Le
quatrième commandement du décalogue fixe la
proportion normale entre le travail et le repos de l'homme.
Les tentatives faites à diverses reprises pour remplacer
la semaine (période de sept jours) par la décade
ont échoué :
"
L'expérience des siècles, hélas ! nos
propres erreurs [...] ont surabondamment prouvé que
le juste rapport du travail au repos est bien de six à
un, ce qui constitue la semaine. " A.-F. ESCHENAUER
(past. réf. als.), Le Repos du Dimanche au point
de vue hygiénique, 1876, p. 28.
"
La semaine est aujourd'hui en usage chez presque toutes
les nations civilisées. [...] On a longtemps cru
que son emploi avait été universel chez les
peuples anciens. Il est bien établi maintenant qu'il
n'en fut rien : les Egyptiens, les Chinois, les Grecs comptèrent
d'abord par décades. Ce sont les Hébreux qui
en firent usage les premiers. " Paul COUDERC (astron.),
Le calendrier, 1970, p. 43.
"
Diminuez la semaine d'un seul jour, le travail est insuffisant
comparativement au repos ; augmentez-la de la même
quantité, il devient excessif. Etablissez tous les
trois jours une demi-journée de relâche, vous
multipliez par le fractionnement la perte de temps, et en
scindant l'unité naturelle du jour, vous brisez l'équilibre
numérique des choses. Accordez, au contraire, quarante-huit
heures de repos après douze jours consécutifs
de peine, vous tuez l'homme par inertie après l'avoir
épuisé par la fatigue. [...] Comment donc
Moïse rencontra-t-il si juste ? Il n'inventa pas la
semaine, mais il fut, je crois, le premier et le seul qui
s'en servit pour un si grand usage. Aurait-il adopté
cette proportion, s'il n'en eût calculé d'avance
toute la portée ? Et si ce ne fut pas en lui l'effet
d'une théorie, comment expliquer une intuition si
prodigieuse ? Du reste, quant à supposer que le hasard
seul l'eût ainsi favorisé, je croirais plutôt
à une révélation spéciale qui
lui en aurait été faite, où à
la fable de la truie écrivant l'Illiade avec son
groin. " P.-J. PROUDHON (journaliste français
catholique), De la célébration du dimanche,
1868, p. 175.
"
Le Monde de la Bible fut créé en sept jours
ou, plus précisément en six suivi d'un septième,
le sabbat, saint par excellence, puisqu'il couronne l'achèvement
de l'uvre dans la perfection. Le repos du septième
jour est donc un pacte entre Dieu et sa créature
Il a été prouvé que certaines espèces
animales ont des rythmes biologiques de sept jours. C'est
le cas de la ponte d'une araignée. Voilà qui
nous mène loin de l'humain. D'où la question
pertinente : avons-nous des rythmes septénaires ?
Cela ne fait aucun doute
L'existence de rythmes septénaires nous a conduits
à reconsidérer la division du temps en semaines.
L'idée nouvelle est que ces rythmes pourraient être
la cause (et non pas le résultat) de cette périodicité
sociale et religieuse. Dans cette hypothèse, la cyclicité
de sept jours, d'origine biologique, est probablement renforcée
par l'obligation du repos hebdomadaire. Cela permettrait
de comprendre, en partie au moins, pourquoi l'usage de la
semaine est une pratique à éclipse.
La semaine de dix jours, imposée aux Français
par la Révolution de 1789, n'a pas tenu longtemps.
LA semaine de six jours, imposée aux Russes par la
Révolution de 1917, s'est évanouie encore
plus vite. Tout se passe comme si le cycle de sept jours
et de ses multiples convient mieux à l'humain que
toutes les autres périodicités qu'on a cherché
à lui imposer.
Quant au renforcement des rythmes septénaires par
les jours de la semaine et le dimanche, il se manifeste
de façon particulièrement nette chez l'enfant
d'âge scolaire. De nombreux chercheurs comme Hubert
Montagner (Paris), François Testu (Tours), Claire
Lambert, Pierre Leconte et Alain Lancry (Lille), Nicole
Guérin (Unité de Chronobiologie) ont confirmé
qu'il existe chez l'enfant, comme chez l'adulte, des rythmes
septénaires de processus cognitifs
Pour conclure, sept est peut-être un chiffre magique.
Cela ne m'empêche pas de penser que la division du
temps en semaines apparaît comme un besoin biologique
humain. " Alain REINBERG, Le temps humain et les
rythmes biologiques, 1998, p. 141-145.
"
Notre grande Révolution, qui a fait tant de changements
heureux sur lesquels nous vivons, a essayé des changements
impraticables. Lorsqu'on a voulu s'occuper du repos, qui
est indispensable, le repos fut d'abord fixé au décadi.
Or, il s'est trouvé que les hommes les plus énergiques,
les plus laborieux, ne pouvaient pas habituellement travailler
neuf jours sans repos. On a cru alors que la chose serait
mieux arrangée en divisant en deux le nombre de jours,
et on a fixé le jour du repos au quintidi. Le résultat
n'était pas meilleur. Il s'est trouvé qu'en
effet, au bout de quatre jours, on n'avait pas suffisamment
travaillé pour avoir besoin de repos. De telle sorte
que cinq jours ou dix jours sont devenus également
impossibles. Qu'est-il arrivé ? On est retombé
dans l'ancienne tradition, et on a repris le repos hebdomadaire.
[...] Pour quel motif le jour du sabbat, qui était
le samedi, est-il devenu dans l'Eglise chrétienne
le dimanche ? J'ai cherché vainement, dans les documents
les plus autorisés, par exemple dans le catéchisme
du Concile de Trente, et j'ajouterai dans celui de Montpellier,
dans celui de Meaux, rédigé de la main du
grand Bossuet, les motifs qui avaient pu déterminer
l'Eglise à faire ce changement : je ne les ai pas
trouvés. Il est en effet fort embarrassant d'expliquer
une chose qui résulte d'une sorte de tradition. Les
chrétiens, probablement pour se distinguer des Juifs
qui faisaient le jour du repos le sabbat, c'est-à-dire
le samedi, ont pris un autre jour, le dimanche... Je dis
que, bien que vous croyiez obéir à un commandement
divin déposé dans des livres sacrés
à vos yeux, et qui sont tout au moins respectables
aux yeux de tous les hommes intelligents et aux yeux de
tous les philosophes, ce n'est pas le commandement de Dieu
que vous observez ou prétendez observer. " B.
DE SAINT-HILAIRE, Séance du 25 mai 1880, discours
prononcé au Sénat français, Journal
Officiel, 26 mai 1880, p. 5667.