufflent sur la mer, comme dans Daniel 7:2, 3, ceci indique
des agitations politiques, des luttes civiles et des révolutions.
Par
le dragon du chapitre antérieur et la bête qui
est montrée ici, on nous présente la puissance
romaine dans son ensemble, cest-à-dire dans ses
deux phases: la païenne et la papale; doù
le fait que ces deux symboles ont tous deux sept têtes
et dix cornes (Voir les commentaires sur Apocalypse 17:10).
Semblable
à un léopard.--La bête à sept têtes
et dix cornes, semblable à un léopard, qui nous
est présentée ici, symbolise une puissance qui
exerce aussi bien lautorité ecclésiastique
que civile. Ce point a suffisamment dimportance pour
justifier la présentation de certains arguments concluants
afin de le prouver.
La
chaîne prophétique, dans laquelle ce symbole
est présenté, commence avec Apocalypse 12. Les
symboles des gouvernements terrestres englobés dans
la prophétie sont le dragon dApocalypse 12, la
bête semblable à un léopard, et la bête
à deux cornes dApocalypse 13. La même chaîne
prophétique continue évidemment dans le chapitre
14. DApocalypse 12:1 à Apocalypse 14:5, nous
avons donc une chaîne prophétique distincte et
complète en elle-même.
Toutes
ces puissances nous sont présentées comme des
bêtes sauvages persécutant lÉglise
de Dieu. La scène débute avec lÉglise
symbolisée par une femme attendant impatiemment laccomplissement
de la promesse: que la semence de la femme, le Seigneur de
gloire, se manifeste parmi les hommes. Le dragon se tenait
devant la femme pour dévorer son fils. Son mauvais
dessein est tenu en échec, et le fils est enlevé
vers Dieu et son trône. Vient ensuite une période
durant laquelle lÉglise souffre sévèrement
de loppression du dragon, ou de la puissance qui le
représente. Dans cette partie de la scène, le
prophète regarde occasionnellement lavenir, en
une fois presque jusquà la fin, parce que tous
les ennemis de lÉglise vont être mus par
lesprit du dragon. Dans le verset 1 dApocalypse
13, nous remontons au moment où la bête, semblable
à un léopard, successeur du dragon, commence
sa carrière. LÉglise souffre lopposition
et la persécution de cette puissance pendant la longue
période de 1260 ans. Après cette période
dopposition, lÉglise connaît un autre
conflit, bref mais intense, avec la bête à deux
cornes. Ensuite la libération arrive. La prophétie
sachève avec lÉglise libre de toutes
persécutions, debout, victorieuse avec lAgneau
sur le Mont-Sion. Grâces soient rendues à Dieu
pour la promesse sûre dune victoire finale!
Le
seul personnage qui reste toujours le même dans toutes
les scènes, et dont lhistoire est le thème
principal de toute la prophétie, est la véritable
Église de Dieu. Les autres personnages sont ses persécuteurs,
et ils ne sont présentés que parce quils
sont tels. Ici, comme introduction, nous soulevons la questionsuivante
: quest-ce qui persécute toujours la vraie religion?
Une fausse religion. Qui a déjà entendu que
le seul pouvoir civil de nimporte quelle nation ait
persécuté le peuple de Dieu de sa propre initiative?
Les gouvernements peuvent combattre dautres gouvernements
pour venger un dommage réel ou imaginaire, ou pour
acquérir des territoires et étendre leur pouvoir.
Mais les gouvernements ne persécutent pas (remarquez
le verbe, ne persécutent pas) les gens pour motif religieux,
à moins quils soient sous le contrôle dun
système religieux opposé ou hostile.
La
bête semblable à un léopard est une puissance
persécutrice.--Les puissances présentées
dans cette prophétie: le dragon, la bête semblable
à un léopard, et la bête à deux
cornes des versets 11-17, sont toutes des puissances persécutrices.
Elles agissent par rage et hostilité contre le peuple
et lÉglise de Dieu. Ce fait est en lui-même
une évidence suffisamment concluante quen chacune
de ces puissances lélément ecclésiastique
ou religieux est le pouvoir contrôleur.
Prenons
le dragon. Que symbolise-t-il? La réponse est indéniable:
dabord Satan, selon ce que nous avons démontré
précédemment; ensuite, lempire romain.
Mais ce nest pas suffisant. Personne ne se contentera
de cette seule réponse. Elle doit être plus définie.
Aussi nous ajoutons: lempire romain dans sa forme païenne,
comme tous doivent ladmettre. Mais dès que nous
disons païenne, nous introduisons un élément
religieux, car le paganisme est un des systèmes les
plus gigantesques de fausse religion que Satan ait inventé.
Aussi, le dragon est une puissance ecclésiastique à
tel point que la caractéristique même qui le
distingue est un faux système religieux. Pourquoi le
dragon persécutait-il lÉglise de Christ?
Il la persécutait parce que le christianisme allait
gagner du terrain sur le paganisme, en détruisant ses
superstitions, en renversant ses idoles et en démantelant
ses temples. Lélément religieux de cette
puissance était touché, et la persécution
en était le résultat.
Venons-en
maintenant à la bête semblable à un léopard,
dApocalypse 13. Que symbolise-t-elle? La réponse
est: lempire romain. Mais le dragon symbolisait lempire
romain. Pourquoi le même symbole ne continue-t-il pas
à le représenter? Parce quil y a eu un
changement dans le caractère religieux de lempire.
Cette bête représente Rome dans sa forme de soi-disant
christianisme. Cest ce changement de religion, et ceci
seulement, qui rend nécessaire un changement de symbole.
Cette bête diffère du dragon par une seule chose:
elle présente un aspect religieux différent.
Ce serait donc une erreur daffirmer quelle représente
simplement le pouvoir civil romain.
Un
symbole de la papauté.--Le dragon donne son pouvoir,
son trône et une grande autorité à cette
bête. Quelle puissance succéda à la Rome
païenne? Nous savons tous que ce fut la Rome papale.
Il ne nous est pas important pour le moment, de savoir quand
et de quelle façon eut lieu ce changement. Ce qui ressort
et que tous reconnaissent, cest que la phase suivante
et importante pour lempire romain, après sa forme
païenne, fut la forme papale. Il ne serait donc pas correct
de dire que la Rome païenne donna son pouvoir et son
trône à une forme de gouvernement simplement
civile qui navait aucun élément religieux.
Même en forçant beaucoup limagination,
une telle transaction ne peut pas se concevoir. Mais on reconnaît
ici deux phases de lempire; et dans la prophétie,
Rome est païenne jusquà ce quelle
devienne papale. La déclaration que le dragon donne
son pouvoir et son trône à la bête semblable
à un léopard est une évidence de plus
que le dragon dApocalypse 12:3 est utilisé comme
symbole de la Rome païenne. Mais derrière chacune
de ces puissances, se trouve Satan, qui les dirige dans leur
oeuvre impie.
Mais
il se peut que quelquun affirme quaussi bien la
bête semblable à un léopard que la bête
à deux cornes sont nécessaires pour constituer
la papauté, et que pour cela le dragon donne à
ces deux puissances, son trône et une grande autorité.
Mais la prophétie ne le dit pas. Le dragon traite uniquement
avec la bête semblable à un léopard. Cest
seulement à cette bête quil donne son pouvoir,
son trône et une grande autorité. Cest
la bête dont lune des têtes est blessée
à mort, et qui guérit par la suite; cest
derrière cette bête que la terre entière
sémerveille; cest la bête qui profère
des blasphèmes et qui opprime les saints pendant 1260
ans. Elle fait tout cela avant lapparition de la puissance
qui vient après, la bête à deux cornes.
Aussi, seule la bête semblable à un léopard
symbolise lempire romain dans sa forme papale, dont
linfluence dirigeante est ecclésiastique.
Elle
est identique à la petite corne.--Pour démontrer
ceci plus amplement, il nous suffit de faire un parallèle
entre la petite corne de Daniel 7:8, 20, 24. 25 et cette puissance.
On verra alors que la petite corne et la bête semblable
à un léopard symbolisent la même puissance.
On admet généralement que la petite corne symbolise
la papauté. Six points peuvent être présentés
pour établir son identité:
1.La
petite corne est un pouvoir blasphémateur. «Il
prononcera des paroles contre le Très-Haut» (Daniel
7:25). La bête semblable à un léopard
dApocalypse 13:6, fait la même chose: «Elle
ouvrit la bouche pour proférer des blasphèmes
contre Dieu.»
2.La
petite corne fait «la guerre aux saints et» lemporte
sur eux. La bête dApocalypse 13: 7 fait la guerre
aux saints et elle les vainc.
3.La
petite corne avait une bouche qui parlait avec arrogance (Daniel
7:8, 20). Au sujet de cette bête nous lisons: «elle
proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes»
(Apocalypse 13:5).
4.La
petite corne séleva quand cessa la forme païenne
de lempire romain. La bête dApocalypse 13:2
apparaît à ce moment-là; parce que le
dragon, cest-à-dire la Rome païenne, lui
donne son pouvoir, son trône et une grande autorité.
5.Le
pouvoir est donné à la petite corne de subsister
un temps, des temps et la moitié dun temps, soit
1260 ans (Daniel 7:25). Le pouvoir est aussi donné
à cette bête pendant 42 mois, soit 1260 ans (Apocalypse
13:5).
6.A
la fin de la période spécifiée de 1260
ans, les «saints», les «temps» et
la «loi» allaient être libérés
de la «main» de la petite corne (Daniel 7:25).
A la fin de la même période, la bête semblable
à un léopard devait être emmenée
en «captivité» (Apocalypse 13:10). Ces
deux caractéristiques saccomplirent pendant la
captivité et lexil du pape, et le renversement
de la papauté par la France en 1798.
Ces
six points prouvent de façon satisfaisante lidentité
de la petite corne et de la bête semblable à
un léopard. Quand dans la prophétie nous avons,
comme dans ce cas, deux symboles qui représentent des
puissances qui apparaissent en même temps sur la scène,
qui occupent le même territoire, qui manifestent le
même caractère, qui accomplissent la même
oeuvre, qui subsistent pendant la même période
et qui ont le même sort, ces symboles représentent
une même et identique puissance.
Elle
reçut une blessure mortelle.--La tête qui reçut
une blessure mortelle fut la tête papale. Nous aboutissons
à cette conclusion par le principe évident que
quand il est parlé dans la prophétie du symbole
dun quelconque gouvernement il sapplique à
ce gouvernement aussi longtemps que ce symbole le représente.
Maintenant Rome est représentée par deux symboles:
le dragon et la bête semblable à un léopard,
parce quelle présente deux phases: la païenne
et la papale; et tout ce qui se dit au sujet du dragon sapplique
à la Rome mais seulement sous sa forme païenne,
et ce que lon dit de la bête semblable à
un léopard ne sapplique quà la forme
soi-disant chrétienne de Rome. Jean dit que ce fut
lune des têtes de cette dernière bête
semblable à un léopard qui fut blessée
à mort. En dautres termes, cette blessure fut
infligée à la forme de gouvernement qui existait
sous lempire romain après son changement du paganisme
au christianisme. Il est donc évident que la tête
papale fut celle qui fut blessée à mort et dont
la blessure fut guérie. Recevoir la blessure correspond
à aller en captivité (Apocalypse 13:10). La
blessure fut infligée quand le pape fut fait prisonnier
par le général français Berthier et la
papauté fut abolie pendant un temps en 1798. Dépouillée
de son pouvoir civil et ecclésiastique, le pape captif,
Pie VI, mourut en exil à Valence dans le Dauphiné,
en France, le 29 Août 1799. Mais la blessure mortelle
commença à guérir quand la papauté
fut rétablie, bien quavec moins de pouvoir quantérieurement,
par lélection dun nouveau pape, le 14 Mars
1800.
VERS.
5-10: «5 Et il lui fut donné une bouche qui proférait
des paroles arrogantes et des blasphèmes; et il lui
fut donné le pouvoir dagir pendant quarante-deux
mois. 6 Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des
blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son
nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel.
7 Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints,
et de les vaincre. Et il lui fut donné autorité
sur toute tribu, tout peuple, toute langue, et toute nation.
8 Et tous les habitants de la terre ladoreront, ceux
dont le nom na pas été écrit dès
la fondation du monde dans le livre de vie de lAgneau,
qui a été immolé. 9 Si quelquun
a des oreilles, quil entende. 10 Si quelquun mène
en captivité, il ira en captivité; si quelquun
tue par lépée, il faut quil soit
tué par lépée. Cest ici la
persévérance et la foi des saints.»
Elle
profère des blasphèmes.--Cette bête ouvre
«sa bouche pour proférer des blasphèmes
contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle,
et ceux qui habitent dans le ciel.» Nous avons déjà
mentionné dans les commentaires sur le livre de Daniel
la signification de lexpression: «il prononcera
des paroles contre le Très-Haut.» (Daniel 7:25).
Dans le verset 5 de ce chapitre de lApocalypse, on utilise
des mots similaires, car «elle proférait des
paroles arrogantes». Mais on ajoute le mot «blasphèmes»,
lequel indique de toute évidence que les «paroles
arrogantes» sont des déclarations blasphématoires
contre le Dieu du ciel.
Dans
les Évangiles nous trouvons des indications de ce qui
constitue un blasphème. Dans Jean 10:33 nous lisons
que les Juifs accusèrent faussement Jésus de
blasphémer. Ils dirent: «toi qui es homme,tu
te fais Dieu». Dans le cas du Sauveur, cétait
faux, parce quil était le Fils de Dieu. Il était
«Emmanuel, Dieu avec nous». Mais quand lhomme
assume les privilèges de Dieu et les titres de la divinité,
ceci constitue un blasphème.
Dans
Luc 5:21, nous trouvons les pharisiens essayant de surprendre
Jésus dans ses paroles. Ils demandèrent: «qui
est celui-ci, qui profère des blasphèmes? Qui
peut pardonner les péchés, si ce nest
Dieu seul?» Jésus pouvait pardonner les transgressions
parce quil était le Sauveur divin. Mais quand
un homme mortel affirme avoir une telle autorité il
blasphème certainement.
Nous
pourrions nous demander si la puissance représentée
par ce symbole a accompli cette partie de la prophétie.
Dans les commentaires sur Daniel 7:25 nous avons vu clairement
quelle avait «parlé avec arrogance»
contre le Dieu du ciel. Observons maintenant ce qui est dit
concernant la prétention du prêtre à pardonner
les péchés:
«Le
prêtre occupe la place du Sauveur même quand il
dit:Ego te absolvo [je tabsous], il absout
du péché. . . Pour pardonner un seul péché
toute la puissance de Dieu est nécessaire. . . Mais
la seule chose que Dieu puisse faire par sa toute puissance,
le prêtre peut le faire aussi en disant: Ego te
absolvo a pecatis tuis. . . Innocent III écrivit:
En vérité, il nest pas exagéré
de dire quen vue du caractère sublime de leur
charge les prêtres sont autant de dieux.»
Notons
encore dautres déclarations blasphématoires
de cette puissance:
«Mais
notre étonnement doit être plus grand encore
quand nous trouvons quen obéissance aux paroles
de leurs prêtres: HOC EST CORPUS MEUM [Ceci est Mon
corps], Dieu lui-même descend sur lautel, Il vient
doù quon Lappelle, et aussi souvent
quon Lappelle, et Il se place dans leurs mains,
même lorsquils sont Ses ennemis. Et après
être venu, Il reste à leur entière disposition;
ils Le déplacent comme ils veulent dun lieu à
un autre; ils peuvent, sils le désirent, Lenfermer
dans le tabernacle, ou Lexposer sur lautel, ou
Lemporter hors de léglise; ils peuvent,
sils le désirent, manger Sa chair et alimenter
les autres. Oh! comme leur pouvoir est grand!--dit Saint Laurent
Justinien, en parlant des prêtres. Il tombe une parole
de leurs lèvres et le corps de Christ est là
substantiellement formé de la matière du pain,
et le Verbe Incarné descendu du ciel se trouve réellement
présent sur la table de lautel! »
«Ainsi,
le prêtre peut, dune certaine façon, être
appelé créateur de son Créateur. . .
Le pouvoir du prêtre--dit Saint Bernardin de Sienne--est
le pouvoir de la personne divine; parce que la transsubstantiation
du pain demande autant de pouvoir que la création du
monde.»
Cest
ainsi que cette puissance, représentée par la
bête, blasphème contre le temple du ciel, attirant
lattention de ses sujets vers son propre trône
et son palais, au lieu du tabernacle de Dieu; déviant
leur attention du Fils de Dieu vers le sacrifice de la messe.
Elle
blasphème contre ceux qui demeurent dans le ciel en
assumant le pouvoir de pardonner les péchés,
et elle dévie ainsi les hommes de loeuvre de
médiation de Christ et ses assistants célestes
dans le sanctuaire den haut.
Le
verset 10 nous fait revenir aux événements de
1798, quand ce pouvoir, qui avait emmené les saints
de Dieu en captivité pendant 1260 ans, fut lui-même
emmené en captivité.
VERS.
11: «Puis je vis monter de la terre une autre bête,
qui avait deux cornes semblables à celles dun
agneau, et qui parlait comme un dragon.»
Une
bête à deux cornes.--Ce verset présente
le troisième grand symbole de la chaîne prophétique
que nous examinons, celui que nous pouvons appeler la bête
à deux cornes. Voyons à quoi il sapplique.
Le dragon, ou Rome païenne, et la bête semblable
à un léopard, ou Rome papale, nous présentent
deux grandes organisations représentatives de deux
grands systèmes dune fausse religion. Lanalogie
semble exiger que le symbole restant, la bête à
deux cornes, ait une application similaire et trouve son accomplissement
dans une nation représentative dun autre grand
système de religion. Lunique système restant
qui exerce une influence de contrôle dans le monde aujourdhui
est le protestantisme. Pris dans son sens abstrait, le paganisme
englobe tous les pays païens, qui contiennent plus de
la moitié de la population du globe. Le catholicisme,
duquel la religion grecque orthodoxe peut être considérée
comme partie intégrante, presque identique à
lui, réunit la majorité des nations qui composent
la chrétienté. Dans dautres prophéties
on nous a donné un tableau de lislam et son influence
(Voir les commentaires sur Daniel 11 et Apocalypse 9). Mais
le protestantisme est la religion des nations qui constitue
lavant-garde du monde quant à la liberté,
les connaissances, le progrès et le pouvoir.
Un
symbole des États-Unis.--Si donc le protestantisme
est la religion que nous devons chercher, à quelle
nation représentative de cette religion sapplique
la prophétie? Il y a des nations protestantes notables
en Europe; mais, pour des raisons que nous verrons après,
le symbole ne peut pas leur être appliqué. Une
soigneuse investigation nous a amené à la conclusion
quil sapplique à lAmérique
protestante, cest-à-dire aux États-Unis
dAmérique. Nous allons analyser soigneusement
la raison dune telle application et les évidences
qui lappuient.
Avons-nous
des motifs de croire que les États-Unis seraient mentionnés
dans la prophétie? Comment les autres nations trouvèrent-elles
une place dans le récit prophétique? Premièrement
parce quelles jouèrent un rôle éminent
dans lhistoire du monde, deuxièmement et surtout,
parce quelles exercèrent une juridiction sur
le peuple de Dieu ou elle eurent avec lui des relations importantes.
Dans les annales bibliques et de lhistoire séculaire,
nous trouvons des données desquelles nous pouvons déduire
cette règle relative à la mention prophétique
des gouvernements terrestres: Une nation entre dans la prophétie
quand loeuvre et le destin du peuple de Dieu est définitivement
lié à elle. Toutes ces conditions se réalisent
dans le cas des États-Unis. La conviction que la naissance
et le progrès de cette nation ont été
tels que la Providence considéra comme approprié
de les prédire dans la prophétie, a pénétré
dans beaucoup desprits.
Le
gouverneur Pownal, homme détat anglais, prédit
en 1780, tandis que la Révolution américaine
se déroulait, que ce pays deviendrait indépendant;
quune activité civilisatrice bien supérieure
à celle que lEurope ne pourrait jamais connaître
lanimerait; et que sa puissance commerciale et navale
parviendrait aux confins du globe. Il mentionne ensuite létablissement
probable de ce pays comme puissance libre et souveraine, et
il lappelle «une révolution qui a des indices
plus étranges dintervention divine, en substitution
du cours commun des affaires humaines que nimporte quel
événement que le monde ait expérimenté.»
George
Alfred Townsend, parlant des disgrâces qui accompagnèrent
les autres gouvernements de lhémisphère
occidental dit:
«Lhistoire
des États-Unis fut séparée par une Providence
bienfaisante, de cette sauvage et cruelle histoire du reste
du continent.»
Des
considérations comme celles-ci tendent à éveiller
dans chaque esprit la solide conviction que la nation qui
nous intéresse a joué un rôle dans lexécution
des desseins providentiels de Dieu dans ce monde, et quelle
doit être mentionnée dans une partie de la prophétie.
Chronologie
de cette puissance.--A quelle époque de lhistoire
de ce monde, la prophétie place-t-elle la naissance
de cette puissance? La base des conclusions auxquelles nous
devons arriver a été déjà placée
dans les faits présentés au sujet de la bête
semblable à un léopard. Cétait
au moment où cette bête fut emmenée en
captivité, ou mise à mort par lépée
(verset 10), ou lorsquelle eut une de ses têtes
blessée à mort (verset 3), que Jean vit la bête
à deux cornes qui montait. Si la bête semblable
à un léopard signifie la papauté, comme
nous lavons prouvé de façon concluante,
et si sa captivité en exil saccomplit lors du
renversement temporaire de la papauté par les Français,
en 1798, alors le moment de la naissance de cette puissance
nous est clairement spécifié. Le verbe «monter»
doit signifier que la puissance à laquelle il sapplique
était organisée depuis peu, et elle était
en train de prendre de limportance et avait de linfluence.
Qui
peut douter quelle était la nation qui en réalité
«montait» en 1798? Il est certainement nécessaire
dadmettre que les États-Unis sont lunique
puissance qui satisfait les caractéristiques de la
prophétie du point de vue de la chronologie.
La
lutte des colonies américaines pour lindépendance
débuta en 1775. En 1776, elles se déclarèrent
nations libres et indépendantes. En 1777, elles se
réunirent en Congrès et les articles de leur
Confédération furent adoptés par leurs
délégués des treize états dorigine:
New Hampshire, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut, New
York, New Jersey, Pennsylvanie, Delaware, Maryland, Virginie,
Caroline du Nord et du Sud et Géorgie. En 1783, la
guerre dIndépendance prit fin par un traité
de paix avec la Grande-Bretagne, qui reconnut lindépendance
des États-Unis et leur céda plus de deux millions
de kilomètres carrés de territoire. En 1787,
la Constitution fut instaurée; le 26 Juillet 1788,
onze des treize états dorigine lavaient
ratifiée; et elle entra en vigueur le 1er Mars 1789.
Les États-Unis commencèrent donc avec plus ou
moins deux millions de kilomètres carrés de
superficie et moins de quatre millions dhabitants. Nous
arrivons ainsi en 1798, quand la nation fit son entrée
dans la prophétie.
John
Wesley, dans ses notes sur Apocalypse 13, écrites en
1754, dit au sujet de la bête à deux cornes:
«Elle
nest pas encore venue, bien quelle ne doive plus
être loin. Parce quelle doit paraître à
la fin des quarante-deux mois de la première bête.»
Lâge
de cette puissance.--Il y a dans la prophétie de bonnes
évidences que le gouvernement symbolisé par
la bête à deux cornes se présente pendant
la première partie de sa carrière; cest-à-dire,
alors quelle est encore une jeune puissance. Jean dit:
«Je vis monter de la terre une autre bête, qui
avait deux cornes semblables à celles dun agneau.»
Pourquoi Jean ne dit-il pas tout simplement «elle avait
deux cornes»? Pourquoi ajouta-t-il «semblables
à celles dun agneau»? Ce doit être
dans le but de faire ressortir le caractère de cette
bête et montrer que non seulement elle se conduit dune
façon innocente et inoffensive, mais aussi que cest
une jeune puissance; parce que les cornes dun agneau
sont des cornes qui commencent tout juste à croître.
Gardons
à lesprit quavec largument précédent
relatif à la chronologie, notre regard est fixé
sur lannée 1798, quand la puissance symbolisée
était jeune. Quelle est la puissance remarquable qui
allait prendre alors de limportance, mais qui était
jeune? Ce nétait pas lAngleterre, ni la
France, ni la Russie, ni aucune puissance européenne.
Si nous cherchons une jeune puissance qui se lève à
cette époque, nous devons diriger les yeux vers le
Nouveau Monde. Mais aussitôt dirigés dans cette
direction, ils se fixent inévitablement sur les États-Unis
comme puissance en question. Aucune autre puissance située
à louest de lAtlantique ne concorde avec
la description.
La
localisation de la bête à deux cornes.--Une seule
déclaration de la prophétie suffit à
nous amener à des conclusions importantes et correctes
sur ce point. Jean lappelle «lautre bête».
Ce nest donc pas une partie de la première bête;
et la puissance quelle symbolise ne fait pas partie
non plus de ce que représente cette première
bête. Ceci est fatal pour laffirmation de ceux
qui évitent dappliquer ce symbole aux États-Unis
en disant quelle signifie une phase de la papauté;
parce que si cétait le cas, elle serait une partie
de la bête précédente, celle semblable
à un léopard.
Vu
que cest une autre «bête», qui «monte
de la terre», elle doit se trouver dans un territoire
qui na pas été couvert par dautres
symboles. Babylone et la Médo-Perse englobent toute
la partie civilisée de lAsie. La Grèce
englobe lEurope orientale, la Russie incluse. Rome,
avec les dix royaumes dans lesquels elle sest divisée,
représentés par les dix orteils des pieds de
la statue de Daniel 2, les dix cornes de la quatrième
bête de Daniel 7, les dix cornes du dragon dApocalypse
12 et les dix cornes de la bête semblable à un
léopard dApocalypse 13, englobe toute lEurope
occidentale. En dautres termes, tout lhémisphère
oriental connu par lhistoire et la civilisation est
englobé par les symboles prophétiques dont lapplication
ne laisse pas place au moindre doute.
Mais
il y a dans lhémisphère occidental une
nation puissante, qui est, comme nous lavons déjà
vu, digne dêtre mentionnée par la prophétie,
mais qui na pas encore été présentée
par elle. Il reste aussi un symbole qui na pas été
appliqué. Tous lont été sauf un,
et toutes les régions disponibles de lhémisphère
oriental sont englobées par les applications. De tous
les symboles mentionnés, il en reste un: la bête
à deux cornes dApocalypse 13. De tous les pays
de la terre pour lesquels il y a un motif dêtre
mentionnés par la prophétie, il en reste seulement
un: les États-Unis dAmérique. Les États-Unis
représentent-ils la bête à deux cornes?
Si cest le cas, tous les symboles trouvent leur application,
et tout le territoire est englobé. Dans le cas contraire,
les États-Unis ne sont pas représentés
dans la prophétie, et le symbole de la bête à
deux cornes ne trouve aucune nation à laquelle il puisse
sappliquer. Mais la première de ces suppositions
nest pas probable, et la seconde nest pas possible.
Un
autre facteur, qui nous aidera à localiser cette puissance,
vient du fait que Jean la vit monter de la terre. Si la mer,
de laquelle la bête semblable à un léopard
sest levée (Apocalypse 13:1), représente
des peuples, des nations et des foules (Apocalypse 17:15),
la terre suggère par contraste un territoire nouveau
et pas occupé auparavant. Si nous excluons les continents
de lhémisphère oriental et si nous cherchons
un territoire autrefois méconnu de la civilisation,
notre attention se dirige nécessairement vers lhémisphère
occidental.
Comment
elle naquit.--La façon dont la bête à
deux cornes monte, avec sa localisation, son âge et
sa chronologie, démontre quil sagit dun
symbole des États-Unis. Jean vit que la bête
«montait de la terre». Cette expression doit être
utilisée à propos pour signaler le contraste
entre la naissance de cette bête et celle des autres
symboles prophétiques nationaux. Les quatre bêtes
de Daniel 7 et la bête semblable à un léopard,
dApocalypse 13, surgirent toutes de la mer. Généralement,
les nouvelles nations se lèvent par le renversement
des autres, et elles occupent leur place. Mais aucune autre
nation nest renversée pour faire place aux États-Unis,
et il y avait déjà quinze ans quils avaient
obtenu leur indépendance quand ils entrèrent
dans le champ de la prophétie. Le prophète vit
seulement un tableau paisible.
Le
mot utilisé dans le verset 11 pour décrire la
manière dont cette bête monte est très
significatif. Cest anabainon, dont lune des principales
définitions est: «croître ou germer comme
une plante». Cest un fait notable que quelques
écrivains politiques, sans se référer
à la prophétie, ont utilisé cette même
image pour mieux exprimer lidée de la naissance
des États-Unis. George Alfred Townsend dit:
«Dans
ce réseau dîles, les Antilles, la vie des
deux Amériques [du Nord et du Sud] commença.
Là, Christophe Colomb vit la terre; là, lEspagne
débuta son néfaste et brillant empire occidental:
de là, partirent Cortés pour le Mexique, De
Soto pour le Mississippi, Balboa pour le Pacifique et Pizarro
pour le Pérou. Lhistoire des États-Unis
fut séparée par une Providence bienfaisante
de cette histoire sauvage et cruelle du reste du continent,
et comme une semence silencieuse, nous grandîmes jusquà
devenir un empire; tandis que lempire qui commençait
au sud, se vit balayé par un ouragan si interminable
que la partie de son histoire que nous pouvons vérifier
est seulement celle illuminée par les rayons mêmes
qui le dévastèrent. La croissance de lAmérique
anglaise peut être comparée à une série
de chants lyriques interprétés par des chanteurs
séparés qui, en salliant, forment à
la fin un choeur puissant qui en attire beaucoup de loin,
qui augmente et se prolonge jusquà ce quil
assume la dignité et les proportions dun chant
épique.»
Dans
la Nation, de Dublin, un écrivain parla des États-Unis
comme dun empire admirable qui était en train,
qui «surgira» et «au milieu du silence de
la terre, augmentera quotidiennement son pouvoir et sa fierté.»
Dans
un discours sur les exilés anglais qui fondèrent
ce gouvernement, Edward Everett dit:
«Cherchèrent-ils
un lieu retiré, inoffensif par son obscurité,
et sûr par son éloignement, où la petite
église de Leyden puisse avoir la liberté de
conscience? Voici les puissantes régions où,
par une conquête pacifique--victoria sine clade [victoire
sans lutte]--les étendards de la croix sont arrivés.»
Le
lecteur veut-il maintenant comparer ces expressions: «elle
montait de la terre», «au milieu du silence de
la terre», «comme une semence silencieuse nous
grandîmes jusquà devenir un empire»,
«les puissantes régions», assurées
par «une conquête pacifique». La première
est employée par le prophète quand il dit ce
qui arriverait quand la bête à deux cornes se
lèverait; les autres proviennent décrivains
politiques qui expliquent ce qui arriva dans lhistoire
des États-Unis dAmérique du Nord. Quelquun
peut-il ne pas voir que les trois dernières sont des
synonymes exacts de la première, et quelles sont
laccomplissement absolu de la prédiction?
Une
autre question apparaît naturellement: Les États-Unis,
sélevèrent-ils dune façon
qui remplit les caractéristiques de la prophétie?
Peu avant que ne débute la Réforme, à
lépoque de Martin Luther, il y a plus de quatre
cents ans, cet hémisphère occidental fut découvert.
La Réforme réveilla les nations qui étaient
enchaînées dans les liens amers de la superstition
et de loppression, et leur fit comprendre une grande
vérité, à savoir, que le ciel donne à
tous les hommes le droit dadorer Dieu en accord avec
les dictées de leur propre conscience. Mais les gouverneurs
ne voulaient pas perdre leur pouvoir, et lintolérance
religieuse continua à opprimer les gens. En de telles
circonstances, un groupe de héros religieux résolut
de chercher dans les terres vierges de lAmérique
la mesure de liberté civile et religieuse quils
désiraient tant. Pour accomplir leur noble but, cent
de ces exilés volontaires débarquèrent
du «Mayflower» sur la côte de la Nouvelle
Angleterre, le 21 Décembre 1620. «Là,--dit
Martyn--naquit la Nouvelle Angleterre,» et son «premier
cri de nouveau-né fut une prière et une action
de grâce au Seigneur.»
Un
autre colonie anglaise permanente sétait établie
à Jamestown, en Virginie, en 1607. Avec le passage
du temps, dautres colonies sétablirent
et sorganisèrent, qui restèrent toutes
assujetties à la couronne anglaise jusquà
la déclaration de leur indépendance, le 4 Juillet
1776.
La
population de ces colonies atteignit en 1701, 262 000 âmes;
en 1749, 1 046 000; en 1775, 2 803 000. Alors, la lutte pour
lindépendance éclata, létablissement
dun gouvernement constitutionnel uni, et la proclamation
au monde que tous pouvaient trouver ici un asile contre loppression
et lintolérance. Les immigrants accoururent du
Vieux Monde par milliers, et la population et la prospérité
de la nouvelle nation augmentèrent par des moyens pacifiques.
De grands territoires furent achetés ou acquis par
traités pour que tous ceux qui venaient, puissent sinstaller.
Maintenant, en sautant plus de 150 ans, pour arriver au second
quart du XXe siècle, les territoires des États-Unis
se sont étendus jusquà occuper plus de
huit millions de kilomètres carrés, et sa population
sest élevée à 140 000 000 habitants.
Le
développement des États-Unis dans sa prospérité
matérielle et ses connaissances étonne le monde,
et appuie certainement notre application de la prophétie.
Le
caractère de son gouvernement symbolisé.--Dans
cette division du thème, nous trouvons des évidences
supplémentaires que le symbole représente les
États-Unis. En décrivant ce pouvoir, Jean dit
quil «avait deux cornessemblables à celles
dun agneau». Les cornes de lagneau indiquent
sa jeunesse, son innocence et sa douceur. En tant que nouvelle
puissance récemment née, les États-Unis
répondent admirablement au symbole quant à son
âge, tandis quon ne trouve aucune autre puissance
qui le fasse. Si on considère les cornes comme un indice
de pouvoir et de caractère, on peut décider
quelles sont en relation avec le gouvernement qui nous
occupe si on peut déterminer quel est le secret de
sa force et ce que révèle son caractère
ou ce quil professe ouvertement. J. A. Bingham nous
donne une clé de tout le sujet en disant que le but
de ceux qui, au début, partirent à la recherche
des plages dAmérique du Nord était de
fonder «ce que le monde navait pas vu depuis des
siècles, à savoir, une église sans pape
et un état sans roi.» Ou en dautres mots,
un gouvernement dans lequel le pouvoir ecclésiastique
serait séparé du civil, un gouvernement caractérisé
par la liberté civile et religieuse.
Des
arguments ne sont pas nécessaire pour démontrer
que cest précisément ce que professe le
gouvernement américain. La section 4 de larticle
IV de la Constitution des États-Unis dit en partie:
«Aucun examen religieux ne sera réclamé
comme qualification nécessaire à nimporte
quelle charge ou responsabilité publique aux États-Unis.»
Le premier amendement de la Constitution commence ainsi: «Le
Congrès ne fera aucune loi sur létablissement
de la religion ou interdisant le libre exercice de celle-ci.»
Ces articles offrent la plus grande garantie de liberté
civile et religieuse, une séparation complète
et perpétuelle de létat et de léglise.
Quels meilleurs symboles pouvait-on nous donner deux
que les «deux cornes semblables à celles dun
agneau»? Dans quel autre pays peut-on trouver un tel
état de choses capable de représenter si parfaitement
cette présentation du symbole dApocalypse 13?
Républicain
dans sa forme.--La bête à deux cornes na
pas de couronne sur ses cornes, car elle a symbolisé
une nation dotée dun gouvernement de forme républicaine.
La couronne est le symbole dun gouvernement de forme
monarchique ou dictatoriale, et dans ce cas, labsence
de couronne suggère un gouvernement dont le pouvoir
ne réside pas dans un gouvernement unique, mais se
trouve aux mains du peuple.
Mais
ceci nest pas la preuve la plus convainquante que la
nation symbolisée ici est républicaine dans
sa façon de gouverner. Le verset 14 nous indique quun
appel est fait au peuple quand il sagit dexécuter
une action nationale: «disant aux habitants de la terre
de faire une image à la bête.» Tel est
réellement le cas des États-Unis. La Constitution
sur laquelle ils sont basés garantit «une forme
républicaine de gouvernement», comme nous lavons
déjà démontré. Ceci constitue
un autre échelon de la chaîne des évidences
que ce symbole sapplique aux États-Unis dAmérique.
Il nexiste aucun autre gouvernement auquel appliquer
raisonnablement ce symbole.
Une
nation protestante.--La bête à deux cornes symbolise
une nation qui ne peut pas appartenir à la religion
catholique. La papauté est fondamentalement une union
de léglise et de lÉtat. La Constitution
des États-Unis dAmérique (Article VI)
déclare que «aucun examen religieux ne sera réclamé
comme qualification nécessaire à nimporte
quelle charge ou responsabilité publique», et
par là, elle établit une séparation perpétuelle
de léglise et de lÉtat. La liberté
civile et religieuse est un principe fondamental du protestantisme.
Les fondateurs du grand pays qui est devenu les États-Unis,
pour avoir vécu en des temps qui leur permirent dêtre
les témoins des résultats de lunion de
léglise et de lÉtat, se montrèrent
jaloux des libertés quils réclamaient
comme les droits de tous, et ils dénonçaient
prestement tout ce qui pouvait ressembler à une union
entre léglise et lÉtat. Aussi, du
point de vue religieux, les États-Unis sont une nation
protestante et ils satisfont les caractéristiques de
la prophétie là-dessus. La prophétie
nous oriente à nouveau vers cette nation. Avant dentrer
dans la discussion dun autre aspect de ce symbole prophétique,
quil nous soit permis de repasser les points déjà
établis:
-
La puissance symbolisée par la bête à
deux cornes doit être une nation distincte des puissances
civiles et ecclésiastiques du Vieux Monde.
-
Elle doit naître dans lhémisphère
occidental.
-
Elle doit assumer léminence et linfluence
vers lannée 1798.
-
Elle doit naître dune façon pacifique et
silencieuse, et elle ne doit pas augmenter son pouvoir et
son territoire par des guerres agressives et des conquêtes,
comme le firent les autres nations.
-
Son progrès doit être si évident quil
étonne le spectateur, comme le ferait la croissance
perceptible dun animal sous ses yeux.
-
Elle doit être républicaine dans sa forme de
gouvernement
-
Elle doit appartenir à la religion protestante.
-
Elle doit présenter au monde, comme indice de son caractère
et comme éléments de son gouvernement, deux
grands principes qui sont en eux-mêmes parfaitement
justes, innocents et semblables à un agneau.
-
Elle doit accomplir son oeuvre après 1798.
Nous
avons vu que toutes ces caractéristiques, quon
peut affirmer concluantes, se trouvent jusquici dans
lhistoire des États-Unis; tandis quaucune
autre nation ne les accomplit. Il est donc impossible dappliquer
le symbole dApocalypse 13: 11 à une autre nation
que les États-Unis dAmérique.
«Elle
parlait comme un dragon».--Maintenant que nous avons
identifié les États-Unis dAmérique
comme la puissance symbolisée par la bête à
deux cornes, nous pouvons suivre, sans crainte ni préjugé,
le cours que cette nation suit en accord avec ce qui est clairement
tracé dans la prophétie elle-même. En
le faisant, nous voyons une fois de plus que le dragon, ou
premier symbole présenté dans la chaîne
prophétique que nous étudions, poursuivait implacablement
lÉglise de Dieu. La bête semblable à
un léopard qui lui faisait suite, était elle
aussi une puissance persécutrice, car elle ôta
la vie à des millions de chrétiens pendant les
1260 ans. Quand nous arrivons à la troisième
bête, qui avait deux cornes semblables à celles
dun agneau, on dit quelle «parlait comme
un dragon». Ceci veut dire quà un certain
moment sa nature dagneau change pour devenir celle dun
dragon, de telle façon quelle parle et agisse
comme le dragon avant elle.
Permettez-moi
de dire, en relation avec cela, quil nous est douloureux
de voir quune nation née si pacifique, et consacrée
à des principes de gouvernement si nobles, en vienne
à assumer la nature des bêtes qui la précédèrent
et, en le faisant, sabaisse jusquà persécuter
le peuple de Dieu. Mais il ne nous reste pas dautre
remède que de nous laisser guider dans notre étude
par lesquisse divinement inspirée que nous a
donnée la prophétie. Vu que les États-Unis
sont la puissance représentée par le symbole
qui parle comme un dragon, on en déduit que des lois
injustes et oppressives seront promulguées contre la
foi religieuse et pratique de ses citoyens au point de mériter
le nom de puissance persécutrice.
VERS.
12: «Elle exerçait toute lautorité
de la première bête en sa présence, et
elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première
bête, dont la blessure mortelle avait été
guérie.»
Elle
exercera un pouvoir persécuteur.--Non seulement cette
nation parle comme un dragon, mais «elle exerçait
toute lautorité de la première bête
en sa présence.» Si nous jetons un coup doeil
rétrospectif, nous découvrirons que la première
bête est celle semblable à un léopard,
symbole de la papauté. La seule conclusion que nous
pouvons tirer est quune nation dite protestante exercera
le pouvoir persécuteur de la papauté, et deviendra
donc, pseudo-protestante, cest-à-dire le «faux-prophète»
mentionné dans Apocalypse 19:20 et expliqué
dans le prochain sujet.
Cette
puissance exerce ce pouvoir en obligeant les gens qui se trouvent
sous sa juridiction à «adorer la première
bête», la papauté. Le mot grec pour «adorer»
est très significatif. Il vient du verbe kuneo, «je
baise», avec une préposition qui indique que
le baiser est adressé à quelquun, dans
ce cas à la papauté, ou sa tête nominale,
le pape. On le traduit habituellement par «rendre hommage,
se prosterner devant,» comme lemploie la version
de la Septante dans le décret de Nébucadnetsar
envoyé à tous «peuples, nations et hommes
de toutes langues» qui leur ordonna: «vous vous
prosternerez et vous adorerez la statue dor qua
élevée le roi Nébucadnetsar » dans
la plaine de la Dura (Daniel 3:4, 5). Cette adoration doit
signifier que les gens se soumettent à lautorité
et au décret des personnes à qui ils rendent
hommage. Tel est le tableau présenté dans la
prophétie de ladoration rendue à la papauté
par un peuple soi-disant protestant.
VERS.
13, 14: «13 Elle opérait de grands prodiges,
même jusquà faire descendre du feu du ciel
sur la terre à la vue des hommes. 14 Et elle séduisait
les habitants de la terre par les prodiges quil lui
était donné dopérer en présence
de la bête, disant aux habitants de la terre de faire
une image à la bête qui avait la blessure de
lépée et qui vivait.»
Elle
opérait de grands prodiges.--Dans cette partie de la
prédiction qui présente loeuvre de la
bête à deux cornes, nous lisons quelle
«opérait de grand prodiges, même jusquà
faire descendre du feu du ciel sur la terre à la vue
des hommes.» Cette caractéristique est une preuve
supplémentaire que les États-Unis sont la puissance
représentée par la bête à deux
cornes. Personne ne niera que nous vivons dans un siècle
de merveilles. Que le lecteur se reporte à nos observations
sur Daniel 12:4 concernant les exploits étonnants de
notre époque et des illustrations des grands triomphes
des connaissances scientifiques et inventives.
Mais
la prophétie ne saccomplit pas avec le grand
progrès de la connaissance, des découvertes
remarquables et des inventions modernes. Les signes auxquels
se réfère le prophète sont évidemment
réalisés dans le but de tromper les gens, car
nous lisons au verset 14: «elle séduisait les
habitants de la terre par les prodiges quil lui était
donné dopérer en présence de la
bête.»
Nous
devons déterminer maintenant par quels moyens les miracles
en question sont réalisés, parce quApocalypse
16:13, 14 se rapporte à «des esprits de démons,
qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de toute
la terre.»
En
prédisant les événements qui se produiront
précisément avant sa venue, le Seigneur dit:
«car il sélèvera de faux christs
et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges
et des miracles, au point de séduire, sil était
possible, même les élus.» (Matthieu 24:24).
Dans ce passage, il est donc prédit des prodiges qui
seront réalisés dans le but de tromper si puissamment
que, si cétait possible, même les élus
seraient séduits.
Ici
(comme dans beaucoup dautres endroits) on prédit
que dans les derniers jours, une puissance accomplissant des
prodiges se développerait, et quelle se manifesterait
dune façon surprenante et sans pareille pour
propager le mensonge et lerreur. Les «esprits
de démons» sortiraient sur «toute la terre»,
mais la nation avec laquelle ceci est en relation dune
façon spéciale dans Apocalypse 13, est celle
représentée par la bête à deux
cornes, ou «faux-prophète». Nous devons
donc conclure que la prophétie indique quune
telle oeuvre sera réalisée aux États-Unis.
Voyons-nous quelque chose de ce style aujourdhui?
Dans
toutes les classes de la société il existe la
croyance bien répandue et lenseignement selon
lequel quand un être humain meurt et que son corps est
déposé dans la tombe, un «esprit»
ou «âme» immortelle se sépare de
lui, pour aller dans le lieu où il recevra sa récompense
ou son châtiment. Cette croyance le pousse à
se poser la question: «Si les esprits désincarnés
sont vivants, pourquoi ne pourrions-nous pas nous mettre en
communication avec eux?» Ils sont des milliers à
croire quils peuvent le faire et qui le font, et ils
sont nombreux ceux qui assurent recevoir des communications
de leurs amis défunts.
Mais
la Bible, dans les termes les plus explicites, nous assure
que les morts sont complètements inactifs et inconscients
jusquà la résurrection; que les morts
ne savent rien (Écclésiaste 9:5); que leur esprit
cesse toute activité (Psaume 146:4); que leurs sentiments
ont péri (Écclésiaste 9:6); et quil
ny a aucune activité, pensée, connaissance
ou sagesse dans le sépulcre où ils gisent (Écclésiaste
9:10). Aussi, nimporte quel être ou esprit qui
vient à nous en professant être un de nos amis
défunts, affirme une chose que la Parole de Dieu déclare
impossible. Que nos amis ou parents morts ne reviennent pas
vers nous est démontré dans 2 Samuel 12:23,
où David dit au sujet de son fils mort: «Maintenant
quil est mort. . . Jirai vers lui, mais il ne
reviendra pas vers moi.» Nimporte quel être
ou esprit, qui vient ainsi vers nous, ne peut pas être
un bon ange, parce que les anges de Dieu ne mentent pas. Les
esprits de démons mentent, car cest ce en quoi
consiste leur tâche depuis que leur chef énonça
en Éden le premier mensonge au sujet de la mort: «Vous
ne mourrez pas» alors que le Seigneur avait dit clairement
à Adam: «Vous mourrez» (Genèse 3:4;
2:17).
Où
naquit le spiritisme.--Le spiritisme moderne répond
aussi à la prophétie par le fait quil
eut son origine aux États-Unis et ses prodiges sont
en relation avec loeuvre de la bête à deux
cornes. Il commença à Hydesville, dans létat
de New-York, dans la famille de John D. Fox, fin Mars 1848,
et il se propagea avec une rapidité incroyable dans
tous les pays du monde.
Ces
supposées révélations occasionnèrent
beaucoup dagitation, et quelques personnes éminentes
se mirent à étudier la «supercherie des
coups», comme on appelait communément les phénomènes
spirites. Depuis lors, le spiritisme a été,
dans le monde moderne, une force qui est allée en augmentant
constamment. Il est difficile de déterminer le nombre
de ses adeptes, parce quun grand nombre de ceux qui
croient et pratiquent ses enseignements déclarent nappartenir
à aucune dénomination; mais dun autre
côté, beaucoup de ceux qui continuent dappartenir
à différentes organisations religieuses tentent,
cependant, de communiquer avec les morts. On a calculé
quil y a 16 000 000 de spirites en Amérique du
Nord; et dans le monde entier, si nous incluons les adhérents
des religions païennes dans lesquelles le spiritisme
joue un rôle très important, ils atteindraient
sans doute un total de plusieurs centaines de millions.
Comme
Sir Arthur Conan Doyle le remarqua, il y a quelques années:
«Les
humbles manifestations de Hydesville ont mûri et ont
produit des résultats qui ont attiré le groupe
le plus sélect dintellectuels de ce pays durant
les dernières vingt années, et à mon
avis, elles sont destinées à produire le plus
grand développement de lexpérience humaine
que le monde ait jamais vu.» «Si une telle opinion
du christianisme fut généralement acceptée,
et renforcée par la sécurité et la démonstration
de la Nouvelle Révélation qui, selon ce que
je crois, vient de lau-delà, il semblait alors
que cela pourrait aboutir à un credo qui pourrait unir
les églises, être réconcilié avec
la science, défier toutes les attaques et soutenir
la foi chrétienne pour un temps indéfini.»
Les
enseignements du spiritisme.--Mais les doctrines quenseignent
les spirites contredisent vraiment la Parole de Dieu. Au sujet
de leur attitude envers la Bible, notez le paragraphe suivant:
«Nous
ne voulons pas cacher le simple fait quil y a des parties
de la Bible qui ne samalgament pas avec notre enseignement,
puisquil est, en réalité, le mélange
de lerreur humaine qui arrive par lintermédiaire
de lesprit du médium choisi.» «Les
livres dans leur condition actuelle ne sont, en aucune façon,
loeuvre de lauteur à qui ils sont attribués.
Ils sont la compilation dEsdras et de ses scribes, et
ils ne font quincorporer les concepts et les légendes
de lépoque. . . Nous mentionnons ceci pour éviter
de suite le besoin de répondre à nimporte
quel passage de ces livres qui peuvent être cités
comme argument.»
Lisons
maintenant ce que les spiritespensent de Christ et de son
oeuvre dexpiation:
«Ils
[les spirites] assurent aussi que Jésus-Christ na
rien à voir avec la question de la vie et de la mort,
et eux ne savent rien de la médiation de notre
Sauveur Jésus-Christ.»
Les
croyants au spiritisme, ne croient pas non plus à la
seconde venue de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ:
«Jésus-Christ
est en train dorganiser Ses plans pour venir chercher
son peuple, pour révéler davantage de lumière
et purifier les croyances erronées qui se sont accumulées
dans le passé. Jai entendu quelque chose là-dessus
provenant dautres sources. Est-ce cela le retour de
Christ? Cest le retour spirituel. Il ny aura pas
de retour physique tel que lhomme la rêvé.
Son retour vers son peuple, se fera par la voix de ses messagers
parlant à ceux dont les oreilles sont ouvertes.»
Les
phénomènes spirites.--Comme ces paroles sont
significatives! Il y a plusieurs siècles, le voyant
de Patmos déclara quune puissance faisant de
grands prodiges se lèverait aux États-Unis,
et voici que le spiritisme se présente en affirmant
faire ces choses là.
Le
spiritisme répond avec exactitude à la prophétie
par la manifestation de grands signes et de prodiges. Parmi
les diverses choses quil a accomplies, on peut noter
les suivantes: Divers objets transportés dun
lieu à un autre par les esprits; de merveilleuses musiques
produites sans lintervention humaine, avec ou sans laide
dinstruments visibles; de nombreux cas confirmés
de guérison; des personnes transportées dans
les airs par les esprits en présence de spectateurs;
lévitation de tables qui restaient ensuite en lair
avec de nombreuses personnes dessus; des esprits qui se sont
présentés sous forme corporelle et qui ont parlé
de façon audible.
La
puissance représentée dans cette prophétie
doit «fairedescendre du feu du ciel sur la terre, à
la vue des hommes.» Mais cette manifestation de son
pouvoir, comme les autres, a pour but de «séduire
leshabitants de la terre». Les miracles sont réalisés
par les «esprits de démons» (Apocalypse
16:14). Et les avertissements de la Parole de Dieu contre
ceux qui entament des relations avec les mauvais esprits sont
nombreux. A lépoque de léglise primitive,
de solennels avertissements furent donnés à
lÉglise de Dieu: «Mais lEsprit dit
expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns
abandonneront la foi, pour sattacher à des esprits
séducteurs et à des doctrines de démons.»
(1 Timothée 4:1). Le conseil que Dieu donne à
son peuple, en ces derniers jours, est: «Si lon
vous dit: Consultez ceux qui évoquent les morts et
ceux qui prédisent lavenir, qui poussent des
sifflements et des soupirs, répondez: un peuple ne
consultera-t-il pas son Dieu? Sadressera-t-il aux morts
en faveur des vivants? A la loi et au témoignage! Si
lon ne parle pas ainsi, il ny aura point daurore
pour le peuple.» (Ésaïe 8:19, 20)
VERS.
15-17: «15 Et il lui fut donné danimer
limage de la bête, afin que limage de la
bête parlât, et quelle fît que tous
ceux qui nadoreraient pas limage de la bête
fussent tués. 16 Et elle fit que tous, petits et grands,
riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une
marque sur leur main droite ou sur leur front, 17 et que personne
ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom
de la bête ou le nombre de son nom».
Elle
fait une image à la bête.--La réalisation
de miracles est en étroite relation avec lérection
dune image à la bête. Le prophète
met ces deux choses en relationdans le verset 14: «Et
elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges
quil lui était donné dopérer
en présence de la bête, disant aux habitants
de la terre de faire une image à la bête qui
avait la blessure de lépée et qui vivait.»
La tromperie réalisée par les miracles prépare
le chemin pour que lexigence quune image soit
faite à la bête puisse saccomplir.
Pour
comprendre ce que constitue une image à la bête
papale, nous devons dabord avoir une idée définie
de ce que constitue la papauté elle-même. Le
plein développement de la bête, ou établissement
de la suprématie papale, date de la fameuse lettre
de Justinien, qui entra en vigueur en 538 et institua le pape
comme tête de léglise et correcteur des
hérésies. La papauté était une
église investie du pouvoir civil, un corps ecclésiastique
qui avait le pouvoir de châtier tous les dissidents
par la confiscation de leurs biens, lemprisonnement,
la torture ou la mort. Que serait une image de la bête?
Un autre établissement ecclésiastique investi
du pouvoir civil; en dautres termes, une union de léglise
et de lÉtat. Comment une telle image pourrait-elle
se former aux États-Unis? En permettant aux églises
protestantes de se revêtir de pouvoir pour définir
et châtier lhérésie, imposer ses
dogmes sous peine de châtiments imposés par la
loi civile, et nous pourrons demander si nous naurions
pas une reproduction exacte de ce que fut la papauté
pendant sa suprématie.
Il
est certain que nous laurons. Mais cette éventualité
est-elle possible dans un pays dont les pierres angulaires
sont la liberté civile et religieuse, et dont le droit
de chacun à «la vie, la liberté, et la
recherche du bonheur» a été reconnu sans
discussion à travers les âges? Examinons maintenant
les évidences.
Une
nation fondée sur la liberté.--La main de Dieu
accompagna les hommes nobles et religieux qui jetèrent
les bases de la nouvelle nation. Lhonorable Henry D.
Estabrook, dit en parlant de lAssociation des Avocats
du Connecticut: «Dans ce grand continent, que Dieu avait
maintenu caché dans un petit monde,--ici, avec un nouveau
ciel et une nouvelle terre, où les vieilles choses
étaient passées, des foules vinrent de toutes
les nations, avec des besoins divers et des credos variés,
mais unis par le coeur, lâme et lesprit
dans un même but, et elles édifièrent
un autel à la liberté, le premier qui fut jamais
construit ou qui serait jamais construit, et elles lappelèrent:
la Constitution des États-Unis.»
Cétait
en 1787. Le prophète vit que vers 1798, la bête
semblable à un agneau monterait de la terre. Il ne
sagissait donc pas dune coïncidence. George
Washington, le premier président des États-Unis,
a dit dans son discours dinauguration:
«Aucun
peuple ne peut se sentir plus obligé que celui des
États-Unis à reconnaître et à adorer
la Main Invisible qui dirige les affaires des hommes. Chaque
pas que nous avons fait en avant pour obtenir une nation indépendante
semble avoir été honoré dun signe
de lactivité providentielle.»
Dans
sa réponse à ce discours remarquable, le sénat
déclara:
«Quand
nous contemplons la coïncidence des circonstances et
la merveilleuse combinaison des causes qui préparèrent
graduellement le peuple de ce pays à lindépendance;
quand nous contemplons lorigine, le progrès et
la fin de la guerre récente qui lui donna un nom parmi
les nations de la terre; nous nous sentons, avec vous, inévitablement
poussés à reconnaître et à adorer
le grand Arbitre de lunivers, par qui les empires se
lèvent et tombent.»
La
lutte contre la tyrannie religieuse.--Ces hommes nétaient
pas seulement pieux, mais sages et prévoyants. Quand
certains groupes religieux demandèrent que «la
reconnaissance explicite du Dieu unique et véritable
et de Jésus-Christ» soit inclus dans la Constitution,
la demande fut rejetée. En écrivant au sujet
de cet incident, Thomas Jefferson dit: «Linsertion
fut rejetée par une grande majorité, comme preuve
quils avaient lintention dy inclure le manteau
de leur protection au Juif et au Gentil, au Chrétien
et au Musulman, à lHindou et à linfidèle
de nimporte quelle dénomination.»
Le
18 Février 1874, la Commission des Affaires Judiciaires
de la Chambre donna cette information en réponse à
une pétition similaire: «Comme ce pays, dont
le gouvernement était alors en train de placer le fondement,
devait être la patrie des opprimés de toutes
les nations de la terre, quils soient chrétiens
ou païens, et comprenant bien les dangers que lunion
entre léglise et létat avait imposé
à tant de nations du Vieux Monde, à une grande
majorité [ils admirent] quil ne convenait pas
dinclure, dans la Constitution ou dans le cadre du gouvernement,
quelque chose qui puisse être interprété
comme se référant à un quelconque credo
religieux ou doctrine.»
Lhistoire
atteste le fait que ces grands hommes qui jetèrent
les pierres fondamentales, sur lesquelles sérigèrent
les États-Unis, regardèrent lavenir avec
une vision presque prophétique et ils distinguèrent
les dangers que la liberté personnelle aurait à
affronter un jour dans le pays. Leurs craintes furent bien
exprimées par Thomas Jefferson: «Lesprit
des temps peut saltérer et il saltérera.
Nos gouvernements se corrompront et notre peuple deviendra
négligent. Un seul fanatique peut commencer la persécution
et des hommes meilleurs que lui être ses victimes. On
ne répétera jamais assez que le moment détablir
tout droit essentiel sur une base légale, est lorsque
nos gouverneurs sont honorés et que nous sommes unis.
Après la fin de cette guerre, nous irons en déclinant.
Ce ne sera pas alors le moment de recourir au peuple à
chaque instant pour obtenir de lappui. Aussi, on oubliera
et on méprisera ses droits. Lui-même les oubliera,
excepté lunique faculté de gagner de largent,
et jamais il ne pensera à sunir pour obtenir
le respect dû à ses droits. Aussi, les chaînes
que nous ne faisons pas tomber à la fin de cette guerre,
resteront très longtemps parmi nous, et elles deviendront
toujours plus lourdes, jusquà ce que nos droits
revivent ou meurent dans un bouleversement.»
Le
4 Juillet 1788, le juge James Wilson prononça un discours,
dans lequel il signala comment les ennemis de la liberté
étaient en train dagir. Il dit: «Les ennemis
de la liberté sont astucieux et insidieux. Une falsification
lui vole [à la liberté] son vêtement,
imite ses manières, copie sa signature, prend son nom.
Mais le véritable nom de cette trompeuse est licence.
Son effronterie est telle quelle accusera la liberté
dimposture; et avec une audace éhontée
elle insistera pour se présenter comme étant
la seule personne véridique, et quelle seule
a droit au respect que sa personne mérite. Pour ceux
qui sont étourdis et sans discernement, et qui se laissent
impressionner plus profondément par limpudence
que par le mérite modeste, ses assertions ont très
souvent du succès. Elle reçoit les honneurs
de la liberté, et la liberté elle-même
est traitée comme une traîtresse et une usurpatrice.
Mais en général, cet imposteur audacieux ne
joue quun rôle secondaire. Bien quelle seule
apparaisse sur la scène, ses mouvements sont régis
par lambition obscure, qui reste assise et cachée
derrière le rideau, et elle sait que le despotisme,
son autre favori, peut toujours suivre le succès de
la licence. Contre ces ennemis de la liberté, qui agissent
de concert, bien quils paraissent appartenir à
des bandes opposées, le patriote se maintiendra toujours
en garde et vigilant."
Menacés
par la domination ecclésiastique.--Remarquez que dans
le panorama des événements à venir qui
passèrent devant le prophète Jean, il fut témoin
de ce changement étonnant dans la nature de la bête
à deux cornes. En fin de compte, elle commença
à parler «comme un dragon» et à
contrôler le culte de son peuple, «disant aux
habitants de la terre de faire une image à la bête.»
La
bête «qui avait la blessure de lépée
et qui vivait», cest la papauté. Cétait
une église qui dominait le pouvoir civil. En dautres
termes, cétait une union de léglise
et de lÉtat, et elle imposait ses dogmes religieux
par lintermédiaire du pouvoir civil, sous peine
de confiscation des biens, emprisonnement et mort. Une image
de la bête serait une autre organisation ecclésiastique
investie du pouvoir civil, une autre union de léglise
et de lÉtat pour imposer les dogmes religieux
par des lois.
Nous
trouvons des preuves qu'une telle image doit se former dans
le fait que de grandes organisations protestantes influantes,
dont le but est d'établir et d'imposer certaines normes
religieuses par la loi, sont déjà en train d'agir
et agiront avec persistance. En voici quelques-unes: National
Reform Association (Association pour la Réforme nationale),
International Reform Bureau (Bureau pour la Réforme
Nationale), Lord's Day Alliance (Alliance pour le Jour du
Seigneur), Federal Council of the Churches of Christ in America
(Concile Fédéral des Églises de Christ
en Amérique). De plus, les sociétés catholiques
des États-Unis, en accord avec leur tradition séculaire,
tendent au même but. Finalement, ces deux forces sont
destinées à se donner la main dans un effort
commun.
La
National Reform Association confesse que son objectif est
«d'obtenir un amendement de la Constitution des États-Unis
. . . qui montre que cest une nation chrétienne,
et de placer toutes les lois, les institutions et les usages
chrétiens de notre gouvernement sur une base incontestablement
légale dans la loi fondamentale du pays.»
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