Les
Lettres de Jesus aux Eglises
Dans
le premier chapitre, le prophète a ébauché
le thème des sept églises, représentées
par les sept chandeliers, et de leurs ministres évoqués
par les sept étoiles. Maintenant, il considère
chaque église en particulier, et écrit le message
qui lui est destiné. Dans chaque cas, l'épître
s'adresse à l'ange ou ministre de l'église.
VERS.
1-7: «1 Ecris à l'ange de l'Eglise d'Ephèse:
Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans
sa main droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers
d'or: 2 Je connais tes oeuvres, ton travail, et ta persévérance.
Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que
tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres
et qui ne le sont pas, et que tu les a trouvés menteurs;
3 que tu as de la persévérance, que tu as souffert
à cause de mon nom, et que tu ne t'es point lassé.
4 Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné
ton premier amour. 5 Souviens-toi donc d'où tu es tombé,
repens-toi, et pratique tes premières oeuvres; sinon,
je viendrai à toi, et j'ôterai ton chandelier
de sa place, à moins que tu ne te repentes. 6 Tu as
pourtant ceci, c'est que tu hais les oeuvres des Nicolaïtes,
oeuvres que je hais aussi. 7 Que celui qui a des oreilles
entende ce que l'Esprit dit aux Eglises: A celui qui vaincra
je donnerai à manger de l'arbre de vie, qui est dans
le paradis de Dieu.»
L'église
d'Ephèse.--Dans les observations sur Apocalypse 1:
4, nous sont présentées quelques-unes des raisons
pour lesquelles les messages destinés aux sept églises
doivent être considérés comme prophétiques
et applicables à sept périodes distinctes qui
embrassent l'ère chrétienne. On peut ajouter
ici que cette opinion n'est pas nouvelle. Thomas Newton dit:
«Beaucoup soutiennent, et parmi eux des hommes aussi
instruits que More et Vitringa, que les sept épîtres
sont prophétiques d'autant de périodes successives
et d'états de l'église depuis le commencement
jusqu'à la fin.»
Thomas
Scott dit: «Plusieurs commentateurs se sont imaginés
que ces épîtres adressées aux sept églises
étaient des prophéties bibliques de sept périodes
distinctes, dans lesquelles toute la période depuis
celle des apôtres jusqu'à la fin du monde allait
se diviser.»
Bien
que ni Newton ni Scott n'appuient cette opinion, leur témoignage
démontre que beaucoup de commentateurs l'avaient acceptée.
Deux d'entre eux disent:
«Le
plus ancien commentateur de l'Apocalypse, dont l'oeuvre est
parvenue jusqu'à nous, fut Victorino, évêque
de Pettau, ou Petavium, qui souffrit le martyre en l'an 303.
Il était contemporain d'Irénée, homme
de piété et diligent dans la présentation
des enseignements des Écritures, et vigoureux dans
sa perception de la signification des écris sacrés.
A l'exception de quelques fragments, la majeure partie de
ses écrits a été perdue. Ses commentaires
de l'Apocalypse subsistent, dans un texte moins pur que ce
que nous pourrions désirer, mais assez pour nous donner
le résumé de ses opinions. Dans sa Scholia in
Apocalypsin, il dit que, ce que Jean envoie à une église,
il le destine à toutes les églises; que Paul
fut le premier à enseigner qu'il y avait sept églises
dans le monde entier, et que les sept églises représentent
l'Eglise Catholique; et que Jean, afin de garder la même
méthode, n'avait pas voulu excéder le chiffre
sept.
«Ce
que Victorino veut dire est que Paul, en écrivant à
sept églises, et seulement à sept, voulait donner
à entendre que toutes les églises de tous les
temps sont comprises dans les sept; et que, de la même
manière, les sept églises de l'Apocalypse sont
destinées à englober toutes les églises
du monde: c'est-à-dire l'Eglise catholique de tous
les âges. Telle était l'opinion de Ticonio, au
IV siècle; d'Arethas de Cappadoce et Primasius de Adrumète,
au VI siècle; et de Vitringa, Mede, More, Girdlestone,
et beaucoup d'autres théologiens des époques
ultérieures.»
«Mede
interpréta les Sept Epîtres comme les Sept Ages
prophétiques de l'Eglise, de telle façon que
tout ce qu'il y avait de bon à leur sujet s'y trouvait
prophétisé ainsi que tout ce qu'il y avait de
mal au sujet de Rome (voir Trench, p. 228). Même plus
tard, Vitringa interpréta les épîtres
selon le même principe.
«Mede
(dans ses 'Oeuvres', Advert., chap. 10, p. 905) présente
plus en détails son opinion comme suit: 'Si nous considérons
que le chiffre sept, qui est un chiffre de succession (révolution)
de temps, ou si nous considérons le choix du Saint-Esprit
qui ne prend pas en compte toutes les églises, pas
même les plus fameuses du monde, comme Antioche, Alexandrie,
Rome, . . . si on considère bien ces choses, ne peut-on
pas voir que ces sept églises, en plus de leur aspect
littéral, sont destinées à être
des modèles et des figures des différentes époques
de l'église catholique depuis le commencement jusqu'à
la fin? De telle façon que ces sept églises
seraient pour nous des exemples prophétiques de sept
tempéraments et conditions successives de toute l'église
visible selon les divers âges. . . Et si ceci est accepté.
. . alors la première église (c'est-à-dire
l'église d'Éphèse) doit certainement
être la première, et la dernière sera
la dernière. . . La mention des faux Juifs et de la
synagogue de Satan (dans Apocalypse 2) en parlant des cinq
églises du milieu, indique qu'elles appartiennent à
l'époque de la Bête et de Babylone. Et quant
à la septième, nous savons où la situer:
aux environs de la chute de la Bête, et un peu après
sa destruction, quand la Nouvelle Jérusalem vient.'»
Il
ressort des auteurs cités que ce qui poussa les commentateurs
des temps les plus modernes à se détacher de
l'opinion qui attribuait une nature prophétique aux
messages des sept églises, c'est la doctrine comparativement
récente et antibiblique du millénaire temporel.
La dernière condition de l'Église, selon ce
qui est décrit dans Apocalypse 3: 15-17, est considérée
comme incompatible avec l'état glorieux des choses
qui doit exister sur cette terre pendant mille ans, quand
tout le monde se sera converti à Dieu. Dans ce cas,
comme dans beaucoup d'autres, on essaye de manoeuvrer l'opinion
biblique afin qu'elle s'adapte à une autre plus agréable.
Comme par le passé, les coeurs humains continuent à
aimer les choses plaisantes, et leurs oreilles sont toujours
ouvertes favorablement pour ceux qui prêchent la paix.
La
première église nommée est Éphèse.
Selon l'interprétation que nous donnons ici, ce symbole
embrasse la première période de l'Église,
c'est-à-dire l'ère apostolique. La définition
d'Éphèse est «désirable»,
mot qui décrit fidèlement le caractère
et la condition de l'Église durant sa première
étape. Les premiers chrétiens avaient reçu
la doctrine de Christ dans toute sa pureté. Ils bénéficiaient
des dons du Saint-Esprit. Ils se distinguaient par leurs oeuvres,
leur travail et leur persévérance. Fidèles
aux purs principes enseignés par Christ, ils ne pouvaient
supporter ceux des méchants, et ils éprouvaient
les faux apôtres, ils mettaient à nu leur vrai
caractère et ils les trouvaient menteurs. Nous n'avons
pas la certitude que l'église littérale d'Éphèse
ait agi de la sorte à une plus grande échelle
que les autres églises de cette époque. L'apôtre
Paul ne le laisse pas entendre dans son épître
qu'il adresse à cette église. C'était
une oeuvre que toute l'église chrétienne réalisait
à cette époque; et c'était la plus appropriée
des oeuvres de cette époque (Voir Actes 15; 2 Corinthiens
11: 13).
L'ange
de l'église.--L'ange d'une église doit représenter
un messager ou un ministre de cette église. Comme chaque
église englobe une certaine période, l'ange
de chaque église doit représenter le ministère,
c'est-à-dire tous les vrais ministres de Christ durant
la période embrassée par cette église.
Par le fait que les différents messages étaient
adressés aux ministres, nous ne devons pas comprendre
qu'ils sont appliqués à eux seulement, mais
aussi à l'église par leur intermédiaire.
Une
raison de se plaindre.--«Ce que j'ai contre toi, c'est
que tu as abandonné ton premier amour». «L'abandon
du premier amour mérite autant un reproche que de s'écarter
d'une doctrine fondamentale ou de la moralité biblique.
L'Église n'est pas accusée ici d'être
déchue de la grâce, ni d'avoir laissé
s'éteindre son amour, mais de ce qu'il ait diminué.
Aucun zèle, aucune souffrance ne peut expier la disparition
du premier amour.» Le moment ne devrait jamais arriver,
dans l'expérience du chrétien, où si
on lui demande quel fut le moment où son amour pour
Christ était le plus fort, il ne puisse pas dire :
«actuellement». Mais si une telle occasion se
présentait, alors il doit se souvenir d'où il
est tombé, méditer là-dessus, se rappeler
soigneusement l'état de son acceptation antérieure
de Dieu, et s'empresser de se repentir et retourner sur ses
pas jusqu'à cette position désirable. L'amour
comme la foi, se manifeste par les oeuvres; et le premier
amour, quand il est atteint, produira toujours les oeuvres
correspondantes.
Le
reproche.--«Je viendrai à toi, et j'ôterai
ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes.»
La venue mentionnée ici doit être figurative.
Elle signifie «jugement» ou «châtiment»,
et celui-ci est conditionnel. Oter le chandelier signifie
que l'Église sera privée de la lumière
et des avantages de l'Évangile, qui seront confiés
à d'autres mains, à moins qu'elle ne remplisse
mieux les responsabilités de sa mission. Cela signifie
que Christ rejette ses membres en tant que ses représentants
qui doivent apporter la lumière de sa vérité
et l'Évangile au monde. Cette menace s'applique autant
aux membres individuellement qu'à l'Église dans
son ensemble. Nous ne savons pas combien de ceux qui professaient
le christianisme durant cette période furent déficients
ou rejetés, mais ils furent sans aucun doute nombreux.
Les choses continuèrent ainsi, quelques-uns restèrent
fermes, d'autres apostasièrent, et cessèrent
de transmettre la lumière au monde; mais de nouveaux
convertis vinrent occuper les places laissées vides
par la mort et l'apostasie, jusqu'à ce que l'Église
atteigne une nouvelle ère dans son expérience,
signalée par une autre période de son histoire,
et couverte par un autre message.
Les
Nicolaïtes.--Comme Christ est disposé à
louer son peuple pour n'importe quelle qualité qu'il
possède! S'il y a quelque chose qu'il approuve, il
le mentionne d'abord. Dans ce message à l'église
d'Ephèse, après avoir mentionné ses caractéristiques
élogieuses, et ensuite ses échecs, comme s'il
ne voulait pas oublier aucune de ses bonnes qualités,
il dit que ses membres haïssent les actions des Nicolaïtes,
et que lui aussi les hait. Leurs doctrines sont condamnées
dans le verset 15. Il semble que les actions de ces personnes
étaient une abomination pour le ciel. Leur origine
est, dans un certain sens, douteuse. Certains disent qu'ils
avaient pour origine Nicolas d'Antioche, un des sept diacres
(Actes 6: 5), d'autres assurent qu'ils lui attribuaient l'origine
de leurs doctrines pour bénéficier du prestige
de son nom, tandis qu'une troisième opinion soutient
que la secte reçut son nom d'un certain Nicolas d'une
époque ultérieure. La dernière théorie
est probablement la plus correcte. Quant à leurs doctrines
et leurs pratiques, il semble qu'ils préconisaient
la mise en commun des épouses, ils considéraient
l'adultère et la fornication avec indifférence,
et ils permettaient la consommation de choses offertes aux
idoles (Voir Clarke, Kitto, et autres commentateurs).
L'invitation
à être attentif.--«Que celui qui a des
oreilles entende ce que l'Esprit dit aux églises.»
C'est une manière solennelle d'attirer l'attention
universelle à ce qui est d'importance générale
et prodigieuse. Le même langage est adressé à
chacune des sept églises. Lorsqu'il fut sur la terre,
Christ employa la même façon de parler pour attirer
l'attention des gens sur ses enseignements les plus importants.
Il l'utilise en référence à la mission
de Jean (Matthieu 11: 15), dans la parabole du semeur (Matthieu
13: 9), dans celle de l'ivraie, qui présente la fin
du monde (Matthieu 13: 43). Elle est aussi employée
en relation avec l'accomplissement d'une prophétie
importante dans Apocalypse 13: 9.
La
promesse faite au vainqueur.--La promesse est faite au vainqueur
qu'il mangera de l'arbre de vie qui pousse au milieu du paradis,
ou jardin de Dieu. Où se trouve ce paradis? Il se trouve
au troisième ciel. Paul écrit, dans 2 Corinthiens
12: 2, qu'il a connu un homme (il se réfère
à lui-même) qui fut ravi au troisième
ciel. Dans le verset 4, il dit qu'il fut enlevé au
«Paradis», ce qui nous donne une seule conclusion,
à savoir que le Paradis se trouve au troisième
ciel. Il semble que c'est dans ce Paradis que se trouve l'arbre
de la vie. La Bible présente un seul arbre de la vie.
Elle le mentionne six fois; trois fois dans la Genèse,
et trois fois dans l'Apocalypse; mais chaque fois le nom est
accompagné de l'article défini «le».
C'est l'arbre de la vie du premier livre de la Bible, l'arbre
de la vie dans le dernier; l'arbre de la vie dans le «Paradis»
(terme utilisé pour «jardin» dans la traduction
grecque de la Genèse), dans l'Eden au commencement,
l'arbre de la vie dans le Paradis céleste duquel Jean
parle maintenant. S'il y a un seul arbre, et s'il était
au commencement sur la terre, on peut se demander comment
se trouve-t-il maintenant dans le ciel? La réponse
est qu'il a du être emporté dans le Paradis céleste.
L'unique raison pour laquelle une chose située à
une certaine place se trouve ensuite à une autre, est
qu'elle y a été transportée. Il y a de
bonnes raisons pour croire que l'arbre de la vie et le Paradis
furent transportés de la terre au ciel. Un commentateur
fit cette remarque à ce sujet:
«Le
fait que Dieu ait placé des chérubins 'pour
garder le chemin de l'arbre de vie' (Genèse 3: 24)
dans le jardin d'Eden, n'a pas seulement un aspect de sévérité
judiciaire, mais c'est aussi, dans un certain sens, une promesse
pleine de consolation. La merveilleuse demeure de laquelle
l'homme fut expulsé, ne fut pas anéantie ni
laissée à l'abandon ou à la ruine, mais
elle fut retirée de la terre et de l'homme, et elle
fut remise au soin des êtres les plus parfaits de Dieu,
afin qu'elle puisse être rendue finalement à
l'homme quand il aura été racheté (Apocalypse
22: 2). Le jardin, tel qu'il existait avant que Dieu ne le
plante et l'embellisse, tomba sous la malédiction,
comme le reste de la terre, mais ce qu'il avait de céleste
et paradisiaque en fut exempt et fut confié aux chérubins.
Le vrai Paradis (idéal) a été transféré
au monde invisible. Du moins, une copie symbolique de celui-ci,
placée dans le lieu très saint du tabernacle,
fut donnée au peuple d'Israël, en accord avec
le modèle que Moïse vit sur la montagne (Exode
25: 9, 40); et l'original lui-même, en tant qu'habitation
renouvelée de l'homme racheté, descendra finalement
sur la terre (Apocalypse 21: 10).»
Une
restauration qui inclura plus que ce qu'Adam perdit est donc
promise au vainqueur. Cette promesse est destinée non
seulement aux vainqueurs de cette période de l'Eglise,
mais à tous les vainqueurs de toutes les époques,
parce que les grandes récompenses du ciel n'ont pas
de restriction. Efforce toi, lecteur, d'être vainqueur,
parce que celui qui obtient l'accès à l'arbre
de vie au milieu du Paradis de Dieu, ne mourra jamais.
L'époque
d'Ephèse.--Cette période comprise par la première
église peut être considérée comme
débutant à la résurrection de Christ
jusqu'à la fin du premier siècle, ou jusqu'à
la mort du dernier des apôtres.
VERS.
8-11: «8 Ecris à l'ange de l'église de
Smyrne: Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui
était mort, et qui est revenu à la vie: 9 Je
connais ta tribulation et ta pauvreté (bien que tu
sois riche), et les calomnies de la part de ceux qui se disent
Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan.
10 Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable
jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez
éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix
jours. Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te
donnerai la couronne de vie. 11 Que celui qui a des oreilles
entende ce que l'Esprit dit aux églises: Celui qui
vaincra n'aura pas à souffrir la seconde mort.»
L'église
de Smyrne.--Remarquons qu'en se présentant à
chaque église, le Seigneur mentionne quelques-unes
de ses caractéristiques qui le rendent particulièrement
apte à leur donner le témoignage qu'il prononce.
A l'église de Smyrne, qui est sur le point de passer
par la terrible épreuve de la persécution, il
se révèle comme celui qui fut mort mais qui
est vivant maintenant. Si ses membres sont appelés
à sceller leur témoignage de leur sang, ils
doivent se souvenir que les yeux de Celui qui avait partagé
le même sort les contemplent, mais il avait triomphé
de la mort, et il pouvait les sortir de la tombe dans laquelle
le martyr les avait fait descendre.
Pauvreté
et richesse.--«Je connais. . . ta pauvreté (bien
que tu sois riche)», lui dit Christ. Au premier abord,
ceci peut paraître étrangement paradoxal. Mais
quels sont ceux qui sont réellement riches dans ce
monde? Ceux qui sont riches «en la foi» et «héritiers
du royaume». Les richesses de ce monde, pour lesquelles
les hommes luttent avec tant d'énergie, et pour lesquelles
ils troquent fréquemment le bonheur actuel et la vie
éternelle future, sont une «monnaie qui n'a pas
cours dans le ciel». Un autre écrivain a dit:
«Il y a beaucoup de riches pauvres, et beaucoup de pauvres
riches».
Ceux
qui se disent Juifs et ne le sont pas.--Il est évident
qu'ici le mot «Juifs» n'est pas utilisé
dans son sens littéral. Il indique un caractère
qui fut approuvé par les normes évangéliques.
Le langage de Paul éclaire ce sujet: «Le Juif
ce n'est pas celui qui en a les dehors; et la circoncision,
ce n'est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le
Juif, c'est celui qui l'est intérieurement; et la circoncision,
c'est celle du coeur, selon l'esprit et non selon la lettre.
La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu.»
(Romains 9: 28, 29). Il dit aussi: «Car tous ceux qui
descendent d'Israël ne sont pas Israël, et, pour
être la postérité d'Abraham, ils ne sont
pas tous ses enfants» (Romains 9: 6, 7). Dans Galates
3: 28, 29, Paul nous dit encore, qu'en Christ il n'y a pas
de telles différences extérieures comme celles
qui caractérisent les Juifs ou les Grecs; mais si nous
sommes en Christ, alors, nous sommes «la postérité
d'Abraham» (dans le vrai sens), et héritiers
selon la promesse. Dire, comme le font certains, que le terme
«Juifs» ne s'applique jamais aux chrétiens,
c'est contredire toutes les déclarations inspirées
de Paul, et le témoignage que le Témoin fidèle
et véritable adresse à l'église de Smyrne.
Certains simulaient hypocritement être Juifs dans ce
sens chrétien, alors qu'ils ne possédaient pas
les caractéristiques nécessaires. Ceux-ci appartenaient
à la synagogue de Satan.
Une
tribulation de dix jours.--Puisque ce message est prophétique,
le temps mentionné doit être aussi considéré
prophétiquement. Comme un jour prophétique représente
une année littérale, les dix jours représentent
dix ans. C'est un fait notable que la dernière et la
plus sanguinaire des persécutions que souffrit l'Église
chrétienne, fut celle qui commença sous Dioclétien
et dura précisément dix ans, de 303 à
313.
Il
serait difficile d'appliquer ce langage si ces messages ne
sont pas considérés prophétiquement;
parce que dans ce cas il s'agirait seulement de dix jours
littéraux. Il ne paraît pas probable qu'une persécution
de dix jours uniquement, ou soufferte par une seule église,
ait été l'objet d'une prophétie; et de
plus, on ne peut pas trouver un tel cas de persécution
limitée. D'autre part, si cette persécution
s'applique à n'importe quelle période remarquable,
comment peut-on dire qu'une seule église fut touchée?
Toutes les églises souffrirent durant ces persécutions.
Il ne serait donc pas approprié de choisir un seul
groupe particulier, à l'exclusion des autres, comme
étant touché par cette calamité.
L'avertissement.--«Sois
fidèle jusqu'à la mort». Certains ont
voulu faire de cette expression un argument en faveur de la
réception de l'immortalité au moment de la mort.
C'est un argument qui n'a pas de poids, parce qu'on n'affirme
pas ici que la couronne de vie soit concédée
immédiatement après la mort. Par conséquent,
nous devons étudier d'autres passages des Écritures
pour savoir quand la couronne de vie est attribuée;
et ces passages suivants nous informent clairement. Paul déclare
que cette couronne de vie sera donnée lorsque Christ
apparaîtra (2 Timothée 4: 8); lorsque la dernière
trompette sonnera (1 Corinthiens 15: 51-54); quand le Seigneur
lui-même descendra du ciel (1 Thessaloniciens 4: 16,
17); quand le Prince des bergers apparaîtra, dit Pierre
(1 Pierre 5: 4); à la résurrection des justes,
dit Christ (Luc 14; 14); quand il reviendra pour emmener les
siens dans les maisons qu'il a préparées pour
eux, afin qu'ils soient toujours avec lui (Jean 14: 3). «Sois
fidèle jusqu'à la mort», et en étant
ainsi fidèle, lorsque le moment arrivera où
les saints de Dieu seront récompensés, tu recevras
la couronne de vie.
La
promesse au vainqueur.--«Il n'aura pas à souffrir
la seconde mort». Le langage employé ici par
Christ est un bon commentaire de ce qu'il enseigna à
ses disciples: «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps
et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt
celui qui peut faire périr l'âme et le corps
dans la géhenne.» (Matthieu 10: 28). Les membres
de l'église de Smyrne pouvaient être mis à
mort, mais la vie future qui leur sera donnée, ne pourra
être enlevée par aucun homme, et Dieu ne le voudrait
pas. Ils ne devaient donc pas craindre ceux qui pouvaient
tuer le corps, ni avoir peur de rien de ce qu'ils devaient
souffrir, car leur existence éternelle leur était
assurée.
Signification
et époque de l'église.--Smyrne signifie «myrrhe»,
nom tout à fait adéquat pour l'Eglise de Dieu
tandis qu'elle passait par le four de la persécution,
et elle était pour lui un «doux parfum».
Mais nous arrivons très vite à l'époque
de Constantin, quand l'Eglise se trouve dans une nouvelle
phase, ce qui rend nécessaire l'application d'un nom
très différent et un autre message.
En
accord avec l'application qui précède, la date
de la période de Smyrne serait de l'an 100 à
323.
VERS.
12-17: «12 Ecris à l'ange de l'Eglise de Pergame:
Voici ce que dit celui qui a l'épée aiguë,
à deux tranchants: 13 Je sais où tu demeures,
je sais que là est le trône de Satan. Tu retiens
mon nom, et tu n'as pas renié ma foi, même aux
jours d'Antipas, mon témoin fidèle, qui a été
mis à mort chez vous, là où Satan a sa
demeure. 14 Mais j'ai quelque chose contre toi, c'est que
tu as là des gens attachés à la doctrine
de Balaam, qui enseignait à Balak à mettre une
pierre d'achoppement devant les fils d'Israël, pour qu'ils
mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu'ils
se livrassent à l'impudicité. 15 De même,
toi aussi, tu as des gens attachés pareillement à
la doctrine des Nicolaïtes. 16 Repens-toi donc; sinon,
je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai
avec l'épée de ma bouche. 17 Que celui qui a
des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux églises:
A celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée,
et je lui donnerai un caillou blanc; et sur ce caillou est
écrit un nom nouveau, que personne ne connaît,
si ce n'est celui qui le reçoit.»
L'église
de Pergame.--Aucune parole de condamnation n'a été
prononcée contre l'église antérieure.
La persécution tend toujours à maintenir l'Eglise
pure, et incite ses membres à la piété.
Mais nous arrivons maintenant à la période représentée
par l'église de Pergame, durant laquelle des influences
qui introduisirent des erreurs et des maux commencent à
oeuvrer dans l'église.
"Pergame»
signifie «hauteur, élévation». Ce
fut une époque durant laquelle les vrais serviteurs
de Dieu eurent à lutter contre l'esprit de politique
mondaine, l'orgueil et la popularité qui apparaissaient
parmi ceux qui professaient suivre Christ, et contre les manifestations
virulentes du mystère d'iniquité, qui aboutit
au plein développement de «l'homme de péché»,
c'est-à-dire la papauté (2 Thessaloniciens 2:3).
L'éloge.--"Là
où Satan a sa demeure». Christ reconnaît
la situation défavorable de son peuple durant cette
époque. Le langage n'a probablement pas pour but de
désigner un lieu. Satan oeuvre partout où demeurent
les chrétiens. Mais il y a certainement des moments
où il oeuvre avec un pouvoir spécial, et l'époque
de l'église de Pergame fut un de ceux-ci. Pendant cette
période, la doctrine de Christ s'est corrompue, le
mystère d'iniquité oeuvrait, et Satan jetait
les fondements d'un système prodigieux d'apostasie:
la papauté. Cette déviation fut prédite
par Paul en 2 Thessaloniciens 2:3.
Il
est intéressant de noter que la ville de Pergame devint
le siège d'un ancien culte babylonien du soleil. «Les
mages chaldéens eurent une longue période de
prospérité dans Babylone. Un pontife désigné
par le souverain présidait un collège de 72
hiérophantes. . . [Après l'occupation médo-perse]
les Chaldéens vaincus prirent la fuite en Asie Mineure,
et ils établirent leur collège central à
Pergame, où ils avaient emmené avec eux le palladium
de Babylone, ou pierre cubique. Là, libres du contrôle
de l'Etat, ils perpétuèrent les rites de leur
religion, en intriguant avec les Grecs ils tramèrent
contre la paix de l'empire perse.»
Antipas.--Il
y a de bons motifs pour croire que ce nom se réfère
à une classe de personnes, et pas à un individu;
parce que nous n'avons pas maintenant d'informations authentiques
au sujet d'un tel personnage. William Miller dit à
ce sujet: «On suppose qu'Antipas n'était pas
une personne, mais une classe d'hommes qui s'opposait à
cette époque au pouvoir des évêques, ou
des papes, et que le mot est une combinaison de deux vocables:
'Anti', opposé, et 'pas', papa ou père. Beaucoup
de ces hommes souffrirent le martyr à cette époque,
à Constantinople et à Rome, où les évêques
et les papes commençaient à exercer le pouvoir
qui soumit très vite les rois de la terre et qui piétina
les droits de l'Eglise de Christ. Et, pour ma part, je ne
vois aucun motif pour refuser cette explication du mot «Antipas»
dans ce texte, puisque l'histoire de cette époque ne
dit absolument rien au sujet d'un individu appelé de
cette façon.»
Le
dictionnaire biblique de Watson dit: «L'histoire ecclésiastique
ancienne ne contient pas une seule mention de cet Antipas.»
Adam Clarke fait allusion à l'existence d'un écrit
appelé «Actes d'Antipas», mais il laisse
à entendre qu'il ne mérite aucun crédit.
La
raison du reproche.--Les situations désavantageuses
n'excusent pas la présence des maux dans l'Église.
Bien que cette église agissait à un moment où
Satan élaborait de puissantes séductions, ses
membres avaient le devoir de se maintenir libres de ses mauvaises
doctrines. Ils sont donc censurés pour héberger
parmi eux ceux qui soutiennent les doctrines de Balaam et
des Nicolaïtes (Voir les commentaires sur les Nicolaïtes
au verset 6). La doctrine de Balaam nous est partiellement
révélée ici. Il enseigna à Balak
à mettre une pierre d'achoppement devant les fils d'Israël
(Voir le récit complet de ses agissements et ses résultats
dans Nombres 22:25; 31:13-16). Il semble que Balaam désirait
maudire Israël pour obtenir la riche récompense
que Balak lui avait offerte. Mais comme le Seigneur ne lui
permit pas de le maudire, il résolut d'atteindre le
même résultat d'une autre façon. Il conseilla
à Balak de séduire les Israélites par
l'intermédiaire des femmes de Moab pour qu'ils participent
à la célébration des rites idolâtres
et à tous les actes licencieux qui les accompagnaient.
Le plan fut un succès. Les abominations de l'idolâtrie
se répandirent par tout le campement d'Israël,
la malédiction de Dieu tomba sur lui et 24 000 personnes
moururent.
Les
doctrines, dont la présence dans l'église de
Pergame attira un reproche, étaient similaires dans
leur tendance, car elles conduisaient à l'idolâtrie
spirituelle, et à une relation illicite entre l'église
et le monde. Cet esprit produisit finalement l'union des pouvoirs
civils et ecclésiastiques qui culmina par la formation
de la papauté.
L'avertissement.--Christ
déclara que si les membres de l'église de Pergame
ne se repentaient pas, il prendrait les choses en main, et
il viendrait à eux (en jugement), et plaiderait contre
eux; et toute l'église serait considérée
responsable des maux qui avaient occasionné les hérésies
qu'elle avait hébergées.
La
promesse au vainqueur.--La promesse est faite au vainqueur
qu'il mangera de la manne cachée, et qu'il recevra
l'approbation du Seigneur sous la forme d'une pierre blanche,
sur laquelle sera gravé un nom nouveau et précieux.
La majeure partie des commentateurs applique la manne, la
pierre blanche et le nouveau nom, aux bénédictions
spirituelles dont on peut jouir dans cette vie; mais comme
toutes les autres promesses faites au vainqueur, celles-ci
se réfèrent sans l'ombre d'un doute à
l'avenir et elles s'accompliront au moment où les saints
seront récompensés. Les explications suivantes
sont les plus justes:
"Les
commentateurs supposent en général que ceci
se réfère à l'ancienne coutume judiciaire
de laisser tomber une pierre noire dans une urne lorsqu'on
voulait exprimer une condamnation, ou une pierre blanche lorsqu'on
voulait gracier le prisonnier. Mais c'est un acte si distinct
de celui décrit dans le passage que nous considérons:
'je lui donnerai un caillou', que nous sommes disposés
à être d'accord avec ceux qui pensent qu'il s'agit
d'une coutume très différente, et connue de
celui qui a lu les classiques, qui concorde bien avec le cas
que nous avons devant nous. A l'époque primitive, quand
il était difficile de voyager faute de lieux d'hébergement
publics, l'hospitalité était exercée
par des particuliers. Nous en trouvons de nombreuses preuves
dans toute l'histoire, et surtout dans l'Ancien Testament.
Entre les personnes qui étaient l'objet de cette hospitalité
et celles qui la pratiquaient, il y avait fréquemment
des relations très amicales et une considération
mutuelle; et cela devint une coutume bien établie parmi
les Grecs et les Romains que de donner aux hôtes une
marque particulière, qui se transmettait de père
en fils et assurait l'hospitalité et un bon traitement
chaque fois qu'elle était présentée.
Cette marque était généralement une petite
pierre blanche, coupée au milieu et sur chacune de
ses moitiés le propriétaire de la maison et
son hôte écrivaient mutuellement leurs noms,
et ensuite ils les échangeaient. La présentation
de cette pierre suffisait à assurer l'amitié
à eux et leurs descendants quel que soit le moment
où ils reviendraient voyager par la même région,
bien qu'il soit évident que ces pierres devaient être
gardées en privé, et les noms écrits
sur elles devaient être cachés avec soin, afin
que d'autres personnes n'obtiennent pas les privilèges
à la place de ceux à qui ils étaient
destinés.
Comme
elle est donc naturelle l'allusion à cette coutume
: 'Je donnerai de la manne cachée; et en l'ayant fait,
en ayant partagé mon hospitalité avec lui, et
l'ayant reconnu comme mon hôte, mon ami, je lui ferai
cadeau d'un 'caillou blanc; et sur ce caillou est écrit
un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est
celui qui le reçoit'. Je lui donnerai une garantie
de mon amitié, sacrée et inviolable, que lui
seul connaît.»
Au
sujet du nouveau nom, John Wesley dit de manière très
appropriée: «Jacob, après sa victoire,
reçut le nouveau nom d'Israël. Veux-tu savoir
quel sera ton nouveau nom? C'est facile: vaincs. Tant que
tu n'auras pas vaincu, toutes tes recherches seront vaines.
Alors tu le liras sur la pierre blanche.»
La
durée de la période de cette église.--La
période comprise par cette église s'étend
depuis les jours de Constantin, ou mieux dit, depuis sa présumée
conversion au christianisme en 323 jusqu'à l'établissement
de la papauté en 538.
VERS.
18-29: «18 Ecris à l'ange de Thyatire: Voici
ce que dit le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une
flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à
de l'airain ardent: 19 Je connais tes oeuvres, ton amour,
ta foi, ton fidèle service, ta constance, et tes dernières
oeuvres plus nombreuses que les premières. 20 Mais
ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme Jézabel,
qui se dit prophétesse, enseigner et séduire
mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'impudicité
et qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles.
21 Je lui ai donné du temps, afin qu'elle se repentît,
et elle ne veut pas se repentir de son impudicité.
22 Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande
tribulation à ceux qui commettent adultère avec
elle, à moins qu'ils ne se repentent de leurs oeuvres.
23 Je ferai mourir de mort ses enfants; et toutes les Eglises
connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et
les coeurs, et je vous rendrai à chacun selon vos oeuvres.
24 A vous, à tous les autres de Thyatire, qui ne reçoivent
pas cette doctrine, et qui n'ont pas connu les profondeurs
de Satan, comme ils les appellent, je vous dis: Je ne mets
pas sur vous d'autre fardeau; 25 seulement, ce que vous avez,
retenez-le jusqu'à ce que je vienne. 26 A celui qui
vaincra, et qui gardera jusqu'à la fin mes oeuvres,
je donnerai autorité sur les nations. 27 Il les paîtra
avec une verge de fer, comme on brise les vases d'argiles,
ainsi que moi-même j'en ai reçu le pouvoir de
mon Père. 28 Et je lui donnerai l'étoile du
matin. 29 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit
dit aux Eglises.»
Si
la période englobée par l'église de Pergame
a bien été localisée correctement, elle
prit fin lorsque la papauté a été établie
en 538. La division la plus naturelle qui peut être
assignée à l'église de Thyatire serait
la durée de la suprématie papale, soit les 1260
ans qui vont de 538 à 1798.
L'église
de Thyatire.--Thyatire signifie «douce saveur du travail»
ou «sacrifice de contrition». Ceci décrit
bien l'état de l'église de Jésus-Christ
pendant la longue période du triomphe de la persécution
papale. Cette ère, qui fut celle d'une tribulation
épouvantable pour l'église telle qu'il n'y en
eut jamais (Matthieu 24: 21), améliora la condition
religieuse des croyants. Ils reçurent donc, à
cause de leurs oeuvres, de leur charité, de leur service,
leur foi et leur patience, l'éloge de Celui dont les
yeux sont des flammes de feu. Les oeuvres sont à nouveau
mentionnées comme dignes d'un double éloge,
vu que les dernières furent meilleures que les premières.
La condition des membres s'est améliorée; ils
ont crû en grâce dans tous les éléments
du christianisme. Ce progrès, dans de telles conditions,
fut complimenté par le Seigneur.
Cette
église est la seule qui reçut l'éloge
de s'être améliorée dans les choses spirituelles.
Mais comme pour l'église de Pergame les circonstances
défavorables n'excusent pas l'existence des fausses
doctrines, car aucune quantité de travail, de charité,
de service, de foi ou de patience ne pourrait servir de compensation
pour la présence d'un tel péché. Un reproche
lui est donc adressé pour tolérer un agent de
Satan dans son sein.
La
cause du reproche.--"La femme Jézabel».
Comme dans l'église précédente Antipas
ne représentait pas un individu mais une classe de
personnes, «Jézabel» doit aussi se comprendre
dans le même sens. Le Dictionnaire Biblique de Watson
affirme que: «Le nom de Jézabel est utilisé
proverbialement. Apocalypse 2: 20.» Et William Miller
explique: «Jézabel est un nom métaphorique,
en allusion à l'épouse d'Achab, qui tua les
prophètes du Seigneur, et alimenta les prophètes
de Baal à sa propre table. Aucune autre figure plus
vivante ne pouvait mieux décrire les abominations papales
(Voir 1 Rois 18, 19 et 21. . .). Il est très évident,
par l'histoire et par ce verset d'Apocalypse, que l'Église
de Christ permit que quelques moines papaux prêchassent
et enseignassent dans son sein».
Dans
le Comprehensive Commentary, nous trouvons la remarque suivante:
«il est parlé des enfants, ce qui confirme l'idée
qu'il s'agit d'une secte et de ses prosélytes.»
Les
châtiments qui menacent cette femme s'harmonisent avec
les menaces qu'il y a dans d'autres parties de ce livre contre
l'Eglise catholique romaine, sous le symbole d'une femme corrompue,
mère des prostituées et des abominations de
la terre (Voir Apocalypse 17-19). La mort qui la menace est,
sans l'ombre d'un doute, la seconde mort, qui aura lieu à
la fin des mille ans de l'Apocalypse 20, quand Celui qui scrute
les reins et les coeurs de tous les hommes lui donnera une
rétribution juste. Remarquons aussi la déclaration:
«Je vous rendrai à chacun selon vos oeuvres»,
comme preuve que les paroles adressées à cette
église s'appliquent prophétiquement à
la récompense finale ou au châtiment de tous
les êtres responsables.
«Toutes
les églises connaîtront».--Il a été
dit que cette expression prouve que toutes les églises
ne peuvent pas représenter sept périodes successives
de l'ère évangélique, mais qu'elles devaient
être contemporaines. Dans le cas contraire, toutes les
églises ne pourraient pas savoir que Christ est «Celui
qui sonde les reins et les coeurs», en voyant les jugements
sur Jézabel et ses enfants. Mais quand les églises
doivent-elles connaître tout cela? Quand ses enfants
seront condamnés à mort. Si c'est le moment
où la seconde mort est infligée aux impies,
alors toutes les églises sauront, en contemplant ce
châtiment, qu'aucune chose secrète, aucune mauvaise
pensée ou dessein du coeur n'échappent à
la connaissance de Celui qui, avec ses yeux de flamme, scrute
les coeurs humains.
«Je
ne mets pas sur vous d'autre fardeau». Nous croyons
qu'il s'agit de la promesse pour l'Église qu'elle serait
soulagée de la charge qu'elle a dû supporter
durant si longtemps, à savoir le poids de l'oppression
papale. Cette expression ne peut pas s'appliquer à
la réception de nouvelles vérités, parce
que la vérité n'est une charge pour aucune personne
responsable. Mais les jours de persécution qui touchaient
l'Église allaient être écourtés
à cause des élus (Matthieu 24: 22). «Ils
seront un peu secourus», dit le prophète (Daniel
11: 34). «La terre secourut la femme», dit Jean
(Apocalypse 12: 16).
La
mise en garde.--«Ce que vous avez, retenez-le jusqu'à
ce que je vienne». Ce sont les paroles du Fils de Dieu,
et elles nous présentent une venue inconditionnelle.
Les églises d'Éphèse et de Pergame, furent
menacées d'une venue conditionnelle: «Repens-toi
donc; sinon, je viendrai à toi bientôt».
Cette venue implique un châtiment. Mais la venue dont
il est question ici est d'un caractère différent.
Ce n'est pas une menace de punition. Elle ne dépend
d'aucune condition. Elle est présentée au croyant
comme une espérance, et elle ne peut pas se référer
à un autre événement que la seconde venue
future du Seigneur dans la gloire, quand les épreuves
du chrétien cesseront et que ses efforts et ses luttes
dans le cours de la vie pour recevoir une couronne de justice
seront récompensés d'un succès éternel.
Cette
église nous conduit jusqu'au moment où les signes
les plus immédiats de la venue toute proche commencent
à s'accomplir. En 1780, huit ans avant que cette période
ne se termine, les signes prédits concernant la lune
et le soleil eurent lieu (Voir les commentaires sur Apocalypse
6: 12). De ces événements, le Sauveur a dit:
«Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous
et levez vos têtes, parce que votre délivrance
approche» (Luc 21: 28). Nous arrivons à un point
de l'histoire de cette église où la fin est
si proche que nous pouvons attirer l'attention des gens plus
particulièrement sur cet événement. Christ
avait dit à ses disciples: «Faites du commerce
avec cet argent jusqu'à ce que je revienne» (Luc
19: 13, Bible en Français courant, 1997). Maintenant,
il dit en parlant de la charge qu'ils doivent porter: «retenez-le
jusqu'à ce que je vienne».
La
promesse faite au vainqueur.--«Jusqu'à la fin».
Il doit s'agir de l'ère chrétienne. «Celui
qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé»,
dit Christ (Matthieu 24: 13). N'avons nous pas ici une promesse
similaire à celle qui est faite à ceux qui font
les oeuvres de Christ, et observent ce qu'Il a ordonné
et gardent la foi de Jésus? (Apocalypse 14: 12).
«Autorité
sur les nations.--Les impies règnent sur ce monde,
et les serviteurs de Christ ne sont pas estimés. Mais
le moment viendra où la justice dominera; où
l'impiété sera vue telle qu'elle est, et elle
sera méprisée; où le sceptre du pouvoir
sera aux mains du peuple de Dieu. Cette promesse est expliquée
par les passages et les faits suivants: les nations doivent
être remises par le Père aux mains du Christ,
pour qu'Il les gouverne avec une verge de fer, et qu'Il les
brise comme un vase de potier (Psaume 2: 8, 9). Associés
à Christ quand Il débute son règne puissant
et le jugement, se trouveront ses saints (Apocalypse 3: 21).
Ils devront régner avec Lui, dans cette position, pendant
mille ans (1 Corinthiens 6: 2, 3). A la fin des mille ans,
les saints auront l'honneur de participer avec Christ à
l'exécution de la sentence écrite (Psaume 149:
9).
L'étoile
du matin.--Christ dit dans Apocalypse 22: 16, qu'il est l'Etoile
du matin, précurseur immédiat du jour. Dans
2 Pierre 1: 19, elle est associée avec l'apparition
du jour: «jusqu'à ce que le jour vienne à
paraître et que l'étoile du matin se lève».
Durant la longue nuit de veille des saints, la Parole de Dieu
déverse sur leur sentier la lumière dont ils
ont besoin. Mais quand la lumière du matin apparaît
dans leurs coeurs, où l'étoile du matin est
donnée aux vainqueurs, ils seront admis à avoir
une relation si étroite avec Christ que leurs coeurs
seront pleinement éclairés par son Esprit, et
ils marcheront dans sa lumière. Ils n'auront plus besoin
de la parole de la prophétie, qui resplendit maintenant
comme une torche dans un lieu obscur. Hâte-toi, ô
heure glorieuse, quand la lumière du céleste
jour éclatant, se lèvera sur le sentier des
fidèles, et que les rayons de la gloire du monde éternel
doreront leurs bannières!