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LES
ESPRITS DES GRENOUILLES D'APOCALYPSE 16
E.
E. CLEVELAND
"
Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête,
et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables
à des grenouilles. " - Apoc. 16 : 13.
Ce verset nous présente les trois aspects d'un mouvement religieux
qui, lui-même suscité par le Maître suprême en
fourberie, entraîne ses adhérents loin de Dieu. Ces trois
aspects
- le dragon, la bête, le faux prophète -- sont en réalité
trois puissances. Les paroles qui sortent de leur bouche dénoncent
leurs dispositions intérieures ; elles reflètent fidèlement
leur esprit et leur attitude. Le texte suggère que ces puissances
communiquent cet esprit et cette attitude a une part importante de l'humanité
- et cela avec succès, puisqu'il est clairement indiqué
que l'apostasie engendrée par leurs messages aura comme résultat
final le rassemblement des nations pour être traduites en jugement
devant le Dieu de l'univers
- car tel sera le sens du combat d'Harmaguédon. Ce sera la vallée
de l'ultime sentence. Nous aurons l'occasion, plus loin, de revenir sur
ce sujet.
Le
dragon
En ce qui concerne l'identité du dragon, point d'équivoque
possible : " Et il fut précipité, le grand dragon,
le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui a séduit
toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges
furent précipités avec lui. " - Apoc. 12 : 9.
En étudiant la Bible, nous constatons que, de toutes les doctrines
sorties de la bouche du dragon - c'est-à-dire du démon o-
celle qui a eu sur notre monde l'influence la plus corruptrice fut formulée
pour la première fois en Eden sous cette forme lapidaire : "
Vous ne mourrez point. " - Gen. 3 : 4. C'est de là qu'est
issu le spiritualisme. Mais le but initial de cette déclaration
était de soulever des doutes quant à la véracité
des enseignements de Dieu. En fait, les spiritualistes ne peuvent pas
faire confiance à la Parole de Dieu, parce qu'elle condamne l'essence
même de leurs propres croyances.
Les esprits qui se manifestent lors des séances spirites et ce
qu'ils accomplissent par l'entremise des médiums ; les tarots,
la prédiction de l'avenir d'après la boule de cristal ou
le marc de café ne sont pas simples passe-temps de démons
oisifs. Sous la folie apparente se cache un souci de méthode. Il
n'est aucun procédé dont Satan puisse user aussi efficacement
pour séparer les âmes de Dieu et les placer sous sa propre
bannière, sinon celui de les gagner aux enseignements spiritualistes.
Ainsi, au cours des âges, s'est-il assuré l'attachement do
foules de gens, qu'il a du même coup soustraits à l'influence
de l'Evangile, car le spiritualisme mobilise à la fois les sentiments
et l'intellect, ce qui le rend doublement dangereux. La manière
dont le serpent séduisit Eve relève du raisonnement et des
émotions. En outre, l'accès à une nouvelle sphère
spirituelle, plus élevée, était garanti dans cet
appel, qui se trouvait ainsi doté d'une dimension supplémentaire.
Grâce à ces trois éléments le spiritualisme
n'a cessé de progresser, si bien qu'aujourd'hui il s'est infiltré
dans la plus grande partie de la chrétienté. Quelle autre
puissance terrestre pourrait à tel point enflammer la colère
du Créateur que celui-ci décide de rassembler promptement
les nations dans la vallée du jugement ? D'après notre texte
le spiritualisme est donc bien l'une des influences qui précipiteront
la crise.
La
bête
Considérons maintenant une deuxième figure corruptrice :
celle de la bête. Aucun doute ne subsistait dans l'esprit de l'apôtre
Jean quant à la véritable identité de la bête.
Et les descriptions que l'Apocalypse donne de celle-ci dissipent pratiquement
tous ceux que nous pourrions avoir. Partant de l'hypothèse que
chacun de nos lecteurs a étudié la prophétie biblique,
nous nous contenterons de dire que la bête, c'est Rome. Sous sa
forme païenne, cette puissance se livra à tant d'excès
que la place nous manque pour les énumérer tous. Nous soulignerons
seulement que ce fut surtout dans son comportement à l'égard
du Fils du Dieu vivant, et dans son refus de croire à la divinité
de celui-ci que cette puissance fit éclater au grand jour la bestialité,
la bassesse de son caractère. Le gouvernement religieux qui succéda
à l'hégémonie païenne de Rome ne fit que compliquer
les choses, en adhérant à la doctrine de l'immortalité
innée de l'âme, proposée à l'origine par le
dragon, ainsi qu'en proclamant le dogme de la sainteté du dimanche
- ce qui était une innovation dans l'enseignement chrétien.
Sous le couvert de la religion, nous sommes en réalité confrontés
une fois encore avec l'inquiétant travail de sape dirigé
contre le concept chrétien de l'autorité et du pouvoir juridique
de la loi divine.
C'est de la bête qu'émané l'étrange doctrine
selon laquelle a) l'homme possède non seulement la compétence,
mais aussi l'autorité nécessaires pour modifier la loi de
Dieu ; et b) les traditions accumulées par l'Eglise au cours des
siècles constituent, en matière de foi et de culte, une
norme aussi solide et aussi valable que celle des Saintes Ecritures. Un
tel renversement de l'autorité divine laisse libre cours au déferlement
de l'iniquité sous ses formes les plus variées et dans des
proportions démesurées, tandis que par un raffinement de
ruse, on prétend agir au nom de la religion et de la sainteté
! On comprend sans peine que cette insulte au caractère de Jéhovah
doive attirer une riposte correspondante : en l'occurrence, Harmaguédon.
Le
faux prophète
Ce personnage ajoute le poids de son influence à celui de la bête
et du dragon, et le poids de ses outrages aux torts infligés précédemment
à la vérité. Ne perdons pas de vue le fait que ces
différentes puissances ne visent qu'à dénaturer en
l'homme l'image du Créateur. Les acteurs de ce drame - autrement
dit, ceux qui font le jeu de ces trois puissances - peuvent être
zélés, sincères, mais, en tout cas, on les trompe
où ils se trompent eux-mêmes. On a constaté que les
conséquences pratiques de la propagation d'enseignements erronés
étaient : a) un éloignement de Dieu, de la part de ceux
qui les acceptent ; b) une conception faussée du caractère
de Jéhovah dans l'esprit de la majorité des gens.
Nous aimerions cependant faire remarquer que le faux prophète ne
mérita pas toujours ce titre infamant. La Réformation, par
exemple, fut voulue de Dieu et ses héros furent des hommes remplis
du Saint-Esprit et craignant l'Eternel. A ses débuts, on peut donc
dire qu'elle fut soumise à l'influence d'un prophète authentique.
Mais celui-ci se mua en transfuge lorsque la Réforme, cessant d'évoluer
conformément à la volonté divine, se fit l'écho
de la doctrine du dragon - qui est celle de l'immortalité de l'âme
- et de celle de la bête, qui impartit un caractère sacré
au dimanche. Gardons-nous d'oublier, en effet, que la Réforme avait
pour but initial et essentiel de rétablir les normes apostoliques
dans tous les domaines, et notamment en ce qui concernait ces points particuliers.
C'est le refus de continuer à se renouveler par l'étude
et la recherche de la vérité qui a rendu le protestantisme
infidèle à son mandat. Ce refus, à lui seul, suffit
presque à expliquer le chaos doctrinal qui règne de nos
jours dans la plupart des milieux religieux chrétiens. L'adventisme
a vu le jour parce que la vie créatrice était sur le point
de s'éteindre. Si le protestantisme était resté attaché
à sa mission et l'avait accomplie, notre mouvement n'existerait
pas. La suite de cet article nous prouve qu'au point de vue doctrinal,
l'Eglise Adventiste a loyalement continué d'uvrer dans l'esprit
de la Réforme.
L'Adventisme
Dans le monde entier, l'Adventisme combat la doctrine du dragon et, s'appuyant
sur la Bible, rejette le postulat, passé au rang de dogme, de l'immortalité
innée de l'âme. Par contre, il proclame la pérennité
de la loi de Dieu, son rôle de juge actif dans la vie de chaque
chrétien, et la sainteté du septième jour de la semaine
ou sabbat. Cette attitude l'oppose diamétralement à la bête
et à sa doctrine. En outre, l'Adventisme reconnaît le ministère
sacerdotal du Seigneur Jésus-Christ dans son sanctuaire, et le
fait que le péché est pleinement et définitivement
expié dans les cours célestes. Ceci bat en brèche
l'enseignement de la bête, selon lequel il existerait encore une
sacrificature terrestre vers laquelle l'homme devrait se tourner pour
obtenir la rémission de ses péchés.
L'Adventisme
poursuit l'uvre de la Réforme
II ressort donc des lignes précédentes que l'Adventisme
n'est pas " une dénomination de plus ", venue simplement
s'ajouter à une structure religieuse adéquate et déjà
existante. Il est, entre les mains de Dieu, un puissant instrument destiné
à réparer les brèches percées dans le rempart
de la vérité par le dragon, la bête et le faux-prophète.
Au travers de cette Eglise et de ses enseignements, le Seigneur désire
poursuivre l'uvre de réforme entreprise par Luther et les
autres pionniers du protestantisme. Si notre corps pastoral comprenait
à fond ce que cela signifie, il serait revêtu d'une puissance
qui lui permettrait de propager sa foi avec une ferveur et une efficacité
accrues. Bref, ce dont nous avons le plus urgent besoin, c'est de prendre
davantage conscience de notre mission. Rien n'est plus pathétique
que de voir un messager de Dieu, chargé de préparer les
vivants à la mort et à l'éternité, ignorer
si l'existence de l'Eglise à laquelle il appartient est nécessaire
ou non, et si ce qu'il fait a un sens !
Il est cependant douloureux de constater qu'une telle incertitude est,
aujourd'hui, le lot de plus d'un ministre de l'Evangile. Ce qui nous tient
à cur, c'est que les croisades missionnaires entreprises
par les adventistes au nom du Christ deviennent réellement ce que
leur nom implique, et que nous prêchions avec une passion et une
force de conviction telles que plus un siège vide ne puisse nous
narguer, dans nos lieux de culte. Pour appeler les soldats au combat,
la trompette doit retentir d'une manière particulière. De
même, le message du prédicateur doit être significatif
et transmis avec une solennelle ardeur, de sorte que tous ceux qui l'entendent
ne puissent s'empêcher de constater qu'ils se trouvent en présence
d'un orateur sincère, " engagé ", dont la cause
est digne d'attention. Si, alors que certains prêchent, personne,
dans le monde, ne prête l'oreille à leurs discours, ce n'est
pas forcément le monde qu'il faut incriminer ! Déjà,
dans le passé, les hommes qu'animaient la puissance de l'Esprit
Saint surent forcer l'attention de leurs auditoires. De tels hommes existent
encore à notre époque, et nous avons des preuves du fait
qu'à cet égard, l'avenir sera plus glorieux que le présent.
Sous
la menace d'Harmaguédon
Notre prédication, chers amis dans le ministère, se poursuit
sous la menace d'Harmaguédon ; ce qui signifie qu'une confrontation
entre l'homme et son Créateur est imminente. Parlant du retour
du Seigneur et de la solution définitive qui sera apportée
au problème du péché, le prophète cite un
nom familier aux étudiants en histoire (Apoc. 16 : 16) ; il s'agit
de celui d'Harmaguédon. La vallée de Meggido, que la tradition
associe à Harmaguédon, fut le théâtre de plus
d'un conflit décisif, au cours de l'histoire. Ce fut là
que les troupes de Pharaon-Néchoh défirent celles du roi
Josias, et que l'armée de Sisera fut mise en fuite par l'ange de
l'Eternel. On peut donc dire de ce lieu qu'il était un lieu de
jugement, de décision. Ceux qui s'y affrontaient n'étaient
ensuite plus les mêmes : ils étaient irrémédiablement
transformés.
Nous ne saurions mieux décrire la fin du monde et le retour en
gloire du Sauveur qu'en évoquant ce nom. Après Harmaguédon,
notre terre ne sera plus jamais la même. Tout ce que l'humanité
a édifié, tous les plans ambitieux qu'elle a échafaudés
seront engloutis dans une mer de feu. Le théâtre du combat
ne sera pas seul dévasté : le fléau s'abattra sur
toutes les nations peuplant la face du globe. De Moscou à Washington,
des îles Fidji à la Finlande, une confrontation universelle
aura lieu entre Dieu et l'homme, car le Christ aura pris le commandement
des opérations " et tout il le verra ". Compris
dans son sens le plus large, Harmaguédon désigne le retour
du Seigneur et la fin de l'administration par les hommes des affaires
de ce monde. Cet événement, catastrophique pour les méchants,
marquera pour les justes l'instant d'une joyeuse délivrance.
On entend souvent demander si le retour du Christ sera immédiatement
précédé de l'affrontement d'armées ennemies.
Faisons remarquer à ce propos que, maintenant déjà,
des armées sont en guerre, bien que le Saint-Esprit ne se soit
pas encore retiré de la terre. Dans ce cas, comment raisonnablement
s'attendre à voir les hommes vivre en paix les uns avec les autres
après que cet Esprit divin les aura quittés ?... Si nous
voulons être honnêtes envers nous-mêmes comme envers
les autres, nous devons donc nous accoutumer à la pensée
qu'il y aura combat et effusion de sang jusqu'au dernier des instants
précédant la seconde venue de Jésus. Mais le nom
d'Harmaguédon ne contient pas que ce cruel message ; il nous promet
quelque chose d'infiniment plus grand et plus précieux : le retour
du Sauveur sur notre terre, - et c'est ce que nous devons proclamer avec
force et conviction.
Il semble également certain qu'Harmaguédon prendra fin lors
de la destruction des méchants par les flammes de la géhenne,
à la fin du millénium. Toutefois, dans son essence, le mot
Harmaguédon, tel qu'il figure dans Apoc. 16 : 16, ne limite pas
la zone d'influence du retour du Christ et des événements
qui en découleront à l'étroite plaine triangulaire
ainsi nommée ; il décrit plutôt un fait dont chacun,
où qu'il se trouve ici-bas, fera l'expérience à la
venue du Christ. Les affaires et le commerce cesseront. L'attention de
l'humanité entière se portera enfin sur le Créateur
; seul, Dieu sera exalté en ce jour. Le Christ s'emparera du royaume
par la force, cependant que les méchants et les démons confesseront
des lèvres ce qu'ils reconnaissaient depuis longtemps pour vrai
dans leur cur, mais niaient par leur vie !
Les ombres d'Harmaguédon envahissent peu à peu la planète,
entraînant à leur suite des conséquences d'une portée
éternelle. Quel privilège d'être un ministre de l'Evangile
en un temps tel que celui-ci ! Le prédicateur chrétien -
et plus particulièrement le prédicateur adventiste - possède
en effet non seulement la clé qui ouvre les portes à la
paix en ce monde, mais aussi le message de salut qui tient lieu de passeport
pour accéder à un monde meilleur.
" Oui est suffisant pour ces choses ? " objecteront peut-être
certains. Rappelons-leur que le Pygmée, cette frêle créature,
n'est nullement intimidé par les dimensions impressionnantes de
l'éléphant, dont il fait son gibier : pendant que ce dernier
est affairé à brouter, le Pygmée se glisse sous son
ventre et plante sa lance directement à la place du cur.
Puis il fait un saut de côté et laisse fuir l'énorme
bête ensanglantée, qu'il suit jusqu'au moment où,
épuisée, elle tombe morte. Il n'a plus alors qu'à
la dépecer et la découper en quartiers pour avoir d'amples
provisions de nourriture qui dureront des semaines entières.
Avec l'épée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu, visons,
nous aussi, le cur même du dragon ! Investissons la citadelle
ennemie, mais n'oublions pas qu'elle abrite encore des âmes droites
qui attendent notre intervention pour se joindre à nous. Dieu veuille
faire de nous des libérateurs efficaces et zélés
!
,,The
Ministry", février 1968.
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