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Uriah SMITH

Les Prophéties de Daniel - Chapitre 11 - 1ère Partie

 

Le Panorama de l'Avenir dévoilé

VERS. 1-2: «1 Et moi, la première année de Darius, le Mède, j’étais auprès de lui pour l’aider et le soutenir. 2 Maintenant, je vais te faire connaître la vérité.»

Nous entrons maintenant dans une prophétie d’événements futurs qui ne sont pas voilés par des images et des symboles, comme dans les visions de Daniel 2, 7 et 8, mais qui sont donnés en langage clair. Ici, les événements les plus remarquables de l’histoire mondiale, depuis l’époque de Daniel jusqu’à la fin du monde, sont présentés. Cette prophétie, comme dit Thomas Newton, peut être intitulée avec justesse: commentaire et explication de la vision de Daniel 8. Avec cette déclaration, le commentateur cité montre avec quelle clarté il percevait la relation qu’il y avait entre cette vision et le reste du livre de Daniel.

La dernière vision de Daniel interprétée.--Après avoir expliqué que durant la première année de Darius, il avait été à son côté pour l’encourager et le fortifier, l’ange Gabriel accorde son attention à l’avenir. Darius était mort, et Cyrus régnait. Il y aurait encore trois rois en Perse, sûrement les successeurs immédiats de Cyrus, qui furent: Cambyse, fils de Cyrus; Esmerdis, un imposteur; et Darius Hystaspe.

Xerxès envahit la Grèce.--Le quatrième roi après Cyrus fut Xerxès, fils de Darius Hystaspe. Il fut célèbre par ses richesses, comme l’avait annoncé la prophétie: «il amassera plus de richesses que tous les autres». Il décida de conquérir la Grèce, et il organisa une puissante armée qui, selon Hérodote, comptait 5.283.220 hommes.

Xerxès ne se contenta pas seulement de mobiliser l’Orient, mais il obtint aussi l’appui de Carthage, en Occident. Le roi perse eut du succès contre la Grèce dans la fameuse bataille de Thermopyles; mais la puissante armée ne put envahir le pays que lorsque les trois cents vaillants Parthes qui défendaient le passage furent trahis. Xerxès souffrit finalement une déroute désastreuse à Salamine, en 480 av. J.-C., et l’armée perse retourna dans son pays.

VERS. 3-4: «3 Mais il s’élèvera un vaillant roi, qui dominera avec une grande puissance, et fera ce qu’il voudra. 4 Et lorsqu’il sera élevé, son royaume se brisera et sera divisé vers les quatre vents des cieux; il n’appartiendra pas à ses descendants, et il ne sera pas aussi puissant qu’il l’était, car il sera déchiré, et il passera à d’autres qu’à eux.»

Xerxès fut le dernier roi de Perse à envahir la Grèce; la prophétie laisse ainsi de côté neuf princes, de moindre importance, pour introduire le «vaillant roi», Alexandre le Grand.

Après avoir battu l’empire perse, Alexandre «devint le seigneur absolu de cet empire, la plus grande extension qu’aucun roi perse n’ait jamais possédé» Son royaume comprenait «la majeure partie du monde habité alors connu». Avec quelle exactitude il est décrit comme étant «un vaillant roi, qui dominera avec une grande puissance, et fera ce qu’il voudra »! Mais il épuisa son énergie par les orgies et les soûleries, et quand il mourut en 323 av. J.-C., ses projets vaniteux et ambitieux furent brutalement interrompus et totalement éclipsés. Les fils d’Alexandre n’héritèrent pas l’empire grec. Quelques années après sa mort, toute sa postérité était tombée victime des jalousies et de l’ambition de ses principaux généraux, qui déchirèrent le royaume en quatre parties. Que le passage, du plus haut sommet de la gloire terrestre aux plus grandes profondeurs de l’oubli et de la mort, est rapide! Les quatre principaux généraux d’Alexandre: Cassandre, Lysimaque, Séleucos et Ptolémée, s’emparèrent de l’empire.

«Après la mort d’Antigonos [301 av. J.-C.], les quatre princes confédérés se partagèrent ses possessions; et tout l’empire d’Alexandre fut divisé en quatre royaumes. Ptolémé obtint l’Egypte, la Libye, l’Arabie, Cælesyrie, et la Palestine; Cassandre, la Macédoine et la Grèce; Lysimaque, la Thrace, la Bithynie et quelques provinces au-delà de l’Hellespont et le Bosphore; et Séleucos eut le reste. Ils furent les quatre cornes du bouc mentionné dans les prophéties du prophète Daniel, qui s’agrandirent après avoir brisé la première corne. Cette première corne représentait Alexandre, roi de Grèce, qui renversa le royaume des Mèdes et des Perses; et les quatre cornes furent ces quatre rois, qui surgirent après lui et se partagèrent l’empire. Ils furent aussi les quatre têtes du léopard, desquels il est question dans les mêmes prophéties. Et ces quatre royaumes furent, selon le même prophète, les quatre parties du royaume du «vaillant roi» qui devait être «divisé vers les quatre vents des cieux», par ces quatre rois et pas par ses descendants, car aucun d’eux n’appartenait à sa postérité. Ainsi, avec ce dernier partage de l’empire d’Alexandre, toutes ces prophéties s’accomplirent.»

VERS. 5: «Le roi du midi deviendra fort. Mais un de ses chefs sera plus fort que lui, et dominera; sa domination sera puissante.»

Le roi du midi.--Dans le reste de ce chapitre, il est souvent fait mention du roi du Nord et du roi du midi. Il est donc essentiel d’identifier clairement ces puissances pour comprendre la prophétie. Quand l’empire d’Alexandre fut divisé, ses différentes portions s’étendirent vers les quatre vents du ciel: le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest. Ces divisions étaient surtout perçues quand on les observait depuis la Palestine, partie centrale de l’empire. La division qui se trouvait à l’Ouest de la Palestine constituait le royaume de l’Ouest; celle qui se situait au Nord, était le royaume du Nord; celle située à l’Est, le royaume de l’Est; et celle qui s’étendait au Sud, le royaume du Sud.

Les guerres et les révolutions qui surgirent à travers les siècles, changèrent souvent les limites géographiques, ou bien elles furent effacées et de nouvelles frontières apparurent. Mais, quels que soient les changement effectués, ces premières divisions de l’empire sont celles qui doivent déterminer les noms que depuis lors portèrent ces portions du territoire, ou nous n’aurons aucune base ni aucune norme pour prouver l’application de la prophétie. En d’autres termes, quelle que soit la puissance qui, à un moment déterminé occupe le territoire qui au début constitua le roi du Nord, cette puissance deviendra le roi du Nord tant qu’elle occupera ce territoire. Quelle que soit la puissance qui vient à occuper ce qui au début constituait le royaume du Sud, elle le sera aussi longtemps que durera ce roi. Nous parlons seulement de ces deux, parce que ce sont les deux seuls mentionnés dans la prophétie, et parce qu’en fait, tout l’empire d’Alexandre se résume finalement dans ces deux divisions.

Les successeurs de Cassandre furent très vite vaincus par Lysimaque, et leur royaume, qui comprenait la Grèce et la Macédoine, fut annexé à la Thrace. Lysimaque, à son tour, fut vaincu par Séleucos, et la Macédoine et la Grèce furent incorporées à la Syrie.

Ces faits préparent le terrain à l’interprétation du texte que nous étudions. Le roi du Sud, l’Egypte, devint forte. Ptolémée Sôtêr annexa l’Egypte, Chypre, la Phénicie, la Carie, Cyrène et plusieurs îles et villes. C’est ainsi que son royaume devint fort. Mais l’expression «un de ses chefs sera plus fort que lui» introduit ici un autre prince d’Alexandre. Il doit s’agir de Séleucos Nikatôr qui, comme nous l’avons déjà dit, en annexant la Macédoine et la Thrace à la Syrie, en vint à posséder les trois quarts du domaine d’Alexandre, et fonda un royaume plus puissant que celui de l’Egypte.

VERS. 6: «Au bout de quelques années ils concluront un pacte: la fille du roi du Sud épousera le roi du Nord pour rétablir l’entente. Mais elle ne conservera pas son pouvoir. Son mari lui-même ne restera pas en vie, et leur enfant non plus. Elle aussi perdra la vie, en même temps que son entourage, son père et son mari.»[Version en Français courant, 1997].

Le roi du Nord.--Il y eut de nombreuses guerres entre les rois d’Egypte et les Syriens; surtout entre Ptolémée Philadelphe, second roi d’Egypte, et Antiochus Théos, troisième roi de Syrie. Ils finirent par faire la paix, à condition qu’Antiochus répudiât sa première épouse Laodice et ses deux fils, et qu’il se mariât avec Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe. Pour accomplir sa promesse, Ptolémée amena sa fille à Antiochus, et avec elle, il lui remit une immense dot.

«Elle ne conservera pas la force de son bras»; c’est-à-dire, qu’elle ne pourra pas garder l’intérêt et la puissance d’Antiochus en sa faveur. C’est ce qui arriva; car peu après, Antiochus fit revenir à la cour sa première épouse, Laodice et ses fils. La prophétie dit ensuite: «Il ne résistera pas [Antiochus], ni lui, ni son bras», c’est-à-dire sa postérité. Laodice, en récupérant la faveur et le pouvoir, craignit que l’inconstance d’Antiochus vint à la faire tomber à nouveau en disgrâce en appelant à nouveau Bérénice. Etant parvenue à la conclusion que seule la mort pouvait la protéger efficacement contre une telle éventualité, elle le fit empoissonner peu de temps après. Les fils qu’il eut de Bérénice ne lui succédèrent pas non plus dans le royaume, car Laodice arrangea les choses de telle façon qu’elle obtint le trône pour son fils aîné Séleucos Kallinikos.

«Elle aussi perdra la vie» [Bérénice]. Laodice ne se contenta pas d’empoisonner son époux Antiochus, mais elle fit tuer Bérénice et son fils encore enfant. «En même temps que son entourage». Tous ses assistants et les femmes d’Egypte, en tentant de la défendre, furent mis eux aussi à mort. «Leur enfant non plus», mourut sur l’ordre de Laodice. «En même temps que son entourage», se réfère clairement à son époux et à ceux qui la défendirent.

VERS. 7-9: «7 Un rejeton de ses racines s’élèvera à sa place; il viendra à l’armée, il entrera dans les forteresses du roi du septentrion, il en disposera à son gré, et il se rendra puissant. 8 Il enlèvera même et transportera en Egypte leurs dieux et leurs images de fonte, et leurs objets précieux d’argent et d’or. Puis il restera quelques années éloigné du roi du septentrion. 9 Et celui-ci marchera contre le royaume du roi du midi, et reviendra dans son pays.»

Ce rejeton des mêmes racines de Bérénice, fut sont frère Ptolémée Evergète. Il succéda à son père sur le trône d’Egypte, et il y était à peine installé que, sentant l’ardent désir de venger sa soeur, il rassembla une armée immense et envahit le territoire du roi du nord, Séleucos Kallinicos, qui régnait avec sa mère en Syrie. Il eut l’avantage sur lui, jusqu’au point de conquérir la Syrie, la Cilicie, les régions qui étaient au-delà de la partie supérieure de l’Euphrate et vers l’est jusqu’à Babylone. Mais, à la nouvelle qu’une sédition avait éclatée en Egypte et exigeait son retour là-bas, il mit à sac le royaume de Séleucos en emportant 40 000 talents d’argent et des ustensiles précieux et 2 500 statues de leurs dieux. Parmi elles, il y avait des statues que Cambyse avait autrefois emportées d’Egypte en Perse. Les Egyptiens, complètement adonnés à l’idolâtrie, attribuèrent à Ptolémée le titre Evergète, «le bienfaiteur», en reconnaissance pour leur avoir rendu leurs dieux qui avaient été tant d’années en captivité.

«Il nous reste encore des écrits--dit Thomas Newton, qui confirment plusieurs détails». Appien nous informe que, Laodice ayant fait tuer Antiochus, et après lui Bérénice et son fils, Ptolémée, fils de Philadelphe, envahit la Syrie pour venger ces homicides, tua Laodice et avança jusqu’à Babylone. De Polybe, nous apprenons que Ptolémée, surnommé Evergète, furieux du traitement cruel que reçut sa soeur, pénétra en Syrie avec une armée, et prit la ville de Séleucie, qui fut par la suite longtemps gardée par des garnisons des rois d’Egypte. Ainsi, il entra dans la forteresse du roi du nord. Polyænus affirme que Ptolémée se rendit maître de toute la région qui s’étend depuis le Mont Taurus jusqu’à l’Inde, sans guerre ni bataille mais par erreur on l’attribue au père au lieu du fils. Justin prétend que si Ptolémée n’avait pas été rappelé en Egypte à cause d’une sédition interne, il aurait pu posséder le royaume entier de Séleucos. Ainsi, le roi du sud pénétra dans le royaume du Nord, et ensuite retourna dans son propre pays. Egalement, il «duraplus longtemps que le roi du Nord» car Séleucos Kallinicos mourut en exil, d’une chute de cheval et Ptolémée Evergète lui survécut de quatre ou cinq ans.»

VERS. 10: «Ses fils se mettront en campagne et rassembleront une multitude nombreuse de troupes; l’un d’eux s’avancera, se répandra comme un torrent, débordera, puis reviendra; et ils pousseront les hostilités jusqu’à la forteresse du roi du midi.»

La première partie de ce verset parle des fils, au pluriel; la dernière, d’un, au singulier. Les fils de Séleucos Kallinicos furent Séleucos Keraunos et Antiochus Mégas. Tous deux entreprirent avec beaucoup de zèle, la tâche de justifier et venger la cause de leur père et de leur pays. L’aîné de ses fils, Séleucos, fut le premier à accéder au trône. Il rassembla une grande multitude pour reprendre les territoires de son père; mais il fut empoisonné par ses généraux après un règne court et sans gloire. Son frère Antiochus Mégas, qui était plus capable que lui, fut alors proclamé roi. Il prit en charge l’armée, récupéra la Séleucie et la Syrie, et se rendit maître de plusieurs places par des traités et d’autres par la force des armes. Antiochus fut vainqueur de Nicolas, le général égyptien, et pensait même envahir l’Egypte. Mais il y eut une trêve durant laquelle les deux partis négocièrent la paix, tout en se préparant pour la guerre. C’est certainement celui dont il est ditqu’il «se répandra comme un torrent, débordera, puis reviendra».

VERS. 11: «Le roi du midi s’irritera, il sortira et attaquera le roi du septentrion; il soulèvera une grande multitude, et les troupes du roi du septentrion seront livrées entre ses mains.»

Conflit entre le Nord et le Sud.--Ptolémée Philopatôr succéda à son père Evergète sur le trône d’Egypte, et il reçut la couronne peu après qu’Antiochus Mégas succédât à son frère dans le gouvernement de la Syrie. C’était un prince amoureux des commodités et du vice, mais la perspective d’une invasion de l’Egypte par Antiochus le réveilla. Les pertes qu’il avait souffertes et le danger qui le menaçait le rendit furibond. Il réunit une grande armée pour arrêter les progrès du roi de Syrie, mais le roi du Nord souleva lui aussi «une grande multitude». L’armée d’Antiochus, selon Polybe, atteignit 62 000 fantassins, 6 000 cavaliers et 102 éléphants. Dans ce conflit, la bataille de Raphia, Antiochus fut défait, avec une perte d’environ 14 000 soldats morts et 4 000 prisonniers, et son armée fut remise aux mains du roi du Sud, en accomplissement de la prophétie.

VERS. 12: «Cette multitude sera fière, et le coeur du roi s’enflera; il fera tomber des milliers, mais il ne triomphera pas.»

Ptolémée ne sut pas profiter de sa victoire. S’il avait profité de ses avantages, il se serait probablement rendu maître de tout le royaume d’Antiochus; mais après avoir lancé seulement quelques menaces, il fit la paix pour pouvoir s’abandonner à nouveau à la satisfaction ininterrompue et incontrôlée de ses passions brutales. Ayant vaincu ses ennemis, il fut lui-même vaincu pas ses vices, il oublia le grand nom qu’il aurait pu acquérir et il consacra son temps aux banquets et à la sensualité.

Son coeur se grisa de ses succès, mais fut loin d’en être fortifié, car l’usage infâme qu’il fit de ses ressources fit que ses sujets se rebellèrent contre lui. Mais l’exaltation de son coeur se nota surtout dans ses transactions avec les Juifs. En venant à Jérusalem, il offrit des sacrifices et voulut entrer dans le lieu très saint du temple, malgré la loi et la religion des Juifs. Mais il en fut empêché avec de grandes difficultés, et il quitta le lieu explosant de colère contre la nation juive, et il commença immédiatement une persécution implacable contre les Juifs. A Alexandrie, où des Juifs résidaient depuis l’époque d’Alexandre, et jouissaient des mêmes privilèges que les citoyens les plus favorisés, 40 000 furent mis à mort selon Eusèbe, 60 000 selon Jérôme. La rébellion des Egyptiens et la tuerie des Juifs n’eurent certainement pas pour effet de fortifier Ptolémée sur son trône, mais contribuèrent plutôt à sa ruine.

VERS. 13: «Car le roi du septentrion reviendra et rassemblera une multitude plus nombreuse que la première; au bout de quelque temps, de quelques années, il se mettra en marche avec une grande armée et de grandes richesses.»

Les événements prédits dans ce verset devaient arriver «au bout de quelques temps, de quelques années». La paix conclue entre Ptolémé Philopatôr et Antiochus Mégas dura quatorze ans. Pendant ce temps, Ptolémée mourut de son intempérance et de sa débauche, et son fils Ptolémée Epiphane, qui avait alors cinq ans, lui succéda. Pendant ce temps, Antiochus arrêta la rébellion de son royaume, et se fit obéir des provinces orientales. Il fut ensuite libre pour n’importe quelle aventure quand le jeune Epiphane monta sur le trône d’Egypte. Pensant que cette opportunité était trop bonne pour être méprisée, il rassembla une immense armée, «plus nombreuse que la première», et se mit en marche contre l’Egypte avec l’espoir d’obtenir une victoire facile sur l’enfant roi.

VERS. 14: «En ce temps-là, plusieurs s’élèveront contre le roi du midi, et des hommes violents parmi ton peuple se révolteront pour accomplir la vision, et ils succomberont.»

Antiochus Mégas ne fut pas le seul à se lever contre l’enfant Ptolémée. Agathoclès, son premier ministre, qui s’était emparé de la personne du roi et manipulait les affaires du royaume à sa place, était si dissolu et orgueilleux dans l’exercice du pouvoir, que les provinces autrefois assujetties à l’Egypte se rebellèrent. L’Egypte, elle-même, fut perturbée par des séditions, et les Alexandrins se levèrent contre Agathoclès, le firent mettre à mort avec sa soeur, sa mère et ses associés. Au même moment, Philippe de Macédoine s’allia avec Antiochus pour se répartir les possessions de Ptolémée, chacun se proposant de prendre les parties les plus proches et les plus commodes. C’était un soulèvement contre le roi du Sud suffisant pour accomplir la prophétie et qui eut pour résultat, sans le moindre doute, les événements précis que la prophétie annonçait.

Mais un nouveau pouvoir intervient maintenant: «des hommes violents parmi ton peuple» ou littéralement, selon Thomas Newton, «les fils des destructeurs de ton peuple». Là-bas, sur les rives du Tibre, il y avait un royaume qui nourrissait des projets ambitieux et de sombres desseins. Petit et faible au début, il crût en force et en vigueur avec une rapidité étonnante, et il s’étendit avec prudence ici et là pour essayer son habileté et tester son bras guerrier, jusqu’au moment où il prit conscience de son pouvoir; alors, il leva la tête avec audace parmi les nations de la terre, et avec une main invincible, il s’empara du timon des affaires mondiales. Depuis lors, le nom de Rome se détache dans les pages de l’histoire, car elle est destinée à dominer le monde durant de longs siècles et à exercer une puissante influence parmi les nations jusqu’à la fin des temps, en accord avec les prophéties.

Rome parla, et la Syrie et la Macédoine ne tardèrent pas à s’apercevoir que leur rêve changeait d’aspect. Les Romains intervinrent en faveur du jeune roi d’Egypte, déterminés à le protéger de la ruine imaginée par Antiochus et Philippe. C’était en l’an 200 av. J.-C., et ce fut une des premières interventions importantes des Romains dans les affaires de la Syrie et de l’Egypte. Rollin nous relate succinctement cet événement de la façon suivante:

«Antiochus, roi de Syrie, et Philippe, roi de Macédoine, sous le règne de Ptolémée Philopatôr, avaient manifesté le zèle le plus énergique pour les intérêts de ce monarque, et ils étaient disposés à l’assister dans toutes les occasions. Mais à peine mort, et laissant derrière lui un enfant qui, d’après les règles de la bonté et de la justice leur enjoignaient de ne pas le molester dans la prise de possession du royaume de son père, ils s’unirent immédiatement par une alliance criminelle, et ils s’incitèrent mutuellement à éliminer l’héritier légitime et à se répartir ses territoires. Philippe devait recevoir la Carie, la Libye, le Cyrénaïque et l’Egypte; et Antiochus, tout le reste. Ayant ceci en vue, le dernier entra en Cælesyrie et en Palestine, et en moins de deux campagnes il réalisa l’entière conquête de ces deux provinces, avec toutes leurs villes et leurs dépendances. Leur culpabilité, dit Polybe, n’aurait pas été si flagrante si, en tant que tyrans, ils s’étaient efforcés de couvrir leurs crimes par une quelconque excuse trompeuse; mais loin de le faire, leur injustice et leur cruauté furent si éhontées qu’on leur appliquait généralement ce que l’on dit des poissons, à savoir que le grand mange le petit, bien qu’il soit de la même espèce. Quelqu’un se sentirait tenté –continue le même auteur, en voyant les lois de la société violées sans dissimulation, d’accuser ouvertement la Providence d’être indifférente et insensible aux crimes les plus horribles; mais elle justifia pleinement sa conduite en châtiant les deux rois comme ils le méritaient, et elle fit d’eux un exemple pour en dissuader d’autres de suivre leur conduite à travers tous les siècles. Car, tandis qu’ils méditaient de déposséder un enfant faible et impuissant, en lui enlevant son royaume morceau par morceau, la Providence suscita contre eux les Romains qui bouleversèrent les royaumes de Philippe et d’Antiochus, et ils réduisirent leurs successeurs à presque d’aussi grands désastres que ceux qu’ils tentaient d’employer pour écraser l’enfant roi».

«Pour accomplir la vision». Les Romains sont, plus que n’importe quel autre peuple, le thème de la prophétie de Daniel. Leur première intervention dans les affaires de ces royaumes est mentionnée ici comme l’établissement ou la confirmation de la véracité de la vision qui précédait l’apparition d’une telle puissance.

«Ils succomberont». Certains appliquent cette expression à «plusieurs» mentionné dans la première partie du verset, qui allaient s’allier contre le roi du Sud; et d’autres, aux «hommes violents» du peuple de Daniel, les Romains. Elles s’appliquent aux deux cas. Si on se réfère à ceux qui s’allièrent contre Ptolémée, tout ce qu’il faut dire, c’est qu’ils chutèrent rapidement. Si on l’applique aux Romains, la prophétie signale simplement le moment de leur chute finale.

VERS. 15: «Le roi du septentrion s’avancera, il élèvera des terrasses, et s’emparera des villes fortes. Les troupes du midi et l’élite du roi ne résisteront pas, elles manqueront de force pour résister.»

L’éducation du jeune roi d’Egypte fut confiée, par le Sénat romain, à Marc Emilius Lepidus, qui lui donna pour tuteur Aristomène, ministre âgé et expérimenté de cette cour. Son premier geste fut de prendre des mesures contre les menaces d’invasion des deux rois confédérés, Philippe et Antiochus.

Il envoya donc Scopas, un fameux général d’Etolie qui servait alors les Egyptiens, dans son pays natal pour obtenir des renforts armés. Après avoir équipé une armée, il pénétra en Palestine et en Cæ lesyrie (car Antiochus était alors en train de guerroyer avec Attale en Asie mineure) et il soumit toute la Judée à l’autorité de l’Egypte.

C’est ainsi que les événements se mirent en ordre pour l’accomplissement du verset que nous étudions. Renonçant à sa guerre contre Attale aux ordres des Romains, Antiochus prit rapidement des mesures pour reprendre la Palestine et la Cæ lesyrie des mains des Egyptiens. Scopas fut envoyé pour lui faire face. Près des sources du Jourdain, les deux armées se rencontrèrent. Scopas fut vaincu, poursuivit jusqu’à Sidon, et là étroitement assailli. Trois des généraux les plus compétents d’Egypte, avec leurs meilleures forces, furent envoyés pour lever le siège, mais sans succès. A la fin, Scopas, voyant dans le spectre de la faim un ennemi qu’il ne pouvait pas affronter, se vit obligé de se rendre à la condition déshonorante de sauver seulement sa vie. Il fut autorisé, lui et ses 10. 000 hommes, à partir dépouillé de tout et indigents. C’est ainsi que la prédiction relative au roi du nord s’accomplit: «il s’emparera des villes fortes», car Sidon était, de par sa position et ses défenses, une des villes les plus fortes de cette époque. Les troupes du midi et l’élite du roi ne résistèrent pas ni le peuple choisi par le roi du Sud, c’est-à-dire Scopas et ses forces d’Etolie.

VERS. 16: «Celui qui marchera contre lui fera ce qu’il voudra, et personne ne lui résistera; il s’arrêtera dans le plus beau des pays, exterminant ce qui tombera sous sa main.»

Rome conquiert la Syrie et la Palestine.--Bien que l’Egypte n’avait pas pu subsister devant Antiochus Mégas, le roi du Nord, Antiochus Asiaticus ne put résister aux Romains qui vinrent contre lui. Aucun royaume ne pût résister à la puissance naissante. La Syrie fut conquise et ajoutée à l’empire romain quand Pompée, en 65 av. J.-C., priva Antiochus Asiaticus de ses possessions et réduisit la Syrie en une province romaine.

La même puissance devait se détacher aussi en Terre Sainte et la «consumer». Les Romains furent en relation avec le peuple de Dieu, les Juifs, par une alliance en 161 av. J.-C. Depuis lors, Rome occupa une place éminente dans le calendrier prophétique. Mais, cependant, elle n’acquit la juridiction de la Judée par une conquête effective qu’en l’an 63 av. J.-C.

Au retour de l’expédition de Pompée contre Mithridate Eupator roi du Pont, deux concurrents, fils du grand prêtre des Juifs de Palestine, Hyrcan et Aristobule, luttaient pour la couronne de Judée. Leur cause fut présentée à Pompée, qui ne tarda pas à percevoir l’injustice des prétentions d’Aristobule, mais il voulut différer sa décision sur ce sujet à son retour de l’expédition qu’il désirait depuis longtemps conduire à l’intérieur de l’Arabie. Il promit donc de revenir régler leurs problèmes de la façon la plus juste. Aristobule, comprenant les vrais sentiments de Pompée, se dépêcha de revenir en Judée, arma ses sujets et se prépara à se défendre vigoureusement, bien résolu à conserver à tout prix la couronne qui, selon ce qu’il prévoyait, allait être donnée à un autre. Après sa campagne d’Arabie contre le roi Aretas, Pompée fut au courant de ces préparatifs belliqueux et marcha contre la Judée. Quand il fut proche de Jérusalem, Aristobule commença à se repentir de sa conduite; il sortit à la rencontre de Pompée pour tenter d’arranger les choses en promettant une entière soumission et une grande quantité d’argent. Pompée accepta cette offre et envoya Gabinius avec un détachement de soldats pour recevoir l’argent. Mais quand ce lieutenant arriva à Jérusalem, il trouva les portes fermées, et on lui dit du haut de la muraille que la ville ne ratifiait pas l’accord.

Pompée, qui ne voulait pas être trompé impunément, enchaîna Aristobule et marcha immédiatement contre Jérusalem avec toute son armée. Les partisans d’Aristobule voulaient défendre la ville; ceux d’Hyrcan préférèrent ouvrir les portes. Comme ces derniers étaient majoritaires, ils prévalurent et on laissa entrer librement Pompée dans la ville, devant lequel, les adeptes d’Aristobule se retirèrent dans la forteresse du temple, tant résolus à défendre la place que Pompée se vit obligé de l’assiéger. Au bout de trois mois, on réussit à pratiquer une brèche suffisamment grande pour donner l’assaut, et le lieu fut pris à la pointe de l’épée. Dans la terrible tuerie qui suivit, 12 000 personnes périrent. C’était un spectacle émouvant –observe l’historien, que de voir les sacrificateurs qui, à cet instant, s’occupaient du service divin, continuer leur travail habituel d’une main calme et poursuivre fermement leur dessein, apparemment inconscients du tumulte sauvage, jusqu’à ce que leur propre sang se mêle à celui des sacrifices qu’ils offraient.

Après avoir achevé la guerre, Pompée fit démolir les murailles de Jérusalem, il transféra de nombreuses villes de la juridiction de Judée à celle de Syrie, et il imposa un tribut aux Juifs. Pour la première fois, Jérusalem fut placée, par suite d’une conquête, entre les mains de Rome, la puissance qui devait retenir le «plus beau des pays» sous sa domination de fer jusqu’à ce qu’il soit complètement «consumé».

VERS. 17: «Et il dirigera sa face pour venir avec les forces de tout son royaume, et des hommes droits avec lui, et il agira; et il lui donnera la fille des femmes pour la pervertir; mais elle ne tiendra pas, et elle ne sera pas pour lui.» [Version J. N. Darby, 1970].

Thomas Newton nous donne une autre traduction de ce verset, qui paraît en exprimer le sens plus clairement: «Il s’opposera aussi résolument pour rentrer par la force dans tout le royaume.»

Rome envahit le royaume du Sud.--Le verset 16 nous mène jusqu’à la conquête de la Syrie et de la Judée par les Romains. Rome avait antérieurement conquis la Macédoine et la Thrace. L’Egypte était la seule à rester de tout le royaume d’Alexandre qui n’avait pas été assujetti au pouvoir romain. Rome se décida alors à entrer par la force en terre d’Egypte.

Ptolémée Aulète mourut en 51 av. J.-C. Il laissa la couronne et le royaume d’Egypte à l’aînée de ses filles survivantes, Cléopâtre et à son fils aîné, Ptolémée XII, enfant de neuf ou dix ans. Il stipula dans son testament qu’ils devraient se marier et régner ensemble. Comme ils étaient jeunes, ils furent placés sous la tutelle des Romains. Le peuple romain accepta la responsabilité, et désigna Pompée comme gardien des tendres héritiers d’Egypte.

Très tôt, éclata entre Pompée et Jules César une dispute qui atteignit son comble à la bataille de Pharsale. Pompée vaincu, prit la fuite en Egypte. César le suivit immédiatement là-bas; mais avant d’arriver, Pompée fut vilement assassiné à l’instigation de Ptolémée. César assuma alors la tutelle de Ptolémée et Cléopâtre. Il trouva l’Egypte bouleversée par des troubles internes, car Ptolémée et Cléopâtre étaient devenus hostiles l’un envers l’autre, cette dernière ayant été privée de sa participation au gouvernement.

Comme les difficultés augmentaient quotidiennement, César trouva sa petite troupe insuffisante pour maintenir sa position et ne pouvant pas abandonner l’Egypte parce que le vent du nord prévalait durant cette saison, il commanda à toutes les troupes d’Asie qu’il avait dans cette région, de venir le rejoindre.

Jules César décréta que Ptolémée et Cléopâtre devaient licencier leurs armées et comparaître devant lui pour régler leurs différents, et se soumettre à sa décision. Puisque l’Egypte était un royaume indépendant, ce décret fut considéré comme un affront à la dignité royale, et les Egyptiens furieux prirent les armes. César répondit qu’il agissait conformément au testament du père des princes, Ptolémée Aulète, qui avait confié ses enfants à la tutelle du sénat et du peuple de Rome.

Le sujet fut finalement porté devant lui, et des avocats furent nommés pour défendre la cause des parties respectives. Cléopâtre, connaissant la faiblesse du grand général romain, décida de comparaître devant lui en personne. Pour arriver jusqu’à lui sans être vue, elle recourut au stratagème suivant: elle se coucha sur un tapis, et son serviteur Sicilien Apolodore l’enveloppa dedans puis il attacha le fardeau avec une courroie, le mit sur ses épaules herculéennes et se dirigea au domicile de César. En affirmant qu’il apportait un présent pour le général romain, il fut admis en la présence de César et déposa sa charge à ses pieds. Quand César détacha ce paquet animé, la belle Cléopâtre se mit debout devant lui.

F. E. Adcock dit, au sujet de cet incident: «Cléopâtre avait le droit d’être entendue si César devait être le juge, et elle trouva le moyen d’atteindre la ville et avec un loueur de bateaux qui l’amenât à lui. Elle vint, elle vit et elle vainquit. Aux difficultés militaires qu’il y avait pour se retirer devant l’armée égyptienne, s’ajouta le fait que César ne voulait déjà plus partir. Il avait plus de cinquante ans, mais il conservait une virilité impérieuse qui provoquait l’admiration de ses soldats. Cléopâtre avait vingt-deux ans, elle était aussi ambitieuse et forte de caractère que César lui-même, une femme qu’il lui fut aussi facile de comprendre et d’admirer que d’aimer.»

César décréta finalement que le frère et la soeur occuperaient conjointement le trône, en accord avec la volonté de leur père. Pothinus, le premier ministre de l’état, principal instrument de l’expulsion de Cléopâtre, craignit qu’elle fût rétablie sur le trône. Il commença donc à réveiller des jalousies et de l’hostilité contre César, en insinuant parmi la populace qu’il se proposait de donner éventuellement tout le pouvoir à Cléopâtre. Une sédition ne tarda pas à éclater. Les Egyptiens tentèrent de détruire la flotte romaine. César répondit en brûlant la leur. Comme quelques-uns des bateaux incendiés furent poussés contre le quai, plusieurs édifices de la ville prirent feu, et la fameuse bibliothèque d’Alexandrie, qui contenait 400 000 volumes, fut détruite. Trois mille Juifs se joignirent à Antipater l’Iduméen. Les Juifs qui occupaient les passages des frontières avec l’Egypte, laissèrent passer l’armé romaine sans l’intercepter. L’arrivée de cette armée de Juifs sous les ordres d’Antipater, décida du litige.

La bataille décisive entre les flottes d’Egypte et de Rome eut lieu près du Nil, et la victoire de César fut complète. Ptolémée se noya dans le fleuve en tentant de s’échapper. Alexandrie et toute l’Egypte se soumit au vainqueur. Rome était entrée maintenant dans tout le royaume originel d’Alexandre et l’avait absorbé.

Dans le verset, il faut sans doute comprendre, par «hommes droits», les Juifs qui apportèrent leur aide, déjà mentionnée, à Jules César. Sans elle, il aurait échoué; grâce à elle, il subjugua complètement l’Egypte en l’an 47 av. J.-C.

«La fille des femmes» fut Cléopâtre, qui devint la maîtresse de César et la mère de son fils. Son engouement pour la reine, le fit rester en Egypte plus longtemps que les affaires ne l’exigeaient. Il passait des nuits entières en banquets et en fêtes avec la reine dissolue. «Elle ne tiendra pas, et elle ne sera pas pour lui», avait dit le prophète. Plus tard, Cléopâtre s’unit à Antoine, l’ennemi d’Auguste César, et elle exerça tout son pouvoir contre Rome.

VERS. 18: «Il tournera ses vues du côté des îles, et il en prendra plusieurs; mais un chef mettra fin à l’opprobre qu’il voulait lui attirer, et le fera retomber sur lui.»

La guerre que Jules César eut à soutenir en Syrie et en Asie Mineure contre Pharnace, roi du Bosphore Cimmérien, l’éloigna d’Egypte. «En arrivant là où se trouvaient les ennemis –dit Prideaux, sans leur accorder aucun répit et sans se reposer lui-même, il fondit immédiatement sur eux, et il obtint une victoire absolue, de laquelle il rendit compte à un de ses amis, en lui écrivant ces trois paroles: Veni, vidi, vici! (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu)». La dernière partie du verset se trouve entouré d’une certaine obscurité, et il y a divergence d’opinion au sujet de son application. Certains l’appliquent à une époque antérieure à la vie de César, et croient voir son accomplissement dans sa querelle avec Pompée. Mais d’autres événements antérieurs et ultérieurs de la prophétie nous obligent à chercher l’accomplissement de cette partie de la prédiction entre la victoire de César sur Pharnace et la mort de César à Rome, qui est présentée dans le verset suivant:

VERS. 19: «Il se dirigera ensuite vers les forteresses de son pays; et il chancellera, il tombera, et on ne le trouvera plus.»

Après sa conquête de l’Asie Mineure, César mit en déroute les derniers fragments du parti de Pompée, Caton et Scipion en Afrique, Labienus et Varus en Espagne. De retour à Rome, «les forteresses de son pays», il fut nommé dictateur à vie. D’autres pouvoirs et d’autres honneurs lui furent concédés qui firent de lui le souverain absolu de l’empire. Mais le prophète avait dit qu’il «chancellerait, il tomberait.» Le langage employé implique que sa chute sera subite et inattendue, comme celle d’une personne qui trébuche accidentellement tandis qu’elle marche. Aussi, cet homme, de qui on dit qu’il avait combattu et gagné cinquante batailles, pris mille cités et asservi un million cent quatre-vingt-douze mille hommes, tomba, non pas dans la fureur de la bataille, mais au moment où il pensait que son sentier était plat et loin de tout danger.

«A la veille des Ides, César soupa avec Lépide, et pendant que les invités étaient assis devant leur vin, quelqu’un demanda: «Quelle est la meilleure mort?» César qui était occupé à signer des lettres dit: «Une mort soudaine». A midi, le jour suivant, malgré des rêves et des présages, il s’assit sur une chaise du sénat, entouré d’hommes dont il s’était occupé, qu’il avait promus ou sauvés. Là, il fut blessé et il lutta jusqu’à tomber mort au pied de la statue de Pompée.» C’est ainsi, qu’ilchancela, il tomba et on ne le trouva plus, en 44 av. J.-C.

VERS. 20: «Puis il s’en élèvera un à sa place qui fera passer l’exacteur par la gloire du royaume; mais en quelques jours il sera brisé, non par colère, ni par guerre.» [Version Darby, 1970]

Auguste, le percepteur d’impôts.--Octave succéda à son oncle Jules qui l’avait adopté. Il annonça publiquement cette adoption de son oncle, et prit son nom. Il s’unit à Marc Antoine et à Lépide pour venger la mort de Jules César. Les trois organisèrent une forme de gouvernement qu’ils appelèrent Triumvirat. Quand Octave fut fermement établi au gouvernement, le sénat lui conféra le titre de «Auguste», et les autres membres du Triumvirat étant déjà morts, il resta seul souverain suprême.

Il fut vraiment un percepteur. Luc, parlant de ce qui arriva à l’époque où naquit le Christ, dit: «En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre» (Luc 2:1) certainement dans le but de percevoir des impôts comme l’indiquent certaines versions. Durant le règne d’Auguste, «de nouvelles contributions furent imposées; un quart du revenu annuel de tous les citoyens et un prélèvement sur le capital d’un huitième de tout homme libre».

Il passa «par la gloire du royaume». Rome atteignit le sommet de sa grandeur et de son pouvoir à l’époque d’Auguste. L’empire ne connut jamais une période plus splendide. La paix régnait, la justice était maintenue, le luxe était réfréné, la discipline était imposée et la connaissance stimulée. Pendant son règne, le temple de Janus fut fermé trois fois, ce qui signifiait que le monde était en paix. Depuis la fondation de l’empire romain, ce temple avait été fermé seulement deux fois. Durant cette période propice, notre Seigneur naquit à Bethléhem, en Judée. Environ dix-huit ans après le recensement mentionné, qui parurent être «quelques jours» aux yeux du prophète, Auguste mourut en l’an 14 de notre ère, à 76 ans. Il n’acheva pas sa vie en proie à la colère ou au cours d’une bataille, mais pacifiquement, dans son lit, à Nola, où il s’était rendu à la recherche du repos et de la santé.

VERS. 21:«Un homme méprisé prendra sa place, sans être revêtu de la dignité royale; il paraîtra au milieu de la paix, et s’emparera du royaume par l’intrigue.»

Tibère «retranche » le Prince du pacte.--Tibère César succéda à Auguste sur le trône romain. Il fut nommé au consulat à l’âge de 29 ans. L’histoire nous dit que quand Auguste fut sur le point de désigner son successeur, son épouse Livie le pria de nommer Tibère, son fils qu’elle eut d’un mariage antérieur. Mais l’empereur dit: «Ton fils est trop vil pour porter la pourpre de Rome.» Il préféra Agrippa, citoyen romain vertueux et très respecté. Mais la prophétie avait prévue qu’un «homme méprisé» allait succéder à Auguste. Agrippa mourut, et Auguste se vit à nouveau dans la nécessité d’élire un successeur. Livie intercéda à nouveau en faveur de Tibère, et Auguste, affaibli par l’âge et la maladie, se laissa fléchir et consentit finalement à nommer ce jeune vil comme son collègue et successeur. Mais les citoyens ne lui accordèrent jamais l’amour, le respect et «la gloire du royaume» qui sont dus à un souverain intègre et fidèle.

Comme cette prophétie: que la gloire du royaume ne lui serait jamais concédée, s’est bien accomplie! Mais il devait arriver pacifiquement, et obtenir le royaume par l’intrigue. Un paragraphe de l’Encyclopædia Americananous montre comment ceci est arrivé:

«Pendant le reste de la vie d’Auguste, Tibère se conduisit avec beaucoup de prudence et d’habileté, et il acheva une guerre contre les Germains de telle façon, qu’il méritât un triomphe. Après la déroute de Varus et ses légions, on l’envoya arrêter le progrès des Germains victorieux et il agit dans cette guerre avec équité et prudence. A la mort d’Auguste, il lui succéda (14 ap. J.-C.) sans opposition à la souveraineté de l’empire, et cependant, avec sa dissimulation caractéristique, il feint de refuser, jusqu’à ce que le sénat servile le sollicitât plusieurs fois.»

La dissimulation d’une part, les intrigues du sénat servile d’autre part, et la prise de possession du royaume sans opposition, furent les circonstances qui accompagnèrent son accession au trône et accomplirent la prophétie.

Le personnage présenté dans le passage est appelé un «homme méprisé». Etait-ce le caractère que Tibère montra?Laissez-nous répondre par un autre texte de l’Encyclopædia Americana:

«Tacite relata les événements de ce règne, incluant la mort suspecte de Germanicus, la détestable administration de Séjan, l’empoisonnement de Drusus, avec tout l’extraordinaire mélange de tyrannie et occasionnellement de sagesse et de bon sens qui distinguèrent la conduite de Tibère, jusqu’à sa retraite infâme et dissolue (26 ap. J.-C.) sur l’île de Capri, dans la baie de Naples, pour ne jamais retourner à Rome… Le reste du règne de ce tyran n’offre rien d’autre qu’une nauséabonde narration de démonstrations de servilité d’un côté et de despotisme féroce de l’autre. Qu’il eût lui-même à endurer autant de disgrâces qu’il en infligeât aux autres, est évident dans le commencement d’une de ses lettres au sénat: ‘Que vous écrirai-je, pères conscrits, ou que ne vous écrirai-je pas, ou pourquoi devrai-je même vous écrire? Que les dieux et les déesses me tourmentent plus que, selon moi, ils ne le font chaque jour, si je puis ainsi dire.’‘Quelle torture mentale que celle qui put arracher une telle confession!’ –observe Tacite, en se référant à ce passage. »

Si la tyrannie, l’hypocrisie, la débauche et l’ébriété ininterrompue sont des traits et des pratiques qui révèlent la vilenie d’un homme, Tibère a manifesté ce caractère à la perfection.

VERS. 22: «Les forces qui débordent seront débordées devant lui et seront brisées, et même le prince de l’alliance.» [Version Darby, 1970]

Thomas Newton présente la traduction suivante de ce passage comme étant plus fidèle que l’original: «Et les bras de celui qui inonde seront débordés devant lui, et ils seront brisés.» Ceci signifie: révolution et violence; et en accomplissement de ceci, nous devons voir les bras de Tibère –l’inondation qui inonde- être inondés, ou, en d’autres termes, le voir endurer une mort soudaine. Pour montrer comment ceci arriva, nous citons à nouveau l’Encyclopædia Americana:

«Agissant comme un hypocrite jusqu’à la fin, il dissimula, autant qu’il le pût, sa faiblesse croissante; il en arriva à simuler sa participation aux sports et aux exercices des soldats de sa garde. A la fin, il abandonna son île favorite, scène de ses plus répugnantes débauches, il s’arrêta dans une maison de campagne près du promontoire de Misène, où, le 16 Mars 37, il tomba dans un état de léthargie qui lui donnait l’aspect d’un mort. Caligula était en train de se préparer à prendre possession de l’empire avec une nombreuse escorte, quand son réveil soudain laissa tout le monde consterné. A ce moment critique, Macro, le préfet du prétoire, le fit étouffer avec des oreillers. Ainsi expira l’empereur Tibère, universellement exécré, à l’âge de 68 ans, en l’an 23 de son règne.»

Après nous avoir conduit jusqu’à la mort de Tibère, le prophète mentionne un événement qui allait se produire durant son règne et qui fut si important que nous ne pouvons pas passer outre. C’est le retranchement du «Prince-messie», qui devait confirmer l’alliance avec son peuple pendant une semaine (Daniel 9: 25-27).

Selon l’Ecriture, la mort de Christ eut lieu pendant le règne de Tibère. Luc nous explique qu’en l’an 15 du règne de Tibère César, Jean-Baptiste commença son ministère (Luc 3:1-3). Selon Prideaux, le Dr. Hales et d’autres, le règne de Tibère doit se compter depuis son ascension au trône pour régner conjointement avec Auguste, son beau-père, en Août de l’an 12 ap. J.-C. Sa quinzième année s’étendait donc du 26 Août au 27 Août. Christ avait six mois de moins que Jean, et on pense qu’il commença son ministère six mois plus tard., puisque les deux, en accord avec la loi du sacerdoce, commencèrent leur mission quand ils avaient trente ans. Si Jean commença son ministère au printemps, pendant la dernière partie de la quinzième année de Tibère, Christ aurait commencé son ministère à l’automne 27. Et c’est précisément le moment où les auteurs les plus autorisés placent le baptême de Christ, le point précis où les 483 ans qui devaient s’étendre de l’an 457 av. J.-C. jusqu’au Prince-messie, se terminent. Christ sortit alors pour proclamer que les temps étaient accomplis. A partir de ce point nous avançons de trois ans et demi pour trouver la date de la crucifixion, puisque Christ assista à quatre Pâques, et qu’il fut crucifié lors de la quatrième. Trois années et demi plus tard, en comptant depuis l’automne 27, nous amènent au printemps 31. La mort de Tibère se produisit six ans plus tard, en 37 ap. J.-C. (Voir les commentaires sur Daniel 9:25-27).

VERS. 23: «Après qu’on se sera joint à lui, il usera de tromperie; il se mettra en marche, et il aura le dessus avec peu de monde.»

Rome se ligue avec les Juifs.--Le pronom «lui» se référant à la personne avec laquelle l’union est faite, doit être le même pouvoir qui a été le thème de la prophétie depuis le verset 14, à savoir, l’empire romain. Cette vérité a été démontrée par l’accomplissement de la prophétie, à travers trois personnages: Jules César, Auguste et Tibère, qui gouvernèrent successivement l’empire.

Maintenant que le prophète nous a guidés à travers les événements de l’histoire séculaire de l’empire romain jusqu’à la fin des soixante-dix semaines de Daniel 9: 24, il nous fait reculer jusqu’au moment où les Romains furent en relation directe avec le peuple de Dieu par la Ligue Juive, en 161 av. J.-C. A partir de ce point, on nous fait parcourir une série d’événements successifs jusqu’au triomphe final de l’Eglise et l’établissement du royaume éternel de Dieu. Etant gravement opprimés par les rois syriens, les Juifs envoyèrent une ambassade à Rome pour solliciter l’aide des Romains et s’unir avec eux en une «ligue d’amitié et une confédération avec eux». Les Romains écoutèrent la pétition des Juifs, et ils leur accordèrent un décret rédigé en ces termes:

«‘Décret du sénat concernant une ligue d’assistance et d’amitié avec la nation juive. Il ne sera pas légal, pour qui que ce soit, assujetti aux romains, de faire la guerre à la nation juive ni d’assister ceux qui la lui font, que ce soit en leur envoyant du blé, des bateaux ou de l’argent; et si une attaque était dirigée contre les Juifs, les Romains les aideraient autant qu’ils le peuvent; et, si les Romains sont attaqués, les Juifs les aideraient. Et si les Juifs se proposent d’ajouter ou d’ôter quelque chose à ce pacte d’assistance, ceci se fera avec le consentement commun des Romains. N’importe quel rajout fait de cette façon, aura de la valeur.’ Ce décret fut rédigé par Eupolemus, le fils de Jean, et par Jason, fils d’Eléazar, quand Judas était souverain sacrificateur de la nation, et Simon son frère, général de l’armée. Ce fut la première ligue que les Romains firent avec les Juifs, et elle fut administrée de cette façon.»

A cette époque, les Romains étaient un petit peuple, mais ils commençaient à agir avec duplicité, ou avec astuce, comme l’indique la parole. Et depuis cette époque, ils ne cessèrent de s’élever rapidement jusqu’à atteindre l’apogée du pouvoir.

VERS. 24: «Il entrera, au sein de la paix, dans les lieux les plus fertiles de la province; il fera ce que n’avaient pas fait ses pères, ni les pères de ses pères; il distribuera le butin, les dépouilles et les richesses; il formera des projets contre les forteresses, et cela pendant un certain temps.»

Avant Rome, les nations entraient dans les provinces et les territoires riches, avec des intentions de guerre et de conquête. Rome allait maintenant faire ce que ses pères et les pères de ses pères n’avaient jamais fait, c’est-à-dire, faire des acquisitions par des moyens pacifiques. C’est alors que la coutume de léguer ses royaumes aux Romains commença. Rome entra ainsi en possession de grandes provinces.

Ceux qui devenaient ainsi dépendants de Rome n’obtenaient pas que peu d’avantages. Ils étaient traités avec bonté et indulgence. C’était comme si la proie et le butin étaient distribués parmi eux. Ils étaient protégés de leurs ennemis, et reposaient en paix et en sécurité sous l’égide du pouvoir romain.

La dernière partie de ce verset est traduite par Thomas Newton par ‘il formera des desseins depuisles forteresses’ au lieu de contre elles. C’est ce que firent les Romains depuis la puissante forteresse de leur ville assise sur sept collines. «Et cela pendant un certain temps» se réfère sans doute à un temps prophétique de 360 ans. A partir de quel moment ces années doivent-elles démarrer? Probablement à partir de l’événement présenté dans le verset suivant.

VERS. 25: «A la tête d’une grande armée il emploiera sa force et son ardeur contre le roi du midi. Et le roi du midi s’engagera dans la guerre avec une armée nombreuse et très puissante; mais il ne résistera pas, car on méditera contre lui de mauvais desseins.»

Rome en lutte contre le roi du Sud.--Les versets 23 et 24 nous conduisent de la ligue faite entre les Juifs et les Romains en 161 av. J.-C. jusqu’au moment où Rome eut la suprématie universelle. Le verset que nous considérons maintenant nous présente une vigoureuse campagne contre le roi du Sud, l’Egypte, et une grande bataille entre de puissantes armées. De tels événements ont-ils eu lieu dans l’histoire de Rome plus ou moins à cette époque? Bien sûr que oui. Il y eut une guerre entre l’Egypte et Rome, et la bataille fut celle d’Actium. Considérons brièvement les circonstances qui conduisirent à ce conflit.

Marc Antoine, Auguste César et Lépide constituèrent un triumvirat qui jura de venger la mort de Jules César. Antoine devint le beau-frère d’Auguste en se mariant avec sa soeur Octavie. Il fut envoyé en Egypte pour traiter des affaires du gouvernement, mais il tomba, victime des charmes de Cléopâtre, la reine dépravée. La passion qu’il avait pour elle était si forte, qu’il épousa finalement tous les intérêts égyptiens, il répudia son épouse Octavie pour faire plaisir à Cléopâtre et il lui concéda province après province. Il célébra ses triomphes à Alexandrie au lieu de le faire à Rome, et il commit tant d’autres affronts contre le peuple romain qu’Auguste n’eut aucune difficulté à pousser le peuple à entreprendre une guerre vigoureuse contre l’Egypte. Cette guerre était dirigée ostensiblement contre l’Egypte et contre Cléopâtre, mais en réalité, elle allait contre Antoine qui était maintenant à la tête des affaires égyptiennes. La vraie cause de leur controverse, dit Prideaux, était qu’aucun des deux ne pouvait accepter d’avoir une seule moitié de l’empire romain. Lépide avait été démis du Triumvirat, et les deux se répartissaient le gouvernement de l’empire. Comme chacun était résolu à tout posséder, ils jetèrent les dés de la guerre pour sa possession.

Antoine rassembla sa flotte à Samos. Cinq cents bateaux de taille et de structure extraordinaires, qui avaient plusieurs ponts l’un sur l’autre, avec des tours à la proue et à la poupe, offraient un déploiement imposant et formidable. Ces bateaux portaient 125 000 soldats. Les rois de Libye, de Cilicie, de Cappadoce, de Paphlagonie, de Comagène et de Thrace, se trouvaient là, en personne, et ceux du Pont, de Judée, de Lycaonie, de Galatie et de Médie avaient envoyé leurs troupes. Le monde a rarement vu un spectacle militaire aussi splendide que cette flotte de bateaux de guerre quant elle déploya ses voiles et prit la mer. La galère de Cléopâtre leur était supérieure; elle flottait comme un palais d’or sous une nuée de voiles pourpres. Ses pavillons et ses banderoles ondoyaient au vent et les trompettes et les autres instruments de musique de guerre faisaient résonner les cieux de notes joyeuses et triomphales. Antoine la suivait de près dans une galère d’une magnificence presque égale.

Auguste, de son côté, montra moins de pompe mais plus d’utilité. Le nombre de ses bateaux était à peine la moitié de celui d’Antoine et il avait seulement 80 000 fantassins. Mais ils étaient tous des hommes choisis, et à bord de sa flotte il n’y avait que des marins expérimentés; tandis qu’Antoine n’ayant pas trouvé suffisamment de marins, se vit obligé de former les équipages avec des artisans de toutes catégories, des hommes sans expérience et plus capables d’occasionner des ennuis que de rendre un vrai service pendant la bataille. Comme une grande partie de la saison avait été occupée aux préparatifs, Auguste ordonna à ses bateaux de se réunir à Brindisi, et Antoine réunit les siens à Corcyre jusqu’à l’année suivante.

Au printemps, les deux armées se mirent en mouvement, sur terre et sur mer. Les flottes entrèrent enfin dans le golfe d’Ambracie dans l’Epire, et les forces terrestres se déployèrent sur chaque rive, bien en vue l’une de l’autre. Les généraux les plus expérimentés d’Antoine lui conseillèrent de ne pas risquer une bataille navale avec ses marins sans expérience, mais qu’il renvoie Cléopâtre en Egypte et qu’il se presse de pénétrer en Thrace et en Macédoine pour confier tout de suite le résultat [de la bataille] à ses forces terrestres qui étaient de vieilles troupes. Mais, comme si c’était une illustration du vieil adage: Quem Deus perdere vult, prius demenat (Celui que Dieu veut détruire, il le rend d’abord fou), entiché de Cléopâtre, il voulait seulement lui plaire quand, se confiant aux apparences, il crut sa flotte invincible et il donna l’ordre de se mette immédiatement en action.

La bataille éclata le 2 Septembre 31, à l’embouchure du Golfe d’Ambracie, près de la ville d’Actium. Ce qui était en jeu, entre ces deux rudes guerriers, Antoine et Auguste, c’était la domination du monde. Le combat, qui se maintint incertain pendant un long moment, fut finalement déterminé par la conduite de Cléopâtre. Effrayée par le vacarme de la bataille, elle prit la fuite alors qu’il n’y avait aucun danger, et elle entraîna à sa suite toute l’escadre égyptienne qui comptait soixante bateaux. Antoine, voyant ce mouvement et oubliant tout sauf sa passion aveugle pour elle, la suivit précipitamment, et offrit à Auguste une victoire qu’il aurait pu remporter lui-même si ses forces égyptiennes lui étaient restées fidèles, ou s’il avait été loyal à sa propre virilité.

Cette bataille marque sans doute le commencement du «temps» mentionné au verset 24. Comme durant ce «temps» des desseins allaient être imaginés depuis la forteresse, ou Rome, nous devons conclure qu’à la fin de cette période la suprématie occidentale allait cesser, ou qu’il se produirait un tel changement dans l’empire que cette ville ne serait plus considérée comme le siège du gouvernement. Depuis l’an 31 av. J.-C., un «temps» prophétique, ou 360 ans, devrait nous amener à l’année 330 de notre ère. Il faut remarquer ici que le siège de l’empire fut transféré de Rome à Constantinople par Constantin le Grand justement cette année là.

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