Ellen WHITE

Histoire

Actualité

Prophéties

Sabbat

Catholicisme

 

BABYLONE et LA BÊTE


Gordon A. Frase

Les prophéties constituent l'un des sujets les plus fascinants de toute la Bible. Les descriptions du monde tel qu'il sera avant le retour de Jésus et l'espérance glorieuse d'une terre où régnera la paix, auront toujours de l'attrait pour celui qui sonde les Ecritures avec diligence et dans un esprit de prière.
Le chapitre 17 de l'Apocalypse renferme une prophétie se rapportant au présent et à l'avenir, qui est un chef-d'œuvre du genre. L'histoire de certaines nations, dont il trace les lignes essentielles montre clairement que l'Eternel laisse Satan lui-même prouver à la fois la futilité de son système de gouvernement et l'impérieuse nécessite pour l'homme de reconnaître celui que Dieu a établi et scellé par le sang de son propre Fils.
Dépourvu des nobles principes divins, seuls capables d'unir un peuple pour l'éternité, le système de Satan est imprégné d'une corruption morale qui engendre décadence et dégénérescence, et finit par attirer sur lui une ruine irrémédiable. Ce chapitre 17 en entier est la description du jugement d'une immense association de méchants.

La vision de Jean
Un ange présente d'abord au prophète le sujet de la vision. Puis, au verset 3, Jean est " ravi en esprit" et contemple une femme assise sur une bête écarlate. Cette femme est si profondément marquée par l'influence de Satan qu'elle a pris sa couleur (Apoc. 12:3,9). A l'exception de ce point, Apocalypse 13 nous fournit une description encore plus détaillée de la scène ; mais pour comprendre ce que Dieu veut nous révéler par cette bête, il importe de ne pas la confondre avec le dragon du chapitre 12.
L'ange déclare que cette " grande prostituée " est " assise sur les grandes eaux " (chap. 17:1). Au verset 15, Jean nous apprend que les " eaux (...) sont des peuples, des foules, des nations, et des langues ". Nous saisirons mieux le sens de cette prophétie si nous nous rappelons que la bête d'Apocalypse 13: 12 a les dix cornes de l'animal indéfinissable de Daniel 7: 7, le corps d'un léopard (v. 6), les pieds d'un ours (v. 3) et la tête d'un lion (v. 4). Toutes ces bêtes sont sorties de la mer (v. 3). Les caractéristiques que Daniel discerne dans quatre animaux différents, Jean les trouve dans la description homogène unique d'une puissance blasphématoire.
Si une femme chaste représente une église pure (Apoc. 12), de même une église souillée a pour symbole une prostituée (chap. 17). Il est aisé de reconnaître dans cette dernière la puissance ecclésiastique de l'église romaine. Parée d'ornements précieux (v. 4), pleine de blasphèmes et de doctrines qui incitent les rois de la terre à se livrer à l'impudicité spirituelle, elle entraîne les hommes vers une destruction totale.
La précision de cette prophétie, qui s'accomplit aujourd'hui sous nos yeux, ne peut que nous émerveiller. Le verset 6 nous montre la femme " ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus " tandis que, dans Apocalypse 13 : 7, la bête persécute le peuple de Dieu.
Selon le symbolisme biblique, une bête représente une puissance politique (Dan. 7 ; Apoc. 13 : 11) et une femme tient la place d'un pouvoir ecclésiastique. Avec quelle exactitude cette description s'applique à l'église catholique romaine ! Les papes ont couronné des rois et fait mettre à mort, par les pouvoirs politiques, les prétendus hérétiques. Pour voir avec quelle précision l'histoire correspond à cette prophétie il faut que nous examinions attentivement la puissance de la bête.

Apocalypse 13 et 17
Deux versets montrent clairement au lecteur que les chapitres 13 et 17 de l'Apocalypse décrivent la même bête. " Et je vis l'une de ses têtes comme blessée à mort ; mais sa blessure mortelle fut guérie " (Apoc. 13:3). " La bête que tu as vue était, et elle n'est plus. Elle doit monter de l'abîme, et aller à la perdition " (Apoc. 17:8). Le premier passage présente la bête comme étant mortellement blessée, tandis que dans le second texte nous la voyons monter de l'abîme (abussos). Dans les deux cas, ce prodigieux rétablissement cause l'étonnement du monde.
En 1798, sur l'ordre de Napoléon, le général Berthier emmena le pape prisonnier. En 1870, le gouvernement italien dépouilla l'Eglise de sa puissance temporelle. Nous lisons dans le Larousse du XXe siècle (vol. IV, p. 360) ce qui suit au sujet du traité historique conclu entre le gouvernement fasciste de Mussolini et la papauté: " Latran (Accords de). (...) Actes diplomatiques par lesquels le gouvernement italien et le Saint-Siège mirent fin au conflit latent qui les séparait depuis que le premier avait, en 1871, occupé les états du second. (...) Ils sont au nombre de trois: 1. Un traité politique par lequel le souverain pontife voit reconnaître la plénitude de sa souveraineté, avec tous les attributs qu'elle comporte, sur le minuscule territoire dont la loi italienne des garanties (1871) ne lui laissait que l'usufruit (...) ; 2. une convention financière (...) comme dédommagement pour la perte des anciens revenus temporels du Saint-Siège ; 3 un concordat religieux accordant à l'Eglise catholique en Italie (...) la position privilégiée d'une religion officielle. Signés le 11 février (1929) et ratifiés au mois de juin suivant, les accords de Latran eurent un grand retentissement (...) "
Ce ne devait être que le début de la remontée de Rome au pouvoir. Là aussi la prophétie s'accomplit avec une grande exactitude : tandis que l'Eglise déclinait, c'était la bête (le pouvoir temporel) qui était blessée à mort, puis qui guérissait (" elle était, elle n'est plus, et elle doit monter de l'abîme) (Apoc. 13:3 et 17:8). Récemment, le souverain pontife a travaillé avec le gouvernement communiste en vue de libérer certains prêtres et, aux dires des commentateurs, il en a retiré plus d'un avantage. Ainsi on l'acceptera plus facilement en tant que médiateur éventuel dans des conflits tels que la guerre du Viet-Nam. Dernièrement, à Paris, l'évêque Agostino Casaroli a rendu visite à un diplomate d'Hanoï, chargé d'une mission qui se serait avérée impossible à réaliser si les relations entre l'Eglise et le communisme étaient demeurées tendues.
Le Vatican possède aujourd'hui un gouvernement ecclésiastique et temporel, représenté dans la prophétie biblique par une femme assise sur une bête.

Les sept têtes
Elles sont très significatives. " C'est ici l'intelligence qui a de la sagesse. - Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois : cinq sont tombés, un existe, l'autre n'est pas encore venu, et quand il sera venu, il doit rester peu de temps " (Apoc. 17:9,10).
Ces deux versets contiennent trois symboles accompagnés chacun du nombre sept. Selon l'interprétation donnée ailleurs, ils représentent des royaumes, des empires ou des puissances politiques (têtes - Dan. 7:6; montagnes - Dan. 2:35,45; rois - Dan. 2:37,38).
" Ce sont aussi sept rois " (en grec : " Kai basileis kepta eisin"), lisons-nous dans Apocalypse 17 : 10. Il est donc évident que, pour Jean, les têtes, les montagnes et les rois symbolisent la même chose. Ces royaumes forment ici une seule bête ; leur unité est due à l'influence de Satan de qui ils tiennent leur puissance (chap. 13:2).
A l'époque de Jean, cinq rois sont déjà tombés, le sixième est au pouvoir et le septième doit encore venir. L'histoire de ce monde a connu sept empires universels principaux : l'Egypte, qui accéda à trois reprises à une très grande puissance ; l'Assyrie, qui vainquit Israël ; Babylone ; les Mèdes et les Perses ; la Grèce, la Rome païenne et la Rome papale. Les cinq premiers avaient tous disparu de la scène du monde quand le prophète eut cette vision. La Rome païenne tenait encore le sceptre, avant d'être englobée, quelques siècles plus tard, dans \f> Rome papale. L'Eglise catholique romaine, soutenue par le gouvernement civil, dirigeait celui-ci, et pendant un certain temps, le Saint-Empire romain représenta le pouvoir temporel ; des dix cornes, les sept qui restaient (l'Europe) symbolisaient des rois vassaux assez puissants et indépendants.
Les versets 3, 7 et 9 du chapitre 17 déclarent que la femme est assise sur la bête et portée par elle. Ce point est très important. En fait, la géographie semble confirmer la prophétie, car la ville de Rome s'étend sur sept collines (montagnes) qui symbolisent en quelque sorte les sept empires universels qui lui ont servi d'appui. Chacun d'eux a joué un certain rôle dans le développement de ses doctrines.
Fausses doctrines
L'Eglise catholique fonde ses doctrines sur la tradition comme aussi sur la Bible, selon la déclaration faite au concile de Trente (l). Ces traditions, transmises au cours des âges à partir de sources païennes, ont affecté la grande majorité de ses enseignements pour ne pas dire tous. Dans son livre " Paganism to Christianity in the Roman Empire " (Du paganisme au christianisme dans l'Empire romain), Walter Woodburn Hyde admet : " Mais tandis que l'empire se christianisait, l'Eglise devenait en partie païenne " (2).
L. E. Froom, dans " The Conditionalist Faith of Our Fathers " (La foi conditionnaliste de nos pères), volume II, souligne le fait que de multiples sources païennes sont à l'origine de la doctrine du purgatoire. Il nomme l'Egypte, la Perse et les philosophes platoniciens grecs (3).
La plupart des divinités qui remontent à l'Assyrie, à Babylone, à la Perse et à la Grèce existèrent dans le paganisme romain sous une forme ou sous une autre.
" Cette influence (babylonienne) se manifesta de différentes manières. Premièrement elle introduisit de nouveaux dieux : Bel passa ainsi du panthéon babylonien à celui de Palmyre et fut honoré dans toute la Syrie du nord. Il fallut aussi regrouper d'anciennes divinités. ... Finalement, et c'est très important, le culte des astres opéra des changements radicaux dans les caractéristiques attribuées aux puissances célestes et, par voie de conséquence, dans tout le paganisme romain. " (4).
A propos de la doctrine du purgatoire, le Dr Froom déclare : " Augustin en établit le fondement qui fut ensuite sanctionné par le pape Grégoire le Grand (vers 582), puis soutenu par Damien et consommé sous Pierre Lombard et Thomas d'Aquin. Augustin, sur les traces de Platon, - avec son concept d'une demeure de souffrances sans fin - semble avoir été le premier auteur chrétien à parler d'une purification de " l'âme éternelle " qui aurait lieu pendant que le corps gît dans la tombe, bien qu'il rejetât catégoriquement l'idée d'un " troisième " domaine (les deux autres étant le ciel et l'enfer) " comme étant inconnue aux chrétiens et étrangère à la révélation ". Mais, par cette doctrine, il chercha à offrir aux croyants un moyen d'échapper aux douleurs terribles d'un enfer éternel. La position élevée qu'occupait Augustin dans les milieux théologiques donna du crédit à ce concept qui fut accepté parmi les tribus barbares fixées en Italie, en Espagne et en Angleterre ". (5)
II serait difficile de connaître la nature et le nombre exact de toutes les sources des doctrines papales ; toutefois, on peut dire qu'une grande partie des traditions des empires s'est cristallisée dans l'enseignement et les pratiques catholiques. Au cours de l'histoire,, l'influence satanique s'est toujours opposée à la vérité, encore qu'en s'adaptant aux circonstances. La semence de la doctrine de l'immortalité de l'âme fut plantée au jardin d'Eden, lorsque Satan affirma: "Vous ne mourrez point" (Gen. 3:4).
La sanctification du dimanche, dont l'origine remonte également au paganisme, est contraire à la loi et au gouvernement de Dieu. Il n'est donc pas étonnant que Jean ait vu une bête de couleur écarlate.

" La bête qui était, qui n'est plus et qui reparaîtra "
Apocalypse 17:11. Ce passage semble compliqué, mais il s'accorde merveilleusement bien avec les versets 8 et 10, de même qu'avec le verset 3 du chapitre 13.
" La bête qui était, et qui n'est plus, ("dont la blessure mortelle avait été guérie") est elle-même un huitième roi, et elle est du nombre des sept, et elle va à la perdition " (Apoc. 17: 11)
Remarquez la correspondance des deux passages :
Apocalypse 17:11
1. " était et n'est plus. "
2. " est elle-même un huitième roi. "
3. " elle est du nombre des sept. "
4. " V. 8 : " Les habitants de la terre ... s'étonneront. "
Apocalypse 13:3
1. "une de ses têtes comme blessée à mort. "
2. " la blessure mortelle avait été guérie. "
3. " l'une de ses têtes. "
4. " Et toute la terre était dans l'admiration derrière la bête. "
Lorsque la Rome païenne s'effondra, un gouvernement politico-religieux lui succéda, qui dura 1260 ans. Mais le huitième roi qui est " du nombre " des sept (ek ton hepta) représente le retour de la Rome papale à une double puissance le 11 février 1929. Il est toujours question d'une femme assise sur une bête écarlate. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, celui-là même (Mussolini] qui redonna au pape son autorité, fut assassiné et pendu la tête en bas avec sa maîtresse dans les rues de Rome. Cependant, l'Eglise catholique romaine va résolument de l'avant, jusqu'à ce que les rois de la terre se livrent à l'impudicité avec elle.
Or, nous voyons qu'à notre époque, les chefs d'états, et même les peuples du monde entier, comptent toujours plus sur les conseils du pape pour les aider à débrouiller leurs affaires nationales et religieuses. Cette union, qui doit promouvoir l'autorité ecclésiastique, entraîne la perte de la liberté religieuse et favorise une attitude impudique de la part de l'Eglise.
Les chefs d'états accepteront les lois du pouvoir ecclésiastique qui limiteront la liberté de conscience et détourneront les humains de la fidélité et de l'obéissance à Dieu. De nos jours, les " rois " de ce monde, tout comme les chefs religieux, prêtent attention aux conseils et aux directives de cette puissance politico-religieuse.

L'Eglise-mère
La femme représente l'Eglise catholique romaine en tant que " mère des impudiques " (Apoc. 17:5). Elle semble changer ensuite aux yeux de Jean et apparaît comme " la grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre " (v. 18). Les filles sont rassemblées autour de la mère. Fait significatif, Rome est reconnue comme l'Eglise-mère ; actuellement, nous constatons que les " frères séparés " retournent en quelque sorte au bercail.
Comme le font les hommes à l'égard d'une femme de mauvaise vie, ils finiront par haïr la prostituée (v. 16). "Les foules, furieuses, s'écrient : "Nous sommas perdues, et c'est vous qui êtes la cause de notre ruine !" ; elles se tournent contre leurs faux bergers. Ceux qui les admiraient profèrent contre eux les plus terribles malédictions. Les mains mêmes qui les couronnaient de lauriers sont les premières à se lever contre eux. Les épées qui devaient verser le sang du peuple de Dieu se dirigent maintenant contre ses ennemis." - ,,La Tragédie des Siècles", p. 697, éd. 1936.
Cette vision de Jean brosse un tableau grandiose de la croissance, de l'hégémonie et de la disparition totale d'une puissance qui, en notre époque finale, fera la guerre à l'Eglise du reste, à celle qui garde les commandements de Dieu et qui a le témoignage de Jésus. Combien donc il importe que les adventistes du Septième Jour comprennent la véritable nature de ce conflit, lors duquel l'Eglise romaine sera alliée au protestantisme apostat et au spiritisme (Apoc. 16 : 13) ! A la lumière de l'actualité, proclamons fidèlement le message du troisième ange d'Apocalypse 14.

,,The Ministry", décembre 1969.