AMERIQUE ET PAPAUTE
Jean Vuilleumier
Le dernier conflit politico-religieux d'après
l'Apocalypse
Peut-on
déchiffrer l'énigme apocalyptique de la " Bête
à deux cornes ", aussi appelée le " Faux-Prophète
" ? (Apoc. 3 : 11-18; 19 : 20.) L'interprétation qui y reconnaît
les Etats-Unis d'Amérique, et que nous avons exposée dans
notre numéro d'octobre, nous semble, jusqu'à preuve du
contraire, inattaquable.
Elle est acceptée actuellement par plusieurs milliers de lecteurs
de l'Apocalypse qui ont consacré quelque étude à
cette question, et elle nous paraît la seule qui tienne rigoureusement
compte de toutes les données du texte.
Aujourd'hui, nous abordons la partie la plus difficile de notre tâche
: la phase non-accomplie de la prophétie. Nous sommes donc obligés
à une grande circonspection. Il faudra d'abord établir
le sens du texte par un examen consciencieux. Puis nous signalerons
des faits constituant un acheminement vers l'accomplissement de la prophétie.
Si ces faits sont le prolongement logique des prédictions déjà
accomplies ; s'ils ont un caractère fortement accentue ; et s'ils
répondent exactement au texte, il nous semble qu'il serait déraisonnable
de leur refuser notre adhésion.
Le
châtiment du " Faux-Prophète "
Commençons
par constater la gravité des accusations dressées contre
le personnage symbolique appelé la " Hèle à
Deux Cornes d'Agneau " ou le " Faux-Prophète ",
eu égard aux châtiments qu'il doit attirer sur sa tète.
Nous citons le texte de l'Apocalypse d'après la version de l'abbé
Crampon.
1° Les hommes qui se laisseront séduire par lui " boiront
le vin de la fureur de Dieu ; ils seront tourmentés dans le feu
cl dans le soufre sous les yeux des saints anges et de l'Agneau "
(14 : 9, 10).
2° Avant cela, sous les " sept coupes de la colère de
Dieu ", ils seront d'abord " frappés par un ulcère
malin et, douloureux " (16 : 2).
3° Le " Faux-Prophète " et la " Bêle
" seront " tous deux jetés vivants dans l'étang
de feu " (19 : 20).
4° Par contraste, on voit ceux qui ont refusé de se soumettre
aux injonctions du " Faux-Prophète " mis au rang des
" heureux et des saints " ; ils " régneront avec
le Christ ", et sur eux la " mort seconde n'aura point de
pouvoir " (20 : 4-6).
A quelle abominable séduction le " Faux-Prophète
" doit-il se livrer ; à quel péché épouvantable
ses victimes doivent-elles céder, pour être livrées
à un si effroyable châtiment de la part d'un Dieu de justice
et d'amour ? Et comment ne pas se poser avec angoisse - si l'on est
croyant - ces trois questions : Sommes-nous dans le temps où
cette crise va éclater ? que représentent la Bête
et le Faux-Prophète ? et en quoi consiste le péché
dont ils sont accusés et dans lequel ils doivent entraîner
les hommes ?
A ces trois questions, nous allons essayer de répondre en implorant
le secours de Dieu.
Indiquons d'abord les
Dix
chefs d'accusation
formules
par la vision de saint Jean contre la " Bête à deux
Cornes " :
1° Après avoir exhibé d'abord le caractère
de l'agneau, elle [ail entendre la voix du dragon (11).
2° Elle exerce toute la puissance de la " Première Bêle
" en sa présence (12).
3° Elle amène la terre et ses habitants à adorer la
" Première Bête " (12).
4° Elle opère de grands prodiges jusqu'à [aire descendre
le jeu du ciel sur la terre (13).
5° Par ces mêmes prodiges, elle séduit les habitants
de la terre (14).
0° Elle persuade aux habitants de la terre de dresser une "
Image à la. Bête " (14).
7° Elle pousse " l'Image de la Bêle " à parler
et à [aire tuer' ceux qui n'adorent pas celle Image (15).
8° Elle fait donner à tous les hommes Indistinctement une
" Marque " (la Marque de la Bêle) (10).
9° Elle interdit d'acheter et de vendre à ceux qui n'ont
pas celle "Marque" (17).
10° Les miracles quelle accomplit sont l'uvre de dénions
qu'elle abrite en son sein, et qui pousseront plus lard la Bêle
à participer au déclenchement de la guerre d'Armagédon
(10 : 12-16)
Analyse
Reprenons,
point par point, ce casier judiciaire, et essayons d'en faire l'application
au gouvernement qui nous a paru réaliser nettement les traits
de la deuxième " Bête " : les Etats-Unis d'Amérique
1° Aux termes de la prophétie, le gouvernement américain
empruntera le langage du dragon. Le " Dragon ", selon le chap.
12, c'est Satan, incarné dans l'empire romain, le meurtrier de
notre Seigneur et l'âme de tous les pouvoirs qui ont persécuté
la vraie Eglise. Cela équivaut à dire que ce gouvernement,
qui avait si bien commencé, qui s'était révélé
d'abord sous les traits d'un agneau, qui avait été l'incarnation
de la liberté civile et religieuse, - finira par glisser dans
le despotisme et la persécution.
2° La " Première Bête ", comme on le verra
plus loin, représente la Papauté. Le gouvernement américain
constituera donc une sorte de papauté protestante " en présence
" c'est-à-dire avec l'approbation et sous les yeux de la
papauté romaine.
3° II obligera (par des lois) la terre et ses habitants (ceux de
son territoire) à " adorer " la " Première
Bête " (la Papauté), c'est-à-dire à
accepter son autorité sur une question de culte ou de croyance.
" L'obéissance en matière de foi constitue, a dit
Luther, un véritable culte. " En effet, il s'agit ici de
rendre à l'homme un hommage, .une soumission qui n'appartiennent
qu'à Dieu.
4° Pour %gagner plus sûrement l'adhésion des populations,
il reçoit la collaboration inattendue d'une puissance miraculeuse
et occulte qui ne peut être que le spiritisme.
5° Celte collaboration magique exerce une telle fascination sur
les foules, qu'un revirement complet se produit au sein des populations.
6° Une ardente propagande, encouragée par les pouvoirs publics,
obtient du peuple l'adoption d'un système qui est une réplique
(" une image ") du système papal en vigueur au moyen-âge.
C'est le reniement du principe immortel de la liberté, garanti
par la séparation du domaine civil et du domaine religieux. L'hérésie
devient un délit, la persécution est ressuscitée
dans le pays qui avait juré qu'on ne la verrait plus.
7° En effet, pas plutôt l'" Image de la Bête "
est-elle " dressée ", que " l'adoration de cette
Image " (l'obéissance à ses dogmes ou rites religieux)
devient obligatoire sous peine des pires châtiments.
8° La première institution religieuse inscrite au code civil
est appelée la " Marque de la Bête " ; chacun
est requis de la porter.
9° Ceux qui refusent d'arborer publiquement celle forme de culte
seront mis au ban de la société (défense d'acheter
et de vendre) : le boycott économique est bientôt suivi
de la peine de mort.
10° Au moment d'écraser à l'intérieur la liberté
de conscience, ce malheureux pays - amené par de prétendus
messages de l'au-delà qui ne seront que les communications des
démons - se jette à l'extérieur dans une grande
mêlée internationale appelée " le combat du
grand jour du Dieu tout-puissant " ; c'est le " rassemblement
des rois de toute la terre ", le choc terrible entre l'Occident
et " les rois venant de l'Orient ". Ce choc se donnera en
Palestine " dans le lieu appelé en hébreu Armagédon
".
"
La Bête "
Quel
est ce pouvoir politico-religieux qui doit récolter aux Etats-Unis
de si grands succès ? e pouvoir dont le gouvernement, les partis
religieux et les classes influentes en Amérique simuleront vouloir
à l'envi - et peut-être à leur insu - faire triompher
les principes el les institutions ? ce pouvoir au profit et en l'honneur
duquel on ira jusqu'à renier les fondements immortels de la liberté
des cultes ? Dans l'analyse qui précède, nous avons admis
comme chose privée que c'était !a papauté. Il reste
à le démontrer.
Quand
elle paraît sur la scène, la " Bête " reçoit
(du " Dragon "), de l'empire romain expirant, " puissance,
trône et grande autorité " (13 : 1, 2).
Elle a dix cornes, de même que le " Dragon " ; mais
chez elle, ces dix cornes sont ornées de " diadèmes
", c'est-à-dire que les dix rois qu'elles représentent
sont ses contemporains et ses associés. Chacun reconnaît
ici les dix royaumes qui se partagèrent l'occident à la
chute de l'Empire romain. (Voir les dix cornes de la vision de Daniel,
ch. 7.)
La " Bêle " correspond donc à la onzième
corne, au roi-pontife de la vision de Daniel. Son signalement est identique,
en effet, à celui de ce onzième roi, qui " forme
le dessein de changer les temps et la loi " de Dieu, qui "
opprime les saints ", et qui prolonge sur l'Europe une suprématie
politico-religieuse qui dure trois temps et demi ou 1260 années,
soit du sixième siècle à la Révolution (Dan.
7 : 25 ; Apoc. 12 : 6 ; 13 : 5). Les faits historiques sont si connus
et correspondent si bien avec la prophétie qu'il est inutile
d'insister.
Telle est la " Bête " à qui le " Faux-Prophète
" veut à tout prix rendre hommage ; dont il s'acharne à
faire triompher les principes, et dont il veut restaurer l'hégémonie
religieuse.
Les personnages de la vision reconnus et identifiés, il reste
maintenant à nous demander si, et à quel point, leurs
faits et gestes futurs rentrent dans le domaine des probabilités.
La
Papauté aux Etats-Unis
Si
l'espace le permettait, nous pourrions montrer ici, preuves en mains,
les progrès extraordinaires de l'influence papale aux Etats-Unis.
Bornons-nous à dire que, depuis un demi-siècle, des observateurs
protestants ont constaté ces progrès, ont vu approcher
le jour où cette influence serait prépondérante,
et ont dénoncé le péril des institutions américaines.
Il est avéré que la politique générale et
le gouvernement des grandes villes américaines sont, depuis des
années, assujettis à l'élément catholique.
L'industrie et le commerce, la chaire et la presse sont dominés
par la crainte de déplaire à cet élément
de la population. Des conférenciers qui veillaient sur les institutions
américaines et appelaient le peuple à combattre l'influence
de Rome ont dû, l'un après l'autre, renoncer à leurs
propagandes devant l'émeute organisée et tolérée.
L'influence de l'élément catholique et de son clergé
aux Etats-Unis est telle que les hommes d'Etat, depuis le simple maire
jusqu'au président de la République, se voient obligés
- s'ils veulent conserver leur mandat - de payer leur tribut à
la hiérarchie. Depuis plusieurs décades, il est d'usage
d'accorder les honneurs officiels aux prélats chargés
d'une mission par le Vatican.
Les écoles catholiques obtiennent des subsides considérables.
En nombre de grandes villes, les commissions scolaires, en majorité
catholiques, modifient et allèrent à leur guise les manuels
d'histoire et font supprimer la lecture de la Bible. La presse ne tarit
pas sur les faits et gestes des sociétés ou prélats
catholiques et met la sourdine sur les uvres protestantes.
Le Congrès eucharistique de Chicago, cet été, a
été - à en croire la presse américaine,
catholique et protestante - un événement sans précédent,
et a servi à donner la mesure de l'influence exercée par
la hiérarchie. Préparé de longue main, savamment
organisé, il a ébloui tous les regards par l'éclat
de ses cérémonies et ia magnificence de ses costumes.
Devant celle altitude de plus en plus agressive et envahissante de la
hiérarchie, l'esprit protestant semble reculer, et se borner
à la poursuite de la prospérité matérielle.
"
La Marque de la Bête "
C'est
ici le point central de l'énigme. Il s'agit d'une lutte décisive
entre les commandements de Dieu et les traditions des hommes, entre
l'adoration du Créateur et le culte de la Bêle, entre le
" sceau de Dieu " et la " Marque de la Bête "
(Chap. 7 ; 12 : 17 ; 14 : 12.) Obtenir que la " Marque de la Bête
" soit universellement portée, tel est le résultat
auquel travaillent de tout leur pouvoir la " Bête "
et son puissant et complaisant co-adjuteur dans le Nouveau Monde : le
" Faux-Prophète ".
Qu'est-ce que celte " Marque de la Bête " qui a intrigué
tant d'interprètes, et qui fait le désespoir des lecteurs
de l'Apocalypse ? Ici encore, la solution que nous exposons n'est pas
personnelle à l'auteur de ces lignes ; mais elle est reconnue
exacte par des milliers de gens sérieux qui en ont fait une élude
approfondie.
Inutile de dire que cette " Marque " - apposée "
soit sur la main soil au front " - est symbolique, et représente
une institution religieuse caractéristique de la Papauté.
Rite ou cérémonie, celte observance aura un caractère
d'extériorité qui lui permettra de jouer le rôle
que joue à l'armée la cocarde ou le gallon. On en voit
un exemple dans l'Ancien Testament, où l'observation de la Pâque
est appelée " un signe sur ta main et un souvenir entre
tes yeux ". (Exo. 13 : 9.)
Remarquons ensuite que cette " Marque " est mise en opposition
avec les " commandements " et le " sceau " de Dieu,
comme avec le " nom du Père écrit sur le front "
des élus (14 : 12 ; 7 : 1-8 ; 14 : 1 ; 15 : 2).
De ces diverses données, il résulte, ce semble, avec une
très forte plausibilité, que s'il y a un jour férié
d'institution exclusivement romaine et papale ; que si ce jour a pour
but ou pour effet de faire concurrence au jour de repos de l'Eternel,
appelé le " signe " du Créateur (Exo. 31 : 17
; Ezé. 20 : 12, £0) ; et que si ce jour férié
est considéré par les théologiens catholiques comme
la preuve par excellence de l'autorité de l'Eglise,- nous aurions
alors, à coup sûr, découvert l'authentique "
Marque de la Bêle ".
Or, fait digne de remarque, ces trois conditions sont exactement, remplies
par l'institution du dimanche comme jour de repos en lieu et place du
Sabbat du 4e commandement. En effet, le dimanche (pour prendre ces trois
points dans l'ordre inverse) :
(a) est cité par les grands catéchismes catholiques comme
l'argument irrésistible en faveur de la Tradition dans la controverse
avec les Protestants ;
(b) fait concurrence au jour de repos du Créateur, puisqu'il
le remplace ;
(c) est d'origine exclusivement humaine, puisqu'il n'est pas ordonné
dans l'Ecriture sainte ; qu'il est proclamé par les auteurs ecclésiastiques
des IIe, IIIe et IVe siècles comme leur oeuvre, et qu'il est
réclamé par les théologiens catholiques comme la
" progéniture authentique " et exclusive de l'Eglise.
La longueur de cet article ne nous permet pas de donner ici les preuves
documentaires de cette triple affirmation. Les articles remarquables
de notre collaborateur, M. Vaucher, sur l'origine du dimanche, prouvent
d'ailleurs surabondamment le paragraphe (c).
La
Loi du dimanche aux Etats-Unis
Notre
prophétie annonce donc que dans l'Amérique protestante
on verra triompher un mouvement visant à imposer - comme aux
jours coloniaux - l'observance rigoureuse et générale
du dimanche, comme jour de repos ; que la loi on question sera acceptée
par les populations, et que seule une petite minorité refusera
de prendre la " Marque de la Bête ", subissant de ce
fait les sanctions draconiennes attachées à celte législation.
Notons que cette perspective suppose l'abandon du principe cher aux
Américains, de la liberté de conscience cl de l'article
de la Constitution qui dit : " Le Congrès ne fera aucune
loi visant à l'établissement d'une religion ou qui on-
prohibe le libre exercice. "
En un mot, la prophétie annonce l'apostasie politico-religieuse
d'un peuple qui est, depuis un siècle et demi, l'école,
l'exemple et le rempart de la liberté de conscience dans le monde.
Ce que nous savons de l'influence sourde et puissante qui s'attache,
aux Etats-Unis, à battre en brèche les principes de la
liberté et de l'Evangile suffirait déjà pour rendre
possible et probable l'accomplissement de la prophétie. Mais
il y a plus. Depuis un demi-siècle, des sociétés
protestantes s'efforcent de faire modifier la Constitution de façon
à permettre l'introduction, sur les Codes, de lois religieuses,
mais notamment et avant tout celle en faveur du dimanche.
Chaque session du Congrès voit se renouveler la même tentative,
combattue avec succès jusqu'ici par les partisans de la liberté
de conscience. Mais survienne - avec le relâchement général,
avec les audaces du capitalisme, avec les progrès de la criminalité
et du matérialisme pratique - survienne une crise politique,
économique ou autre, qui incite le pays à deux doigts
de sa perte. Qui nous dit qu'on ne verra pas alors ce peuple primesautier,
religieux et excessif, se jeter dans les bras des clergés protestant,
catholique et spirite lui promettant la prospérité et
l'ordre, et adopter avec frénésie des lois qui consacrent
le triomphe de la Papauté et de la persécution ?
De même qu'on a vu - le peuple américain se lancer tout
d'un coup dans l'impérialisme et dans la Prohibition ; de même
qu'on l'a vu, en 1917, passer brusquement d'une neutralité tenace
dans un militarisme farouche, on pourra le voir, en proie à un
fanatisme délirant, livrer brutalement au supplice la minorité
obstinée à refuser son hommage à la nouvelle Théocratie.
On pourra le voir, disons-nous. La prophétie dit qu'on le verra,
et que ce sera le saut aveugle et final vers l'abîme. Tournant
le dos au Créateur, aux commandements de Dieu, à sa Parole,
séduits par la puissance des ténèbres, les Etats-Unis
- et tous les peuples à leur suite - abandonneront leur sort
entre les mains d'un funeste triumvirat politico-religieux. Ce dernier,
composé du faux-prophétisme protestant, de l'absolutisme
papal et d'un satanisme élégant et scientifique, livrera
sous peu un dernier combat à ceux " qui gardent les commandements
de Dieu et la foi de Jésus ", mais, hélas ! pour
tomber soudain entre les mains du Dieu vivant apparaissant dans les
cieux pour glorifier ses fidèles.
P.
S. - Depuis que cet article est écrit, nous avons parcouru un
volumineux procès-verbal de séances consacrées
à l'examen d'un projet de loi significatif présenté
à la Chambre des représentants, à Washington. Ce
projet de loi avait été confié à une sous-commission
de sept membres. Devant cette commission, on entendit, durant plusieurs
jours, en mars et avril derniers, une trentaine de témoins représentant
les promoteurs et les adversaires de celte loi. Le projet de loi, qui
mentionne quatre fois le " jour du Seigneur " (Lord's Day),
interdit le dimanche le travail .des ateliers et, manufactures, et prescrit
la fermeture des magasins, théâtres, cinémas et
autres lieux d'amusements payants.
Les promoteurs de la loi se dirent être l'écho des vux
formés par les millions de gens fréquentant les églises
et par la foule des travailleurs. A cette prétention - que les
adversaires nièrent formellement - ces derniers opposèrent
un bon nombre de protestations et de pétitions, suppliant les
législateurs de refuser leur voix à ce genre de législation.
Les adversaires se composaient de représentants de corporations
industrielles, commerciales et artistiques, de sociétés
de transports et autres, ainsi que des observateurs du samedi comme
jour de repos (Juifs et Adventistes du 7e jour). Ils firent observer
que (1) cette loi est religieuse, donc non constitutionnelle ; (2) elle
n'augmentera pas la fréquentation des églises, mais bien
celle des divertissements malsains ; (3) elle rat en brèche le
principe de la séparation entre le domaine civil et le domaine
religieux ; (4) elle mettra des armes entre les mains des bigots qui
s'en serviront pour ressusciter la persécution ; (5) elle est,
par essence, incapable de remplacer la haute puissance moralisatrice
- toute spirituelle - qui a pétri la nation américaine,
et qui peut seule la garantir du sort qui la menace.
Un fait cité au cours de la discussion, et qui prouve l'activité
intense et inlassable des promoteurs de la loi du dimanche, c'est que
durant l'année 1925, ils n'ont pas introduit moins de 67 projets
de loi en 28 législatures diverses. Au cours d'une année
récente, le nombre de ces " bills " s'est élevé
à 150 ! Jusqu'ici, l'opposition a réussi à les
faire échouer.
© 2003 - CERA