LES
APOTRES OBSERVAIENT LE
SABBAT
"
le sabbat juif était une institution
si importante qu'un tel changement majeur aurait attiré
l'attention générale et déclenché
une persécution contre ceux qui en auraient été
les promoteurs. Or, de cela il n'est nullement fait mention.
Il n'apparaît pas non plus vraisemblable que les églises
de la gentilité aient introduit l'idée que
le premier jour [de la semaine] devait être considéré
comme le sabbat. Car ces églises savaient que les
croyants juifs observaient le septième jour et que
pareil changement aurait engendré une profonde désunion.
[...] On ne saurait prétendre que le Nouveau Testament
nous autorise à croire que depuis la résurrection
[du Christ], Dieu a institué le premier jour [de
la semaine] pour qu'il soit observé en tant que sabbat.
" Andrew T. LINCOLN (évangél., prof.
de N.T. au St. John's College de Nottingham), From Sabbath
to Lord's Day, 1982, p. 386.
"
Aucun document ne nous renseigne directement sur l'origine
de la célébration chrétienne du dimanche.
On comprend la diversité des hypothèses, hasardeuses
parfois et même tout à fait fantaisistes. De
nombreuses explications, parfois contradictoires, prétendent
donner une réponse. [...] Il nous faut donc voir
si le dimanche chrétien ne serait pas une création
chrétienne, originale. Et c'est le problème
! Peut-on déceler une célébration chrétienne
du dimanche déjà dans la communauté
primitive judéo-chrétienne ou bien seulement
dans les communautés pagano-chrétiennes ?
A cette question, le Nouveau Testament n'apporte pas de
réponse directe. " Willy RORDORF (auteur protest.),
Le dimanche, coll. " Lex Orandi ", n 39, 1965,
pp. 91, 92, 95.
"
On ne trouve, pour toute la période de saint Paul,
que deux indications très vagues se rapportant à
la célébration du culte le premier jour de
la semaine. Il est impossible d'en tirer aucune conclusion
certaine. Toutefois, si l'on considère qu'à
la période suivante ce jour s'appelle déjà
le jour du Seigneur, on sera porté à admettre
que l'habitude de célébrer le culte avec une
solennité particulière le dimanche remonte
très haut dans l'âge apostolique. L'Eglise
n'a point dérogé pour cela aux principes de
Paul ; elle n'a point investi ce jour d'une sainteté
exceptionnelle, en abaissant à son profit le niveau
ordinaire de la vie chrétienne; surtout elle n'a
point pensé à remplacer le sabbat par le dimanche.
Il est certain que pendant longtemps un grand nombre de
chrétiens ont observé le sabbat du septième
jour de la semaine. Si l'Eglise s'était placé
sur le terrain du légalisme, elle n'eût pu
transférer le repos du sabbat d'un jour à
un autre sans une révélation divine. Elle
n'a jamais eu cette prétention dans les premiers
siècles. " Edmond de PRESSENSE (théol.
réf. fr.), Le siècle apostolique, II, 1889,
pp. 258-259.
"
Parallèlement au jour du Seigneur, les chrétiens
d'autrefois observaient très scrupuleusement le samedi,
ou septième jour, qui était l'ancien sabbat
juif. Quelques-uns l'observaient comme jour de jeûne,
les autres comme jour de fête ; mais tous l'observaient
unanimement comme un jour particulièrement solennel
de culte et d'adoration. " Joseph Bingham (théol.
angl.), The Antiquities of the Christian Church, vol. IX,
1878, II, p. 1137.
"
Le sabbat est mentionné 58 fois dans le N.T., toujours
avec son caractère spécifique de jour sacré
du repos, du culte et des actes de miséricorde. "
Abram-Herbert LEWIS (past. bapt. 7ème jour), A crit.
hist. of the Sabbath and the Sunday in the Chr. Church,
1903, p. 4.
"
On lit dans saint Matthieu (24:20): "Priez pour que
votre fuite n'arrive pas en hiver, ni un jour de sabbat."
C'est la preuve qu'à l'époque où fut
rédigé l'Evangile, la communauté chrétienne
observait encore le rigoureux repos sabbatique. " Daniel-ROPS
(cath.), L'Eglise des apôtres et des martyrs, 1951,
p. 8, note 1.
"
La fête du dimanche, comme toutes les autres fêtes,
n'a jamais été qu'une ordonnance humaine;
les apôtres n'eurent nullement l'intention de l'établir
sur un commandement divin; ni eux ni l'Eglise apostolique
n'ont songé à transférer les lois du
sabbat au dimanche. " J.-A.-W. NEANDER (hist. évang.
all.), The Hist. of the Chr. Rel. and Church during the
three first centuries, 1853, p. 186.
"
Huit fois nous entendons parler dans les Actes de ce qui
eut lieu le sabbat du septième jour, mais seulement
une fois du jour qui, dit-on, aurait éclipsé
ce dernier en importance; et ce seul passage [Actes 20 :
7] concerne une église implantée hors de Palestine
et ne nous dit pratiquement rien à propos de ce jour-là.
La description que Luc fait de l'église de Jérusalem
mentionne l'enseignement des apôtres, la sainte cène,
le partage des biens, l'adoration au temple, la croissance
numérique de l'église, les miracles qui y
étaient accomplis, les prières prononcées,
et même la joie que l'on y éprouvait, mais
dans tout cela, pas un mot de l'institution ou de l'observation
du dimanche !
nous devons continuer à affirmer que l'observation
du premier jour de la semaine ne saurait être considérée
d'emblée comme un fait remontant à l'époque
des apôtres ou comme étant le moins du monde
revêtue de l'autorité apostolique. " Max
B. TURNER (prof. de N.T. au collège bibl. à
Londres), From Sabbath To Lord's Day, 1982, pp. 132-133,
135-136.
"
Les Apôtres n'ont pas émis un décret
pour remplacer l'observance du sabbat par celle du dimanche;
nous savons au contraire qu'ils ont continué de fréquenter
le temple et les synagogues les jours de sabbat. Cf. Act.
XIII, 14, 44 ; XIV, 1 ; XVII, 2 ; XVIII, 4. " A. VILLIEN
(cath.), Dictionnaire Apologétique de la Foi catholique,
I, 1914, art. "Dimanche", col. 1088.
"
D'après les indications dont nous disposons dans
le livre des Actes, il n'y est nullement question d'un jour
de repos ni du fait que le dimanche aurait déjà
tenu une place particulière dans la liturgie de l'Eglise,
en contraste avec les autres jours de la semaine. Il se
peut qu'il ait été le primus inter pares ("le
premier parmi des égaux"), cf. Actes 2 : 46,
parce qu'il commémorait le jour de la résurrection;
mais rien ne prouve qu'il fut davantage que cela. "
Max B. TURNER (prof. de N.T. au collège biblique
de Londres), From Sabbath to Lord's Day, 1982, p. 137.
"
Le livre des Actes ne dit pas explicitement que l'Eglise
de Jérusalem, en ses premières années,
observait le précepte sabbatique; mais il a soin
de rapporter que les disciples "fréquentaient
assidûment le Temple tous les jours, d'un seul coeur"
(II, 46); cette fidélité quotidienne aux cérémonies
d'un culte juif rend bien peu vraisemblable une infidélité
sur un point de cette importance. " Abbé G.
JACQUEMET, Catholicisme, III, 1952, col. 814.
"
Il n'a, avec le sabbat, aucune continuité organique
[...] A l'origine et pendant tout le temps où l'Eglise
apostolique a existé dans les cadres du judaïsme,
le dimanche s'est ajouté au sabbat sans que les disciples
cesassent d'observer celui-ci. [...] Le chômage ne
s'instaura en Occident qu'au IVe siècle. " Yves
CONGAR, La théologie du Dimanche, dans l'ouvrage
collectif Le Jour du Seigneur, 1948, p. 134, 135, 144.
"
Depuis Moïse, la semaine est consacrée par un
jour, le samedi, ou jour de sabbat, qui rappelle le septième
jour de la semaine créatrice, celui où Dieu
cesse d'opérer. C'est un jour de prière et
un jour de repos. Tout d'abord les chrétiens l'adoptèrent
comme toutes les choses saintes et bonnes qu'ils trouvèrent
dans l'héritage de Moïse. Nous voyons que les
apôtres, saint Paul en particulier, profitaient du
jour du sabbat pour aller dans les synagogues annoncer le
Christ au milieu de la prière. Mais bientôt
(...) le dimanche commença à se substituer
au sabbat. " F. CABROL (bénéd.), Le livre
de la prière antique, 1929, p. 230.