LE
SABBAT FUT-IL OBSERVE
D'ADAM A MOÏSE (2)?
"
Voyez, Yahvé vous a donné le sabbat, c'est
pourquoi le sixième jour il vous donne du pain pour
deux jours. Restez chacun là où vous êtes,
que personne ne sorte de chez soi le septième jour.
Le peuple chôma donc le septième jour.
La maison d'Israël donna à cela le nom de manne.
On eût dit de la graine de coriandre, c'était
blanc et cela avait un goût de galette de miel.
" Exode 16.29-31.
"
Dès le début du séjour au désert,
les Hébreux sont en possession d'une tradition qui
consacre le septième jour par la cessation de certaines
occupations. Quand la manne commence à apparaître,
Moïse leur commande d'en recueillir double portion
le sixième jour ; car " demain, dit-il, est
un sabbat, un jour de repos consacré à Jéhovah.
"Exod., XVI, 23. Moïse ne donne pas d'autres explications
; c'est donc qu'il fait allusion à une coutume déjà
en vigueur, que Jéhovah se propose lui-même
de respecter en n'envoyant pas la manne ce jour-là
et en lui permettant de se conserver 48 heures
Au Sinaï, le précepte concernant le sabbat est
formulé en ces termes : "Souviens-toi du jour
du sabbat pour le sanctifier." Exod., XX, 8. La mention
"souviens-toi" ne se rapporte pas à l'avenir;
autrement elle devrait précéder chaque précepte.
Elle suppose une prescription antérieure, plus ou
moins bien observée dans le passé, prescription
qui n'est pas écrite comme les autres, dans la conscience,
mais qui a été l'objet d'un ordre positif
de Dieu et dont il est nécessaire de se souvenir.
" F. VIGOUROUX (prêtre de St-Sulpice), Dictionnaire
de la Bible, 1922, V, art. "Sabbat", col. 1292-1293.
"
Quand la manne commença à tomber, Dieu n'avait
pas encore donné les dix commandements, ce qui nous
montre que la loi du repos du septième jour existait
auparavant, en sorte qu'on peut dire que ce soit une loi
particulière au peuple juif. Il est vrai que la chose
n'est pas présentée sous la forme d'un commandement,
mais sous celle d'une institution, forme tout aussi respectable.
Il est dit au second chapitre de la Genèse que Dieu
bénit le septième jour et le sanctifia, etc.
Nous trouvons dans ces paroles, premièrement, la
sanctification du jour du repos ; secondement, la bénédiction
attachée à cette sanctification. Sanctifier
signifie : mettre à part pour Dieu, comme on le voit
par plusieurs endroits des Ecritures ; en sorte qu'en sanctifiant
ce jour, Dieu imposait à l'homme l'obligation de
le mettre à part pour Lui, et en le bénissant,
il l'engageait à le sanctifier par la promesse qu'il
attachait à son observation. Enfin Dieu fonda cette
institution sur le repos que lui-même prit au septième
jour après avoir achevé son oeuvre. - Voilà
donc un jour consacré à Dieu dès la
création du monde, avec une promesse de bénédiction
pour tous ceux qui le sanctifieront, et il est consacré
par un motif qui n'a rien de particulier aux Juifs. Puisque
nous sommes des créatures de Dieu, ne pouvons-nous
pas, aussi bien qu'eux, nous réjouir de ce qu'il
a fait le monde où nous sommes ? Oui, réjouissons-nous
de ce que, le Dieu de l'univers étant notre Dieu,
et le Christ ayant dit que le sabbat a été
fait pour l'homme, nous pouvons dans ce jour-là être
les imitateurs de Dieu en nous reposant comme il s'est reposé.
Bénissons-le de ce que, comme il a regardé
son uvre avec le repos d'un coeur de père satisfait
du bonheur des êtres qu'il venait de créer,
nous pouvons contempler avec le repos d'un enfant de Dieu
pleinement satisfait de la bonté de son Père,
tout ce qu'il a fait pour nous dans la création et
dans la grâce. " A.-L.-P. ROCHAT, Une voix chrétienne
pour tous les Jours de l'Année, 1879, pp. 446-447.
"
Après le péché, il ne devait plus y
avoir de sabbat, ni de jour de repos pour l'homme : nuit
et jour, hiver et été, dans la semaille et
dans la moisson, dans le chaud et dans le froid, il devait
être accablé de travail. Cependant Dieu laissa
au genre humain l'observance du sabbat, établi dès
l'origine du monde, en mémoire de la création
de l'univers : et nous le voyons observé à
l'occasion de la manne [Exod., XVI, 23, 26], comme une chose
connue du peuple avant que la loi fût donnée,
où l'observance en est instituée plus expressément.
Car dès lors on connaissait la distinction du jour,
ou les semaines établies : le sixième jour
était marqué ; le septième l'était
aussi comme le jour du repos : et tout cela paraît
comme une pratique connue, et non pas nouvellement établie
: ce qui montre qu'elle venait de plus haut, et dès
l'origine du monde. " BOSSUET (arch. de Meaux), Elévations
à Dieu, Oeuvres complètes, 1863, XIIème
élément, tome IX, p. 66.