ORIGINE
DU SABBAT
"
Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et
toute leur armée. Dieu acheva au septième
jour son oeuvre, qu'il avait faite : et il se reposa au
septième jour de toute son oeuvre, qu'il avait faite.
Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia,
parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il
avait créée en la faisant. " Genèse
2.1-3.
" Il n'est pas inutile de remarquer que la division
du temps en mois et en années se fonde sur les révolutions
des astres dans le ciel et sur les calculs de l'astronomie.
Il n'en est pas de même de la division en semaines,
laquelle est tout à fait indépendante des
mouvements du monde sidéral. Elle est une institution
positive et révélée, et elle remonte
par ses origines au partage de la création en six
jours... à la suite desquels, nous dit le livre inspiré,
Dieu se reposant de toutes les oeuvres qu'il avait faites,
fut, si l'on peut ainsi parler, le premier observateur de
la loi qu'il voulait imposer à l'humanité.
" A.-L.-A. PERRAUD (évêq. d'Autun), La
sanctification du dimanche, Carême de 1891.
"
Le travail, le repos du septième jour et la famille
sont les trois institutions établies par Dieu au
temps de l'innocence de l'homme. " Francesco SCIARELLI
(past. méth. wesl. ital.), L'osservanza del Giorno
del Riposo, 1882, p. 10.
"
Apprendre quelque chose, c'est se le mettre dans l'esprit;
se le rappeler, c'est l'y conserver après l'y avoir
reçu. Or, le commandement sur le sabbat fut donné
à Adam et à Eve, dans le jardin d'Eden, et
connu depuis lors. C'est pour cela qu'il est introduit dans
la loi par un souviens-toi. " Richard NEWTON (épisc.),
La voie royale, 1884, pp. 92-93.
"
Dieu met le sceau à son oeuvre en bénissant
et sanctifiant le septième jour... et avec lui toute
la création... Bénir, quand il s'agit de Dieu,
n'est pas seulement prononcer des paroles bienveillantes,
c'est rendre prospère, fort, heureux. Le septième
jour paraît ainsi comme plus particulièrement
rempli de forces et de joies célestes. Par là
même il se trouve sanctifié, c'est-à-dire
mis à part pour une destination sainte, ce qui naturellement
ne s'applique pas seulement à ce sabbat divin, mais
aussi à tous les sabbats humains qui se suivront
de semaine en semaine : qui sont bénis et consacrés
dans le septième jour de Dieu. L'homme aussi, au
jour de son sabbat, contemple l'oeuvre divine, et il partage
la joie de Dieu. " Bible Annotée, vol.
I, pp. 8, 86.
"
Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia,
ce qui veut dire qu'il le distingua des autres jours, ...et
voulut que ce jour lui fût consacré... [Cette]
loi est née, pour ainsi dire, en même temps
que l'homme, de l'acte créateur de Dieu... Dieu ne
pouvait pas s'empêcher de la promulguer, [et] cette
promulgation fut faite par l'exemple de Dieu lui-même
dès l'aube de la création. " Mgr MARTY,
La sanctification du dimanche, 1911.
"
Le récit de la création est écrit par
Moïse de manière à servir de base à
l'institution sabbatique. Il termine ainsi le récit
: "Dieu acheva le septième jour l'oeuvre qu'il
avait faite, et il se reposa le septième jour de
toute l'oeuvre qu'il avait faite. Dieu bénit le septième
jour et il le sanctifia, parce qu'en ce jour-là il
s'était reposé de toute l'oeuvre qu'il avait
créée pour la faire." Genèse 2
: 2, 3. Le septième jour devient donc à la
fois un jour sacré et un jour de cessation des oeuvres
précédentes. [...] On ne pouvait trouver à
cette institution une origine plus haute et plus directement
divine [...]
Au Sinaï, le précepte concernant le sabbat est
formulé en ces termes : "Souviens-toi du jour
du sabbat pour le sanctifier." Exod., XX, 8. La mention
"souviens-toi" ne se rapporte pas à l'avenir;
autrement elle devrait précéder chaque précepte.
Elle suppose une prescription antérieure, plus ou
moins bien observée dans le passé, prescription
qui n'est pas écrite comme les autres, dans la conscience,
mais qui a été l'objet d'un ordre positif
de Dieu et dont il est nécessaire de se souvenir.
" F. VIGOUROUX (prêtre de St-Sulpice), Dictionnaire
de la Bible, 1922, V, art. "Sabbat", col.
1293.
"
Dans l'ancienne économie, le sabbat était
consacré à Dieu d'abord par la cessation du
travail et le repos humain, terrestre. Ce repos lui-même
était saint puisqu'il était commémoratif
du repos de Dieu au septième jour de la création.
" A.-M. HENRY, Le Huitième Jour, (Cahiers
de la vie Spirituelle, 1er avril 1947), p. 653.
"
Adam l'a reçu [le sabbat] de la main de Dieu, pendant
qu'il était encore dans l'état d'innocence
et qu'il cultivait le jardin d'Eden. Il l'a reçu
comme représentant du genre humain. Dieu, dans sa
sagesse infinie, a jugé convenable pour sa gloire
et nécessaire pour notre bien, que nous eussions,
dans la semaine, un jour fixe, plus particulièrement
destiné à l'adorer et à nous entretenir
avec lui. Il en a fait un mémorial de la création.
" Emile GUERS (past. évang. suisse), Le sabbat
chrétien ou le Jour du repos sous l'Evangile,
1883, p. 6.
"
Le sabbat fut institué dans le paradis, puis renouvelé
et rétabli dans le désert. [...] La manière
même dont le sabbat a été rétabli
et renouvelé avant le commencement de l'économie
mosaïque, prouve que c'était une institution
antérieure, qui n'avait jamais été
entièrement perdue. " Daniel WILSON (évêq.
anglic.), Sept Sermons sur l'autorité divine et
l'obligation perpétuelle du Jour du Seigneur,
1839, pp. 7, 27.
"
Le sabbat n'a commencé ni cessé avec la loi
de Moïse; il fut institué immédiatement
après la création, avant que l'homme eût
péché, et pour un motif qui n'avait aucun
rapport avec l'économie mosaïque [...]
Il est évident que les dix commandements n'appartenaient
pas exclusivement au peuple d'Israël comme leurs autres
lois. Ces dernières, écrites dans un livre
par Moïse (Deut. XXXI, 9-24, et 26), leur furent adressées
pour qu'ils les observassent, et furent placées à
côté de l'arche. Mais les dix commandements,
gravés sur des pierres par la main de Dieu, furent
placés dans l'arche, l'arche elle-même étant
couverte d'un voile. Ils furent déposés sous
le propitiatoire, dans le tabernacle qui était l'habitation
du Seigneur, et plus tard dans l'oracle du Temple, dans
le lieu très-saint. " Robert HALDANE (évang.
presb. écoss.), De l'observation permanente d'observer
le jour du Seigneur, 1843, pp. 5, 33, 34.
"
L'institution d'un jour de repos après six jours
de travail remonte à l'origine du genre humain. Après
avoir créé le monde en six jours, Dieu bénit
le septième jour et le sanctifia, etc. (Gen. 2 :
3). Il est évident que si Dieu se reposa, il le fit,
non par suite de quelque fatigue, mais en vue de l'homme,
afin de lui enseigner à sanctifier le septième
jour. " Auguste MEYLAN, Dictionnaire biblique,
1869, p. 494.
"
[...] l'institution nous paraît avoir, après
la chute de l'humanité, laissé d'abondantes
traces dans son histoire, soit d'après l'Ancien Testament,
soit d'après les documents païens [...]
Le sabbat n'est donc point présenté comme
une institution purement mosaïque. Elle est tout autrement
ancienne : le mosaïsme n'a fait que la sanctionner,
la restaurer et la développer à plusieurs
égards. ...il est d'origine encore plus ancienne,
car il remonte à l'âge d'innocence, et c'est
peut-être pour cela qu'il figure dans le Décalogue.
" Louis THOMAS (Dr. Théol. protest.), Le
Jour du Seigneur, II, 1893, pp. 1, 9.
"
Le septième jour (qui n'est pas mentionné
ici du nom de sabbat) est béni et sanctifié
par Dieu: il reçoit donc une promesse favorable et
il est considéré comme sacré, ou mieux,
comme consacré au Seigneur, comme un jour mis à
part, au terme de la création, afin d'en garder le
souvenir à toujours.
Il est certain que l'auteur de notre texte [Genèse
2 : 1?3] a voulu montrer par là le caractère
unique et exceptionnel du commandement relatif au sabbat.
Alors que les autres lois seront données ultérieurement,
surtout à l'époque de Moïse, la loi du
sabbat remonte aux origines du monde et à la création
de Dieu.
[...] Dans notre texte [Genèse 2], il n'est pas question
de l'observation du sabbat par l'homme, comme dans le Décalogue
(Exode 20 : 11), mais d'une loi établie par Dieu
comme signe de l'achèvement de son oeuvre. Le caractère
théologique et éternel de ce jour du sabbat
ne pouvait pas être défini d'une manière
plus solennelle. " Franck MICHAELI (théol. réf.
fr.), professeur à la Faculté de théologie
protestante de Paris, Le livre de la Genèse,
1957, pp. 30, 31.
"
Le récit de la création est écrit par
Moïse de manière à servir de base à
l'institution sabbatique. Il termine ainsi ce récit
: " Dieu acheva le septième jour l'oeuvre qu'il
avait faite, et il se reposa le septième jour de
toute l'oeuvre qu'il avait faite. Dieu bénit le septième
jour et le sanctifia, parce qu'en ce jour-là il s'était
reposé de toute l'oeuvre qu'il avait créée
pour la faire." Gen., II, 2,3. Le septième jour
devient donc à la fois un jour sacré et un
jour de cessation des oeuvres précédentes.
...On ne pouvait trouver à cette institution une
origine plus haute et plus directement divine. " Henri
LESETRE (exég. cath. fr.), Dictionnaire de la
Bible, 1922, V, 2ème partie, col. 1293.
"
[...] le partage de l'oeuvre de la création en six
jours, et la manière dont la sanctification du septième
y est rattachée, montrent clairement que la révélation
divine est la source du récit génésiaque
; car ici, comme plus tard, au moment de la promulgation
du Décalogue, c'est Dieu lui-même qui dit :
Vous travaillerez durant six jours, et vous y ferez tout
ce que vous aurez à faire ; mais le septième
jour est le jour du repos consacré au Seigneur notre
Dieu ; vous ne ferez donc en ce jour aucun ouvrage, car
le Seigneur a fait en six jours le ciel, la terre et la
mer, et tout ce qui y est renfermé, et il s'est reposé
le septième jour ; c'est pourquoi le Seigneur a béni
le jour du sabbat et l'a sanctifié (1).
Mais à qui Dieu a-t-il fait cette révélation
? A Moïse, semble-t-il d'abord, si l'on veut s'en tenir
à une réponse toute simple ; de sorte qu'on
devrait ranger le premier chapitre de la Genèse parmi
ceux auxquels il faut attribuer ce que j'ai appelé
l'inspiration prophétique. Cependant bien des raisons,
et des raisons très-puissantes, contredisent ce sentiment
et tendent à prouver que la première révélation
du dogme de la création est bien antérieure
à Moïse, qu'elle remonte probablement jusqu'à
nos premiers parents, que l'auteur du Pentateuque, l'ayant
apprise par tradition, l'a fidèlement reproduite
avec le secours de l'Esprit de Dieu.
Premièrement, Moïse a coutume de commencer les
révélations qui lui ont été
faites à lui-même par des mots que nous ne
trouvons pas ici. Ces mots sont : Et le Seigneur parla à
Moïse, ou d'autres semblables.
Deuxièmement, selon toute apparence, le sabbat n'est
point une institution mosaïque, en ce sens que Moïse
ait le premier prescrit la célébration du
septième jour; bien plus, l'archéologie biblique
démontre presque jusqu'à l'évidence,
par des arguments que nous n'avons point à énumérer
ici, que Moïse a trouvé déjà en
usage chez son peuple la célébration du sabbat,
et qu'il n'a fait que la régler d'une manière
définitive par sa législation. (1) Ex., 20,
9-11. " F.-H. REUSCH (théol. cath. all.), La
Bible et la nature, 1867, p. 16-17.
"
Dieu a institué au début même de l'histoire
de l'humanité et avant la chute, une solennisation
particulière du septième jour de la semaine.
Il a béni et sanctifié ce jour en souvenir
de la création des cieux et de la terre. Cette institution
paradisiaque devait rappeler continuellement à l'homme
et la puissance créatrice de Dieu et la création
de l'univers. Elle imposait à la fois le travail
pendant les six premiers jours de la semaine, et le repos
du septième. Dans des vues pleines de sagesse et
d'amour, embrassant l'avenir non moins que le présent,
elle réglait ainsi la proportion des jours de travail
ou de repos dans la vie humaine. " Louis THOMAS (Dr.
Théol. protest.), Le Jour du Seigneur, II,
1893, pp. 199, 200.
"
Il ne s'agit pas d'une législation judaïque,
mais d'une législation divine, qui fut adressée
au peuple d'Israël parce que celui-ci était
le prototype de l'humanité. " R.P. K. HRUBY
(S.J., professeur à l'Institut catholique de Paris),
Extrait d'une causerie donnée à Paris, dans
le cercle Siloé, le 23 avril 1979.
"
La sanctification du septième jour est prescrite
à l'homme dès la création, parce que,
est-il dit, Dieu lui-même a béni ce jour et
l'a déclaré saint. Depuis lors il faut que
l'homme créé, et pour cette terre et pour
le ciel, se souvienne de prendre un jour sur sept pour le
donner exclusivement à Dieu. Ce commandement renferme,
sous une forme particulière, tous les commandements
qui ont Dieu pour objet, et spécialement le grand
commandement de la crainte et de l'amour de Dieu.
Quelle antique et sublime origine a cette loi qui date de
la création même !
[...] L'institution du sabbat en Sinaï n'est donc qu'une
nouvelle promulgation de l'institution primitive, que la
confirmation la plus solennelle d'une loi dont Dieu voulait
prévenir l'oubli, d'une loi qui date de plus de 2400
ans avant Moïse, qui est antérieure à
toute révélation, antérieure à
la défense même de manger du fruit de l'arbre
de la science du bien et du mal. Elle est écrite
de la main de Dieu dans l'ordre des cieux et de la terre,
elle est gravée sur le front de la création.
" Timothée DELHORBE (past. suisse), Le jour
du Seigneur ou le jour du péché, 1859,
pp. 18, 23, 24.
"
Le commandement relatif au sabbat constitue une transition
entre les premiers et les derniers commandements. Il se
fonde sur le repos de Dieu au septième jour de la
Création (Gen. 2.2-3) ; le sabbat devient ainsi un
rappel et un signe du grand Repos de Dieu dans lequel les
élus entreront au dernier jour. Il les arrache à
la fièvre de la terre pour fixer leurs regards sur
l'immuable et l'éternel. " Suzanne de DIETRICH,
Le dessein de Dieu, 1976, pp. 61-62.
"
A son entrée dans l'existence terrestre, l'âme
humaine, cette noble fiancée de l'Esprit saint, a
reçu le gage de sa vocation céleste. Ce gage,
cet anneau de fiançailles, si j'ose dire, c'est le
sabbat [...] Le repos sabbatique, tel que Dieu l'institua
dès le premier de l'existence humaine, renfermait
virtuellement dans son sein toutes les richesses futures
de la vie supérieure à laquelle l'homme était
appelé; et l'on peut dire que toute la série
des sabbats, depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ,
était dans la pensée divine comme une échelle
dressée, sur laquelle l'humanité devait s'élever
graduellement de l'état d'enfance et d'innocence
à la sainte virilité qu'inaugura le jour de
la Pentecôte. " FREDERIC GODET (théol.
évang. suisse), Le Dimanche, 1889, pp. 8,
10, 11.
"
Nous ne sommes plus sous la loi juive, mes frères,
ne craignez pas que je vous y ramène ; aussi bien
n'en ai-je pas besoin, car l'institution d'un jour de repos
est antérieure à la loi du Sinaï. J'ouvre
la Genèse, je lis les premières pages de ce
livre simple et sublime qui n'est pour l'incrédulité
contemporaine qu'un essai de cosmogonie hébraïque
; là, je vois jaillir de quelques lignes une lumière
inconnue au monde ancien, et qui éclaire la nuit
profonde de nos destinées
retenons du récit de la Genèse qu'aussitôt
après la création de l'homme, il y eut un
temps fixé par Dieu lui-même pour le repos
et le recueillement. Or, comme il est évident que
Dieu n'a pas besoin de repos, il suit de là que cette
institution ne pouvait avoir que l'homme en vue, en d'autres
termes, que le sabbat a été fait pour l'homme,
comme nous le déclare Jésus-Christ.
Voilà le fait primordial de l'institution du jour
du repos. Que celui qui ne voit dans la Genèse que
l'essai scientifique d'un génie ignorant, dise que
Moïse a placé dans le ciel même la semaine
telle qu'il l'avait conçue, et qu'il l'a faite divine
afin de la rendre plus respectable, cela se comprend de
sa part ; mais qu'un chrétien qui trouve ici l'histoire
réelle, authentique des origines de l'humanité,
nie que ce verset consacre l'institution d'un jour de repos
pour l'homme, voilà ce qui me paraît étrange,
inadmissible.
On conteste cependant cette conclusion : on nous dit que,
nous n'avons point le droit de conclure à l'institution
d'un jour mis à part pour l'humanité. A cela
nous répondrons que le passage est formel, et que
si cette institution si clairement indiquée par ces
mots : " Dieu bénit le septième jour
et le sanctifia, " n'est pas relative à l'humanité,
elle n'a plus de sens ni de valeur ; d'ailleurs, le meilleur
interprète de ce passage, c'est le peuple même
qui nous l'a conservé ; or, dans la loi du Sinaï,
le repos du sabbat est étroitement lié au
repos de Dieu et à la sanctification du septième
jour mentionnés par la Genèse ; c'est parce
que, dès le commencement, ce jour avait été
mis à part et sanctifié par Dieu même,
que ce jour est légalement consacré sur le
Sinaï.
Nous voilà en présence d'une institution divine
; le sabbat a été fait pour l'homme, pour
l'homme de tous les temps et de tous les lieux. J'ajoute
: pour l'homme avant la chute. Or, s'il lui fut nécessaire
dans son état d'innocence, ne l'est-il pas bien plus
à l'homme tombé, à l'homme dominé
par la chair, par le monde visible, par la dure loi du travail,
par le péché enfin, qui vient sans cesse effacer
de son cur l'image de son Dieu, et le souvenir de
sa vocation véritable ?
Dans le cours récit de la vie des patriarches, il
n'est point parlé du sabbat, mais il y est bien mention
de la division du temps par semaines, et cet usage nous
paraît se rattacher, par une filiation directe, à
la semaine divine de la création. Ecoutez là-dessus
le témoignage d'un savant dont le jugement n'était
point influencé par sa foi religieuse, puisqu'il
se vantait de ne considérer Dieu que comme un hypothèse.
" La semaine, dit l'illustre Laplace, depuis la plus
haute antiquité, dans laquelle se perd son origine,
circule sans interruption à travers les siècles,
en se mêlant aux calendriers successifs des différents
peuples. Il est remarquable qu'elle se trouve identiquement
a même sur toute la terre. C'est peut-être le
monument le plus ancien et le plus incontestable des connaissances
humaines ; il paraît indiquer une source commune,
d'où elles se sont répandues. " [Système
du monde, liv. I, ch. III.] Pesez la valeur de ce témoignage
: la semaine est un fait universel et partout identique,
un fait qui remonte à une antiquité si reculée
qu'on ne peut en fixer l'origine, un fait enfin qui indique
une source commune des connaissances humaines. Eh bien,
cette source, dont Laplace soupçonnait l'existence,
nous la connaissons, nous chrétiens, et nous l'appelons
la Révélation. Quand donc nous rencontrons
dans la vie des patriarches, comme ailleurs, l'existence
de la semaine, nous n'hésitons point à croire
que cette institution s'est directement conservée
dès l'origine de l'humanité. Or, il nous paraît
évident que les patriarches l'ont conservé
sous sa forme première, je veux dire avec son couronnement
du jour du repos.
Lorsque dans le livre de l'exode, nous voyons pour la première
fois la mention du sabbat, cette mention est encore antérieure
à la loi juive ; et la manière dont Moïse
rappelle cette institution aux Israélites, à
propos de la manne qu'ils devaient recueillir la veille
de ce jour, indique qu'il ne leur donne point un commandement
nouveau, mais qu'il restaure un usage ancien, tombé
peut-être en oubli, et que l'indépendance du
peuple au désert permettait de rétablir dans
toute sa force. Enfin, les termes mêmes dans lesquels
est exprimé le quatrième commandement, sont
singulièrement significatifs : " Souviens-toi
du jour du repos pour le sanctifier. " On ne se souvient,
mes frères, que de ce que l'on connaît déjà.
Comment donc peut-on faire remonter à la loi juive
une institution que la loi elle-même reporte à
vingt-cinq siècles en arrière, et qu'elle
emprunte aux premières traditions de l'humanité
? Il est évident qu'avant la loi du Sinaï, l'observation
d'un jour de repos est connue, pratiquée, et qu'en
dehors même du peuple juif, elle nous apparaît,
dans les vues du Créateur, comme une institution
universelle et permanente. Les siècles ne l'ont donc
point abrogée ; elle demeure aussi nécessaire,
aussi sacrée pour nous dans notre vie affairée
et notre civilisation bruyante qu'elle l'était aux
premiers croyants, qui portaient avec eux, sous la tente
du désert, la foi en Dieu, les traditions primitives
du monde et l'avenir de l'humanité. " Eugène
BERSIER (past. réf.), Sermons, 9e éd., t.
I, pp. 274, 276-280.
"...les
lois du décalogue sont au fond plus anciennes que
Moïse ; qu'elles sont fondées sur la nature
humaine et sa destinée, et non sur des relations
variables, des circonstances passagères, et les
divers degrés de culture auxquels l'homme peut
parvenir, et c'est pourquoi S. Thomas les désigne
précisément comme prima et communia praecepta
legis naturae (5). De là vient aussi que le
Catéchisme romain ordonne, à ceux qui enseignent
la religion, de faire pénétrer dans le coeur
du chrétien cette vérité, que Dieu,
en donnant à Moïse les dix commandements,
ne lui donna pas une loi nouvelle, mais réveilla
la loi imprimée dès l'origine dans l'esprit
humain et obscurcie par la dépravation des moeurs
et une longue perversion (1). D'après cela le Décalogue
est une loi toujours vraie, toujours valable, qui ne peut
être abolie. " Benedickt WELTE, Dictionnaire
encyclopédique de la théologie catholique,
1869, VI, art. Décalogue, p. 105.
"
1 Le sabbat, étant une institution primitive, remontant
aux premières origines de l'humanité naturelle,
se démontre par là même comme donné
à l'humanité tout entière, et non
pas seulement à un peuple particulier. C'est là
le caractère universel du sabbat, opposé
au caractère particulariste. - 2 L'institution
du sabbat, ayant Dieu pour auteur avant même l'apparition
de la chute, n'a pu avoir qu'un caractère bienfaisant,
d'où il s'en suit que toute commission ou omission
d'oeuvre qui serait contraire au bien de l'homme est par
là même contraire à l'esprit de cette
institution. C'est le caractère bienfaisant du
sabbat, opposé au caractère onéreux.
- 3 L'institution du sabbat étant préparatoire
ou pédagogique, l'observation privative du sabbat
n'est pas dans la pensée du législateur
que l'auxiliaire de l'activité vouée aux
intérêts éternels de l'homme, qui
est dès cette économie la réalisation
suprême de l'idée du sabbat, comme elle remplira
l'existence tout entière de l'homme dans l'état
parfait. C'est le caractère positif de l'observation
du sabbat, opposé à son caractère
privatif. " A. GRETILLAT, La Morale chrétienne,
II, 1899, p. 399.
"
L'institution du sabbat en Sinaï n'est donc qu'une
nouvelle promulgation de l'institution primitive, que
la confirmation la plus solennelle d'une loi dont Dieu
voulait prévenir l'oubli, d'une loi qui date de
plus de 2400 ans avant Moïse, qui est antérieure
à toute révélation, antérieure
à la défense même de manger du fruit
de l'arbre de la science du bien et du mal. Elle est écrite
de la main de Dieu dans l'ordre des cieux et de la terre,
elle est gravée sur le front de la création.
" Timothée DELHORBE (past. suisse), Le jour
du Seigneur ou le jour du péché, 1859, pp.
24.
"
Quant à moi, j'ai l'intime conviction que l'observation
d'un jour de sabbat fait partie de l'éternelle
loi de Dieu. Elle n'est point une simple ordonnance judaïque
et temporaire, ni une institution établie par la
main des hommes ou par la puissance ecclésiastique.
Ce n'est point une obligation imposée par l'Eglise,
mais une des lois éternelles que Dieu nous a révélées
pour la direction de l'humanité tout entière.
C'est une loi que beaucoup de nations, privées
de la Bible, ont perdu de vue et ensevelie, comme plusieurs
autres, sous les décombres de la superstition du
paganisme; mais c'était une loi qui devait être
obligatoire pour tous les enfants d'Adam.
Que dit l'Ecriture ? C'est après tout le grand
point.
[...] Je m'adresse à l'histoire de la création
et j'y lis : que Dieu a béni le septième
jour et l'a sanctifié (Gen., II, 3). Je trouve
qu'il est fait mention du sabbat à l'origine de
toutes choses. - Il y eut cinq choses qui furent données
au père de la race humaine au jour où le
monde fut fait. Dieu lui donna un lieu pour y habiter,
- une oeuvre à faire, - un commandement à
observer, - une aide pour lui servir de compagne, - et
un jour de sabbat à garder. Il m'est absolument
impossible de croire qu'il soit entré dans l'esprit
de Dieu qu'il viendrait un temps où les enfants
d'Adam ne seraient plus obligés de garder le sabbat.
Je m'adresse à la publication de la loi sur le
mont Sinaï. J'y lis les dix commandements, parmi
lesquels il en est un consacré au jour du sabbat,
et c'est le plus long, le plus complet et le plus explicite
de tous (Exode, XX, 8-11). Je vois qu'une place importante
et distincte de toutes les autres parties des lois de
Moïse lui est assignée. - C'était la
seule partie qui fût lue en présence de tout
le peuple. Elle fut accompagnée de circonstances
d'une solennité toute particulière, et accompagnée
de tonnerres, d'éclairs et d'un tremblement de
terre. Ce fut la seule partie que Dieu lui-même
écrivit sur des tables de pierre, la seule qui
fut renfermée dans l'arche de l'alliance. - Je
trouve la loi du sabbat inscrit à côté
de celles qui condamnent l'idolâtrie, le meurtre,
l'adultère, le vol, etc. - Il m'est absolument
impossible de croire que seule elle était destinée
à n'avoir qu'une obligation temporaire. "
J.C. RYLE (évêq. anglic.), De la sanctification
du Sabbat, 1858, pp. 18-21.