Ellen WHITE

Histoire

Actualité

Prophéties

Sabbat

Catholicisme

LE SABBAT A LA CREATION

 
ORIGINE DU SABBAT


" Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée. Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu'il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu'il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en la faisant. " Genèse 2.1-3.


" Il n'est pas inutile de remarquer que la division du temps en mois et en années se fonde sur les révolutions des astres dans le ciel et sur les calculs de l'astronomie. Il n'en est pas de même de la division en semaines, laquelle est tout à fait indépendante des mouvements du monde sidéral. Elle est une institution positive et révélée, et elle remonte par ses origines au partage de la création en six jours... à la suite desquels, nous dit le livre inspiré, Dieu se reposant de toutes les oeuvres qu'il avait faites, fut, si l'on peut ainsi parler, le premier observateur de la loi qu'il voulait imposer à l'humanité. " A.-L.-A. PERRAUD (évêq. d'Autun), La sanctification du dimanche, Carême de 1891.

" Le travail, le repos du septième jour et la famille sont les trois institutions établies par Dieu au temps de l'innocence de l'homme. " Francesco SCIARELLI (past. méth. wesl. ital.), L'osservanza del Giorno del Riposo, 1882, p. 10.

" Apprendre quelque chose, c'est se le mettre dans l'esprit; se le rappeler, c'est l'y conserver après l'y avoir reçu. Or, le commandement sur le sabbat fut donné à Adam et à Eve, dans le jardin d'Eden, et connu depuis lors. C'est pour cela qu'il est introduit dans la loi par un souviens-toi. " Richard NEWTON (épisc.), La voie royale, 1884, pp. 92-93.

" Dieu met le sceau à son oeuvre en bénissant et sanctifiant le septième jour... et avec lui toute la création... Bénir, quand il s'agit de Dieu, n'est pas seulement prononcer des paroles bienveillantes, c'est rendre prospère, fort, heureux. Le septième jour paraît ainsi comme plus particulièrement rempli de forces et de joies célestes. Par là même il se trouve sanctifié, c'est-à-dire mis à part pour une destination sainte, ce qui naturellement ne s'applique pas seulement à ce sabbat divin, mais aussi à tous les sabbats humains qui se suivront de semaine en semaine : qui sont bénis et consacrés dans le septième jour de Dieu. L'homme aussi, au jour de son sabbat, contemple l'oeuvre divine, et il partage la joie de Dieu. " Bible Annotée, vol. I, pp. 8, 86.

" Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, ce qui veut dire qu'il le distingua des autres jours, ...et voulut que ce jour lui fût consacré... [Cette] loi est née, pour ainsi dire, en même temps que l'homme, de l'acte créateur de Dieu... Dieu ne pouvait pas s'empêcher de la promulguer, [et] cette promulgation fut faite par l'exemple de Dieu lui-même dès l'aube de la création. " Mgr MARTY, La sanctification du dimanche, 1911.

" Le récit de la création est écrit par Moïse de manière à servir de base à l'institution sabbatique. Il termine ainsi le récit : "Dieu acheva le septième jour l'oeuvre qu'il avait faite, et il se reposa le septième jour de toute l'oeuvre qu'il avait faite. Dieu bénit le septième jour et il le sanctifia, parce qu'en ce jour-là il s'était reposé de toute l'oeuvre qu'il avait créée pour la faire." Genèse 2 : 2, 3. Le septième jour devient donc à la fois un jour sacré et un jour de cessation des oeuvres précédentes. [...] On ne pouvait trouver à cette institution une origine plus haute et plus directement divine [...]
Au Sinaï, le précepte concernant le sabbat est formulé en ces termes : "Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier." Exod., XX, 8. La mention "souviens-toi" ne se rapporte pas à l'avenir; autrement elle devrait précéder chaque précepte. Elle suppose une prescription antérieure, plus ou moins bien observée dans le passé, prescription qui n'est pas écrite comme les autres, dans la conscience, mais qui a été l'objet d'un ordre positif de Dieu et dont il est nécessaire de se souvenir. " F. VIGOUROUX (prêtre de St-Sulpice), Dictionnaire de la Bible, 1922, V, art. "Sabbat", col. 1293.

" Dans l'ancienne économie, le sabbat était consacré à Dieu d'abord par la cessation du travail et le repos humain, terrestre. Ce repos lui-même était saint puisqu'il était commémoratif du repos de Dieu au septième jour de la création. " A.-M. HENRY, Le Huitième Jour, (Cahiers de la vie Spirituelle, 1er avril 1947), p. 653.

" Adam l'a reçu [le sabbat] de la main de Dieu, pendant qu'il était encore dans l'état d'innocence et qu'il cultivait le jardin d'Eden. Il l'a reçu comme représentant du genre humain. Dieu, dans sa sagesse infinie, a jugé convenable pour sa gloire et nécessaire pour notre bien, que nous eussions, dans la semaine, un jour fixe, plus particulièrement destiné à l'adorer et à nous entretenir avec lui. Il en a fait un mémorial de la création. " Emile GUERS (past. évang. suisse), Le sabbat chrétien ou le Jour du repos sous l'Evangile, 1883, p. 6.

" Le sabbat fut institué dans le paradis, puis renouvelé et rétabli dans le désert. [...] La manière même dont le sabbat a été rétabli et renouvelé avant le commencement de l'économie mosaïque, prouve que c'était une institution antérieure, qui n'avait jamais été entièrement perdue. " Daniel WILSON (évêq. anglic.), Sept Sermons sur l'autorité divine et l'obligation perpétuelle du Jour du Seigneur, 1839, pp. 7, 27.

" Le sabbat n'a commencé ni cessé avec la loi de Moïse; il fut institué immédiatement après la création, avant que l'homme eût péché, et pour un motif qui n'avait aucun rapport avec l'économie mosaïque [...]
Il est évident que les dix commandements n'appartenaient pas exclusivement au peuple d'Israël comme leurs autres lois. Ces dernières, écrites dans un livre par Moïse (Deut. XXXI, 9-24, et 26), leur furent adressées pour qu'ils les observassent, et furent placées à côté de l'arche. Mais les dix commandements, gravés sur des pierres par la main de Dieu, furent placés dans l'arche, l'arche elle-même étant couverte d'un voile. Ils furent déposés sous le propitiatoire, dans le tabernacle qui était l'habitation du Seigneur, et plus tard dans l'oracle du Temple, dans le lieu très-saint. " Robert HALDANE (évang. presb. écoss.), De l'observation permanente d'observer le jour du Seigneur, 1843, pp. 5, 33, 34.

" L'institution d'un jour de repos après six jours de travail remonte à l'origine du genre humain. Après avoir créé le monde en six jours, Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, etc. (Gen. 2 : 3). Il est évident que si Dieu se reposa, il le fit, non par suite de quelque fatigue, mais en vue de l'homme, afin de lui enseigner à sanctifier le septième jour. " Auguste MEYLAN, Dictionnaire biblique, 1869, p. 494.

" [...] l'institution nous paraît avoir, après la chute de l'humanité, laissé d'abondantes traces dans son histoire, soit d'après l'Ancien Testament, soit d'après les documents païens [...]
Le sabbat n'est donc point présenté comme une institution purement mosaïque. Elle est tout autrement ancienne : le mosaïsme n'a fait que la sanctionner, la restaurer et la développer à plusieurs égards. ...il est d'origine encore plus ancienne, car il remonte à l'âge d'innocence, et c'est peut-être pour cela qu'il figure dans le Décalogue. " Louis THOMAS (Dr. Théol. protest.), Le Jour du Seigneur, II, 1893, pp. 1, 9.

" Le septième jour (qui n'est pas mentionné ici du nom de sabbat) est béni et sanctifié par Dieu: il reçoit donc une promesse favorable et il est considéré comme sacré, ou mieux, comme consacré au Seigneur, comme un jour mis à part, au terme de la création, afin d'en garder le souvenir à toujours.
Il est certain que l'auteur de notre texte [Genèse 2 : 1?3] a voulu montrer par là le caractère unique et exceptionnel du commandement relatif au sabbat. Alors que les autres lois seront données ultérieurement, surtout à l'époque de Moïse, la loi du sabbat remonte aux origines du monde et à la création de Dieu.
[...] Dans notre texte [Genèse 2], il n'est pas question de l'observation du sabbat par l'homme, comme dans le Décalogue (Exode 20 : 11), mais d'une loi établie par Dieu comme signe de l'achèvement de son oeuvre. Le caractère théologique et éternel de ce jour du sabbat ne pouvait pas être défini d'une manière plus solennelle. " Franck MICHAELI (théol. réf. fr.), professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris, Le livre de la Genèse, 1957, pp. 30, 31.

" Le récit de la création est écrit par Moïse de manière à servir de base à l'institution sabbatique. Il termine ainsi ce récit : " Dieu acheva le septième jour l'oeuvre qu'il avait faite, et il se reposa le septième jour de toute l'oeuvre qu'il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, parce qu'en ce jour-là il s'était reposé de toute l'oeuvre qu'il avait créée pour la faire." Gen., II, 2,3. Le septième jour devient donc à la fois un jour sacré et un jour de cessation des oeuvres précédentes. ...On ne pouvait trouver à cette institution une origine plus haute et plus directement divine. " Henri LESETRE (exég. cath. fr.), Dictionnaire de la Bible, 1922, V, 2ème partie, col. 1293.

" [...] le partage de l'oeuvre de la création en six jours, et la manière dont la sanctification du septième y est rattachée, montrent clairement que la révélation divine est la source du récit génésiaque ; car ici, comme plus tard, au moment de la promulgation du Décalogue, c'est Dieu lui-même qui dit : Vous travaillerez durant six jours, et vous y ferez tout ce que vous aurez à faire ; mais le septième jour est le jour du repos consacré au Seigneur notre Dieu ; vous ne ferez donc en ce jour aucun ouvrage, car le Seigneur a fait en six jours le ciel, la terre et la mer, et tout ce qui y est renfermé, et il s'est reposé le septième jour ; c'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l'a sanctifié (1).
Mais à qui Dieu a-t-il fait cette révélation ? A Moïse, semble-t-il d'abord, si l'on veut s'en tenir à une réponse toute simple ; de sorte qu'on devrait ranger le premier chapitre de la Genèse parmi ceux auxquels il faut attribuer ce que j'ai appelé l'inspiration prophétique. Cependant bien des raisons, et des raisons très-puissantes, contredisent ce sentiment et tendent à prouver que la première révélation du dogme de la création est bien antérieure à Moïse, qu'elle remonte probablement jusqu'à nos premiers parents, que l'auteur du Pentateuque, l'ayant apprise par tradition, l'a fidèlement reproduite avec le secours de l'Esprit de Dieu.
Premièrement, Moïse a coutume de commencer les révélations qui lui ont été faites à lui-même par des mots que nous ne trouvons pas ici. Ces mots sont : Et le Seigneur parla à Moïse, ou d'autres semblables.
Deuxièmement, selon toute apparence, le sabbat n'est point une institution mosaïque, en ce sens que Moïse ait le premier prescrit la célébration du septième jour; bien plus, l'archéologie biblique démontre presque jusqu'à l'évidence, par des arguments que nous n'avons point à énumérer ici, que Moïse a trouvé déjà en usage chez son peuple la célébration du sabbat, et qu'il n'a fait que la régler d'une manière définitive par sa législation. (1) Ex., 20, 9-11. " F.-H. REUSCH (théol. cath. all.), La Bible et la nature, 1867, p. 16-17.

" Dieu a institué au début même de l'histoire de l'humanité et avant la chute, une solennisation particulière du septième jour de la semaine. Il a béni et sanctifié ce jour en souvenir de la création des cieux et de la terre. Cette institution paradisiaque devait rappeler continuellement à l'homme et la puissance créatrice de Dieu et la création de l'univers. Elle imposait à la fois le travail pendant les six premiers jours de la semaine, et le repos du septième. Dans des vues pleines de sagesse et d'amour, embrassant l'avenir non moins que le présent, elle réglait ainsi la proportion des jours de travail ou de repos dans la vie humaine. " Louis THOMAS (Dr. Théol. protest.), Le Jour du Seigneur, II, 1893, pp. 199, 200.

" Il ne s'agit pas d'une législation judaïque, mais d'une législation divine, qui fut adressée au peuple d'Israël parce que celui-ci était le prototype de l'humanité. " R.P. K. HRUBY (S.J., professeur à l'Institut catholique de Paris), Extrait d'une causerie donnée à Paris, dans le cercle Siloé, le 23 avril 1979.

" La sanctification du septième jour est prescrite à l'homme dès la création, parce que, est-il dit, Dieu lui-même a béni ce jour et l'a déclaré saint. Depuis lors il faut que l'homme créé, et pour cette terre et pour le ciel, se souvienne de prendre un jour sur sept pour le donner exclusivement à Dieu. Ce commandement renferme, sous une forme particulière, tous les commandements qui ont Dieu pour objet, et spécialement le grand commandement de la crainte et de l'amour de Dieu.
Quelle antique et sublime origine a cette loi qui date de la création même !
[...] L'institution du sabbat en Sinaï n'est donc qu'une nouvelle promulgation de l'institution primitive, que la confirmation la plus solennelle d'une loi dont Dieu voulait prévenir l'oubli, d'une loi qui date de plus de 2400 ans avant Moïse, qui est antérieure à toute révélation, antérieure à la défense même de manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. Elle est écrite de la main de Dieu dans l'ordre des cieux et de la terre, elle est gravée sur le front de la création. " Timothée DELHORBE (past. suisse), Le jour du Seigneur ou le jour du péché, 1859, pp. 18, 23, 24.

" Le commandement relatif au sabbat constitue une transition entre les premiers et les derniers commandements. Il se fonde sur le repos de Dieu au septième jour de la Création (Gen. 2.2-3) ; le sabbat devient ainsi un rappel et un signe du grand Repos de Dieu dans lequel les élus entreront au dernier jour. Il les arrache à la fièvre de la terre pour fixer leurs regards sur l'immuable et l'éternel. " Suzanne de DIETRICH, Le dessein de Dieu, 1976, pp. 61-62.

" A son entrée dans l'existence terrestre, l'âme humaine, cette noble fiancée de l'Esprit saint, a reçu le gage de sa vocation céleste. Ce gage, cet anneau de fiançailles, si j'ose dire, c'est le sabbat [...] Le repos sabbatique, tel que Dieu l'institua dès le premier de l'existence humaine, renfermait virtuellement dans son sein toutes les richesses futures de la vie supérieure à laquelle l'homme était appelé; et l'on peut dire que toute la série des sabbats, depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ, était dans la pensée divine comme une échelle dressée, sur laquelle l'humanité devait s'élever graduellement de l'état d'enfance et d'innocence à la sainte virilité qu'inaugura le jour de la Pentecôte. " FREDERIC GODET (théol. évang. suisse), Le Dimanche, 1889, pp. 8, 10, 11.

" Nous ne sommes plus sous la loi juive, mes frères, ne craignez pas que je vous y ramène ; aussi bien n'en ai-je pas besoin, car l'institution d'un jour de repos est antérieure à la loi du Sinaï. J'ouvre la Genèse, je lis les premières pages de ce livre simple et sublime qui n'est pour l'incrédulité contemporaine qu'un essai de cosmogonie hébraïque ; là, je vois jaillir de quelques lignes une lumière inconnue au monde ancien, et qui éclaire la nuit profonde de nos destinées…
…retenons du récit de la Genèse qu'aussitôt après la création de l'homme, il y eut un temps fixé par Dieu lui-même pour le repos et le recueillement. Or, comme il est évident que Dieu n'a pas besoin de repos, il suit de là que cette institution ne pouvait avoir que l'homme en vue, en d'autres termes, que le sabbat a été fait pour l'homme, comme nous le déclare Jésus-Christ.
Voilà le fait primordial de l'institution du jour du repos. Que celui qui ne voit dans la Genèse que l'essai scientifique d'un génie ignorant, dise que Moïse a placé dans le ciel même la semaine telle qu'il l'avait conçue, et qu'il l'a faite divine afin de la rendre plus respectable, cela se comprend de sa part ; mais qu'un chrétien qui trouve ici l'histoire réelle, authentique des origines de l'humanité, nie que ce verset consacre l'institution d'un jour de repos pour l'homme, voilà ce qui me paraît étrange, inadmissible.
On conteste cependant cette conclusion : on nous dit que, nous n'avons point le droit de conclure à l'institution d'un jour mis à part pour l'humanité. A cela nous répondrons que le passage est formel, et que si cette institution si clairement indiquée par ces mots : " Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, " n'est pas relative à l'humanité, elle n'a plus de sens ni de valeur ; d'ailleurs, le meilleur interprète de ce passage, c'est le peuple même qui nous l'a conservé ; or, dans la loi du Sinaï, le repos du sabbat est étroitement lié au repos de Dieu et à la sanctification du septième jour mentionnés par la Genèse ; c'est parce que, dès le commencement, ce jour avait été mis à part et sanctifié par Dieu même, que ce jour est légalement consacré sur le Sinaï.
Nous voilà en présence d'une institution divine ; le sabbat a été fait pour l'homme, pour l'homme de tous les temps et de tous les lieux. J'ajoute : pour l'homme avant la chute. Or, s'il lui fut nécessaire dans son état d'innocence, ne l'est-il pas bien plus à l'homme tombé, à l'homme dominé par la chair, par le monde visible, par la dure loi du travail, par le péché enfin, qui vient sans cesse effacer de son cœur l'image de son Dieu, et le souvenir de sa vocation véritable ?
Dans le cours récit de la vie des patriarches, il n'est point parlé du sabbat, mais il y est bien mention de la division du temps par semaines, et cet usage nous paraît se rattacher, par une filiation directe, à la semaine divine de la création. Ecoutez là-dessus le témoignage d'un savant dont le jugement n'était point influencé par sa foi religieuse, puisqu'il se vantait de ne considérer Dieu que comme un hypothèse. " La semaine, dit l'illustre Laplace, depuis la plus haute antiquité, dans laquelle se perd son origine, circule sans interruption à travers les siècles, en se mêlant aux calendriers successifs des différents peuples. Il est remarquable qu'elle se trouve identiquement a même sur toute la terre. C'est peut-être le monument le plus ancien et le plus incontestable des connaissances humaines ; il paraît indiquer une source commune, d'où elles se sont répandues. " [Système du monde, liv. I, ch. III.] Pesez la valeur de ce témoignage : la semaine est un fait universel et partout identique, un fait qui remonte à une antiquité si reculée qu'on ne peut en fixer l'origine, un fait enfin qui indique une source commune des connaissances humaines. Eh bien, cette source, dont Laplace soupçonnait l'existence, nous la connaissons, nous chrétiens, et nous l'appelons la Révélation. Quand donc nous rencontrons dans la vie des patriarches, comme ailleurs, l'existence de la semaine, nous n'hésitons point à croire que cette institution s'est directement conservée dès l'origine de l'humanité. Or, il nous paraît évident que les patriarches l'ont conservé sous sa forme première, je veux dire avec son couronnement du jour du repos.
Lorsque dans le livre de l'exode, nous voyons pour la première fois la mention du sabbat, cette mention est encore antérieure à la loi juive ; et la manière dont Moïse rappelle cette institution aux Israélites, à propos de la manne qu'ils devaient recueillir la veille de ce jour, indique qu'il ne leur donne point un commandement nouveau, mais qu'il restaure un usage ancien, tombé peut-être en oubli, et que l'indépendance du peuple au désert permettait de rétablir dans toute sa force. Enfin, les termes mêmes dans lesquels est exprimé le quatrième commandement, sont singulièrement significatifs : " Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. " On ne se souvient, mes frères, que de ce que l'on connaît déjà. Comment donc peut-on faire remonter à la loi juive une institution que la loi elle-même reporte à vingt-cinq siècles en arrière, et qu'elle emprunte aux premières traditions de l'humanité ? Il est évident qu'avant la loi du Sinaï, l'observation d'un jour de repos est connue, pratiquée, et qu'en dehors même du peuple juif, elle nous apparaît, dans les vues du Créateur, comme une institution universelle et permanente. Les siècles ne l'ont donc point abrogée ; elle demeure aussi nécessaire, aussi sacrée pour nous dans notre vie affairée et notre civilisation bruyante qu'elle l'était aux premiers croyants, qui portaient avec eux, sous la tente du désert, la foi en Dieu, les traditions primitives du monde et l'avenir de l'humanité. " Eugène BERSIER (past. réf.), Sermons, 9e éd., t. I, pp. 274, 276-280.

"...les lois du décalogue sont au fond plus anciennes que Moïse ; qu'elles sont fondées sur la nature humaine et sa destinée, et non sur des relations variables, des circonstances passagères, et les divers degrés de culture auxquels l'homme peut parvenir, et c'est pourquoi S. Thomas les désigne précisément comme prima et communia praecepta legis naturae (5). De là vient aussi que le Catéchisme romain ordonne, à ceux qui enseignent la religion, de faire pénétrer dans le coeur du chrétien cette vérité, que Dieu, en donnant à Moïse les dix commandements, ne lui donna pas une loi nouvelle, mais réveilla la loi imprimée dès l'origine dans l'esprit humain et obscurcie par la dépravation des moeurs et une longue perversion (1). D'après cela le Décalogue est une loi toujours vraie, toujours valable, qui ne peut être abolie. " Benedickt WELTE, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, 1869, VI, art. Décalogue, p. 105.

" 1 Le sabbat, étant une institution primitive, remontant aux premières origines de l'humanité naturelle, se démontre par là même comme donné à l'humanité tout entière, et non pas seulement à un peuple particulier. C'est là le caractère universel du sabbat, opposé au caractère particulariste. - 2 L'institution du sabbat, ayant Dieu pour auteur avant même l'apparition de la chute, n'a pu avoir qu'un caractère bienfaisant, d'où il s'en suit que toute commission ou omission d'oeuvre qui serait contraire au bien de l'homme est par là même contraire à l'esprit de cette institution. C'est le caractère bienfaisant du sabbat, opposé au caractère onéreux. - 3 L'institution du sabbat étant préparatoire ou pédagogique, l'observation privative du sabbat n'est pas dans la pensée du législateur que l'auxiliaire de l'activité vouée aux intérêts éternels de l'homme, qui est dès cette économie la réalisation suprême de l'idée du sabbat, comme elle remplira l'existence tout entière de l'homme dans l'état parfait. C'est le caractère positif de l'observation du sabbat, opposé à son caractère privatif. " A. GRETILLAT, La Morale chrétienne, II, 1899, p. 399.

" L'institution du sabbat en Sinaï n'est donc qu'une nouvelle promulgation de l'institution primitive, que la confirmation la plus solennelle d'une loi dont Dieu voulait prévenir l'oubli, d'une loi qui date de plus de 2400 ans avant Moïse, qui est antérieure à toute révélation, antérieure à la défense même de manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. Elle est écrite de la main de Dieu dans l'ordre des cieux et de la terre, elle est gravée sur le front de la création. " Timothée DELHORBE (past. suisse), Le jour du Seigneur ou le jour du péché, 1859, pp. 24.

" Quant à moi, j'ai l'intime conviction que l'observation d'un jour de sabbat fait partie de l'éternelle loi de Dieu. Elle n'est point une simple ordonnance judaïque et temporaire, ni une institution établie par la main des hommes ou par la puissance ecclésiastique. Ce n'est point une obligation imposée par l'Eglise, mais une des lois éternelles que Dieu nous a révélées pour la direction de l'humanité tout entière. C'est une loi que beaucoup de nations, privées de la Bible, ont perdu de vue et ensevelie, comme plusieurs autres, sous les décombres de la superstition du paganisme; mais c'était une loi qui devait être obligatoire pour tous les enfants d'Adam.
Que dit l'Ecriture ? C'est après tout le grand point.
[...] Je m'adresse à l'histoire de la création et j'y lis : que Dieu a béni le septième jour et l'a sanctifié (Gen., II, 3). Je trouve qu'il est fait mention du sabbat à l'origine de toutes choses. - Il y eut cinq choses qui furent données au père de la race humaine au jour où le monde fut fait. Dieu lui donna un lieu pour y habiter, - une oeuvre à faire, - un commandement à observer, - une aide pour lui servir de compagne, - et un jour de sabbat à garder. Il m'est absolument impossible de croire qu'il soit entré dans l'esprit de Dieu qu'il viendrait un temps où les enfants d'Adam ne seraient plus obligés de garder le sabbat.
Je m'adresse à la publication de la loi sur le mont Sinaï. J'y lis les dix commandements, parmi lesquels il en est un consacré au jour du sabbat, et c'est le plus long, le plus complet et le plus explicite de tous (Exode, XX, 8-11). Je vois qu'une place importante et distincte de toutes les autres parties des lois de Moïse lui est assignée. - C'était la seule partie qui fût lue en présence de tout le peuple. Elle fut accompagnée de circonstances d'une solennité toute particulière, et accompagnée de tonnerres, d'éclairs et d'un tremblement de terre. Ce fut la seule partie que Dieu lui-même écrivit sur des tables de pierre, la seule qui fut renfermée dans l'arche de l'alliance. - Je trouve la loi du sabbat inscrit à côté de celles qui condamnent l'idolâtrie, le meurtre, l'adultère, le vol, etc. - Il m'est absolument impossible de croire que seule elle était destinée à n'avoir qu'une obligation temporaire. " J.C. RYLE (évêq. anglic.), De la sanctification du Sabbat, 1858, pp. 18-21.

© 2002 - CERA